Qui a peur de l’identité nationale ? #1

  • par Natacha Gray
  • 25 févr., 2018

Première partie

Identité, identités ? Des régions à l’Europe, en passant évidemment par la France comme nation, les questions dites « identitaires » sont aujourd’hui omniprésentes dans l’actualité, dans les discours, et dans les priorités, revendications ou inquiétudes exprimées par une majorité de citoyens français. Identités régionales, identité nationale, identité européenne s’emboîtent sans nécessairement s’opposer. Plus que jamais les premières s’affirment, la dernière reste encore à construire. Lignes Droites lance la réflexion sur ces questions, en commençant par le sujet sensible, parfois tabou, de l’identité nationale.


Première partie

 

Quel paradoxe ! À l’heure où l’on n’a jamais autant revendiqué ses racines ou ses héritages, où les sondages confirment que les électeurs de droite comme de gauche qui font de la défense de « l’identité nationale » une de leurs priorités sont de plus en plus nombreux, car ils la jugent « menacée », les partis politiques semblent encore effrayés par un mot devenu presque tabou. L’adjectif « identitaire » reste employé par certains Français comme une insulte. S’interroger publiquement sur ce que c’est qu’être français aujourd’hui, sur les valeurs et principes qui fondent notre nation est encore présenté par beaucoup comme une tentative de racolage des seuls électeurs du Front national. Affirmer son amour pour la France et sa fierté d’y être né revient à risquer de se voir accuser d’un « dérapage » xénophobe, voire raciste, par la bien-pensance politico-médiatique qui tente de modeler l’opinion selon son manichéisme réducteur.

 

Et pourtant savoir qui l’on est, d’où l’on vient, s’enraciner dans un héritage historique et culturel dans sa globalité, revendiquer une sorte de génie collectif qui fait que l’on se sent un « peuple », une « nation » et pas simplement une collection d’individus emportés dans le tourbillon d’un multiculturalisme mondialisé, avoir quelque chose à défendre ensemble et dont on peut être fier pour lutter contre le déclinisme ambiant, mettre en exergue ce qui rapproche et non ce qui divise pour se rassurer, pour mieux intégrer aussi ceux qui aspirent à nous rejoindre, semble plus que jamais au centre des priorités des citoyens français, et au-delà européens.

 

Chez les individus les « troubles de l’identité » sont du ressort des psychiatres. L’individu va mieux lorsqu’il se « retrouve », qu’il définit ses valeurs, ses aspirations, ses talents et qu’il s’accepte enfin tel qu’il est. Mais dans les territoires et à l’échelle de la nation entière, qui soignera les identités blessées ? La responsabilité des élus est grande, des médias aussi, qui participent presque tous, depuis des années, à cette grande braderie des valeurs et à ce relativisme culturel où tout se vaut et tout s’accepte.

Après un court historique de la question (1.), nous verrons aujourd’hui comment l’identité nationale revient aujourd’hui au cœur de l’actualité (2), avant de nous interroger sur sa définition (3) puis de lister les différents éléments qui semblent fonder l’identité de la France (4). Le prochain article s’intéressera au sentiment d’une identité menacée (4), ce qui nous amènera à développer plus particulièrement la question sensible de l’immigration et de l’intégration (5) puis l’actuel dévoiement de l’altérité en « l’autruisme[i] », mettant en danger la tradition d’intégration à la française (6). Enfin, un troisième et dernier article traitera des appartenances multiples et emboîtées, des identités régionales encore fortement ancrées dans les mémoires et les pratiques, revigorées par une mondialisation sans racines et l’affaiblissement des nations, jusqu’à l’échelle européenne qui reste à (re) construire ? (7)

1. Elle court elle court, l’identité …

Elle est passée par ici, elle repassera par là. En France la question de l’identité nationale naît véritablement à gauche à la fin des années 1970 (par anti-américanisme puis avec Jack Lang dans les années 1980, pour justifier « l’exception culturelle » française) avant d’être reprise par la droite à la fin des années 1980 puis monopolisée par l’extrême droite au début du XXIe siècle. En 2007 Nicolas Sarkozy tente de la ramener à droite et en fait un de ses thèmes de campagne, créant un « ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement » et lance en 2009 un grand débat sur le sujet, qui n’aura guère de retombées. Car la polémique survient aussitôt, y compris au sein de son propre camp. La mise en relation de l’identité et de l’immigration dans la titulature du ministère scandalise comme à chaque fois que la réflexion tente de se porter sur les questions migratoires. Réfléchir à l’identité de la France, aux valeurs portées par le concept, à l’intégration des populations qui aspirent à faire partie de la Nation est aussitôt taxé à gauche de « racisme », de « xénophobie », l’adjectif « identitaire », repris par de nombreux mouvements à l’extrême droite, étant supposé renvoyer aux « thèses du Front national » derrière laquelle la droite serait supposée courir pour séduire son électorat.

