Participer au Grand Débat ?

Natacha GRAY • 8 mars 2019

Dans les oppositions à la majorité présidentielle, les avis sont partagés et je le suis moi-même intérieurement aussi. Les considérations développées ci-dessous ne sont qu’un point de vue et n’engagent que ma responsabilité.

Il serait dangereux de ne pas répondre. D’un côté ne pas répondre, c’est renoncer à une occasion rare de donner enfin son avis et de participer au débat démocratique mais également laisser la place à tous les lobbies qui, eux, seront organisés et vont s’en donner à cœur joie pour tenter d’infléchir les résultats en leur faveur. Je pense notamment aux lobbies écologistes dont le combat n’est pas illégitime en soi mais la dramatisation de la situation, le discours moralisateur et culpabilisant, la volonté d’agir dans l’urgence sans se soucier des conséquences à court terme sur les générations d’aujourd’hui, le côté totalitaire et jusqu’au-boutiste, leur attachement à la fiscalité punitive et confiscatoire et les liens avec tous les business qui lavent plus vert que vert me semblent parfois bien plus inquiétants que l’apocalypse qu’ils décrivent pour après-demain.

On peut aussi s’inquiéter face à une réponse massive des mouvements anarchistes et d’extrême gauche parfaitement organisés, qui en profiteront pour faire avancer leur idéal de démocratie directe au détriment de la démocratie représentative, qui a certes montré ses limites, mais qui reste de toute évidence un moindre mal face au constat de ce qu’est devenu en quelques mois le mouvement des Gilets jaunes, rassemblant aujourd’hui une majorité de partisans de la démocratie directe et des relations égalitaires horizontales, incapables de se mettre d’accord sur des revendications unitaires, totalitaires dans leurs discours globalisants, voulant imposer leurs vues par la violence de masse. Malheureusement souvent inculte économiquement, adepte de solutions simplistes et souvent irréalistes, cette nouvelle Bien-pensance liberticide, puisqu’elle n’accepte ni discussion ni opposition, n’a engendré que le chaos, y compris en interne. Comme l’a fait remarquer Alain Finkielkraut, les Gilets jaunes, ou plus exactement ce qu’ils sont devenus, gangrénés et récupérés par les mouvances d’extrême-et ultra-gauche, d’ultra-droite, anarchistes, islamistes…, à l’opposé de ce qu’ils défendaient initialement, sont devenus à leur corps défendant, par le triste spectacle qu’ils offrent désormais des faiblesses d’un système égalitariste, horizontal, sans représentant accepté par tous, les meilleurs défenseurs de la démocratie représentative qu’ils exècrent. De l’art de se tirer une balle dans le pied ! Encore une preuve que le sens commun, les certitudes des masses, ne peut être confondu avec le bon sens (celui qui fait intervenir le doute, la raison, l’examen lucide des possibles et la pesée honnête des intérêts de toutes les parties).

On pourrait ajouter à ces lobbies tous les adversaires de la laïcité, les partisans d’une charia à la française… Que sais-je encore ? De toute évidence tous ces groupes, puissants, organisés, rompus à la propagande et au lobbying, vont tenter massivement d’infléchir les résultats en leur faveur. Il est d’autant plus dangereux de leur laisser la place que sur bien des points, ils deviennent des alliés objectifs du gouvernement et du président qui peuvent trouver dans leurs revendications une légitimité pour revenir imposer leur fiscalité écologique, leur révision de la loi de 1905, la réforme constitutionnelle empêchée par l’affaire Benalla …


Mais répondre est également dangereux. D’un autre côté, comment répondre sans entrer dans le jeu habile de Macron ? Car le questionnaire proposé est fermé, davantage sondage qu’appel à propositions et, occultant volontairement certaines questions qui gênent et qui étaient précisément au cœur des préoccupations majeures des Français exprimées pendant la campagne présidentielle et dans les premières manifestations des Gilets jaunes (la sécurité, l’immigration, les atteintes à la laïcité, les progrès de l’islamisme …). Des quatre grands thèmes proposés, seul celui qui concerne la fiscalité et les dépenses publiques répond aux revendications initiales, même si le questionnaire n’aborde pas directement ce qui était reproché au système (la surtaxation des classes moyennes, l’injustice fiscale). Le reste, « la démocratie et la citoyenneté », « l’organisation de l’Etat et des services publics », « la transition écologique », c’est le projet de Macron, pas celui des citoyens qui ont exprimé leur colère en novembre. Certes il est possible de s’exprimer en dehors de ces quatre thèmes encadrés par des questions ciblées, mais il est incontestable qu’elles orientent la réflexion et il est probable d’une part que nombre de citoyens pressés s’en contenteront, permettant au gouvernement de démontrer par défaut que ses priorités sont aussi celles des Français, d’autre part que la communication gouvernementale s’appuiera davantage sur les résultats de ce sondage que sur la collecte de propositions forcément disparates et contradictoires.


Alors que faire ? Une solution pour nombre de mouvements d’opposition a été de proposer à leurs adhérents et sympathisants leur propre sondage, en ajoutant des questions volontairement « oubliées » par le gouvernement. Cette consultation en interne a d’une part l’avantage de faire le point sur les revendications des membres de ces mouvements, ce qui permet entre autres de peaufiner le programme pour une éventuelle candidature pour les européennes, d’autre part de se donner une occasion de réunir les sympathisants, de remobiliser les adhérents, de se rencontrer, d’échanger, ce qui n’est jamais vain. Malheureusement, nombre de ces sondages en interne, même organisés autour de questions plus nombreuses, sont restés prisonniers des thèmes sélectionnés par l’équipe présidentielle. J’ai ainsi sous les yeux, le questionnaire d’un mouvement dont je suis adhérente : à lire cette série de questions ronronnantes, bien-pensantes et consensuelles, j’en déduis que Macron a donc bien réussi son coup en tirant le débat vers ce qui l’intéresse.


Les deux pièges du questionnaire gouvernemental et de ceux qui s’en inspirent trop


Primo le côté institutionnel domine . Interrompue donc par l'affaire Benalla, la révision constitutionnelle revient sur le devant de la scène par ce subterfuge. Et tout le monde fonce la tête la première dans le piège gouvernemental. Surfant sur l’antiparlementarisme réactivé par le mouvement , nul doute que le président arrivera à flatter l’opinion dans le sens du poil et à se conforter en faisant passer la réduction du nombre de parlementaires, peut-être même la suppression du Sénat dont les Français peinent à comprendre l’utilité mais qu’Emmanuel Macron a bien perçu, notamment au travers de la commission d’enquête, comme un frein à sa toute-puissance alors que le quinquennat et la quasi simultanéité des élections présidentielle et législatives assurent tout président nouvellement élu d’une large majorité godillot à la chambre des députés.

Et que dire de ce stupide, dangereux et démagogique référendum d’initiative citoyenne (RIC), quelle aubaine pour lui, un moyen de pouvoir contourner tous ces maudits corps intermédiaires qu’il méprise mais qu’il fait semblant de redécouvrir aujourd’hui. De plus le RIC existe déjà, sous la forme du RIP, référendum d’initiative partagé introduit par la révision constitutionnelle de 2008. : on pourrait à la limite conserver la nouvelle dénomination (citoyen sonnant mieux que partagé) et discuter des seuils, sans doute élevés, qui font que jusqu’à présent ce dispositif n’a jamais été à ce jour utilisé (il faut la signature d’un dixième du corps électoral, que le Sénat propose de descendre de 4,7 à 2 millions, et un cinquième des parlementaires) Pour ma part, je souhaiterais comme beaucoup d’entre nous des évolutions institutionnelles, notamment la reconnaissance du vote blanc, l’introduction d’une dose de proportionnelle pour éviter la frustration d’électeurs qui, malgré des scores élevés, ne se voient pas représentés à l’Assemblée, un abandon du non-cumul des mandats, notamment pour a ncrer à nouveau les députés sur le terrain, un retour au septennat et une désolidarisation des élections, pour pouvoir recadrer le gouvernement à mi-mandat, assurer les gouvernements du temps long de l’action, qui permet d’obtenir des résultats avant de revenir devant les électeurs et éviter que nos élus ne soient en campagne présidentielle permanente. Mais, même si tout cela m’intéresse, je ne le juge pas prioritaire et je ne veux pas me précipiter docilement dans le piège d’un « débat » qui les ventile, disperse et noie dans la masse parmi d’autres thèmes imposés.


