Municipales Toulouse       « S’occuper aussi de ceux qui vont mal »

Natacha Gray • 9 décembre 2019

Première partie : Un bilan déjà fort satisfaisant dans l’action sociale et solidaire


Première partie : Un bilan déjà fort satisfaisant dans l’action sociale et solidaire



En présentant, le 11 novembre dernier, deux recrues « sociales » [1] , appelées à figurer sur le quota « société civile » de sa liste pour les prochaines municipales, Jean-Luc Moudenc expliquait son choix par le fait que ce volet, qui comprend en particulier l’aide aux migrants et au logement pour les plus fragiles, avait pris une importance croissante au cours de son mandat municipal et qu’une de ses nouvelles priorités serait ainsi de s’occuper davantage encore de « ceux qui vont mal ». Ces besoins nouveaux, appelés de toute évidence à s’accroître encore au cours des années à venir, supposent donc des élus plus nombreux et compétents, amenés à se mobiliser davantage sur le sujet de l’exclusion et de l’intégration, ce qui explique la proposition faite à ces deux responsables d’associations. Ce faisant, le maire répondait également par anticipation à la gauche qui l’attaque régulièrement sur le sujet, lui reprochant de ne parler que de « ceux qui vont bien ».


À tort, car l’équipe municipale actuelle fait déjà beaucoup, c’est ce que nous rappellerons aujourd’hui dans une première partie, qui dresse un bilan globalement positif de l’action accomplie .


Mais elle pourrait faire encore mieux, et éviter certaines maladresses de ses représentants en termes de communication, et surtout corriger les erreurs et injustices commises par les associations partenaires. Ce sera l’objet demain de la seconde partie de cet article .


Première partie : Un bilan déjà fort satisfaisant dans l’action sociale et solidaire


La solidarité recoupe un grand nombre d’actions. Nous insisterons dans cet article sur la question centrale du logement, et prioritairement sur l’accueil des populations dites « migrantes » (demandeurs d‘asile, immigrés économiques…). Préoccupation essentielle car tout le reste (scolarisation, formation, apprentissage de la langue, accompagnement vers l’emploi, aides sociales diverses) n’a de sens qu’à partir du moment où la personne ou la famille aidées bénéficient d’un toit et d’une relative stabilité.


Le constat est évident

Le constat de besoins croissants en termes de logement est évident . Il n’est pas besoin de statistiques pour constater, depuis quelque années, l’afflux croissant de personnes d’origine étrangère sans revenus , originaires d’Afrique noire, du Maghreb et de plus en plus d’Europe de l’Est et des Balkans, notamment au travers de leurs stratégies de logement qui impactent de manière visible des portions croissantes de la ville: campements de tentes visibles dans les rues, caravanes de « gens du voyage » (dans chaque espace laissé disponible, à l’intérieur de l’espace urbain (exemple : avenue de Fronton sur le parking de l’ancien Point Vert) et hors des limites de la ville (exemple : route d’Espagne entre la rocade et le Cancéropole), squats multiples là où des bâtiments en voie de requalification restent inoccupés trop longtemps et sans surveillance. A noter qu’un squat démantelé (ou en voie de l’être) provoque, par transfert, quasiment systématiquement la création d’un autre squat : ainsi en est-il du squat Russel, dans le quartier du Busca, dont les membres sur le point d’être expulsés sont partis en mai dernier occuper l’immense îlot Oasis avenue de Muret, alors qu’EDF était sur le point d’en conclure la vente à l’entreprise Kauffman & Broad [2] qui y projette la construction de logements et d’un centre de services à la population. De même le campement sauvage de Roms du Carrefour Langlade a-t-il migré à la fin de l’été quelques centaines de mètres plus loin juste avant l’expulsion de ses habitants autorisée par la Préfecture, obligeant désormais les services à recommencer la procédure. Et il est tout aussi évident que ce phénomène va croissant : pour reprendre l’exemple ci-dessus, alors que les squatteurs du site EDF comptaient en mai 2019, de leurs propres dires, un peu plus de 300 personnes, les habitants eux-mêmes et des associations avancent aujourd’hui, six mois plus tard, des chiffres allant de 800 et 1200, même si un nombre inférieur aurait été comptabilisé après recensement par les services compétents.



La mairie, contrairement à ce qui se dit à gauche, agit déjà beaucoup.

La Mairie de Toulouse ne reste pas sans réaction , contrairement à ce que prétend la gauche toulousaine . Les services municipaux concernés sont déjà très actifs pour ce qui relève de leur compétence en matière d’aide à ces gens « qui vont mal »: le troisième adjoint au maire, Daniel Rougé, est notamment chargé de la Coordination des politiques de solidarité et des affaires sociales ainsi que des politiques de prévention et de la lutte contre l’exclusion. Comme les maires de quartiers concernés par les squats et logements insalubres, ses services, très actifs, travaillent en concertation avec les associations comme par exemple Terre Horizon, dont le directeur rejoint la liste municipale (cf. note 1) ou le Touril, chargées d’accueillir et de trouver un hébergement pour des familles ou personnes dans le besoin.