Le problème alors, et encore aujourd’hui, n’est pas tant que l’opposition se lance dans les habituels procès d’intention qui n’élèvent pas le niveau du débat politique, mais qu’une partie non négligeable de la droite se soit alors tue, honteuse, comme s’il revenait au camp d’en face de définir seul les critères de respectabilité des idées, de juger qu’un thème est toxique, ou « nauséabond » ou qu’un leader politique se livre à des « dérapages ». Il est vrai que la défense de l’identité nationale est sensible et donne prise à la critique systématique par la gauche de l’époque, car intrinsèquement liée à la réflexion sur l’immigration et l’intégration, même si évidemment elle ne s’y réduit pas. Parce que certains à gauche et même à droite prétendent, tel un postulat non discutable, que réfléchir à ce qui fonde l’identité nationale serait un moyen d’en exclure ceux qui n’ont pas la nationalité du pays ou qui, français, n’en ont pas encore intégré les codes et les valeurs, que ce serait « faire le jeu du FN », on déclare alors le débat clos avant même qu’il ne commence et l’on cache vite sous le tapis cette pauvre identité nationale que l’on ne saurait voir.


2. Et elle revient aujourd’hui au cœur des débats

 Sa résurgence récente dans le débat politique est évidemment à mettre en rapport avec le communautarisme, les atteintes à la laïcité, l’extension des zones de non-droit en France où des habitants , y compris de nombreux Français, défient régulièrement les lois et les valeurs de la République, mais également à la vague migratoire massive de populations portant une culture radicalement différente et apparemment moins facilement intégrables que les précédentes, avant tout en raison du nombre (qui diminue les moyens et le temps accordé à chaque « migrant »), mais également parce qu’une partie d’entre eux ne manifestent aujourd’hui nullement le désir ni la volonté d’accepter les règles et codes en vigueur dans la société d’accueil (respect de la laïcité, égalité des droites entre hommes et femmes…). Parallèlement des Cassandres propagent le thème anxiogène du Grand Remplacement surfant sur de nombreux faits divers surmédiatisés dans l’actualité, mais également sur la visibilité amplifiée des minorités ethniques et culturelles. En effet une partie de celles-ci cherche à s’imposer et à défier les lois de la République par des comportements ostentatoires (par exemple par le voile intégral, la barbe et le kami, les prières de rue, la non-mixité, le refus de travailler avec une femme…) ou des revendications (menus hallal, mise en cause de programmes scolaires) sous l’inspiration de la propagande islamiste qui pousse les croyants à adopter, par conviction ou sous pression, un certain nombre de (supposés) codes religieux. L’entrisme islamiste dans l’espace public, par sa remise en cause de symboles en lesquels beaucoup veulent lire l’identité de la France (racines chrétiennes, sapin et fêtes de Noël en entreprise, crèches, liberté des femmes…) accentue ce sentiment de déperdition des valeurs traditionnelles et de dépossession. « On est chez nous », entend-on dans la rue et sur les réseaux, et pas seulement en provenance de l’extrême-droite qui est loin de confisquer de nos jours la cause identitaire. Parallèlement la réflexion sur ces questions n’a jamais été aussi fertile même si les définitions, constats et propositions peuvent différer (Mathieu Bock-Côté, Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Pascal Bruckner, François-Xavier Bellamy…).