Il en est de même de la « transition écologique» qui est l’autre gros, sinon principal, volet de ce questionnaire. À dire vrai, j’en ai ras la casquette de cette expression prétexte et fourre-tout qui ne veut rien dire de précis et qui, surtout, n’est pas au cœur des préoccupations de la plupart des gens que je rencontre, à l’exception des plus gâtés par la vie, dont la fin du mois aisée est assurée et qui peuvent effectivement utiliser une partie de leur temps, de leur énergie et de leurs revenus à préparer la vie des générations futures . Quand on pense que c’est justement contre cette écologie prétexte que le mouvement s’est structuré ! Et on chercherait à nous la faire ingurgiter à nouveau ? Sur le mode : vous ne vouliez pas en parler ? Tant pis pour vous, on vous la ressert d’une autre manière, vous allez en bouffer quand même.

Vous voulez-vous que je vous dise ce que j’en pense de leur « transition écologique » ? Mais je m’en tape un point qui donne une idée de l’infini ! Comme un grand nombre de mes compatriotes, je n’ai pas attendu cette bande de bien-pensants ni les khmers verts de la deep ecology pour la préparer à ma manière. Économies d’énergie, d’eau, imposées par des raisons budgétaires également, circuits courts, recyclage, vie saine, mode de vie par goût peu carnassier et rééduqué de facto par les scandales alimentaires. Informés des enjeux à long terme, nous changeons tous nos pratiques lentement, à chaque fois que ce qui est jugé souhaitable est expliqué, bien évidemment accompagnées mais jamais contraint. Car quand on ne peut pas, on ne peut pas. Combien d’entre nous, pollueurs malgré eux, mais infiniment moins que le trafic aérien ou maritime, qui ont vu leur vieille voiture de vingt ans d’âge recalée au nouveau contrôle technique, aurait préféré rouler en voiture neuve dotée des nouvelles technologies et de la fameuse vignette Crit’air1. Mais il est certain que, même lorsqu’on le souhaiterait pour des raisons budgétaires ou par conscience écologique, l’on ne va pas abandonner la voiture indispensable à son travail, à ses loisirs, aux visites à la famille travail tant qu’on ne nous offre pas une alternative par les transports en commun ou par le télétravail. Ainsi, depuis que les bus dits « Macron » ont été mis en place, je ne prends plus ma voiture sur les trajets où je peux lui substituer ces fameux bus moins chers, aux itinéraires variés et aux horaires de départ nombreux. C’est aussi simple que cela, inutile de nous en rebattre les oreilles ainsi.

J’ai mentionné ici volontairement d’autres motifs de déplacement que la simple mobilité quotidienne domicile-travail car, dans l’étrange dialogue de sourd qui a suivi les premières revendications des Gilets jaunes (centrées sur la révolte fiscale et le pouvoir d’achat), nombreux furent les donneurs de leçons arrogants à pointer du doigt ici un smartphone dernier cri, là une puissante berline, là un reste à vivre « permettant de vivre », vivre s’entendant, pour ces nantis méprisants et dégoulinants de bonne conscience écologique, avoir un toit et se nourrir, refusant à ceux qui se plaignaient le droit, au même titre qu’eux, au loisir, au beau, à la qualité, à s’offrir généralement à crédit ce qui nous fait le plus plaisir, à combler tel ou tel souhait de leurs enfants, à leurs offrir des études selon leurs vocations et leurs capacités, à souscrire un crédit et à pouvoir le rembourser sans être à la merci de règles du jeu fluctuantes. Car les premiers Gilets jaunes demandaient avant tout à bien vivre de leur travail, ou tout au moins à ne pas vivre moins bien qu’hier en travaillant toujours davantage. Dans une société développée, celui qui a un emploi et participe à la solidarité nationale peut avoir d’autres ambitions légitimes que de ne pas se cantonner à travailler puis à reconstituer sa force de travail.

Accompagner la transition écologique, c’est offrir une alternative qui, peu à peu, fait changer les comportements. Ce n’est pas imposer, détruire la qualité de vie d’autrui par des mesures contraignantes voire confiscatoires. L’écologie punitive produit les effets inverses de ce qu’elle était censée favoriser. Dans la formule « transition écologique », il y a d’abord transition, ce qui suppose du temps, une évolution, une certaine lenteur et absolument pas cet affolement généralisé sur des prétextes d’urgence proclamée par ceux-là mêmes qui y voient un intérêt lui aussi immédiat (la taxe pour le gouvernement, le green washing pour tous les margoulins de la green economy , les subventions pour les associations et plus généralement pour tous ces médiocres écologistes à la française - rien à voir avec les Grünen- qui ne parviennent pas trouver sur le plan électoral la justification de leur existence coûteuse). Exactement de la même façon que dans « développement durable », traduction stupide sous forme d’oxymore du sustainable development , il y a aussi et même d’abord développement. Et le développement, cela suppose que l’on avance, ce ne sont pas des contraintes permanente, un retour vers l’âge de pierre, c’est le droit de vouloir vivre aujourd’hui mieux qu’hier. Au lieu de nous emmerder avec ces questions nos élus feraient mieux de lire le prix Nobel Amartya Sen, Ils comprendraient ce que c’est que le DD, la prise en compte du temps long et des leçons de l’Histoire, que ce concept n’a jamais signifié au départ la nécessité d’emmerder voire d’empêcher de vivre décemment les générations d’aujourd’hui au nom de générations hypothétiques et de moyens techniques inconnus de demain. Et ils verraient comment, en dépit de discours catastrophistes sur la fin des ressources, l’ingéniosité humaine s’est toujours adaptée. En d’autres termes, quand aujourd’hui la question numéro un est le pouvoir d’achat et les questions que l’on se pose au quotidien sur la façon de finir le mois, venir nous enquiquiner avec ce qui arrivera peut-être aux générations de demain, autant dire que nous sommes nombreux à nous en brosser le nombril avec le pinceau de l'indifférence.


Tout cela pour dire que s’il y a des questions qui m’horripilent vraiment, ce sont bien ces deux-là, la transition écologique et la réforme institutionnelle : l’une parce que je vois le piège gros comme l’Élysée et l’autre parce qu’en plus d’être aussi un piège, il annonce la justification de taxes à venir, les deux parce que leur donner de l’importance aujourd’hui, c’est foncer tête baissée dans le panneau en faisant le jeu de Macron . Ces deux questions, ce sont deux gros arbres ventripotents qui cachent la forêt.


Alors qu’est-ce qui m’intéresse, comme nombre de mes compatriotes?


1) Le pognon, les pépettes, le flouze, l’oseille . Bref le pouvoir d’achat. C’était la préoccupation n°1 des premiers Gilets jaunes. Bon sang c’est si difficile d’en parler sous tous les angles et sans fausse pudeur au-delà de quelques questions fort heureusement placées ici au début du questionnaire, ailleurs clairsemées et perdues dans la masse. Un des effets les plus positifs du mouvement initial des Gilets jaunes, c’est d’avoir fait sortir cette question des tabous et que nombre de gens qui sont au-dessus des seuils , notamment entre 1300 et 3000 euros osent enfin parler de surtaxation, de paupérisation pour les plus bas revenus, de déclassement pour les autres, d’étranglement fiscal, de ras le bol généralisé (je l’ai noté notamment dans le milieu enseignant où enfin une majorité ose enfin parler d’argent et non plus simplement de façon indirecte crier leur mal-être au travers des questions de pédagogie et autres « blablatitudes »). Le pouvoir d’achat, c’est la question première, principale, et voilà qu’on l’étouffe au milieu de toutes ces questions qui portent tous azimuts sur des sujets dont on se contrefiche dans l’immédiat.

Et il faudrait aussi évoquer les corollaires du pouvoir d’achat : le niveau d’imposition, les taxes, le reste à vivre et la part de responsabilité qu’on nous laisse dans la façon de le gérer. Doit-on imposer sur le revenu dès le premier euro gagné ? D’un côté le coût d’une telle mesure par rapport aux sommes récoltées dissuade de mettre en place le dispositif de collecte et de contrôle adéquat. De l’autre, imaginer un impôt symbolique dès le premier euro reçu ou gagné aurait l’avantage de créer un sentiment d’appartenance à un tout. Pour les personnes issues de l’immigration notamment, pour ceux qui, sans emploi, se sentent des exclus de la société, participer à la solidarité nationale, contribuer même modestement par les impôts au financement des services publics et au Bien Commun, est aussi un symbole d’intégration, comme le révèlent nombre de témoignages a posteriori de familles passées de la pauvreté aisée au travail rémunéré et imposé.

