2002-2019 : La longue chute de la droite française

  • par David GERSON
  • 13 août, 2019

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Je n’ai pas voulu m’exprimer à chaud concernant le dernier résultat de mon parti LR aux dernières élections européennes. Ce score désastreux est finalement la conséquence des choix effectués et des lignes défendues depuis 2002. Certes Nicolas Sarkozy a réussi en 2007 à remporter l’élection présidentielle, mais cela a été surtout dû à son talent, son énergie, sa personnalité, et le renouveau qu’attendaient les Français qui lui ont permis de la remporter.

Mais revenons à 2002, et la création de l’UMP. Ce mouvement créé dans la précipitation du fait que Jean-Marie Le Pen étant arrivé au second tour, il était urgent pour nos cadres du RPR de créer un mouvement pour rassembler la droite et le centre et éviter qu’un jour arrive à la droite ce qui était arrivé au PS. Mais quand on analyse bien les résultats du 1er tour en 2002, l’élimination de Lionel Jospin n’est due qu’au fait qu’il avait laissé d’autres candidatures de gauche se présenter au nom de la pluralité (Taubira, Mamère, Chevènement…). Au final, moins de 1% d’écart entre lui et JM Le Pen, et surtout le nombre de voix obtenu par ce dernier est le même qu’en 1995 ! La gauche absente des urnes pour le 2nd tour, décida de descendre dans la rue, ce qui donnera naissance au fameux « Front Républicain » qui sonne le début de la longue descente de la droite dont la première conséquence est la disparition du RPR et la création de l’UMP.

Vivre ensemble et cohabiter le temps d’une élection sont deux choses bien différentes : Le RPR et l’UDF se retrouvaient généralement au soir du 1er tour des différentes élections, celui qui arrivait en tête était soutenu par l’autre et dans la majorité des cas ce sont les candidats RPR qui viraient en tête, ce qui prouve bien que les Français étaient majoritairement de droite plutôt que du centre. S’il y avait victoire on gouvernait ensemble, s’il y avait défaite chacun rentrait chez soi bons amis. Avec la création de l’UMP, cette fois, on force des gens avec des idées différentes sur plusieurs domaines à vivre ensemble en permanence et dès le début il y a un premier grain de sable qui se prénomme François Bayrou. Avec ses 8% réalisés en 2002, et sa certitude de devenir un jour Président de la République, il refuse de rentrer dans ce mouvement et maintient une partie de l’UDF en vie mais tout le monde à l’UMP pense qu’il échouera ou qu’il finira par se rallier, erreur là aussi qui aura de grandes conséquences néfastes pour la droite. Les premières élections pour l’UMP sont les élections régionales et cantonales de 2004 et on peut dire que c’est un véritable échec du fait que les socialistes récupèrent toutes les régions et la majorité des conseils départementaux ! Vient ensuite le camouflet européen où on s’aperçoit en interne de grandes différences de points de vue sur l’Europe au sein du mouvement.

Mais, comme je le dis au début, un homme va réussir à sauver le bateau en 2007 : Nicolas Sarkozy. Avec son franc parler, une image jeune et dynamique, quelques propositions emblématiques comme le” travailler plus pour gagner plus”, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux et son discours sur l’immigration, sans être extrémiste, il assèche le FN de Jean Marie Le Pen pour qui, à mon avis, c’est la campagne de trop car il ne se renouvelle pas. Mais malgré tout , il n’arrive pas à assécher le centre et Bayrou fait lui aussi une sacrée campagne (on peut reconnaître qu’il a été le premier à dire la vérité sur l’état des finances françaises) et finalement arrive en 3ème avec un score de 18%. Mais si lui ne choisit pas entre les deux tours, la grande majorité de ses proches rallient NS au second tour ce qui amène une réserve de voix qui lui permet de remporter confortablement l’élection. Comme quoi même si on voulait créer un mouvement unique de la droite et du centre, le centre est, lui, toujours présent individuellement et pour cette fois encore s’est ralliée comme avant. Fin du 1er acte.


Dès le début du 2ème, la grosse erreur de NS élu Président est d’ouvrir son gouvernement à des personnalités de la gauche et du PS ! Résultat les anciens électeurs du FN se sentent pris pour des cons, les électeurs de droite se sentent trahis, ce qui a pour conséquence grave que son programme présidentiel n’est finalement pas, dans son ensemble, appliqué ! Et puis en 2010 retournement complet avec son discours de Grenoble sur l’identité nationale, le départ des ministres de gauche, la ligne très droitière et extrémiste de son conseiller Buisson… Tout le quinquennat a été marqué par une ligne qui variait au fil du temps et finalement la ligne essentielle de la droite française a souvent été orpheline . Vient 2012 et l’élection présidentielle ou NS pendant toute la campagne du 1e tour chasse sur les terres du FN voulant réitérer 2007, mais à la différence qu’il n’innove rien, fait plutôt du copier-coller des thèses frontistes et on sait bien que là, on préfère l’original à la copie surtout après s’être senti floué une fois, et le programme économique passe un peu au second plan malgré la crise financière toujours existante. Au fond il applique le rituel : on rassemble son camp élargi au 1er puis au second on élargit à tous sauf quand le résultat tombe au soir du 1e tour: Marine Le Pen fait un gros score à 19% et NS est derrière Hollande ! De plus, cette campagne du 1er tour a marqué au sein de l’UMP les prémices de 2017, certains anciens cadres de la droite dite modérée annonçant qu’ils pourraient ne pas voter NS au 2nd tour. Puis arrive l’onde de choc Bayrou qui appelle à voter Hollande ! Ça y est, le centre a dévié sur sa gauche et celui qui le fait a été ministre avec Balladur et Chirac ! NS perd et l’UMP se retrouve dans l’opposition pour la première fois de son histoire. Fin du 2nd acte, début du 3ème.