En 2017 le thème revient donc dans la campagne, de manière apparemment décomplexée, évidemment récurrent dans les discours du Front national, mais également dans les propos du candidat Fillon (discours du Puy-en-Velay notamment), mais également de Jean-Luc Mélenchon qui, selon ses propres termes, « relève le gant du débat sur l’identité », pour ne pas le laisser confisquer par la droite : « À partir du moment où l'on est Français, on adopte le récit national» proclame-t-il sur sa chaîne YouTube en même temps que son amour de la France, certainement par conviction sincère, mais également parce que le candidat de la France insoumise a compris qu’il s’agissait là d’un thème porteur, d’une des priorités et principales inquiétudes de l’électorat. D’ailleurs ne dit-on pas que si Marine Le Pen a porté le Front national jusqu’au second tour, c’est qu’elle a su rassembler, bien au-delà de son parti, sur cette question sensible de l’identité et qu’inversement, elle a perdu les élections précisément parce qu’elle l’a totalement et étrangement oubliée lors du débat du second tour qui l’opposait à Emmanuel Macron.

De la même manière Laurent Wauquiez [ii] a rassemblé sur le thème de l’identité nationale, qu’il décline en « ancrage, racines, fidélité, constance », « racines chrétiennes », « valeurs » articulant son discours sur les menaces que font peser sur la cohésion et l’identité françaises un islam politique, le communautarisme et une immigration trop massive pour permettre l’intégration. Et à nouveau il reçoit des critiques, y compris en interne à droite, sur cette ligne « identitaire » jugée trop dure, trop « trop à droite », en concurrence avec l’extrême droite dont il « récupérerait » les idées et tenterait de séduire les électeurs. Puisqu’à gauche on prétend que toute référence identitaire serait le signe d’une influence voire d’une appartenance à la « fachosphère », beaucoup à droite préfèrent se taire ou, pire, faire écho à ces accusations en dressant des procès d’intention à tous ceux qui, dans leur camp, osent se soucier d’identité nationale. Paradoxalement, on constate d’un côté une extraordinaire fertilité du débat avec des penseurs de qualité, mais aussi au travers de tous les échanges qui fleurissent sur les réseaux entre internautes anonymes, et de l’autre la permanence d’une série de tabous (nation, patriotisme, régulation de l’immigration, progression de l’islamisme, de l’antisémitisme, affirmation d’autres formes de racisme, fragmentation de l’unité nationale par le communautarisme, non-mixité, restauration de l’autorité …) dont on ne peut même plus débattre sans être aussitôt criminalisé par la bien-pensance encore dominante : on est donc un « facho », si l’on est suspecté d’être sincère, ou un arriviste, si on est jugé coupable d’une tentative électoraliste de séduction des électeurs du FN. On comprend que, terrifiés par ces accusations prévisibles, beaucoup se censurent, se justifient, se taisent. Alors que l’identité n’appartient à personne et mérite d’être débattue !

 

3.   L’identité nationale, qu’es aquò ?

L’identité nationale est l’objet de nombreuses controverses, mais si personne ne semble s’entendre à son sujet, c’est aussi parce que sa définition est floue et que son usage est souvent équivoque, d’où la volonté de clarifier le concept et de se mettre d’accord sur les valeurs communes qui sous-tendait le débat maladroitement lancé sous Nicolas Sarkozy.

Voltaire parlait déjà des identités nationales comme de « mœurs », de « caractères » et de « génies » respectifs[iii] et Renan[iv] les définissait comme un ensemble de points communs incluant « la race, la langue, les intérêts, l'affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires », mais qui ne suffisent pas à définir la nation qui est avant tout « une âme, un principe spirituel » et s’exprimant clairement dans le présent par ce que nous appellerions aujourd’hui le consensus : « le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune ». Ce qu'on lit de ces définitions générales, c’est qu’une identité nationale est censée s’imposer à tous ceux qui se réclament de la nation dont elle serait l’expression, une sorte « d’âme », ou de « génie » forgés par l’Histoire siècle après siècle. Elle n’est évidemment ni de droite ni de gauche. C’est d’ailleurs contre le risque de confiscation du concept que s’élevait fermement l’historien Fernand Braudel dans un entretien au Monde en 1985 : « Pour un historien, il y a une identité de la France à rechercher avec les erreurs et les succès possibles, mais en dehors de toute position politique partisane. Je ne veux pas qu'on s'amuse avec l'identité »[v].