Mais la principale question reste celle-ci : ne devrait-on pas plutôt tenir compte non pas des revenus imposables mais du reste à vivre une fois les impôts et dépenses contraintes payées, souvent inférieur pour les classes moyennes dont les revenus du travail sont au-dessus des seuils et qui ne sont éligible à aucune aide, au pouvoir d’achat de familles souvent sans emploi bénéficiant d’aides diverses non imposables (APL, allocations familiales, aides aux parents isolés, RSA, allocations journalières pour les congés maladie, chèque énergie, bourses…). En clair ne faudrait-il pas imposer, pour une question de justice (mais également d’incitation à chercher ou retrouver un emploi), au même titre que les revenus du travail, les prestations familiales et tous les transferts sociaux en général qui augmentent le revenu global et procurent un pouvoir d’achat souvent supérieur à celui de travailleurs surimposés et non aidés?

Doit-on créer de nouvelles tranches pour diminuer la fiscalité sur les classes moyennes inférieures ? Pense-t-on vraiment qu’en taxant encore davantage ceux qui sont déjà surtaxés cela va rendre plus supportable la vie de ceux qui ont le moins ? Va-t-on résoudre le problème de la France en recréant, à côté des juifs, des homos, des francs-maçons, des arabes, de nouveau boucs émissaires que seraient les élus et les riches ? Parce que je suis contre l’impôt sur la fortune qui existe déjà de facto , et encore davantage contre l’impôt injuste sur la fortune mobilière instaurée par Macron en remplacement, je ne veux pas qu’on élude la question : doit-on faire payer les riches? Précisément parce que j’ai envie de montrer que la réponse n’est pas là, que l’effet serait contre-productif, que cet impôt existe déjà, je souhaiterais donc qu’on en parle. Il faut tout mettre sur la table : qu’a-t-on gagné en supprimant (en apparence) l’impôt sur la fortune ? Que gagnerait-on en le recréant ? Seul un bilan honnête permettra d’y voir clair.


2) L’insécurité et les moyens de rétablir l’ordre dans les zones de non droit reste une préoccupation majeure pour nombre d’entre nous. Quel pouvoir donner à la police ? Doit-on revoir la législation, notamment sur les mineurs ? Remettre sur la table la question de la déchéance de nationalité pour les faits de terrorisme ? Faut-il instaurer un traitement spécifique de ses quartiers ? Une justice parallèle accélérée ? Comment réagir lors des émeutes et des violences contre les policiers ? Contre les enseignants, les pompiers, les médecins, les agents du service public en général ? Comment lutter contre la christianophobie, le racisme anti blanc? Déjà en reconnaissant que cela existe et qu’il est devenu une des formes majeures du racisme en France aujourd’hui. Il faut que tout cela soit clarifié, revoir les droits des forces de l’ordre, les moyens de faire respecter l’autorité, que tout cela soit inscrit clairement dans notre législation.


3) Les questions d’immigration , souvent en lien avec la question 2, sont une autre des principales préoccupations des Français. Que faire contre l’islamisme radical, que peut-on encore tolérer? Que ne doit-on plus tolérer ? Comment réagir? Comment sortir du deux poids deux mesures qui s’exprime souvent par frilosité, peur, clientélisme, constat d’incapacité ou refus idéologique de reconnaître des réalités difficiles (mansuétude pour les uns dans les zones de non-droit, sévérité pour les autres), ce qui pousse nombre de nos compatriotes vers les extrêmes, l’extrême-droite en particulier, qui seuls semblent entendre leur désarroi et ne pas pratiquer le déni de réalité?

Comment faire respecter la laïcité ? Comment faire tomber les tabous qui poussent beaucoup, prisonniers de la rhétorique victimaire, de peur d’être accusés d’islamophobie, à nier les réalités et à culpabiliser (voire à transformer des victimes en coupables, et réciproquement) ceux qui osent faire part de leur colère ou de leurs inquiétudes? Qu’est-ce que l’identité de la France et que chaque habitant est censé respecter ? Sur quoi s’est-elle construite ? Quels en sont les piliers ? (lire à ce sujet dans Lignes Droites ici , et encore là ). À partir de ce que l’on aura fixé, on saura ce qui doit être préservé, quitte à inventer de nouveaux moyens, une nouvelle législation, un nouveau discours pour lutter contre ceux qui n’ont de cesse de s’attaquer à nos valeurs et de saper les bases du pacte républicain.

Mais hélas, là encore, la plupart des questionnaires qui nous sont proposés font du Macron ou du Philippe, repoussant pudiquement la question de l’immigration et surtout des difficultés d’intégration en fin de questionnaire par le biais de quelques questions trop imprécises . Histoire de dire : on en a parlé. Allez hop circulez, y’a rien à voir .

Il est trop facile de multiplier les questions, de taire celles qui fâchent ou de les repousser à la fin de longs questionnaires quand le lecteur n’a plus envie d’écrire ou ne les voit même pas, de les rendre moins nombreuses que les autres , histoire ensuite de prétendre, au vu des réponses qui y auront été consacrées, que ce ne sont pas les questions qui intéressent majoritairement les Français. Un questionnaire fermé comme celui que le gouvernement propose fait dire ce qu’il veut. Et on prétend ensuite que ce dont on n’a pas parlé n’est pas prioritaire. CQFD. Trop facile de prétendre une question sans intérêt si on ne pose pas les questions qu’il faut ou si on la noie volontairement dans la masse.


4) Quelle Europe ? Veut-on encore de celle -là ? Comment réintroduire de la subsidiarité? De la souveraineté ? De la liberté ? Comment la rendre moins technocratique ? Créer un sentiment d’appartenance ? On peut aussi inverser le raisonnement et se demander pourquoi l’Europe suscite parmi des citoyens de plus en plus nombreux, et dans tous les pays, au mieux scepticisme et colère, le plus souvent un sentiment de rejet, jusqu’à l’europhobie. On ne convainc jamais, comme l’ont montré les déboires de la fiscalité écologique punitive et confiscatoire, par la technocratie arrogante, le manque de transparence dans les décisions, la contrainte normative, les obligations législatives vécues, quand elles n’ont pas été discutées et qu’elles ne sont pas respectueuses des identités et coutumes locales, comme autant de mesures liberticides décidées dans l’entre-soi par des fonctionnaires hors-sol.


5) Quelle est la véritable France périphérique ? Au sens géographique, au sens économique, au sens qu’elle est silencieuse , discrète et oubliée des élus ? Que faire pour la revitaliser ? La désenclaver ? Y remettre des services publics ? Inciter le privé à y revenir ?

Il y en a vraiment assez de ces discours convenus et de cette incapacité d’appeler un chat un chat , un islamiste un islamiste, une racaille une racaille, un profiteur un profiteur, un problème d’immigration un problème d’immigration, une question d’argent une question d’argent, une injustice notoire une injustice. Et de constater qu’en pensant le combattre et le contrer par des questionnaires parallèles qui ne font que reprendre les thématiques imposées, en les formulant autrement ou en les précisant par des questions plus nombreuses, on fait le jeu de Macron qui reste, dans ce débat, le maître des horloges. Personnellement, lorsque je participe à des consultations çà et là, j’omets volontairement les questions institutionnelles et concernant la transition écologique. Non pas qu’elles n’ont pas leur importance, mais elles ne sont pas mes priorités et je ne tiens pas à les noyer au milieu de questions qui ont pour objectif de les enfouir dans la masse et de faire avancer les priorités du gouvernement. Je ne veux pas être un de ces trop nombreux idiots utiles de la macronie qui prétendent le combattre mais entrent dans un jeu dont les dés sont pipés.