La « méthode toulousaine » , qui a inspiré d’autres métropoles comme Strasbourg, se traduit par un accompagnement social (dialogue via une association référente, intégration par l’apprentissage de langue car la plupart des nouveaux arrivants ne parle pas, ou mal, le français, la scolarisation des enfants, la recherche d’emploi…) et bien sûr un recensement afin de déterminer les urgences, établir qui peut prétendre à rester sur le territoire français, voire accéder au statut de réfugié…, avant tout démantèlement des occupations illégales. C’est ainsi par exemple que les services de la ville, en partenariat avec Toulouse Habitat, ont relogé en juillet 2017 vingt-deux familles de gens du voyage du camp de Ginestous dans un immeuble dont une partie donne sur l’avenue de Muret, sis aux numéros 1, 3 et 5 de la rue d’Alès, (devenue impasse depuis) : les familles, accompagnées par deux associations, Terre Horizon et Soleilha 31 à l’origine de la proposition, ont signé un contrat les engageant en retour à un certain nombre d’obligations, entre autre le respect du voisinage et à la scolarisation des enfants. Le relogement devait être provisoire car la réhabilitation/transformation du bâtiment, abritant autrefois des officiers de l’armée de l’air, était prévu pour fin 2019 afin d’offrir des logements sociaux et étudiants, fortement déficitaires comme dans toutes les grandes métropoles.


Ajoutons néanmoins que cette méthode, qui se refuse à une expulsion immédiate par la force publique des habitants illégaux quand il s’agit de squats, présente par ricochet l’inconvénient d’imposer aux populations résidentes et aux commerçants , de façon plus durable, des populations qui n’ont pas toujours les « codes culturels », comme disent les tribunaux, ni le même mode de vie (par exemple, pour les gens du voyage, la gestion des déchets, une vie nocturne à l’extérieur bruyante), quand il ne s’agit pas d’une hausse des incivilités, des bagarres, des agressions, voire des conflits communautaires et de territorialisation. Cela suppose évidemment d’être à l’écoute de ces populations résidentes, ce qui n’est pas toujours le cas comme nous le verrons en deuxième partie. C’est l’envers (l’enfer ?) du décor d’une politique qui présente des réussites indéniables pour ce qui est des populations, essentiellement migrantes, qui ne vont pas bien. Mais qui, retour du balancier, se fait généralement au détriment d’autres populations qui, par contre-coup, vont nettement moins bien et que les associations à l’origine de ces transferts ou maintien dans les lieux ignorent totalement.


La gauche soulève souvent la question des logements vacants que la ville, selon eux, ne mobiliserait pas suffisamment. Là encore il faut dépasser les postures idéologiques, les « il n’y a qu’à » et les procès d’intention. Il y aurait 40 000 demandes de logements sociaux et la moitié environ, selon les associations luttant pour le droit au logement, pourrait être satisfaite en réquisitionnant 23 000 logements vides. De la même façon, toujours selon les associations et la gauche, 240 000 m2 de bureaux inoccupés pourraient être utilisés. Or ce qui est vacant n’est pas nécessairement habitable . Beaucoup de logements, qui ne sont pas aux normes, ne répondent pas aux conditions d’habitabilité et nombre de petits propriétaires n’ont pas les moyens d’y remédier, malgré un dispositif [3] existant (« louer sans souci ») permettant aux personnes possédant un bien vacant depuis plus d’un an et qui s’engagent à le louer à des ménages aux revenus modestes d’avoir accès à des avances sur travaux. Selon Franck Biasotto, adjoint au maire en charge du logement et président de Toulouse Métropole Habitat [4] , ce dispositif pourra encore être amélioré afin de mettre davantage de logements vacants sur le marché (par exemple en augmentant le plafond maximum des avances). Quant aux bureaux vides, comme à Langlade, ils se situent souvent, l’immobilier de bureau échappant aux contraintes des logements, soit dans des zones concernées par les PPRI ou les PPRT [5] , soit soumis au Plan d’exposition au bruit (avions). Donc même si la ville le voulait, elle ne pourrait pas les transformer en espaces d’habitation.


En outre, l’objectif de mixité sociale (économique, ethnique et culturelle, par âges variés…) est une ligne directrice dans la politique de logement de l’actuelle municipalité. Dès qu’un espace de plus de 2000 m2 [6] se libère dans un espace urbain, la ville applique systématiquement la règle des 30% de logements sociaux . Quand la parcelle est trop petite pour atteindre cette proportion, on l’augmente ailleurs dans le même secteur, dans la mesure du possible, la mairie visant avant tout la mixité sociale sur l’ensemble de la métropole, l’objectif étant d’éviter les erreurs du passé, c’est-à-dire la concentration de populations fragiles sur quelques quartiers ghettos, comme le Mirail. Ceci dit la dispersion de populations non pas fragiles mais « difficiles » (deals, propagande religieuse vols, racket) que l’on éloigne des quartiers ghettos pour les installer dans des logements sociaux dans des quartiers tranquilles peut également totalement dénaturer la qualité de vie d’un quartier (exemple Sept-Deniers) si elles ne sont pas suivies comme elles le devraient par les travailleurs sociaux à l’origine de cette opération.


Enfin une politique de construction massive à Toulouse et sur l’ensemble de la métropole, que critique également souvent la gauche en dénonçant une frénésie immobilière de la municipalité (et le fait que ces constructions, favorisant la mixité sociale, ne sont pas seulement des logements sociaux) permet, en augmentant l’offre de contenir l’augmentation des loyers.



Mais la solidarité n’empêche pas la fermeté, ce que la gauche peine à comprendre.


