2000-2020 : La longue agonie de la droite toulousaine
2000-2020 : LA LONGUE AGONIE DE LA DROITE TOULOUSAINE

En l’an 2000, le RPR31 et l’ UDF31 font partie des fédérations de la droite et du centre-droit les plus puissantes de France. Depuis 1983 la ville est dirigée par Dominique Baudis, qui est également député de la Haute-Garonne. Sa réélection comme premier magistrat de la ville a toujours été acquise, que ce soit en 1989 ou en 1995, où il fut élu haut la main dès le 1er tour. Sa majorité municipale est composée alors, à part à peu près égale, entre membres du RPR31 et de l’UDF31. Pendant douze années la droite obtiendra même plusieurs sièges de députés dans une région traditionnellement acquise aux socialistes et aux MRG, et dirigera le Conseil Régional. Seul manque à l’appel le Conseil départemental resté à gauche (sans discontinuer depuis 1945), malgré de belles victoires dans quelques cantons comme celui en 1994 d’un certain Jean-Luc Moudenc.
Pendant la période 1983-2000, Toulouse et les partis de droite ont profité des ambitions que Dominique Baudis avait pour la ville dont il avait la charge et à qui il voulait donner un rôle national d’importance : Toulouse est devenue l’une des plus belles villes de France, et le RPR31, au fil des années, une fédération puissante. Nous avions un Maire centriste certes mais sans ambiguïté de centre-droit.
C’est également au cours de cette période que la droite a conquis de grandes villes du département, comme Balma, L’Union, Castelginest, Luchon, Muret ou Cugnaux dont le Maire Michel Aujoulat a dirigé pendant la dernière décennie le RPR31.
En ce qui concerne les élections nationales, notre terre traditionnellement de gauche, votait en majorité pour les candidats PS, mais le score de Jacques Chirac en 1995 frôla quand même les 50%.
C’est ainsi qu’à l’entrée du 21ème siècle, la situation est au beau fixe pour la Droite à Toulouse et en Haute-Garonne, avec un positionnement clair du RPR local. Fin du 1er acte, début du 2ème.
La première ombre au tableau arrive au premier trimestre 2000 : la décision de Dominique Baudis de ne pas se représenter à l’élection municipale de 2001, alors qu’il était initialement prévu qu’il se retire pour celle de 2007. Il demande à Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la culture de Jacques Chirac et actuel Maire de Lourdes, de mener la liste. Ce dernier est Secrétaire Général du CDS (composante la plus centriste de l’UDF), et va composer une liste qui va, à ce moment-là, pencher un peu plus vers le centre et commencer à intégrer de plus en plus de personnes issues de la société civile n’appartenant à aucune formation politique. Douste-Blazy remporte l’élection, mais est mis en ballotage au 1er tour. Au cours de cette élection, les villes de Balma et Cugnaux basculent à gauche. Va commencer aussi, dès le début de la mandature, au sein de la majorité, une guerre d’influence entre les proches du clan Baudis et ceux du clan Douste-Blazy.
La deuxième ombre au tableau arrive en 2002, avec la présence de Jean-Marie Le Pen au 2nd tour de l’élection présidentielle, le fameux front républicain inventé par la gauche qui se met en place, et la création rapide de l’UMP à la fin de l’année, qui va avoir des conséquences néfastes pour la droite républicaine ( https://www.lignes-droites.fr/2002-2019-la-longue-chute-de-la-droite-francaise ). Comme je l’écrivais précédemment dans cet article, cohabiter le temps d’une élection ou gouverner ensemble au sein d’un groupe majoritaire dans une assemblée n’a rien à voir avec vivre ensemble de façon permanente. Pour le RPR31, qui doit se fondre dans l’UMP31, le problème est double car au moment de sa création ce sont surtout des personnalités du Centre qui sont les élus principaux (Douste-Blazy, Maire et député, et Christine De Veyrac unique eurodéputée du département). Pendant les deux premières années, avec la Mairie partagée entre d’anciens élus RPR et UDF, les choses se déroulent plutôt dans un bon esprit.