par Nicolas Conquer (Valeurs Actuelles) 23 novembre 2025
A l’heure de l’IA, l’immigration choisie devient un grand déclassement "Cette question deviendra l’une des dimensions majeures des prochaines échéances électorales en France. Ceux qui continueront de célébrer « l’immigration choisie » sans condition seront jugés pour ce qu’ils sont : les fossoyeurs silencieux de la mobilité sociale de nos enfants." https://www.valeursactuelles.com/economie/a-lheure-de-lia-limmigration-choisie-devient-un-grand-declassement
par Louise Morice dans Frontières 23 novembre 2025
Je suis de la génération Bataclan. La génération qui n’a pas connu la guerre, mais qui voit le sang couler sur son propre sol. Chaque année, chaque mois, chaque semaine. Nous avons grandi dans l’ombre des sirènes et des bougies, dans la peur sourde des métros bondés, des gares trop silencieuses, des sacs abandonnés. Je fais partie d’une génération qui vit la barbarie à chaque coin de rue ; d’une génération de femmes qui hésite à mettre une jupe, de garçons qui baissent les yeux pour éviter une provocation. Nous sommes ceux qui ont appris trop tôt ce que veut dire mourir pour rien. Je suis de la génération qui n’oubliera jamais, et qui ne pardonnera pas. Remplie de colère, parce qu’on ne nous protège pas. Remplie de colère, parce qu’ils ont les clés mais préfèrent le déni, la lâcheté, plutôt que le courage d’affronter le réel. Ils disent craindre la guerre civile, mais la guerre est déjà là, diffuse, rampante, dans les cœurs et dans les rues. J’avais seize ans, j’étais au lycée. Je me souviens du message sur la conversation de classe : « Y’a encore un attentat à Paris. » Encore. Ce mot résonne encore plus fort que les balles. Ce n’était pas le premier. Et nous savons, hélas, que ce ne sera pas le dernier. Louise Morice, média Frontières
par Jeanne Durieux (Le Figaro) 10 novembre 2025
"Contrairement au conflit à Gaza, ou à la guerre en Ukraine, la guerre au Soudan passe largement sous les radars politiques et médiatiques." "il n’y a pas d’armes actionnées par des Juifs, donc pas d’antisémitisme à galvaniser sous le masque de la bonne cause" Deux poids et deux mesures avec Gaza ? Une chronique de Jeanne Durieux sur un conflit qui passe largement sous les radars politiques et médiatiques à lire dans le Figaro : https://www.lefigaro.fr/international/pourquoi-parle-t-on-moins-du-conflit-au-soudan-que-de-gaza-ou-de-l-ukraine-20251108 DÉCRYPTAGE - Contrairement au conflit à Gaza, ou à la guerre en Ukraine, la guerre au Soudan passe largement sous les radars politiques et médiatiques. Des civils abattus d’une rafale de kalachnikov le long des talus, des hommes rassemblés en groupe pour être brûlés vifs, des enfants épuisés et muets qui déambulent sans parents le long des camps de réfugiés, des femmes atones au regard hanté qui taisent les viols collectifs dont elles ont été victimes. Voilà quelques-unes de la kyrielle d’images insoutenables qui ont envahi les réseaux sociaux ces derniers jours, presque deux semaines après la prise de la ville soudanaise d’El-Fasher par les FSR, les Forces de soutien rapide. Un premier bilan fait état d’environ 3000 civils abattus, mais le bilan pourrait être en réalité considérablement plus élevé. À découvrir Ces massacres de civils, dont l’horreur augmente à chaque témoignage rapporté par les ONG, jettent une lumière crue sur le conflit sanglant qui sévit au Soudan depuis plus de deux ans. Il oppose, sur un échiquier soudanais très complexe mêlé d’enjeux ethniques et religieux, les généraux Al-Burhan, chef de l’armée régulière, à Mohamed Daglo dit Hemedti, à la tête des FSR. Et s’inscrit dans le temps long d’une guerre multifactorielle qui ensanglante la région du Darfour depuis des décennies. Et pourtant, les massacres qui sévissent dans ce pays d’Afrique de l’Est bordé par la mer Rouge peinent à bénéficier d’une couverture médiatique ou de dénonciations proportionnelles à la hauteur des 150.000 morts et des 12 millions de déplacés depuis 2023. Contrairement au conflit à Gaza qui engendre depuis deux ans nombre de mobilisations, réactions, et polarise profondément la société française, la guerre au Soudan ne génère qu’une discrète indignation, voire un silence indifférent, malgré plusieurs récits publiés par les médias (dont Le Figaro ). Comment, malgré tout, expliquer cet angle mort ? Le Soudan échappe aux schémas impérialistes et colonialistes Le Soudan est un pays «inclassable», présente d’emblée le chercheur Marc Lavergne. À cheval sur l’Afrique noire et le monde arabe, multiethnique et multireligieux, lié à la Méditerranée, mais aussi à l’Afrique centrale et au Sahel, il échappe à toute catégorisation géographique mais également historique. Le Soudan a été conquis par les Britanniques et les Égyptiens à la fin du XIXe siècle, qui y ont établi un condominium [un territoire sur lequel plusieurs puissances exercent conjointement une souveraineté, NDLR], avant que le pays ne proclame son indépendance en 1956. Mais en réalité, «les Anglais n’ont pas vraiment colonisé le pays puisqu’ils n’y voyaient qu’une mainmise formelle. Ils sont d’ailleurs regrettés par les Soudanais», pointe encore Marc Lavergne. Par cette histoire, le Soudan échappe aux schémas classiques «impérialistes et colonialistes» qui ont profondément forgé les dynamiques actuelles de la plupart des pays africains. Et c’est d’abord là que le bât blesse. Concrètement, le Soudan n’est pas considéré comme un pays où doit s’exercer une lutte anti-impérialiste ou décoloniale, matrice des discours actuels qui défendent par exemple ardemment la Palestine en «lutte» contre «l’État colonisateur» que serait Israël. En réalité, «le conflit qui déchire le Soudan n’est pas une guerre idéologique mais un conflit pour l’argent», avance Marc Lavergne. Les factions en guerre cherchent en partie à contrôler le pays pour des motivations économiques : ils se disputent notamment la mainmise sur le contrôle des ressources économiques soudanaises agricoles et minières (comme l’or et pétrole). Et dans ce conflit, «le sort, comme l’opinion des civils, est complètement évacué» pointe le spécialiste. Le conflit à Gaza accapare la question du génocide Or, c’est précisément le conflit idéologique qui fait de Gaza une tragédie abondamment exposée. Se joue là le paradoxe de la solidarité sélective : les défendeurs de la cause palestinienne requièrent une prise en charge mondiale de cette tragédie mais s’opposent de l’autre «à l’universalité funéraire» pour d’autres conflits, pointait l’écrivain Kamel Daoud dans les colonnes du Point dès novembre 2024. Selon le prix Goncourt, il n’est pas populaire de plaindre tous les morts, quelles que soient leurs origines. Il poursuivait : «Si vous abordez ce sujet tragique [de la guerre au Soudan, NDLR], vous êtes accusé de cacher un conflit armé ’exclusif’ [celui de Gaza, NDLR], de changer de sujet, de procrastiner et de manipuler.» Par ailleurs, de façon évidente, les mobilisations autour du conflit armé à Gaza servent de relais à l’antisémitisme. Très concrètement au Soudan, «il n’y a pas d’armes actionnées par des Juifs, donc pas d’antisémitisme à galvaniser sous le masque de la bonne cause. (...)», appuie Kamel Daoud. Ce que corrobore l’avocat et essayiste Gilles William Golnadel dans une tribune publiée au Figaro : «[Il y a] une focalisation sur la chose juive par une sorte de fascination», expose-t-il pour justifier l’exposition qui entoure Gaza. Or, au Soudan, «les musulmans y tuent d’autres musulmans, ce qui équivaut à zéro. La mort ne devient importante que si elle suscite des émotions collectives à travers un casting précis», pointe encore Kamel Daoud. Davantage de personnes peuvent avoir été assassinées en une semaine à el-Fasher, sans aucune exagération, qu’en deux ans à Gaza. Nathaniel Raymond, directeur exécutif du laboratoire humanitaire de recherches à Yale Pourtant, les ethnies du Darfour (Fours, Masalit et Zaghawa) ont été victimes d’un génocide au début des années 2000, notamment de la part des Janjawid, ces milices arabes dont découlent aujourd’hui les FSR. Et ces violences contre les ethnies non arabes ont redoublé avec la reprise du conflit en 2023. Mais aujourd’hui, la question du «génocide» dans le débat public est presque exclusivement captée par les événements à Gaza. «Les informations qui remontent du terrain [au Soudan] témoignent d’un nettoyage ethnique voire d’un génocide en cours. On s’est posé des questions très longtemps sur Gaza, on a eu toutes sortes de débats, “est-ce un génocide ou pas ?” alors qu’au Darfour, on avait des éléments [pour le caractériser] et on n’en parlait pas du tout», a pointé le 6 novembre 2025 sur le plateau de C ce