Les nouveaux droits s’accompagnent évidemment de devoirs et d’engagements , qu’il n’est pas toujours aisé de faire respecter. C’est ainsi que, sur les plaintes multiples des résidents et des commerçants de l’avenue de Muret exaspérés par des nuisances diurnes et nocturnes persistantes (vacarme de la part de populations habituées à vivre en plein air, parlant très fort, criant souvent et passant plus de temps dehors qu’à l’intérieur des logements attribués, notamment jusqu’à très tard en soirée), bagarres, petites incivilités en hausse inquiétante (vols à l’étalage, à l’arrachée ou à la roulotte, effractions de boîtes aux lettres, portails forcés, agressions) et même, dans les premiers temps, exhibitionnisme et harcèlement sexuel, entraves à la circulation, graves problèmes d’hygiène et de dépôts sauvages, mendicité agressive, insultes racistes…, face aussi à de nombreuses ruptures de contrat (non-scolarisation des enfants ou scolarisation en « pointillés »), la mairie et Toulouse Habitat ont rompu le contrat les liant à certaines familles, irrespectueuses des engagements pris, et n’ont autorisé finalement que 6 d’entre elles(sur 22) à rester fin 2017 et à bénéficier de ce processus d’accompagnement fort avantageux, l’objectif étant, à terme, de reloger ces populations et de leur permettre une autonomie par l’emploi. Cette intervention et cette fermeté ont permis une meilleure acceptation et intégration des familles respectant les engagements pris, le retour à un calme très relatif (suffisant néanmoins après la période trouble précédente à ramener le calme et la confiance chez résidents et commerçants) : la preuve en est qu’à ce jour il ne reste que deux familles de ces populations initiales, en voie d’intégration, et dont les enfants sont sérieusement scolarisés. Les autres, ayant « progressé » un peu plus vite, ont été relogées et se trouvent engagées dans un processus d’autonomie par l’accès à l’emploi. Malheureusement les espaces libérés ont été, entre temps, la nature ayant horreur du vide et certaines associations ne jouant pas le jeu du dialogue et de la confiance, squattés par d’autres populations migrantes, comme nous le verrons ultérieurement.


Car la solidarité n’exclut pas la fermeté : bien au contraire, les deux sont les deux faces d’une même politique qui suppose la confiance, le respect d’autrui et des engagements pris. C’est ainsi que lors de la présentation par mail (a posteriori) du projet (qui n’en était plus un puisque les populations avaient déjà été installées), le maire de quartier Franck Biasotto en mentionnait les initiateurs (les deux associations d’aides aux migrants : Soleiha31, Terre Horizon), les partenaires (Toulouse Habitat propriétaire des lieux et la mairie de Toulouse via le maire du secteur Rive Gauche) mais annonçait en même temps, preuve que les responsables de l’opération étaient parfaitement conscients, à l’avance, qu’en raison du fossé culturel l’intégration de ces nouvelles populations ne se ferait pas sans heurts ni problèmes , travailler en étroite concertation avec l’adjoint au maire chargé de la sécurité, Olivier Arsac. Le numéro d’Allo Toulouse était même rappelé aux habitants pour faire remonter les doléances et permettre aux services de la police municipale, ou nationale si elle était appelée, d’intervenir si nécessaire pour des questions d’hygiène, de nuisances sonores, d’atteintes aux biens ou aux personnes ou de maintien de l’ordre.

Car les droits s’accompagnent toujours de devoirs, un engagement suppose le respect bilatéral du contrat signé, la solidarité n’exclut pas la sécurité et il est évident à tous (sauf, cela va sans dire, aux idéologues de la Bien-pensance, aux partis de gauche désertés par leur électorat traditionnel qui racolent de nouveaux soutiens chez ceux qu’ils voudraient ériger en nouveaux damnés de la terre, et à certaines associations qui justifient ainsi la raison d’être de leurs financements par l’Etat et les collectivités) que l’injection de très fortes minorités allogènes (qui deviennent même une majorité visible comme entre la rue d’Alès et le squat d’EDF, ainsi qu’il est aisé de le constater tous les soirs après 19h), de cultures et de modes de vie différents, ne va pas sans fortement perturber l’équilibre des populations résidentes, modifiant la sociologie de certains quartiers et mettant en péril la tranquillité et la sécurité des habitants à qui l’on impose d’un seul coup des façons de vivre difficilement compatibles avec leurs habitudes.


Il s’agit également de veiller à la sécurité de ces populations fragiles. La politique de fermeté prend en effet en considération la sécurité non seulement des riverains mais aussi des populations concernées : par exemple des problèmes de risques électriques majeurs dans les squats ou, dans le cas des Roms de la rue d’Alès ou du Carrefour Langlade, enfants livrés à eux-mêmes, traversant en jouant des voies à forte circulation sans regarder, ou proies faciles pour des dealers et autres trafiquants que l’installation de ces populations démunies attire, ce à quoi les résidents assistent souvent, impuissants, nuitamment, du haut de leurs balcons. C’est un des aspects du problème que plusieurs dizaines de riverains, après plusieurs accidents évités de justesse, ont présenté avec inquiétude au maire de quartier, lors de la première réunion faisant le point sur les problèmes de la rue d’Alès il y a un peu plus de deux ans. Ils ont témoigné de la crainte de blesser ces enfants jouant dans l’avenue ou sur des carrefours très fréquentés mais également de la peur des représailles en cas d’accrochage, dans une assemblée très métissée, à l’image de ce quartier où la mixité n’est pas un vain mot et qu’il serait difficile de taxer de xénophobie ou de racisme.


Parallèlement, la mairie lutte contre les campements illégaux lorsqu’ils concernent du moins des espaces dont elle a la responsabilité. Il en est ainsi de l’installation illégale de campements au cœur de la ville en prenant aujourd’hui des arrêtés de rue (ou d’avenue) , dans leur entier et nommément citées, pour empêcher que les habitants expulsés ne réinstallent leur tente deux numéros plus loin comme ils le faisaient hier, habilement conseillés par des associations pro-migrants, ce qui rendait quasiment invisible cette action municipale de lutte contre les campements sauvages en centre-ville, chaque expulsion s’accompagnant d’une réinstallation à deux pas. Une fois délogées, ces personnes, aujourd’hui originaires d’Europe de l’Est et des Balkans (une majorité de Roms albanais) atterrissent généralement soit dans un centre d’accueil solidaire, surtout s’ils ont accepté d’être recensés, ou dans les squats, notamment celui de la rue d’Alès où ils ont remplacé en grande partie, mais de façon illégale les gens du voyage de l’ancien camp de Ginestous, empêchant de facto la poursuite du projet de Toulouse Habitat de réhabilitation du bâti.