En mars 2004, Philippe Douste-Blazy est appelé par Jacques Chirac au ministère de la Santé et démissionne de son mandat de Maire de Toulouse. Une élection au sein du conseil municipal doit désigner le nouveau magistrat de la ville. En pleine affaire Allègre qui met en cause Dominique Baudis dans des affaires de parties fines et de proxénétismes aggravées (il en sortira complètement blanchi mais y laissera sa santé), les ex-RPR ne sont pas favorables au poulain désigné par Douste-Blazy qui est le centriste Jean Luc Moudenc. Une opposition se met alors en place, prête à faire un groupe dissident, mais ces opposants, soit par manque d’organisation, soit plus probablement, selon moi, par manque de courage politique et par peur de perdre leurs postes et sièges, se couchent, et JLM est élu Maire de Toulouse par le conseil municipal le 31 mars 2004.
Cette guerre fratricide qui s’est installée au sein du conseil municipal entre ex-RPR et ex-UDF est dissimulée par le contexte national, grâce à un homme, Nicolas Sarkozy, qui prend la tête de l’ UMP en décembre 2004 et qui est élu triomphalement en 2007 Président de la République. Les élections municipales décalées d’un an en 2008 pour cause de surcharge du calendrier électoral devaient alors bien s’annoncer… Mais aux élections législatives suivant les présidentielles, JLM est battu dans la 1ère circonscription qui appartenait à la droite depuis 1986 ! Un maire faisant partie de la majorité présidentielle qui perd aussi nettement devrait peut-être s’interroger sur l’image ou la politique qu’il défend… Au regard des résultats et du score plus élevé qu’avait obtenus Nicolas Sarkozy dans cette circonscription six semaines avant, on s’aperçoit que l’électorat de droite est resté à la maison. De plus, toutes les autres circonscriptions reviennent à la gauche et la fédération UMP31 n’a plus qu’une seule élue eurodéputée !
Pour garder Toulouse et d'autres villes du département à droite, on comprend qu'aucune voix de droite ne doit manquer, d'autant que la gauche s'est remobilisée depuis le début du quinquennat de Sarkozy. Mais au lieu de reconquérir les électeurs de droite, Jean-Luc Moudenc, dans sa campagne, va au contraire essayer de conquérir les électeurs du centre gauche en ouvrant sa liste à des personnalités toulousaines issues de la gauche, beaucoup de membres de la société civile, avec un programme insuffisamment porté sur les thèmes privilégiés de la droite…. La fédération UMP31, principalement dévouée à l’élection municipale de Toulouse, ne peut aller que dans le sens du Maire candidat. De plus sa campagne sur le terrain démarre assez tardivement … Le résultat du 1er tour laisse à penser que c’est jouable mais, la gauche unifiée qui n’avait jamais réalisé un aussi bon score, se mobilise encore plus pour le 2nd tour, et Pierre Cohen l’emporte de 1200 voix. Dans le reste du département c’est aussi la Bérézina, de nombreuses villes sont remportées par la gauche dès le 1er tour et cette dernière obtient une majorité plus qu’absolue à la Métropole.
C’est dans un contexte assez houleux que se déroulent donc les élections internes à l’UMP31 en décembre 2008. Bien sûr, on reproche la perte de Toulouse à JLM qui s’est porté candidat à la présidence de la fédération, et c’est Christine De Veyrac qui l’emporte. Fin 2008 la droite toulousaine, moribonde, se retrouve donc avec … une centriste à la tête de la fédération. Fin du 2ème acte, début du 3ème.
A la sortie de l’élection interne, JLM est considéré comme un looser, voire un pestiféré, sans aucun avenir politique. Mais c’est mal connaître le personnage : besogneux, travailleur infatigable, pouvant aussi gagner l’ingagnable (souvenez-vous du canton cité plus haut gagné en 1994), il décide de faire de son groupe d’opposition au conseil municipal, son fer de lance pour reconquérir le Capitole en 2014.