Pourtant malgré le duel pour la présidence du parti entre Copé et Fillon qui sera désastreux au niveau de l’image entraînant le début de la fin du mouvement, jamais la ligne politique pendant les deux années suivantes n’a été aussi clairvoyante. Nous avions retrouvé nos idéaux que ce soit au niveau sociétal ou au niveau économique, et il faut reconnaître aux deux candidats la qualité des propositions qu’ils voulaient mettre en application en cas d’alternance, avec pour Copé un programme dur au niveau sécuritaire et économiquement libéral et, pour son concurrent, une véritable baisse des dépenses publiques, une fusion des retraites publiques et privées. C’est finalement davantage une question de leadership entre les deux, mais si ces deux personnalités s’étaient entendues, notre pays en serait sorti gagnant. Hélas c’est l’inverse qui se produira.

Copé, président de l’UMP mais discrédité, travaille sur la prochaine échéance électorale, les élections municipales de 2014 et, pour en avoir été un témoin, étant moi-même candidat, sur le terrain tous les militants étaient motivés, les fédérations étaient en état de marche et le résultat a été extraordinaire avec plus de 66% de villes gagnées de plus de 50.000 habitants. Jamais notre formation politique n’avait autant eu de villes en sa possession. En avril 2014 une ligne claire, une belle victoire mais une ombre dans ce tableau, l’élection grâce au soutien de l’UMP voulu par Juppé de Bayrou à la mairie de Pau alors qu’il n’avait plus de mandat d’élu depuis 2012. Du coup, cela lui permet de se remettre dans le jeu politique et cela aura son importance en 2016.

Les municipales gagnées, en route vers les scrutins départementaux et régionaux de 2015, une ambiance au sein du mouvement que l’on pensait apaisée … Mais non il a fallu que l’affaire Bygmalion fasse son entrée, déclenchant de nouveau des guerres fratricides : Copé mis sur le pilori qui démissionne pour se défendre, un collège Juppé Raffarin Fillon qui assure la gouvernance sans savoir que NS prépare son retour en septembre et se fait réélire Président du mouvement. Dès son retour, NS veut tout changer, crée un nouveau parti ou plutôt un nouveau nom Les Républicains sans changer à l’intérieur le logiciel et doit sous la pression accepter le principe d’une primaire ouverte.

Les scrutins départementaux et régionaux sont gagnés mais sans triomphalisme et se prépare donc la primaire de « la droite du centre » dont le favori annoncé est Alain Juppé soutenu par Bayrou, qui ne souhaite pas faire entrer son mouvement parmi les participants. On dit que cela sera un duel entre lui et NS et que FF est, lui, extrêmement loin derrière. Plus la date de la primaire avançait, plus AJ se centrisait, et inversement plus NS, lui, s’extrêmisait, tandis que FF restait sur la ligne d’une droite ancrée sur ses valeurs sur le plan sociétal, ferme au niveau la politique sécuritaire et l’islamisation radicale grandissant sur notre territoire, voulant enclencher une politique de rigueur au niveau des dépenses publiques, et libérer véritablement le travail. Et finalement lors des débats télévisés pendant que les deux candidats favoris se neutralisaient, FF lui crevait l’écran avec son programme de droite assumé et finit par gagner la Primaire en écrasant ses adversaires ! Quand on sait parler aux électeurs de droite on sait aussi bien rassembler sur son nom ceux qui sont plus modérés et ceux qui sont plus durs, c’est en fait ce que faisaient très bien Pompidou et Chirac au temps de l’UDR et du RPR !

Malheureusement on connaît la suite ! Mais avec ce qui lui est tombé dessus, FF fait quand même un peu plus de 20% alors qu’entre temps il a été lâché par la droite centriste et que Bayrou, lui, a rejoint Macron pendant la campagne confirmant bien mes craintes quand on l’a remis au centre du jeu en 2014 ! On avait créé l’UMP pour éviter un 21 avril 2002 à l’envers, nous aurons notre 23 avril 2017. Et on se dit tout ça pour ça ! Macron est élu Président, cassant tous les codes de la politique. Fin du 3ème acte et début du 4ème !