 

Il s’agirait donc d’une sorte d’état d'esprit commun aux individus qui composent une nation, révélant leur adhésion à des valeurs collectives. Déjà, à ce niveau des définitions, on voit où le bât blesse : quelles sont ces valeurs communes censées rassembler les Français quand on voit que même la laïcité divise aujourd’hui ? Quel « principe spirituel » guide notre organisation collective ? En d’autres termes quel sens donnons-nous à notre engagement dans la Cité ? Qu’en est-il du sentiment d’appartenance de toutes ses composantes ? Comment s’exercent les droits et se respectent les obligations communes ? La force d'une nation repose sur la fierté de tous ses éléments. Les Français sont-ils encore fiers de leur pays ? Et d’abord, qu’est-ce que l’identité nationale ? Est-elle l’identité de la République ou celle de la France ?

 

Un changement notable s’est en effet opéré ces dernières années dans la sémantique employée : il était de coutume de brandir en permanence les « valeurs républicaines » dont « l’égalité républicaine » (employée à toutes les sauces), les « lois de la République », termes flous, car polysémiques dont on ne pouvait dessiner avec précision les contours. Or dans les discours de nombreux élus tout comme sur les réseaux sociaux, la France est en train de remplacer la République, réintroduisant dans le concept le temps long de l’Histoire, de la tradition, des héritages, bref la continuité d’une nation au-delà des régimes successifs qui se sont succédé. Alors bien évidemment parler d’identité française ne signifie nullement que cette identité ne soit pas évolutive, dynamique, s’enrichissant et se modifiant au fur et à mesure de ses apports, comme il en est d’un peuple ouvert dont les frontières se sont élargies par l’ajout de territoires aux identités propres (Bretagne, Corse, Catalogne…) et par vagues migratoires successives. Mais il n’en reste pas moins des invariants, comme la langue, les héritages culturels, littéraires, paysagers, les comportements liés à la domination séculaire d’une religion, un certain sens de la liberté, des rapports entre hommes et femmes, une certaine impertinence, un attachement particulier aux arts et à l’intelligence.

 

4.   L’identité de la France ?

Si l’on s’est tous réjouis de voir la France se rassembler au lendemain de chaque attentat majeur, on entend souvent se lamenter que ce sursaut collectif n’a pas duré. Mais c’est que l’on ne fédère pas sur le long terme contre (le terrorisme, les atteintes à la liberté d’expression…), mais pour quelque chose qui doit être clairement défini ou ressenti. Alors quelles sont ces valeurs potentiellement rassembleuses censées être l’âme de cette France ?

La plupart des enquêtes[vi], à la question « Quels sont les éléments importants qui constituent l'identité de la France ? » rejoignent les résultats d’un grand sondage paru en 2009 et placent en tête la langue française (80%), la République (64%), le drapeau tricolore (63%), la laïcité (61%), les services publics (60%), la Marseillaise (50%), l’accueil d’immigrés (31%).

Remarquons ici au passage l’importance pour les 4/5 des personnes interrogées (dont tous ne sont pas français) de la langue. La langue française passe pour être une langue littéraire, et non une langue de communication simplifiable à l’excès (pour se faire, il existe déjà ce global English dit globish), ayant inspiré tout un patrimoine d’œuvres écrites et orales à transmettre aux générations suivantes. On note d’ailleurs le foisonnement créatif de la littérature francophone et aussi le fait que parmi ses plus grands défenseurs et thuriféraires se trouvent des personnes issues de l’immigration pour qui la découverte de cette langue fut un émerveillement, son apprentissage puis sa maîtrise une fierté immense. Il est assez significatif que lors de chaque tentative de la simplifier, à chaque réforme de l’orthographe ou de la grammaire, parmi les témoignages les plus indignés et les plus attristés se trouvent ceux d’étrangers qui ne comprennent pas cet acharnement de certaines « élites » pour la rendre accessible à tous sans effort ni celui des éditeurs pour expurger des œuvres littéraires, quitte à les réécrire, les termes qui apportent les nuances, les temps du passé, les mots compliqués.