Analysant son échec, il comprend que la reconquête de l’électorat de droite est la première des conditions et, pour rendre légitime sa candidature future, il doit reprendre la main sur la fédération dont les élections internes se tiennent en 2010 : recrutement dans son équipe de jeunes adhérents UMP, composition dans toutes les circonscriptions d’une liste pour avoir la majorité au conseil départemental UMP31, et surtout, se retrouvant face à de Veyrac, un programme de droite et vraiment de droite. Les élections se déroulent dans une atmosphère plus que tendue et, au final, se traduisent par une victoire nette de la ligne JLM. Le voilà élu président ! Laurence Arribagé qui a soutenu sa candidature, est nommée Secrétaire départementale. La première des missions est remplie. La fédération UMP31 se retrouve pour la première fois avec une majorité d’anciens RPR à la tête des circonscriptions.
La deuxième mission est de remettre un premier pied au Capitole (malgré un groupe d’opposition dissident qui s’est constitué au CM, mais qui n’ira pas bien loin et se ralliera par la suite de nouveau à JLM) et rien de mieux que les élections législatives de 2012 et la 3ème circonscription retaillée en 2008 par Sarkozy et qui serait favorable à la droite. Soutenant activement la campagne de Nicolas Sarkozy et malgré la défaite de ce dernier, JLM remporte l’élection législative, preuve que, quand on sait parler à l’électorat de droite, celui-ci se déplace en masse dans les urnes. Sa victoire est courte mais dans une France qui a basculé majoritairement à gauche, elle prend encore plus de sens et le lance véritablement dans la course au Capitole pour 2014 , même si les sondages sont favorables à Cohen… Mais bon, on sait ce que sont les sondages….
Du côté de la fédération, on prépare les élections de la Présidence de l’UMP (on ne reviendra pas sur cette malheureuse page de l’histoire de la droite française). On y retrouve les deux camps de l’élection interne : ceux qui étaient majoritairement favorables à JLM soutiennent Copé et les autres Fillon. Le score à l’UMP31 est sans appel en faveur de Copé et de sa ligne de droite décomplexée qui réalise un score de près 70%.
En 2013, comprenant que seul JLM est en capacité de remporter la Mairie en 2014, tout le monde se rallie derrière lui. JLM réussit le tour de force de réunir tous les partis du centre et de droite derrière sa candidature. Dans toutes les villes du département nous réussissons à avoir un candidat affiché UMP et non dissimulé (dont je fais partie à Blagnac) et, là aussi, dans la plupart tous les partis partent ensemble dès le 1er tour. Dans une France qui, en fin 2013, bascule dans une réaction anti-Hollande, le programme porté par les candidats insiste sur les thèmes, tels que la sécurité, la fiscalité, l’urbanisme, qui sont chers à l’électorat de droite. Alors qu’on le donnait perdant encore une semaine avant l’élection, JLM remporte Toulouse, et nous réussissons à conquérir des villes (Cugnaux, Balma, Fenouillet, Pibrac, Saint-Orens, Rieumes), tout en manquant de peu d’autres villes comme Blagnac, qui se joue à moins de 300 voix. Plusieurs jeunes de moins de 35 ans intègrent les conseils municipaux dans plusieurs villes de la Haute-Garonne, grâce notamment à l’excellent travail réalisé par Xavier Spanghéro à la tête des jeunes actifs ces cinq dernières années. Nous avons la majorité à la Métropole, Laurence Arribagé remporte l’élection législative partielle en mai pour remplacer JLM, et aux élections sénatoriales 2 sénateurs de droite sont élus.