Dès son ascension à l’Elysée, Macron trouble le jeu en nommant un 1er ministre issu des LR accompagné de deux autres figures du mouvement, Darmanin et Le Maire, mais ces trois-là avait quitté le navire pendant la campagne de FF. Edouard Philippe, proche d’AJ, représentait donc la droite modérée dite de plus en plus centriste et nos dirigeants allaient tomber tout droit dans le piège créé par Macron. Au lieu de bien analyser la défaite de FF qui est surtout due à sa personne mais pas à son programme , Laurent Wauquiez, plutôt que de reprendre celui qui avait triomphé lors de la primaire, est reparti dans les thèses du FN, à la chasse des électeurs. Et c’est bien dommage car à la sortie du 2nd tour et du débat catastrophique de Marine Le Pen, la discréditant sur le moment, un vrai programme de droite aurait pu ramener les électeurs (ils étaient près à la sortie de la primaire et avant l’affaire Pénélope de voter pour FF). Mais à ce jeu, comme d’habitude, on préfère là encore l’original à la copie et malgré la bonne image de Bellamy, on connaît le résultat des européennes avec 8,5%. Le résultat fait qu’aujourd’hui on a le choix entre l’ extrême centre ou l’extrême droite !

Pourtant pendant ces deux ans il y avait de quoi montrer autrement que Macron ne faisait pas une politique de droite autrement qu’avec les 80km/h ! Prenons l’exemple sur quelques réformes de son quinquennat : il dit avoir supprimé l’ISF, ce qui est faux car il a remplacé par l’IFI, certes on ne paye plus d’impôts sur les placements financiers mais, en revanche, on le paye toujours le patrimoine immobilier et c’est celui-là qui touche la majorité des personnes qui sont soumises à l’ISF. Et quand on voit le seuil pour être éligible, on se rend compte que ceux qui ont placé dans la pierre et ceux qui ont hérité de leurs parents se retrouvent toujours asphyxiés et que la majorité sont des classes moyennes.

La réforme sur le travail qui avait comme but de faire baisser le chômage en réduisant les charges sociales sur les salaires ne porte toujours pas ses fruits car elle ne concerne que le salarié qui se retrouve avec un net plus important, et tant mieux, mais aucun bénéfice pour les PME qui voient le coût total du salaire au même niveau et qui, malgré une conjoncture internationale favorable, ne recrutent pas vraiment plus. La croissance reste très faible. Quand on analyse, c’est finalement une relance par la consommation en augmentant (faiblement ) le pouvoir d’achat, ce qui n’est pas une réforme de droite mais bien de gauche du temps de Mitterrand ! Aucun cadre de notre mouvement ou personnalité de droite n’a dénoncé tout cette mascarade, que ce soit Wauquiez, Pécresse, Bertrand ….


En mars prochain auront lieu les élections municipales, et on entend déjà des maires de notre famille politique, élus en 2014 avec notre étiquette, dire que les investitures de partis sont d’une autre époque, que la politique municipale dépasse les traditionnels clivages … Et donc on discute avec toutes les composantes, dans le seul but de garder son siège. Pourtant quand on évoque les questions budgétaires ou de sécurité dans les différentes composantes dans un conseil municipal, on peut se demander comment elles pourraient tenir six ans de mandature ensemble tant leurs désaccords sont profonds. Au final, on va finir par répéter au niveau local ce qui se dessine au niveau national aujourd’hui : il ne restera plus que l’extrême droite et l’extrême gauche dans l’opposition.

Mais à force de jouer avec le feu, un jour l’extrême droite arrivera au pouvoir et le fameux front républicain n’y pourra rien. Je ne peux me résoudre à cette éventualité. Alors oui la droite a un rôle à jouer pour éviter ce cataclysme. Elle doit, dans un premier temps, revenir à ses fondamentaux pour redevenir une opposition crédible et audible. Elle doit, au niveau de ses idées, de ses propositions, de ne pas courir après le centre ou l’extrême droite mais au contraire affirmer ses véritables convictions. Elle mettra du temps, peut-être, pour reconquérir ses électeurs, mais si sa ligne reste constante elle redonnera envie à des militants et adhérents de revenir à moyen terme. Tant pis si 2022 ne s’avérait pas une élection gagnante pour nous mais elle marquerait, quoi qu’il en soit, le début de la reconquête pour mieux préparer les élections suivantes. En tout cas cela est mon souhait et si ma situation le permet, j’apporterai ma petite pierre à l’édifice.

par Aurélie Jean et Erwan Le Noan dans FigaroVox 26 avril 2025
Une fois n'est pas coutume, une très belle tribune sur le libéralisme à lire dans FigaroVox :


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.

* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes  » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).


Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !

Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.

Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.

Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.

Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.

Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.


 Défier les vérités imposées

La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.

On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?

Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.

Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.


 Dépasser nos propre limites

Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.


La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.

Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.



par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
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