C’est ainsi également que la Mairie a mené avec les associations et les services de la Préfecture le très long recensement du camp qui occupait les terrains jouxtant le carrefour Langlade : contrairement à ce qui se dit à gauche, rien ne se fait sans avoir préalablement examiné minutieusement chaque cas , afin de voir qui est éligible à une aide et à rester sur le territoire français : dans le cas de Langlade, il s’agissait de population extra-communautaires, dont, après examen des dossiers au cas par cas, aucun membre n’avait vocation à obtenir le statut de réfugié, donc expulsables. Ce qu’a entériné une décision de justice en novembre 2018. Il a fallu ensuite presque un an pour qu’elle soit matériellement applicable (forces de l’ordre en nombre suffisant) mais, manifestement prévenus, ces migrants ont déménagé deux jours avant l’expulsion, de l’autre côté de la rocade, donc à deux pas, sur des terrains non concernés par la décision de justice, ce qui oblige à remettre en place une nouvelle procédure, nécessairement longue.


Or c’est sur ce genre d’action, qui relève pourtant de la « simple » application du droit et qui n’intervient qu’à l’issue de très longues procédures (expulsion, plainte lorsque les squats ont lieu dans des immeubles ou sur des terrains relevant de la responsabilité de la mairie car lorsqu’il s’agit d’un espace privé, seul le propriétaire peut se pourvoir en justice, arrêté anti-campements de rue…) que la gauche se focalise pour accuser l’actuelle équipe de ne pas se préoccuper de ces populations fragiles, passant sous silence tout ce qui se fait en matière de relogement, d’intégration, d’accompagnement social solidaire au quotidien .




Pour conclure provisoirement …


Pour autant la municipalité peut-elle faire davantage : assurément oui. C’est ce que nous verrons dans une deuxième partie.

D’abord mieux informer, et cela sur la durée, les populations résidentes sur les actions menées, les blocages résiduels, les règles de droit ;

Deuxièmement montrer par sa présence et de plus fréquentes sollicitations à s’exprimer qu’elle ne les voit pas comme des citoyens sacrifiés au nom de la solidarité ;

Troisièmement, et c’est là le plus important, s’assurer que les acteurs locaux que sont les associations, lorsqu’elles sont partenaires de la mairie dans un projet, ne considèrent pas résidents et commerçants comme des paramètres négligeables , des « gens qui vont bien » par définition, sur le prétexte qu’ils auraient bénéficié d’un toit avant leurs protégés, ni comme des citoyens de seconde zone indignes de témoigner ou d’être entendus ou, lorsqu’ils font part de leur désarroi et que des doléances fondées s’expriment, suspectés au mieux d’impatience et d’intolérance, au pire de racisme ou de xénophobie. Car ces associations mènent leurs projets dans l’unique souci du mieux-être des populations dont elles s’occupent, et dans l’indifférence totale des effets durables de leurs décisions sur les autres populations résidentes A l’origine de la plupart des projets, supposées présentes sur le terrain (accompagnement, recensement, vérification du respect des règlements intérieurs et des engagements pris …), l’expérience montrent qu’elles ne cherchent pas à (re)connaître ni atténuer les conséquences de leurs décisions.


La municipalité décide donc d’amplifier son partenariat avec les associations au point d’en intégrer certains membres dans l’équipe municipale.

C’est une bonne chose s’il s’agit de rappeler à ses traditionnels partenaires devenus colistiers que l’amélioration de la situation de quelques-uns ne doit pas se traduire par une détérioration rapide des conditions de vie et de la sécurité de la majorité des autres.

C’est une bonne chose si ces associations, désormais engagées au service du Bien Commun, acceptent de se préoccuper enfin de l’ensemble des citoyens d’un quartier, comme le doit tout élu municipal qui est au service non d’une communauté ou d’un groupe social, et s’engagent à ne plus agir exclusivement dans l’intérêt de quelques-uns (la clientèle habituelle des idéologues de gauche) au détriment des autres.

C’est une bonne chose si ces associations montrent qu’elles ont appris de leurs erreurs passées (cf. le fiasco sur le quartier de l’opération de la rue d’Alès portée par Soleilha31 et France Horizon), notamment que pour permettre à des gens de s’intégrer, il est contre-productif de les laisser entre eux, jusqu’à devenir majoritaires et conquérants en un lieu donné, au mieux dans un mépris total des populations résidentes, au pire dans un processus de territorialisation agressive.

C’est une bonne chose si ces responsables associatifs apprennent, en étant davantage sur le terrain et non en recevant les populations suivies dans leurs bureaux [7] , sur tous les terrains (ce qui suppose de savoir traverser la rue pour échanger avec résidents et commerçants), et le pragmatisme et l’écoute, qui sont deux des principales qualités d’un élu local, et la prise en compte de la complexité, loin des « il n’y a qu’à » et de la pensée hémiplégique qui caractérise trop d’acteurs de la gauche bien-pensante, droitdelhommiste, idéologue et donneuse de leçons.


Ajoutons enfin que l’équipe municipale y trouverait un intérêt électoral évident car le mécontentement monte, chez ceux qui, résidents et commerçants, devant un immobilisme apparent et le silence assourdissant des initiateurs du projet, se sentent totalement abandonnés et sacrifiés. Comme l’a fort bien fait remarquer le président de la République le mois dernier, ce ne sont pas généralement ceux qui défendent les migrants qui vivent là où ils les installent.