soir Meriem Amellal, journaliste spécialiste de l’Afrique à France 24. Plus prosaïque, Nathaniel Raymond, directeur exécutif du laboratoire humanitaire de recherches à Yale, établissait un parallèle cette semaine : «davantage de personnes peuvent avoir été assassinées en une semaine à el-Fasher, sans aucune exagération, qu’en deux ans à Gaza». Et pour cause : après la prise de cette ville, il n’y a pas eu de mouvement massif de population, comme c’est normalement le cas dans une zone nouvellement conquise. Cette constatation «augmente la probabilité que la majorité des civils soient morts, capturés ou cachés» dans l’enceinte de la ville, indique un rapport établi par l’université de Yale et cité par le Middle East Eye . Les Nations unies estiment à environ 60.000 le nombre de personnes ayant réussi à fuir el-Fasher − près de 200.000 personnes sont en conséquence toujours entre les mains des sanguinaires milices. À titre de comparaison, 67.000 civils environ auraient trouvé la mort à Gaza depuis le 7 octobre 2023, selon le décompte (invérifiable) du Hamas. En clair, le Soudan est bien loin des projections collectives et des débats qui agitent et polarisent nos sociétés occidentales. Au sein de cette guerre africaine s’entrelacent de nombreux enjeux internes qui entravent notre implication morale dans le conflit. En Occident, «on ne fait pas la différence entre tous les Soudanais, même s’il existe de nombreuses différences ethniques», éclaire Marc Lavergne, - à l’inverse, là encore, du conflit à Gaza, qui oppose deux parties clairement connues et identifiées. Ce que corrobore encore Kamel Daoud dans sa chronique au Point : «Le corps d’un Soudanais est-il moins choquant parce qu’il n’a pas d’histoire qui nous ressemble ?» s’interroge-t-il. Par ailleurs, depuis deux ans, le conflit soudanais oppose deux généraux belligérants unanimement dénoncés. Les Forces de soutien rapide se sont certes rendues complices de nombreux massacres de civils, largement documentés ces derniers jours, mais les exactions du gouvernement dit «légal» du général Al-Burhan les talonnent sur l’échelle de la violence. «Concrètement, les troupes d’Al-Burhan tuent certes moins de gens, mais les milices qui sont alliées à l’armée régulière font les basses besognes. Et de façon générale, l’armée n’a que faire des civils», résume Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris. Par ailleurs, les acceptions des termes «gouvernement légal» et «gouvernement rebelle» ne s’appliquent pas réellement au Soudan. «Lorsque deux généraux anciens complices s’affrontent, qui est dans la légalité et qui ne l’est pas ?» interroge le chercheur Marc Lavergne. Et ce dernier de poursuivre : «Entre une armée putschiste, dirigée par al-Burhan, qui a ruiné le pays et pris le pouvoir par un coup d’État, et les Forces de sécurité rapide dirigées par le général Hemedti, grand responsable de la crise du Darfour en 2005, qu’on présente comme des rebelles alors qu’ils sont avant tout des Bédouins, à qui accorder la légitimité ?» De quel côté se placer ? Un tel parti pris est, à l’inverse, plus évident dans le cas du conflit en Ukraine : il y a d’un côté l’agresseur, la Russie, et l’agressé, l’Ukraine, dont une partie des terres a été envahie par l’armée russe. Peu d’intérêt stratégique La donne géopolitique impose également sa grille de lecture : celle des Européens est d’abord liée aux décisions de Washington et à la menace russe. Là encore, l’attention constante qu’accorde la France au conflit russo-ukrainien se justifie ainsi par la proximité géographique et culturelle avec l’Ukraine. Cette dernière étant aux portes de l’Europe et candidate à l’UE et l’Otan, les Français ont tout intérêt à peser pour la victoire de l’Ukraine et la résolution du conflit. Dans le cas du Soudan, la France, qui avait soutenu la chute du régime d’Omar el-Béchir en 2019 en s’affirmant se placer du côté «de ce nouveau Soudan», y accorde en réalité peu d’intérêt. «Il n’y a plus cette génération de gens qui ont connu la Françafrique et qui conservent des liens et des intérêts forts sur le continent», dépeint Marc Lavergne, pour qui «la France s’est désintéressée du Soudan».
par Olivier Babeau / Valeurs Actuelles 4 novembre 2025
"Fuite des cerveaux, désindustrialisation, endettement, services publics défaillants, dépendance au luxe et à l’aéronautique : la France adopte les caractéristiques économiques des pays pauvres" Une tribune à lire dans Valeurs Actuelles : https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/olivier-babeau-la-france-se-tiers-mondise
par Guillaume Roquette dans FigaroVox 3 novembre 2025
Un edito de Guillaume Roquette dans FigaroVox suite à la large victoire de Javier Milei aux législatives de mi-mandat en Argentine. Javier Milei a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Et pendant ce temps là, en France, on cogite sur la meilleure façon d'augmenter encore un peu plus la fiscalité alors que nous sommes déjà champion du monde toutes catégories ! https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-du-figaro-magazine-la-lecon-argentine-20251031 "Large vainqueur aux législatives de mi-mandat, avec un peu plus de 40% des voix pour son parti au niveau national, Javier Milei a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Une victoire éclatante. En remportant haut la main les dernières élections législatives en Argentine, Javier Milei a ridiculisé les pseudo-experts qui affirmaient qu’un président aussi libéral serait nécessairement désavoué par les électeurs. À travers ce scrutin, le peuple de ce pays nous administre une magnifique leçon de courage : oui, on peut choisir en toute conscience la voie du redressement, accepter des efforts douloureux, couper à la tronçonneuse dans les dépenses publiques si c’est la condition pour ne pas sombrer. Pour nous autres Français, les Argentins sont des Martiens. Malgré notre dette vertigineuse, notre administration obèse et nos prélèvements obligatoires suffocants, nous refusons collectivement de rompre avec un modèle pourtant à bout de souffle, comme si nous pouvions indéfiniment vivre à crédit sans en payer un jour le prix. L’essayiste Mathieu Laine dresse ce constat désabusé : « Les peuples ne deviennent libéraux que quand ils ont touché le fond de la piscine keynésienne. » Passer la publicité Nous en sommes loin. Le patron du Parti socialiste français, Olivier Faure, continue au contraire de claironner qu’ « il va falloir prendre l’argent là où il est, c’est-à-dire dans les poches de ceux qui ont les moyens ». Voilà les gens avec lesquels le premier ministre Sébastien Lecornu a dangereusement choisi de pactiser : des démagogues d’une médiocrité crasse qui vont tuer notre pays si on les laisse faire. Là-bas, Nicolás ne veut plus payer Pourquoi les Argentins sont-ils capables d’un sursaut auquel nous nous refusons, en tout cas pour l’instant ? La démographie est l’une des réponses : leur pyramide des âges est moins déséquilibrée que la nôtre. Plus nombreux et plus jeunes, les actifs ne veulent plus d’un système qui les empêche de vivre décemment. Là-bas, Nicolás ne veut plus payer. On connaît le franc-parler de Javier Milei. Quand on lui demande ce qu’il pense de ses adversaires progressistes, il les traite de « gauchistes de m… » et affirme : « Il ne faut pas leur laisser un millimètre, si vous le faites, ils vont l’utiliser pour vous détruire. »« Ma mission est de botter le cul des keynésiens et des fils de p… collectivistes. » Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… Et sa franchise ne s’arrête pas aux discours. Contrairement à ce qui se passe habituellement avec la droite française quand elle est au pouvoir, le président argentin a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Il a baissé la dépense publique de 30% et supprimé 60 000 postes de fonctionnaires. Le nombre de ministères est passé de 21 à 10. « Afuera » (ça dégage) ! Pour la gauche française, Milei est le mal personnifié. En rétablissant l’équilibre budgétaire de son pays (une première depuis 14 ans), il a coupé les vivres à des centaines de structures politiques, médiatiques et culturelles qui vivaient au crochet de l’État. Un cauchemar pour nos progressistes ; un modèle à suivre pour une droite digne de ce nom."
par Pierre Brochand (ancien directeur général de la DGSE) 18 octobre 2025