La France terre d’accueil, peuple issu de métissages successifs, de l’ajout au fil des siècles de territoires aux identités fortes était alors également citée (en 2009 soit avant les vagues d’immigration actuelle) par un tiers des personnes interrogées parmi lesquelles beaucoup sont issus, récemment ou de longue date, d’une immigration de travail ou de la tradition d’accueil des réfugiés (en témoignent les patronymes aux sonorités espagnoles, portugaises, allemandes, suisses, anglo-saxonnes, russes, polonaises, arabes). Mais la France est ici présentée comme un melting pot dans lequel les identités, sans disparaître pour autant, qu’il s’agisse de peuples qui ont rejoint il y a des siècles le giron de la France (Corses, Catalans, Bretons, Basques …) ou des migrations du XXe-XXIe siècles, adhèrent à un projet global et supérieur qui les réunit toutes. C’est le principe de l’accueil et de l’assimilation à la française qui est ici présenté comme indissociable de l’identité nationale : accueillir et intégrer sur des ressemblances, la plupart du temps acquises. Il s’agit là d’une tradition essentielle de la République, voulue une et indivisible, issue d’un melting pot (creuset) au sein duquel les différences se fondent jusqu’à ce que ce qui réunit devienne plus important que ce qui différencie. Cela s’oppose au principe des nations multiculturalistes qui, elles, juxtaposent des dissemblances et des dissonances, comme aux États-Unis où le salad bowl (présence d’éléments qui ne se mélangent plus) a remplacé l’ancien melting pot. La France, aujourd’hui fragmentée entre communautés dont beaucoup se sont repliées sur elles-mêmes, d’autres exprimant agressivité, racisme, refus de s’intégrer et volonté expansionniste et parfois prosélyte est, aux yeux de nombreux Français en train de se transformer en salad bowl à l’américaine. Pour beaucoup, elle y perdrait son identité propre.

Cette France terre d’accueil est à mettre en relation avec un autre trait constituant de son identité selon les historiens : son ouverture sur le monde, et plus précisément le fait de se sentir investie d’une responsabilité de contribuer au progrès de l’humanité que, malgré nombre de points communs, on retrouve assez peu chez nos voisins (sauf, dans une moindre mesure, en Grande Bretagne). Cela correspond à la différence entre la conception française de la nation, fondée sur l’adhésion volontaire à un projet que l’on cherche à faire partager au plus grand nombre (le contrat social) à une conception allemande reposant sur l’exaltation des origines (le Volksgeist ou esprit du peuple) même si cette seconde conception d’une identité plus « fermée » rejoint le nationalisme d’un Maurras ou d’un Barrès qui mettent l’accent sur l’hérédité, l’enracinement (d’où les références fréquentes à la « terre », aux « morts », à « l’identité catholique »).

À suivre : Aujourd’hui le succès des discours identitaires tient avant tout au fait que des Français de plus en plus nombreux, venant d’horizons politiques très variés, expriment le sentiment de graves menaces sur l’identité nationale.



[i] « L’autruisme » est un terme forgé par la philosophe Françoise Bonardel. Il désigne la déviance actuelle qui tend à minorer, voire effacer ou dénigrer sa propre culture face à la culture de l’autre, ce qui ne permet plus l’intégration en l’absence d’un modèle présenté comme désirable. Il s’oppose à l’altérité.

 

[ii] L’auteur de ce texte, qui n’est pas membre de LR ni d’ailleurs aucun parti, complètement extérieure aux rivalités internes et aux courants de pensée qui se sont opposé à l’occasion de l’élection à la présidence des Républicains, tient à préciser qu’elle n’exprime ici qu’un ressenti forgé sur une observation de l’extérieur des prises de position des uns ou des autres.

 

[iii] Voltaire : Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756)

 

[iv]  Ernest Renan, « Qu'est-ce qu'une nation ? Conférence à la Sorbonne, 1882

 

[v]  Fernand BRAUDEL, entretien au Monde les 24 et 25 mars 1985,

http://www.lemonde.fr/societe/article/2007/03/16/l-identite-francaise-selon-fernand-braudel_883988_3224.html#swG3Tim0j6eIwyW5.99  et L’identité de la France, Paris, Arthaud, 3 volumes, 1986

 

[vi] Par exemple ce sondage CSA sur « les Français et l’identité nationale », publié le 2 novembre 2009 dans Le Parisien/Aujourd’hui en France.

par Aurélie Jean et Erwan Le Noan dans FigaroVox 26 avril 2025
Une fois n'est pas coutume, une très belle tribune sur le libéralisme à lire dans FigaroVox :


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.

* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes  » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).


Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !

Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.

Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.

Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.

Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.

Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.


 Défier les vérités imposées

La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.

On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?

Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.

Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.


 Dépasser nos propre limites

Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.


La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.

Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.



par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
Plus de posts