Il suffirait pourtant de presque rien… (à suivre)




[1] Fella ALLAL pour la SA Patrimoine Languedocienne et Gaétan Cognard pour France Horizon


[2] Projet retardé pendant plusieurs années par les recours successifs présentés par le Comité de quartier, dont le dernier venait d’être à son tour rejeté par la Justice. Le Maire de quartier, Franck Biasotto, avait pourtant maintes fois averti qu’un espace inoccupé aussi vaste attirerait nécessairement l’attention de squatteurs et des associations qui les soutiennent, et cela d’autant plus que le propriétaire, EDF, ne pourrait éternellement en payer à perte le gardiennage par chiens et vigiles. C’est ce qui s’est passé à quelques jours de la signature de la vente avec le promoteur immobilier.


[4] Et maire, entre autres, de quartiers où se concentrent des populations en difficulté : quartiers Bagatelle, Mirail-Université, Reynerie et Fontaine-Lestang


[5] PPRI : plan de prévention du risque inondation et PPRT : plan de prévention des risques technologiques.


[6] Seuil fixé par la mairie pour l’obligation de construire des logements sociaux, avant tout parce que les petites surfaces qui se libèrent comme celles que l’on trouve au centre-ville ne s’y prêtent pas, le bailleur social gérant plus facilement (suivi du locataire fragile) et avec des coûts moindres des logements regroupés et non épars à l’échelle de la métropole.


[7] Interpellée par l’assemblée, invitée à venir sur le terrain après 19h, et même à rester une soirée chez un résident, la représentante d’une des deux associations à l’origine de fiasco de la rie d’Alès, a époustouflé la salle comble en répondant qu’elle recevait ces populations (Roms) en ses bureaux, que là-bas tout se passait très bien, mais que ces bureaux fermaient dans l’après-midi donc que le soir il était impossible d’être là. Quant à l’autre, il était déjà … parti !