Immigration de masse, insécurité, risque de guerre civile... Le cri d’alarme de Pierre Brochand (ex-DGSE) "EXCLUSIF - Vingt ans après les émeutes qui avaient éclaté à Clichy-sous-Bois puis dans toutes les banlieues, l’ancien directeur général de la DGSE dresse le constat inquiétant d’une France au bord de la « confrontation interne »." Une tribune à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/immigration-de-masse-insecurite-risque-de-guerre-civile-le-cri-d-alarme-de-pierre-brochand-ex-dgse-20251017 LE FIGARO MAGAZINE. - Il y a tout juste vingt ans, le 27 octobre 2005, éclataient les premières grandes émeutes de banlieue. Plus qu’une expression de violence passagère, était-ce le début d’un long processus nous conduisant à une forme de « guerre civile » ? Pierre BROCHAND. - Avec le recul, ce qui s’est passé, il y a vingt ans, apparaît, d’abord, comme un révélateur cruel de l’état du pays. Depuis les années 1980, s’était dessiné un paysage inédit : des émeutes ethniques, jamais vues, fusaient ponctuellement en zones urbaines, sur fond de délinquance, d’islamisation et de séparation. La vague d’octobre, en étendant l’incendie à plusieurs villes simultanément, a sonné un réveil en fanfare. Deux tiers de nos compatriotes en ont déduit qu’il fallait « arrêter l’immigration ». Ceux qui détenaient le pouvoir ne les ont pas écoutés. Résultat : rien n’a été fait. Ce qui nous amène directement aux angoisses d’aujourd’hui, que résume la prophétie de « guerre civile ». Je doute que celle-ci se réalise à court terme. En revanche, je tiens pour certaines les affirmations suivantes : – Si nous restons bras croisés, nous irons vers le pire. – Ce pire sera la régression de notre pays en tous domaines, à commencer par la sécurité de ses habitants et, plus généralement, leur bonheur de vivre. – L’épicentre en sera la débâcle de la confiance sociale, clé de voûte des peuples heureux, dont la perte disloque non seulement les sociétés « multi » mais aussi les fondements de l’État-providence. – Je ne vois pas d’autre ferment à ces ébranlements que l’irruption d’une immigration de masse, aux caractéristiques antagoniques des nôtres. Qu’est-ce qui vous rend dubitatif à l’égard du terme « guerre civile », pourtant repris par nombre de responsables politiques ? D’abord, les mots eux-mêmes. Je viens de le dire : pour moi, le fait générateur de troubles à venir ne peut être qu’importé. En effet, dans une démocratie avancée et apaisée, les différends, entre autochtones, ne semblent plus de nature à ressusciter la Révolution ou la Commune. La parenthèse de la « question sociale », ouverte en 1848, refermée en 1968, a laissé la place à des compromis quantitatifs sur le partage d’un gâteau commun, autour de la notion de pouvoir d’achat. De même, les problèmes sociétaux, qui ont pris la suite, n’ont jamais donné lieu à échanges de coups de feu : la haute tenue de la Manif pour tous en a fourni la preuve. Pour faire simple, je dirais qu’entre citoyens de souche, la violence, politique et sociale, n’est plus de mise : pour eux, l’Histoire est finie, au sens de Fukuyama. Leurs débats sont canalisés pour converger fatalement vers un centrisme bien-pensant, quel que soit le numéro de la République. Ceux qui le contestent ne sont pas nombreux : les black blocs ont affiché leurs limites, l’ultradroite parade modestement. L’échec des « gilets jaunes » a, en outre, confirmé qu’aucun projet, centré sur la redistribution du gâteau, ne pouvait renverser la table. Pour la même raison, j’écarte les concepts de « décivilisation » et d’« ensauvagement », qui, en douce, tendent à mettre tout le monde dans le même sac. J’irai plus loin : c’est le thème même de l’immigration, qui, par rétroaction, risque de susciter les plus graves dissensions chez les natifs, entre « universalistes » (mondialistes mercantiles, humanistes rêveurs, wokistes justiciers) et « localistes » (patriotes têtus, régionalistes renaissants, communautaires de tradition). Schisme, qui, d’ailleurs, réintroduit, dans le jeu belliqueux, certains de nos extrémistes, tenants d’une mythique « convergence des luttes », prêts à servir de cheval de Troie aux factions les plus militantes de l’immigration. Nos immigrés sont entrés avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, qu’ils n’ont pas abandonnés à la frontière Pierre Brochand Ensuite, le fait que les fauteurs de troubles de 2005, comme leurs prédécesseurs et successeurs, soient majoritairement de nationalité française ne change en rien le diagnostic. Nos immigrés sont entrés avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, qu’ils n’ont pas abandonnés à la frontière. Ces bagages étaient même si pesants qu’une partie de leurs arrière-petits-enfants continuent à les porter. Énumérons-les, une fois encore, puisque tout en découle : origine du tiers-monde, mœurs communautaires, majorité musulmane, culture de l’honneur, passé colonisé, démographie dynamique, endogamie élevée, faible niveau culturel, productivité et employabilité inférieures, coagulation en isolats géographiques et, surtout, donc, aggravation de ces dispositions au fil des générations dans un contexte global de vengeance du Sud sur le Nord. De ce point de vue, la distinction entre guerre « civile » et « étrangère » ressort brouillée. Nous sommes, au minimum, dans un cas hybride, qui efface, dès le départ, la dimension fratricide des luttes entre Armagnacs et Bourguignons, catholiques et protestants, et où la géopolitique intervient au moins autant que la politique. C’est pourquoi je préfère parler de confrontation interne, vulnérable à des ingérences extérieures. Dans ce tableau, il faut toutefois réserver un sort particulier à l’outre-mer, héritier lui aussi de l’ère coloniale, et doté d’une géographie lointaine et insulaire : on peut y voir des « laboratoires », où des débuts d’insurrection ont déjà opposé des citoyens français, selon leur origine ethnique. Enfin, une « vraie » guerre civile est une lutte armée, au sein d’une même collectivité, entre parties organisées qui s’en disputent le contrôle. Soit le basculement, brutal et total, d’un pays tout entier dans une violence physique concertée. Je le redis : cette vision paraît simpliste. Car d’innombrables hypothèses, plus complexes, sortant des sentiers battus, peuvent se vérifier. Même si nous pensons très fort à l’Empire romain, nul précédent ne saurait nous guider. Gardons à l’esprit qu’aucune société, avant la nôtre, n’a vécu sous le règne de l’individualisme de masse, sorte de terra incognita, sans carte ni boussole. Si nous ne nous dirigeons pas tout à fait vers une « guerre civile », vers quoi allons-nous ? Mon sentiment est le suivant. Bien avant d’en arriver à une bataille à mort pour la souveraineté, nous allons continuer de nous enfoncer dans des sables mouvants. Le raz-de-marée migratoire, s’il persiste, va produire un enchaînement de dégradations, à la fois sous-jacentes dans la durée et explosives dans l’instant. L’immigration actuelle est un fait social total dont les ondes de choc se font sentir partout. Pour les schématiser, elles raniment, d’abord, les clivages non négociables, c’est-à-dire non solubles en procédures, que nous pensions derrière nous : discorde religieuse, inimitié coloniale, fléau racial, gouffre culturel, allégeances nationales incompatibles, auxquels s’ajoute, pour faire bonne mesure, inadéquation économique. En bref, nous prenons, en pleine figure, le boomerang d’une Histoire, loin d’être finie ailleurs. Cheminement souterrain, donc, quand ces disruptions, imperceptibles au jour le jour, finissent par émerger à force de cumulation. Bouffées détonantes lorsque, de ces transformations, naissent des contradictions que les mécanismes d’absorption – autrefois performants avec les eurochrétiens – ne parviennent plus à surmonter. La violence devient, alors, la seule issue. Violence multiforme – délinquante, nihiliste, métapolitique –, d’abord sporadique et dispersée, mais prenant une tournure agglutinante, au fur et à mesure qu’empirent les dérèglements. Soit, au final, un processus quasi volcanique, associant un magma souterrain, porteur de tendances lourdes, et des éruptions soudaines, survenant à tout prétexte. Étant entendu que le choix n’est pas toujours entre la vie et la mort, mais aussi entre une existence qui mérite d’être vécue et d’autres qui n’en valent pas la peine. Sinon, à quoi bon ? J’ai bien conscience qu’ainsi esquissé, ce futur reste nébuleux. Ce qui n’interdit pas d’ouvrir un cadre de réflexion, qui, tout en essayant d’exclure la paranoïa – tâche parfois difficile – met en évidence un éventail de possibles. Sous la forme de l’État de droit, l’État régalien n’est plus que l’ombre de lui-même Pierre Brochand Vous parlez d’un « cadre de réflexion ». Pouvez-vous mieux le cerner ? À mon avis, il faut commencer par prendre conscience du point d’arrivée, lui, irrécusable : une France à majorité africaine et musulmane, bien avant la fin de ce siècle. Bouleversement que je défie quiconque d’espérer paisible et débonnaire. La logique