C’est ainsi qu’à l’été 2014, au moment je suis nommé délégué de la 1ère circonscription, la situation de la droite toulousaine et haute garonnaise n’a jamais été aussi bonne. La fédération compte plus de 5500 adhérents à jour de cotisation. Les élections départementales, qui ont lieu en mars 2015 (pour lesquelles j’ai été investi sur le canton de Blagnac), nous sont promises. Fin du 3ème acte, début du 4ème .
Mais voilà, alors que nous avions gagné en défendant nos valeurs, en parlant à notre électorat, pour une raison que je ne sais pas encore expliquer aujourd’hui, JLM mais aussi Laurence Arribagé ont amorcé un virage à 180 degrés.
Cela commence avec la mise en place des accords politiques pour les élections départementales, qui n’est pas un scrutin de liste mais un scrutin uninominal avec un homme et une femme. En 2012, je rappelle que François Bayrou, président du MoDem appelle à voter Hollande, ce qui restera une trahison pour le peuple de droite. Eh bien, pour ces élections, on devra faire candidature commune dans certains cantons avec des candidats MoDem. Ca sera le cas pour moi à Blagnac, alors que le MoDem soutenait la candidature de mon adversaire aux municipales six mois auparavant ! La raison invoquée pour ce choix est que nous gagnerons des voix à gauche ! Moi, à ce moment-là, je me posais plutôt la question de savoir combien de voix à droite nous allions perdre ! JLM pensait que ce qu’il avait réussi à Toulouse aux municipales se reproduirait dans tout le département. Mais ce n’est pas la même chose d’avoir deux ou trois MoDem sur une liste de soixante-neuf candidats, noyés dans la masse, que d’appeler des électeurs de droite à voter directement pour un candidat MoDem ! On peut ajouter à cela que le programme imposé à la plupart des cantons était tout, sauf de droite ! Alors qu’on nous promettait le basculement, pour la première fois à droite depuis 1945, du conseil départemental, l’échec en fut plus cuisant : 3 malheureux cantons remportés sur 27, et une élimination dans la majorité des cantons hors Toulouse dès le 1er tour (Blagnac en fait partie !)
Pensant que cet échec nous servirait de leçon, je me suis rendu compte lors du conseil de notre parti, en interpellant JLM sur cette erreur de stratégie, que rien n’avait été appris car la seule réponse que j’ai obtenue, c’est que si c’était à refaire, on referait pareil. Et, justement, on recommence immédiatement la même chose pour les élections régionales qui ont lieu six mois après, nous imposant un candidat inconnu, à qui on a imposé les mêmes accords, et qui au final n’est même pas soutenu sur le terrain par ceux qui l’ont mis en place. J’ai apprécié l’homme, qui est d’une grande intelligence, mais je me demande encore ce qu’il est venu faire dans cette galère !
Mais bon, fin 2015, l’unité du parti et de la fédération sont de mise : pour les élections internes en janvier 2016, seule Laurence Arribagé est candidate et adoubée par JLM. Nous décidons avec d’autres de lui faire confiance sur la stratégie et sur la ligne. La voilà élue et quelques amis et moi sommes réélus dans nos fonctions.
Pour préparer l’alternance promise en 2017 à la droite, nous devons préparer la campagne présidentielle suivie de celle des législatives, avec les candidats proposés par notre fédération à la commission nationale d’investiture LR de Paris. Commence ici le début de la disparition de la droite toulousaine : les candidats ne sont pas choisis pour leurs compétences et le travail accompli depuis plusieurs années sur le terrain. Mais sont désignées des personnes qui ne représentent aucun danger pour les membres de la direction départementale, soucieux avant tout de sauvegarder leur poste, ou d'autres à qui on n'a pas pu donner une place éligible aux élections régionales en 2015, qui s’empresseront une fois battues de quitter le parti vers LREM ou AGIR.