par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».
par Vincent Trémolet de Villers 30 septembre 2025
Une tribune de Vincent Trémolet de Villers dans FigaroVox https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-vincent-tremolet-de-villers-sur-les-ruines-de-la-democratie-20250926 L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Il faudrait Juvénal pour décrire cet effondrement. Entre parade du président à New York et conciliabules à Matignon, l’exécutif mime un pouvoir qui lui échappe. Sur à peu près tous les sujets, comme nos ministres, il est démissionnaire. L’Assemblée nationale, nouvelle nef des fous, fait tourner les députés comme des hamsters, de censure d’humeur en budget de fortune. L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Motif de condamnation ? « Association de malfaiteurs » ! Apparemment c’est ainsi que certains magistrats envisagent les politiques, encore plus s’ils sont de droite, et par principe s’ils s’appellent Nicolas Sarkozy. Il faudrait Blaise Pascal pour peindre une telle confusion des ordres. Nos cours suprêmes font de la théologie morale ; après que le contribuable a payé la dîme, la gauche de droit divin prêche dans les médias publics ; un ancien garde des Sceaux fait sa grosse voix pour nous rappeler le grand dogme : une décision de justice, même incompréhensible, ne peut pas être critiquée. Celui qui cède à cette tentation met en péril la démocratie : qu’il soit anathème ! Parlons-en de la démocratie ! Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, dit la Constitution. Pour nos prédicateurs, le peuple n’est plus qu’un monstre hostile à tenir à distance. C’est lui pourtant qui ploie sous le poids de la dette, vit le supplice de l’enfer normatif, subit les effets dissolvants d’une politique d’immigration suicidaire, supporte, dans sa chair et celle de ses enfants, une délinquance de plus en plus barbare. Il faudrait Albert Camus pour rappeler que l’État de droit, trésor des démocraties libérales, n’est pas le paravent des pulsions despotiques de quelques-uns mais « l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux libertés particulières ». Il faudrait de la hauteur de vue, de la clairvoyance, du courage - de la démocratie -, sinon, à force d’osciller entre radicalisation et faiblesse, le régime finira par tomber sur lui-même.
par Arno Klarsfeld dans FigaroVox 20 septembre 2025
Une tribune de Arno Klarsfeld à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/arno-klarsfeld-l-hostilite-des-elites-europeennes-a-l-egard-d-israel-est-une-forme-d-aveuglement-20250915 TRIBUNE - Alors que les chefs de gouvernement européens sont de plus en plus nombreux à élever la voix contre la guerre menée par Israël, l’ancien avocat des Fils et filles des déportés juifs de France rappelle l’enjeu existentiel que représente le conflit au Moyen-Orient pour le petit État juif. Accuser l’État d’Israël de génocide aujourd’hui à Gaza est comparable à l’accusation faite aux Juifs d’empoisonner les puits au XIVe siècle. Beaucoup y croyaient alors et certains y croient aujourd’hui. Quand Emmanuel Macron renvoie aux historiens la responsabilité de déterminer si Israël commet un génocide et qu’il accuse Israël de se comporter de manière barbare, y croit-il ? S’il prend les chiffres du ministère de la Santé du Hamas comme véridiques, c’est-à-dire 60.000 morts dont sans doute près la moitié de combattants du Hamas sur une période de deux ans et sur une population de plus de 2 millions pour Gaza (ou près de 6 millions si l’on inclut la Judée-Samarie ou Cisjordanie), comment croire, alors, qu’Israël commettrait un génocide ? Lors des commémorations du Débarquement durant lequel les Alliés ont bombardé les villes normandes, causant en peu de temps plusieurs dizaines de milliers de morts parmi la population française, le président de la République a-t-il évoqué un génocide ? A-t-il parlé de génocide lors de son discours en 2024 devant la Frauenkirche à Dresde, auquel j’assistais avec mes parents, alors qu’en deux nuits en février 1945 les Alliés ont tué par leurs bombardements des dizaines de milliers de civils allemands ? Et pour Hambourg avec 50.000 morts en un mois de bombardement ? Et pour Tokyo, 100.000 morts en deux nuits ? Hiroshima et Nagasaki ? Contrairement aux Israéliens, les Alliés n’ont jamais cherché à prévenir la population allemande avant les bombardements. Et pourtant, dans le Bureau ovale, le chancelier allemand il y a trois mois remerciait les États-Unis d’avoir libéré l’Allemagne du nazisme. Les Israéliens se battent aujourd’hui pour que la Shoah, qui s’est déroulée avec des complicités dans tous les pays européens, ne se reproduise pas en Israël. Rendons hommage à la population française qui, nourrie de valeurs républicaines et de charité chrétienne, a protesté durant les grandes rafles de l’été 1942 et a permis ainsi aux trois quarts des Juifs de France de survivre. Mais excepté ces Justes, les élites ont été silencieuses ou complices. Et, aujourd’hui encore, au lieu de faire pression sur le Hamas pour libérer les otages et baisser les armes – ce qui arrêterait aussitôt la guerre –, c’est sur Israël que bien des gouvernements européens font pression. Cette hostilité des élites européennes est une forme d’aveuglement, ce sont les fondements de la civilisation occidentale qui sont sapés, l’Europe et Israël ayant le même ennemi inflexible : l’islam radical qui doit être vaincu. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Évidemment, comme le président de la République le dit, la sécurité d’Israël passe par la paix et une solution étatique pour le peuple palestinien. Il suffit de voir sur la carte ce petit bout de territoire qu’est Israël, plus réduit que la Bretagne, entouré de millions de kilomètres carrés du monde arabe avec des centaines de millions d’habitants (tout aussi intelligents que les Israéliens), avec des richesses incommensurables, et de se remémorer qu’il y a 14 millions de Juifs pour plus de 2 milliards de musulmans pour comprendre qu’Israël a intérêt à la paix. Israël est toujours David. Avec ces données, le président de la République comme de nombreux dirigeants européens pourraient également comprendre que c’est une grande partie de ce monde arabe qui ne veut pas la paix et qui est prête à sacrifier générations après générations pour obtenir ce qu’il désire avec passion : la destruction de l’État d’Israël comme État juif. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Et c’est avec ce souvenir en tête qu’une partie du Quai d’Orsay et des élites européennes considèrent Israël comme une parenthèse dans l’histoire et que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui « enquiquine tout le monde », selon les mots d’un ancien ambassadeur français. Après tout, en termes de fiction géostratégique, cela peut se comprendre. Mais, au moins, il ne faut pas reprocher à l’État qui est agressé de chercher à se défendre de manière bien moins cruelle que l’Occident lorsqu’il menait ses guerres d’expansion et même de défense. Tous les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours en France. Quant à la majorité de la population française, elle comprend que si les Juifs sont chassés de France comme ils ont déjà été chassés des banlieues des grandes villes, ce n’est pas en raison d’un antisémitisme chrétien ou de celui de l’extrême droite. Elle comprend qu’elle risque ensuite d’avoir elle aussi à se soumettre ou à s’en aller.
par Henri Guaino 17 septembre 2025
Magnifique tribune d'Henri Guaino à lire dans le JDD : https://www.lejdd.fr/politique/henri-guaino-le-naufrage-des-politiciens-et-lexigence-dun-chef-161718
par Une interview de Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste 16 septembre 2025