conduit, donc, d’abord à identifier les acteurs de cette tragédie. Si l’on en croit la grille de lecture en vigueur, ils sont en nombre illimité, puisque tout n’est que cas particuliers. Ce n’est pas mon approche. Mon expérience professionnelle m’incite à commettre le péché d’amalgame. Les groupes restent des agents historiques déterminants, et le redeviennent encore plus quand refont surface les casus belli d’antan. Pour moi, ces groupes sont au nombre de quatre. Le plus proactif est constitué de « ceux venus d’ailleurs ». Le critère pertinent, pour l’analyser, est celui de l’acculturation. Faute de statistiques, je m’en tiendrais à l’intuition. Sur un effectif qui atteint désormais 25 à 30% des résidents (sur trois générations), les « assimilés » ne sont plus, à mon sens, que 5 à 10%, les « intégrés » comptent pour 30 à 40% et le reste flotte de la non-adhésion à la haine sur fond d’assistanat. La jeunesse masculine en représente le fer de lance. C’est à travers cette dernière strate que sont ravivés, dans l’espace public, les us et coutumes des pays de départ, avec lesquels nous n’avons jamais demandé à cohabiter. J’attire l’attention sur le fait que l’intégration, « espoir suprême et suprême pensée », n’est qu’un CDD (le respect de la loi contre l’emploi, chacun gardant son quant-à-soi) : en période de basculement, les intégrés pèseront naturellement dans ce sens. Restent « ceux d’ici », les « déjà-là », rejoints par la frange des assimilés. Là aussi, en usant d’une sociologie de la hache, j’y distinguerai trois sous-groupes. « Ceux d’en haut » forment un noyau dur minoritaire, à l’abri des métropoles, à partir desquelles ils font rayonner l’idéologie du « laissez passer, laissez tomber », apothéose prétendue de la « civilisation ». Métropoles où se nouent, d’autre part, des relations pragmatiques de connivence, au moins matérielles, avec « ceux d’ailleurs », rassemblés alentour. « Ceux d’en bas » (65 à 70% du grand total) n’ont pas la même vision : soumis en permanence à des chocs avec des « civilisations » (minuscules, plurielles) aux pratiques antithétiques des leurs, ils n’acceptent plus cette situation et cherchent à le faire savoir poliment, sans y parvenir. Néanmoins, le haut et le bas se retrouvent pour rejeter l’autodéfense et se blottir derrière un quatrième agent : les forces de l’ordre, seule formation armée autorisée sur le territoire français. Ce monopole de la violence est, toutefois, soumis à fortes contraintes. D’abord budgétaires : l’efficacité de ces « gardiens de la paix » est conditionnée par la taille de leurs effectifs, ce qui pose le problème crucial de leur saturation en cas de coup dur. Restrictions juridiques, surtout, sous la forme de l’État de droit, pierre angulaire de la « société des individus » : sous ce régime, l’État national régalien, modèle prédominant auparavant, n’est plus que l’ombre de lui-même. D’une certaine façon, il est même un adversaire à désarmer, car menaçant, du reste de son autorité, les droits fondamentaux de chacun, étrangers et malfaisants compris. Cette impuissance voulue est source d’une incohérence mortelle. En effet, l’immigration ne tombe pas du ciel. Elle est, elle aussi, la conséquence du renversement de paradigme, survenu dans les années 1970, quand nous sommes passés de l’autodétermination des peuples, délimitée par des frontières, à celle des individus, libres de se mouvoir à l’échelle planétaire. Révolution qui, d’un même élan, a donné le feu vert à des exodes massifs, et empêché la puissance publique des pays de destination de les entraver. Or, la survie d’un tissu social, aussi fragile que le nôtre, ne tient qu’à un fil : celui d’une homogénéité culturelle parfaite, autour d’un « néochristianisme païen » unanime, seul à même d’intérioriser l’injonction du vivre-ensemble. Personne ne niera que les nouveaux venus n’ont pas du tout – mais, alors, pas du tout – suivi ce parcours historique, qui nous a conduit à l’épuisement de l’inimitié. D’où la quadrature du cercle : une société qui se veut ouverte mais ne peut se perpétuer que fermée à ceux qui ne partagent pas sa xénophilie. Voilà pour la distribution de la pièce, où nous jouons notre survie. Les réseaux sociaux enclenchent des spirales de contamination aussi soudaines qu’incontrôlables. OLIVIER CORET / OLIVIER CORET pour le Figaro Mag Si nous continuons d’explorer votre cadre de réflexion entre ces acteurs, quels sont les paramètres principaux des évolutions à venir ? Ce que vous me demandez, c’est comment va évoluer le rapport des forces. Si l’on reprend la métaphore d’un fleuve souterrain incandescent, la question devient : quels sont les éléments qui l’accélèrent et ceux qui le ralentissent ? L’accélérateur décisif est, bien sûr, la démographie, indicateur le plus fiable des temps futurs. On ne le répétera jamais assez : nous nous acheminons vers une inversion de majorité, ethnique et religieuse, dans notre pays. Ce n’est plus l’épaisseur du trait. De surcroît, ce chassé-croisé, hors de contrôle, tend à l’exponentialité : il se nourrit des droits opposables, dont se prévalent les immigrés, mais aussi de l’auto-engendrement des diasporas, qui génèrent un fort excédent naturel, disparu chez « ceux d’ici ». En outre, l’immigration est une grandeur non scalable, dont la qualité mute avec la quantité. D’où la notion de masse critique, au-delà de laquelle ce qui était possible en deçà ne l’est plus. Les quartiers où tous ces seuils sont dépassés sont la vitrine de ce qui nous attend. On y retrouve les réminiscences des pays de départ, dont aucun n’est démocratique, développé et égalitaire : incivisme, xénophobie, intolérance, banditisme, omerta, consanguinité, corruption, clientélisme, etc. Ce chamboulement, annoncé par l’arithmétique, ne peut se dérouler sans convulsions. Il y a aussi des « retardants » au processus. Mais ce ne sont, hélas, que des expédients temporaires visant à reculer pour mieux sauter. Le premier est l’évitement, entre anciens et nouveaux. Chacun vote avec ses pieds et se regroupe par affinités, preuve par neuf qu’on ne s’apprécie que mollement : « ceux d’en haut » dans la zone verte des centres-villes, « ceux d’en bas » en France périphérique, « ceux d’ailleurs » dans les banlieues. À ce contournement primaire s’ajoutent des fuites secondaires : la ruée vers l’enseignement privé, l’expatriation des jeunes diplômés, l’alya des Français juifs. Mais le vase déborde déjà : en attestent la répartition autoritaire des demandeurs d’asile en milieu rural et l’implantation obligatoire de logements sociaux dans des villes qui n’en veulent pas. Ensuite, viennent les petits arrangements pour acheter la paix sociale, voire des gains électoraux, sans secouer le cocotier. Ces concessions unilatérales se pratiquent à tous les échelons, depuis la politique de la ville au niveau national, jusqu’aux compromissions municipales, avec des consultants peu recommandables (imams, caïds, grands frères). On songe à la du Barry : « Encore une minute, monsieur le bourreau ! » Autre aspect : les deux minorités actives, susceptibles de coordonner les « révoltés » – trafiquants et Frères musulmans –, n’ont pas intérêt à renverser immédiatement la table. Les premiers en sont au stade embryonnaire de la cartellisation (DZ Mafia), avec pour ambition d’éliminer la concurrence et d’exploiter la poule aux œufs d’or, sans l’achever. Les seconds préfèrent l’entrisme à bas bruit afin d’imposer progressivement les codes de leur religion, en comptant sur l’inexorable loi du nombre pour triompher. Reste le plus grand frein à la belligérance : le comportement des « natifs d’en bas ». Chacun admire leur retenue («vous n’aurez pas notre haine »). Certes, leurs votes, croissants, en faveur de la « maîtrise des flux » montrent que leur imaginaire demeure national. Mais leur choix dans l’isoloir ne se double d’aucune démonstration de rue, pourtant circuit le plus court pour se faire entendre en France. Le poids des seniors ne pousse, évidemment, pas à l’action ni aux changements de cap. Mais, surtout, l’ensemble de la société vit sous les sédatifs obligatoires, que réclame le traitement de l’anarchie individualiste et de l’agressivité multiculturaliste. Citons pêle-mêle : la recherche du bien-être par la consommation, comme unique but commun ; la manipulation des émotions tétanisantes, telles que la peur (épidémies, Russie, climat) et la culpabilité (Vichy, colonialisme, racisme) ; le recours transversal au divertissement. Encore davantage, l’individu-roi, replié sur lui-même, attache un prix démesuré à sa vie biologique, occasion unique à ne pas rater, face à des extraterrestres (terroristes, délinquants) dont les valeurs « héroïques » lui sont devenues illisibles. C’est pourquoi les manifestations qu’il s’autorise – marches blanches, bougies, peluches – clament, avant tout, son refus d’en découdre. Les Français n’ont-ils pas restitué 150.000 armes en 2022 ? Notre orgueil de civilisé est de refouler nos pulsions. Attitude louable et honorable. Mais, alors, ne nous plaignons pas si nous sommes confrontés à des dissidences, que notre passivité enhardit. "La tiers-mondisation de notre corps social n’ira pas sans gros dégâts collatéraux" Pierre Brochand Vous évoquez un fleuve souterrain qui avance, mais aussi fait éruption en surface. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce point ? Notre pronostic vital est-il engagé, comme vous l’envisagiez en 2023 ? Il faut partir de l’état des lieux ! 1500 portions de territoire, en « peau de léopard », échappent au plein contrôle des autorités publiques, et la pression sociale qui s’y exerce va à rebours de nos façons de vivre et de penser. Se répand, dans ces contre-sociétés enclavées, une guérilla de basse intensité contre ce qui y subsiste de l’État national et, plus généralement, d’influence française (pompiers, médecins, enseignants, arbitres). Un pessimiste y décèlerait même le retour, en mode mineur, des insurrections coloniales : commissariats-fortins, check-points, « hits and runs » réciproques, caves-sanctuaires, contraste jour/nuit, lutte pour la « conquête des cœurs » (la politique de la ville, resucée du Plan de Constantine, contre l’entraide sociale fournie par imams et dealers), recherche d’interlocuteurs valables, « porteurs de valise », omerta ordinaire, etc. Ne manque – et ce n’est pas rien – que l’armature du FLN. La crainte la plus plausible est que cet écosystème ne gagne en extension, fréquence et intensité, en vertu de la combinaison d’effectifs qui s’accroissent et d’une distance culturelle qui ne se réduit pas. Le modèle, que je privilégie, vous l’aurez compris, est celui de plaques tectoniques, mises en branle par le couple infernal individualisme-immigration, dont le frottement produit des étincelles qui finissent par embraser la plaine. Sur cette base, rien, hélas, n’interdit que soient franchis, un à un, des seuils critiques irréversibles : usage d’armes létales, pénétrations en « zone verte », submersion des forces classiques, entrée en scène de l’armée, prises d’otages, etc. Parmi les phénomènes déstabilisants, un sort à part doit être fait au terrorisme, bien sûr, mais encore plus aux pillages, auxquels les jeunes des quartiers se sont déjà adonnés : rien n’est plus facile, contagieux et efficace pour réduire à zéro la confiance sociale, libérer les instincts et mettre à genoux une société, bien au-delà des méfaits eux-mêmes. Et, voilà que, pour couronner le tout, pointent les drones, innovation stupéfiante qui met à portée de chacun des capacités incalculables de dissémination de la terreur. En fond de tableau, il faut aussi garder à l’esprit que nous vivons sur le fil du rasoir, en raison de notre dépendance à des réseaux, qui sont autant de catalyseurs de chaos. Les réseaux « sociaux » remettent au premier plan la psychologie des foules, décuplent le potentiel de tangage et enclenchent des spirales de contamination aussi soudaines qu’incontrôlables. Quant aux « vitaux » – électricité, eau, gaz, transports, communication –, leur rupture nous renverrait en un éclair à un état de nature, où régneraient les moins inhibés, dont on devine qui ils seraient. À l’échelle nationale, ce scénario, qui suppose un haut degré de planification et exécution, relève de la science-fiction et nous éloigne des quartiers pour nous renvoyer vers des activistes indigènes, voire des services étrangers. Mais, on ne saurait écarter des applications locales, dont tireraient parti les éléments incontrôlés, dont il est question ici. Quant aux détonateurs proprement dits, la liste en est plus longue qu’on ne croit : aux attentats d’ampleur, « bavures », heurts communautaires habituels s’ajoutent des situations insoupçonnées, comme une brutale sortie de l’euro, suscitant une ruée vers les banques et, par engrenage, une déstabilisation de la rue, livrée aux exactions. Sans doute aucun de ces « fantasmes raisonnés » ne se produira, à brève échéance. Sans doute allons-nous continuer à vivre sur les pentes d’un Etna, dont les projections ne frapperont pas tout le monde, tout le temps, mais de plus en plus de monde, de plus en plus souvent. En tout cas, restons sûrs que la tiers-mondisation de notre corps social n’ira pas sans gros dégâts collatéraux, y compris physiques. Jusqu’à l’engagement du pronostic vital ? À très long terme, on ne peut malheureusement qu’opiner, en raison de la dynamique démographique, hors laquelle, il faut bien le reconnaître, tout n’est que bavardage, plus ou moins informé. Cette grande régression peut-elle être enrayée ? Un redressement est-il possible ? Comment ? Contrairement aux apparences, c’est votre question la plus facile, car les réponses existent et sont devenues banales. Mais, elles sont aussi inévitablement féroces, à proportion du temps et du terrain perdus. S’il reste une petite chance d’éteindre la mèche, il n’est d’autre voie que celle d’un radicalisme sans remords. Soit, à la fois, réduire les flux d’entrée à leur plus simple expression, reprendre le contrôle des diasporas et rétablir l’ordre public. Ce qui est tout à fait possible, mais exige un formidable regain de volonté. D’abord, prendre des mesures immédiatement opérationnelles en matière d’immigration (gel des régularisations, réduction drastique des naturalisations, raréfaction des visas des pays à risque). Puis, enjamber le préambule constitutionnel, indispensable au rétablissement des droits, collectifs et autonomes, du peuple français. Enfin, sur ce canevas, faire flèche de tout bois : externaliser les demandes d’asile, ramener à zéro l’attractivité sociale et médicale de la France, dégonfler les diasporas en agissant sur les titres de séjour, muscler la laïcité en l’étendant à l’espace public. Plus généralement, s’attaquer au virus mortel de l’impunité, par une réforme pénale décomplexée, s’adressant au moins autant aux peines, telles qu’elles sont décidées et appliquées, en cas de récidive, qu’à leur quantum. Sous cette brève formulation, l’ordonnance cache, on le sait, une entreprise herculéenne, dont, les choses étant ce qu’elles sont, j’ai le plus grand mal à imaginer qu’elle soit mise en œuvre. Mais, à l’inverse, je suis en mesure de garantir à vos lecteurs que, si nous persistons à céder au biais de normalité, pour repousser à plus tard ce qui aurait dû être fait hier, nous ne préparons pas à nos descendants des lendemains qui chantent.
par Pierre Nerval 15 octobre 2025
Un post X de Pierre Nerval : Lundi 13 octobre 2025, Emmanuel Macron s’envolera pour l’Égypte, persuadé qu’il va marquer l’Histoire en soutenant la première phase du plan de paix élaboré sous l’impulsion de Donald Trump, en coordination avec le Qatar, la Turquie et l’Égypte. En réalité, il n’y marquera rien... sinon la confirmation d’un trouble narcissique devenu incompatible avec la fonction de chef d’État. Car tout, chez Emmanuel Macron, est désormais mise en scène. Ce déplacement, présenté comme un geste diplomatique fort, n’est qu’un nouveau chapitre du roman qu’il écrit sur lui-même : Macron, l’homme providentiel. Mais la diplomatie ne se nourrit pas de poses, et la paix ne se bâtit pas à coups de photos devant les pyramides. Ce président vit dans un théâtre permanent. Il ne gouverne pas, il se projette. Il n’écoute pas, il parle de lui. Il ne consulte pas, il s’impose. Chaque déplacement devient un plateau de tournage, chaque déclaration une réplique, chaque crise une occasion d’apparaître. La France, elle, n’est plus qu’un décor de prestige... un arrière-plan commode pour ses ambitions d’acteur global. ... Pendant qu’il parade au Caire, les Français s’enlisent dans la crise économique, la perte de confiance, la fatigue morale d’un pays sans cap. Et tandis que les grandes puissances mènent la partie diplomatique à coups d’influence, d’énergie et de stratégie, notre président se rêve en chef de paix universel sans en avoir ni les moyens ni la crédibilité. Il ne voit pas que son narcissisme étouffe l’efficacité, que sa parole lasse autant qu’elle divise, et que son image, devenue son obsession, ridiculise la France qu’il prétend incarner. Un président qui s’aime trop finit toujours par oublier son peuple. Ce voyage en Égypte, qu’on nous vend comme un acte de diplomatie, n’est qu’un pèlerinage à son propre culte. Macron n’ira pas chercher la paix : il ira chercher son reflet.
par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».