C’est ainsi qu’un tiers des circonscriptions sont données à d’autres partis qui ne représentent pas grand-chose ! On évince Nicolas Bonleux sur la 2, Xavier Spanghero sur la 5, Anne Borriello sur la 6 parce qu’ils ont simplement osé, en interne, porter une autre voix. Viennent par la suite les démissions de notre parti, ou les non renouvellements d’adhésion de nos élus tel que Serban Iclanzan, un des seuls conseillers départementaux, ou Elizabeth Pouchelon figure historique de notre fédération dénonçant la perte des idées de droite , le manque de positionnement, le manque de rassemblement. Car au lieu de chercher à les écouter, à les mettre autour de la table, la présidente et la secrétaire départementale se sont au contraire repliées sur elles-mêmes et ont mis en avant des gens qui n’avaient aucune conviction, aucune idée, à l’image de toutes les nominations qui n’étaient dues qu’à des liens d’amitié !
On ne revient pas sur les primaires de la droite et les élections présidentielles perdues mais il fallait tout faire pour que les candidats LR puissent gagner des circonscriptions. Mais c’est à ce moment-là que JLM signe l’appel à aider Emmanuel Macron dans le redressement du pays. Les élections législatives en juin sont une débâcle, 9 candidats sur 10 sont éliminés dès le 1er tour, et Laurence Arribagé perd la 3ème circonscription, celle qu’on considérait à droite comme imperdable !
A la suite de ces élections, vus les résultats obtenus, nous nous attendions à une véritable prise de conscience, à un véritable changement, à des prises de décision … Mais encore une fois, on a fermé les yeux. Nous avons par conséquent décidé avec quelques amis de quitter nos fonctions au sein de la fédération parce que nous ne pouvions plus cautionner cette ligne. Une ligne, qui malgré les échecs répétés depuis les élections victorieuses de 2014 et le changement de stratégie et d’alliances, ne changerait pas, mais qui, pire encore, s'amplifiera malheureusement encore à l’approche des municipales de 2020. Au niveau de LR31, pour la première fois pour des élections municipales aucun comité départemental n’est organisé pour investir des candidats en Haute-Garonne, aucune tête de liste n’affichera nos couleurs, jusqu’à notre secrétaire départementale elle-même à l’Union. Pire encore, une cadre de la fédération désignée à l’origine tête de liste d’une des villes les plus importantes démissionne de sa fonction jusqu’à rendre sa carte pour se rallier au Maire sortant de gauche ! A Toulouse la moitié des candidats LR qui sont dans la liste de JLM n’ont jamais été vus au sein de la fédération. Et le « phénomène de mode » de l’écologie à tout va rattrape notre candidat qui fait l’inverse de ce qu’il avait fait six ans plus tôt, ne parle que des préoccupations de ceux qu’on surnomme les « bobos de gauche », et passe du « bleu de droite » au « vert de l’écolo» !
Même si l’abstention record due à la peur face au Coronavirus a amplifié l’ampleur de nos mauvais résultats, il ne faut pas se cacher derrière cette interprétation très partielle d’un score décevant. Si l’électorat de droite ne s’est pas déplacé dans toutes les villes de la Métropole , c’est aussi lié aux lignes défendues depuis six ans qui fait que nous nous sommes coupés de notre électorat. Ne pas l’admettre, c’est le risque de partir à nouveau à l’échec aux futures élections municipales qui ont de grandes chances d’être finalement rejouées pour tous. Servons-nous de ces résultats comme match d’entraînement sans conséquence et faisons tout pour gagner, rectifier la ligne, le discours et le programme, sinon la désillusion va être énorme car, cette fois, nous n’aurons plus rien.
La morale de cette histoire est simple : quand nous avons affirmé nos valeurs, quand nous n’avons pas eu peur d’afficher nos convictions de droite, c’est alors que nous avons obtenu les meilleurs résultats possibles, que nous avons remporté de nombreuses indiscutables victoires, toutes élections confondues. Certes nous n’avions pas tout gagné mais, quand nous perdions, nous restions proches de la victoire.
Mais dès lors que nous éloignons de ce que nous sommes, nos électeurs sont sans pitié et nous le font comprendre.