"Dans l’«Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes», le docteur en philosophie et essayiste a réuni 41 intellectuels, dont Chantal Delsol, Pierre Vermeren, Ferghane Azihari ou Christophe de Voogd pour déconstruire cette «novlangue»." Une interview de Sami Biasoni par Alexandre Devecchio dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sami-biasoni-le-neoprogressisme-nous-fait-entrer-dans-une-nouvelle-ere-langagiere-20250911 «Antifascisme », « antispécisme », « écriture inclusive », « matrimoine », vous consacrez, avec 41 contributeurs, une encyclopédie aux termes chargés d’idéologie qui inondent nos débats. La langue est-elle devenue un champ de bataille idéologique ? Depuis quand ? Cette bataille sémantico-politique est-elle menée par l’État, les médias, le monde universitaire ? Dans mon précédent essai (Malaise dans la langue française, 2022), également consacré à la question de la langue française, je rappelais que « la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. Les idéologies, de quelque nature qu’elles soient, sont éprouvées par et dans la langue, mère de toutes les causes politiques ». Les manipulations militantes de la langue que nous analysons dans l’ouvrage s’inscrivent quant à elles dans une histoire plus récente : celle du « politiquement correct », dont on peut dater l’origine au tournant des années 1970. Il s’agit d’un phénomène nouveau car il n’est pas imposé par un régime totalitaire, mais émane surtout de normes culturelles et d’usages institutionnels « démocratiques ». Son vecteur de diffusion a trait à un conformisme moral qui se répand à mesure que nos sociétés se fragmentent. Comme l’a montré George Orwell , n’est-ce pas le propre des régimes totalitaires de vouloir transformer la langue ? Sommes-nous face à une nouvelle novlangue ? Les révolutionnaires de 1789 ont promu le « salut public », terrible antiphrase qui masquait l’horreur des exécutions arbitraires pendant la Terreur ; les bolcheviks ont imposé l’usage d’antinomies simplificatrices et manichéennes (par exemple, camarades contre ennemis du peuple) ; le nazisme avait instauré un système langagier complet qualifié de « langue du IIIe Reich » par Klemperer. Nous avons affaire en Occident à une novlangue soft, ce qui la rend d’autant plus pernicieuse. Toutefois, il ne faut pas négliger les forces militantes à l’œuvre : les x-studies (études de genre, de race, de subalternités, etc.), nées sur les campus américains en même temps que s’est diffusée la pratique du politiquement correct dans les milieux dits progressistes outre-Atlantique, ont proactivement et méthodiquement promu ce que je nomme le « foisonnement (pseudo) conceptuel ». En outre, la pensée de la déconstruction est intrinsèquement narrativiste : elle valorise le récit, la subjectivité et l’hyperbole. C’est pourquoi le néoprogressisme et son avatar radicalisé woke nous ont fait entrer dans une nouvelle ère langagière, celle de la saturation de l’espace par ces euphémismes contemporains et autres manipulations sémantiques qui sont l’objet de notre ouvrage. Il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes… Paradoxalement, vous montrez aussi que le politiquement correct langagier, souvent porté par une certaine gauche, est loin de favoriser concrètement le progrès social. Les conquêtes langagières symboliques remplacent les réelles avancées sociales… Cette manipulation du langage est-elle le fruit de l’impuissance du politique et en particulier de la gauche progressiste ? La situation actuelle me paraît résulter de la conjonction de deux phénomènes : d’une part celui que l’on nomme usuellement « paradoxe de Tocqueville », en vertu duquel « quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent » ; autrement dit, à mesure que nous approchons de l’égalité de facto, toute inégalité résiduelle, même infime, nous semble insupportable. D’autre part, il est effectivement probable que l’affaissement du pouvoir politique au sein des démocraties libérales contribue à une survalorisation des causes « symboliques ». Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le confort moral de l’indignation de salon : il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes, au Moyen-Orient ou ailleurs. Mais je crois que le sens commun continuera de résister à la rééducation forcée de ceux qui refusent le débat serein, je crois que l’humanisme sincère l’emportera au détriment de l’intolérance de ceux qui préfèrent la forme du discours au discours lui-même. À terme, quelles peuvent être les conséquences en matière d’éducation ? Nos enfants ne sauront-ils plus définir des mots aussi usuels qu’un « homme » et une « femme » ? Posez la question aux militants les plus radicaux : ils ne le peuvent plus ! Certaines définitions qui leur sont imposées relèvent de tautologies dangereuses (une femme est une femme parce qu’elle se sent femme), qui contreviennent à la fois à ce qu’énonce la science (l’existence du fait biologique, sans que soit niée la possibilité de vécus de genre différents de la norme statistique) et à ce que révèle le bon sens. Dans une perspective plus large, il faut comprendre que la langue est tout aussi organique que mécanique : on peut tolérer son évolution – c’est même nécessaire – mais elle ne doit pas être forcée. La brusquer revient à troubler non seulement la pensée des individus, mais aussi leur capacité à constituer un corps social stable. Selon vous, le politiquement correct langagier est également à l’origine de la montée des « populismes », en particulier du trumpisme. Pourquoi ? Ce que vous appelez le « populisme » est-il une réaction démagogique ou simplement une réponse salutaire ? Il s’agit de l’une des causes majeures de la montée des « populismes » dans la mesure où ces derniers prennent essor sur le décalage entre le réel perçu et vécu par les citoyens et la manière dont on décrit le monde. Le trumpisme substitue aux ratiocinations du néoprogressisme une proposition antithétique radicale : celle d’un langage dépouillé, rudimentaire et pragmatique. Or, la simplification outrancière du langage est un autre procédé que les totalitarismes ont toujours encouragé. En matière d’usage de la langue, le pouvoir américain tombe, à mon sens, de Charybde en Scylla. La France, heureusement, résiste. C’est pour cela que nous avons écrit cette Encyclopédie des euphémismes contemporains. Quant au populisme, il est à la fois salut, parce qu’il en revient au sens commun et au souci du corps social dans sa globalité, et un péril, dans la mesure où l’on sait les tentations de contrôle politique démagogique qu’il engendre. Votre livre s’attaque principalement à la novlangue néoprogressiste. Existe-t-il aussi une novlangue de droite ? Par exemple, le mot « woke » est-il employé de manière trop systématique et parfois dans le seul but de discréditer une pensée de gauche ? J’ai relevé près de 300 termes que l’on pourrait qualifier de « manipulations militantes de la langue » : la plupart sont promues par les tenants du néoprogressisme. Il existe bien sûr des néologismes de droite, mais ils sont moins nombreux et fonctionnent différemment. Il s’agit généralement, pour la droite, de résister ou de contre-attaquer. C’est ainsi que des termes comme politiquement correct ou woke ont servi à dénoncer des doléances excessives émanant de la gauche. Parfois, les néologismes issus des rangs de la droite servent à qualifier avec emphase des fantasmes ou des phénomènes émergents indûment présentés comme massifs : les expressions « zone de non-droit », « État profond », « submersion migratoire » sont de cet ordre. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme « woke » se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes Le mot woke a une histoire intéressante : il prend racine dans les années 1930 aux États-Unis, sous la forme de l’injonction « stay woke » (littéralement « restez éveillés ») reprise par divers auteurs et artistes noirs victimes du régime de ségrégation raciale prévalant alors. Il reste néanmoins peu usité durant plusieurs décennies, jusqu’à sa reprise par le mouvement Black Lives Matter en 2012. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes pour progressivement prendre le sens plus large qu’on lui connaît aujourd’hui. Au gré du temps, comme dans le cas de la locution « politiquement correct », ce mot a servi à désigner les excès et dérives de la radicalité néoprogressiste, c’est pourquoi peu se réclament aujourd’hui ouvertement du wokisme. Il s’agit là d’une des rares victoires sémantiques dont peut se targuer la droite. Toutefois, il convient de constater que cela s’est produit au détriment de la rigueur, voire de l’honnêteté intellectuelle : nombreux sont ceux qui utilisent désormais ce terme pour qualifier des comportements qui n’en relèvent pas. C’est un abus malheureux. C’est pourquoi Sylvie Perez et moi-même consacrons deux entrées à ce mot central au sein de l’Encyclopédie. Aucune manipulation n’est souhaitable, quel que soit le dessein poursuivi.
par Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique 14 septembre 2025
Une tribune de Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique, dans les Echos à propos de la taxe Zucman https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-la-taxe-zucman-appauvrirait-la-france-2185537 "L’économiste Gabriel Zucman soutient l’instauration d’une taxe plancher de 2 % sur le patrimoine au-delà de 100 millions d’euros. L’adoption de cette taxe, qui est envisagée pour le budget 2026, serait profondément nuisible pour l’économie française. Un impôt sur la richesse soulève d’abord un problème de valorisation : la base taxable est fluctuante pour les entreprises cotées en Bourse et difficile à établir pour les entreprises non cotées. Il pose ensuite un problème de liquidité pour les propriétaires d’entreprises en croissance ne versant pas encore de dividendes. Cela pose la question de l’exil fiscal, dont l’ampleur est incertaine. D’un côté, les études empiriques suggèrent que le flux de départs serait limité. D’un autre côté, jamais une taxe aussi massive n’a été mise en œuvre. En outre, si les flux sont limités, le stock de Français fortunés installés à l’étranger est déjà substantiel. L’objectif devrait plutôt être de les faire revenir en France. Frein à l’innovation Outre ces effets, la taxation de la richesse poserait un problème de mécanicité à la croissance. Rappelons que la valorisation d’une entreprise est déterminée par les gains futurs escomptés. La taxation de la richesse diminue donc les perspectives de gains futurs en rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes. De même, l’action d’une entreprise innovante valant essentiellement par ses perspectives de croissance future, une taxe sur la richesse lui est particulièrement nuisible. La taxe Zucman aurait donc un effet très négatif sur l’innovation et sur la croissance. La taxation de la richesse affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme. Une caractéristique des milliardaires est que leur taux d’épargne est particulièrement élevé, avec une consommation souvent négligeable au regard de leurs revenus. Par conséquent, une taxe sur leur richesse consiste pour l’Etat à prélever puis à dépenser des revenus du capital qui auraient sinon été épargnés et réinvestis. Ainsi, cette taxe réduit mécaniquement l’épargne et donc l’investissement. Plus précisément, l’Etat consacre environ 10 % de ses dépenses à l’investissement public et ses dépenses supplémentaires transférées aux Français, qui en consomment une large fraction. Or notamment aux Etats-Unis, l’investissement des entreprises représente environ 80 % des sommes investies, celui de l’Etat environ 20 %. L’investissement public étant en outre moins productif que l’investissement privé, une substitution de ce dernier par le premier réduit le potentiel de croissance. Ainsi, si la taxe Zucman rapportait 16 milliards d’euros par an (0,6 point de produit intérieur brut – PIB – privé), on devrait en conclure que l’investissement privé diminuerait d’autant et que l’investissement public augmenterait au mieux de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) – soit un manque à gagner net de 0,5 point de PIB d’investissement. En finançant l’investissement public par un impôt sur la richesse, on substitue de l’investissement public peu productif à de l’investissement privé productif, et on suscite une dégradation du solde de la balance commerciale. Donc, à PIB inchangé : soit l’investissement diminue de 16 milliards d’euros ; soit ils seraient financés par l’étranger et le déficit commercial se creuse alors de 16 milliards ; soit, plus vraisemblablement, on a une combinaison de ces deux possibilités. Pire : en France, les entreprises innovantes rencontrent souvent des difficultés à se financer. Or, les milliardaires sont précisément les investisseurs les plus à même d’effectuer des placements risqués au service des entreprises en croissance, avec à la clé des rendements élevés. La taxe Zucman entraverait ce vecteur de croissance. Mesure idéologique Bref, en appauvrissant les riches, et en empêchant les grandes fortunes de se constituer, c’est la France qu’on appauvrirait. D’ailleurs, peu après l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes au début des années 1980, les sociétaires ont été conduits à s’expatrier dans des Etats exonérés de l’impôt sur la fortune. La taxe Zucman affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme en réduisant l’investissement, en pesant sur l’innovation et en aggravant les déséquilibres extérieurs. En réduisant les recettes fiscales futures, elle pèserait en outre sur le financement des dépenses publiques, dont les principales sont : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc. Cette taxe s’inscrit donc dans une logique purement idéologique et non pragmatique. En instaurant la taxe Zucman, la France serait probablement le seul pays à se l’imposer à elle-même, puisque d’autres pays refusent d’adopter une telle mesure d’idéologie purement idéologique et sans aucune pertinence économique."
par Alexandre Devecchio dans Le Figaro 14 septembre 2025
Une tribune très instructive d'Alexandre Devecchio dans FigaroVox sur la perception par les Français de notre nouveau Premier Ministre: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/alexandre-devecchio-pourquoi-la-majorite-des-francais-n-attendent-rien-de-sebastien-lecornu-20250911 LA BATAILLE DES IDÉES - L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français. Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ? « La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites. "Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution" Le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique. «Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle» « Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir. Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens.
par Sébastien Laye (Valeurs Actuelles) 13 septembre 2025
"L’attractivité d’un pays, du point de vue des investisseurs, dépend en partie de l’accueil qui y est fait à l’innovation et de la stabilité juridique. À l’heure actuelle, en cette matière, la France va à l’encontre de ses intérêts" https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/le-principe-de-precaution-est-un-obstacle-a-la-croissance-economique