La droite républicaine et ses valeurs n’attendent qu’une chose : qu’on les représente !


Les trois piliers du vote à droite — immigration, insécurité, identité — forment désormais un socle commun
Ce que les états-majors n’osent pas faire, les électeurs le feront



EXCLUSIF- Après les révélations du Figaro sur l’existence de dizaines de millions d’euros de subventions attribuées à des organismes proches de l’islam radical, le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad tape du poing sur la table, et appelle à renforcer la lutte contre les discours de haine.
Paris fera-t-il plier Bruxelles? Selon les informations exclusives du Figaro , la France va dénoncer très prochainement auprès de la Commission européenne les multiples financements que l’UE a attribués à des organismes promouvant l’islam radical, l’antisémitisme ou le séparatisme.
Dans une note consultée par Le Figaro , qui sera portée par le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, Paris appelle «l’Union européenne à redoubler ses efforts» dans la lutte contre l’antisémitisme et contre les discours de haine, et à «défendre les valeurs européennes (...) en évitant tout financement à des entités et personnes hostiles aux valeurs européennes». Ces « défaillances (...) sont de nature à nuire gravement à l’adhésion de nos concitoyens au projet européen» , peut-on aussi lire.
«Scandales réguliers»
D’après une source proche du dossier, cela fait suite à des «scandales réguliers» qui ont été révélés par Le Figaro il y a quelques semaines, et qui «démontrent un défaut de vigilance de la Commission et une capacité des organisations islamistes à se jouer de sa naïveté».
Rappelons en quelques lignes le fonctionnement des subventions européennes. En théorie, toutes organisations cherchant à en profiter doivent porter des actions «respectant les valeurs de l’UE» , à savoir la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit ou les droits de l’homme. Une fois les subventions approuvées en commissions - et il en existe pléthore -, elles sont référencées dans le système de transparence financière (STF), un site internet public dont le contenu est actualisé tous les 30 juin, et accordées dans le cadre de «programmes» et par des agences européennes spécifiques.
À titre d’exemple, l’UE a engagé en septembre 2024 une contribution de près de 2,5 millions d’euros pour le projet «LIFE Vinoshield» , qui cherche à protéger les vignes européennes contre les effets du dérèglement climatique. Un autre projet plus controversé, celui du « Coran européen » , qui souhaite prouver que «le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses européennes médiévales et modernes» , a lui reçu 9,8 millions d’euros de subventions du Conseil européen de la recherche depuis son lancement en 2019. Des dizaines de milliers de projets aux ambitions aussi diverses que variées sont référencées ainsi sur le STF.
Une université qui appelait à l’«intifada mondiale»
Avec cette note, le gouvernement entend surtout dénoncer les organisations proches de l’islam radical ayant profité de l’argent européen. L’association FEMYSO, pour «Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants» , qui représente une trentaine d’associations de jeunesse dans 22 pays européens, est notamment en ligne de mire. Elle a reçu plus de 210.000 euros de l’UE. Pourtant, l’association a toujours été réputée comme étant proche des Frères musulmans.
Après avoir critiqué plusieurs lois françaises, notamment celle interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école, FEMYSO, par la voix de sa présidente Hande Taner, avait critiqué la France dans une vidéo en novembre 2021, dans laquelle elle clamait que «la plus grosse exportation de la France est le racisme». Des propos tenus après le retrait d’une campagne de communication que l’association avait réalisé pour le Conseil de l’Europe, qui mettait en avant des affiches pro-voile, sur lesquelles on pouvait lire: «La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hidjab» ou «Apportez de la joie, acceptez le hidjab».
L’ONG internationale Islamic Relief Worldwide a, elle, reçu pas moins de 18.834.433 euros de l’Europe entre 2014 et 2020. Cette association qui se présente comme caritative a pourtant été classée comme «terroriste» par Israël, la soupçonnant de financer le Hamas. L’un de ses responsables avait aussi qualifié en 2020 les juifs de «petits enfants de singes et de porcs». Son successeur avait lui caractérisé le Hamas comme étant le «plus pur mouvement de résistance de l’histoire moderne».
Les subventions versées à l’université islamique de Gaziantep sont également dans le collimateur de Paris. Cet établissement, situé en Turquie et qui a intégré le programme Erasmus+ en 2022, a profité d’un programme de subventions de 250.000 euros. Ses recteurs successifs avaient pourtant légitimé les mariages incestueux entre oncles et nièces, affirmé que les athées «adorent le diable» , que l’homosexualité est un «trouble psychologique» et appelé à une «intifada mondiale».
Près de deux millions d’euros ont aussi été versés à l’université islamique de Gaza, «établissement qui a accueilli des cadres du Hamas tels qu’ Ismail Haniyeh et Mohammed Deif » , expliquait au Figaro la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet ( L’argent du terrorisme , éditions Le Cherche Midi, 2025).
«Lignes directrices»
Pour endiguer cette dilapidation d’argent public, la note portée par Benjamin Haddad soumet plusieurs propositions, comme la mise en place d’une «procédure de filtrage» et de «lignes directrices», pour que les agences européennes approuvant les subventions puissent être guidées face à des «concepts parfois abstraits, comme l’“hostilité aux valeurs européennes”», indique au Figaro notre source proche du dossier.
Elle appelle aussi à vérifier l’identité et les antécédents des personnes associées aux entités faisant la demande de financements. Actuellement, seuls les antécédents de l’entité elle-même sont scrutés - ce qui avait d’ailleurs été dénoncé en avril dernier par la Cour des comptes européenne dans un rapport au vitriol, portant sur l’opacité des subventions distribuées par l’UE. On pouvait y lire qu’ «aucune vérification n’est réalisée (par les gestionnaires) sur la dépendance financière ou les sources de financement (des entités subventionnées), alors que cela aurait permis d’obtenir des informations utiles sur les personnes qui se trouvent derrière (elles)».
La lutte contre l’antisémitisme comme priorité
Enfin, cette note prône une meilleure lutte contre l’antisémitisme, alors que les discours antijuifs ont explosé dans toute l’Europe depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza qui a suivi.
Pour ce faire, Paris compte proposer d’étendre le champ des «eurocrimes» - ces méfaits considérés comme graves dans toute l’Union (terrorisme, mariage forcé...) - aux discours et crimes de haine.
La France appelle également la Commission à «utiliser tous les outils à sa disposition pour réguler les très grandes plateformes en ligne, en particulier grâce au règlement européen sur les services numériques (DSA)» , et à enseigner la mémoire de la Shoah dans tous les établissements scolaires en Europe.
La Commission européenne cernée de toutes parts
Cette note dite «libre» sera présentée dans un premier temps ce lundi à la ministre fédérale autrichienne des Affaires européennes, Claudia Plakolm, lors d’une réunion à Paris à laquelle le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et Benjamin Haddad doivent participer. Elle sera ensuite présentée formellement au Conseil des affaires générales (CAG), où les ministres des affaires européennes de l’ensemble des 27 ainsi qu’un représentant de la Commission européenne se réunissent une fois par mois.
Le sujet des subventions de l’UE se veut de plus en plus prégnant au sein des partis politiques. Toujours selon nos informations, à la suite des révélations du Figaro , la délégation du Rassemblement national au Parlement européen, menée par Jean-Paul Garraud, a adressé le 24 avril dernier une lettre à Ursula von der Leyen. Le courrier, cosigné par l’ensemble de la délégation dont Jordan Bardella, demandait à la présidente de la Commission européenne «de mettre fin définitivement à la subvention de toute association, ONG, université et autre structure liée de près ou de loin à l’islamisme. Il est temps que l’Union européenne mette fin à sa naïveté», pouvait-on lire. Pour l’heure, ce courrier est resté lettre morte. À voir si la note du gouvernement connaît le même sort.




