Les élections municipales à Toulouse : analyse rétrospective (suite)
Les élections municipales à Toulouse : analyse rétrospective (suite)

Seconde partie
La victoire de Jean-Luc Moudenc dans un contexte où la plupart de ses homologues ont été emportés par ce que les médias ont nommé la « vague verte » tient à plusieurs facteurs, les uns relevant de l’adhésion à un homme, un bilan, un programme, d’autres au rejet à la fois du programme et des alliances de son adversaire, et à la sociologie d’une ville qui a toujours été modérée dans ses choix et qui semble allergique aux extrêmes. Mais pour les partisans d’Antoine Maurice l’explication est plus simple, binaire, bien loin de l’écheveau de facteurs multiples et complexes que la première partie s’est attelée à démêler ( ici ) si Archipel a perdu, c’est avant tout en raison d’une « campagne de caniveau ». Qu’en est-il exactement ?
II. Une « campagne de caniveau » ?
Aujourd’hui en effet, lorsque l’on rencontre un partisan de la liste perdante renvoyée à ses salades, on sait automatiquement que l’on va entendre ce leitmotiv dès les premiers arguments. Plus qu’un élément de langage, c’est le nouveau mantra des adversaires de Jean-Luc Moudenc, à prononcer d’un air grave, en hochant la tête d’un air consterné et exagérément indigné. Finis la planète, le verdissement, les trottinettes et le renouveau, dès les derniers jours de la campagne, histoire sans doute de rameuter les indécis par victimisation et diabolisation de l’adversaire, le nouvel argument électoral de la liste Maurice était tombé au niveau de la rigole qui borde les trottoirs sur les voiries urbaines. Psalmodiée à l’envi la formule s’est répandue comme une traînée de poudre chez les électeurs de la liste Archipel. Que chacun fasse l’expérience, évoquez devant l’un d’entre eux la victoire de Jean-Luc Moudenc ou a contrario la défaite d’Antoine Maurice, en quelques secondes vous aurez droit, de façon quasi pavlovienne, souvent avec une agressivité contenue, à la « campagne de caniveau », seule explication de leur échec. Alors qu’ont-ils bien pu trouver dans ce fameux caniveau qui minimise leur défaite et a pour objectif de salir la victoire de l’adversaire? On voit revenir quatre principaux griefs.
Le premier est que Jean-Luc Moudenc aurait appuyé sur les peurs pour mobiliser les électeurs. C’est vraiment là jouer sur les mots : le maire sortant n’a fait que rappeler à la fois la provenance politique des colistiers de Monsieur Maurice, leurs engagements passés, les propos tenus et les programmes annoncés. Des faits, rien que des faits. La peur que cela suscite, il ne la crée pas . Elle est omniprésente aujourd’hui, bien au-delà d’une extrême droite ou « fachosphère » fantasmées, constamment évoquées à la moindre critique, face à ceux qui, à gauche notamment, n’ont de cesse que de diviser par l’opposition systématique, les manifestations violentes qui dégénèrent, les procès d’intention, l’inversion des responsabilités, le soutien aux mouvements racialistes et/ou islamistes. Comme dans toute campagne électorale, le maire sortant a présenté son bilan, son programme mais également pointé les faiblesses ou les dangers de celui de l’adversaire en termes financiers, ou de sécurité, d’économie, d’emploi, de paix civile. Que ces réalités fassent peur, on le comprend, surtout dans le contexte actuel, à l’échelle de la France mais aussi d’une ville meurtrie depuis un an et demi par des manifestations destructrices dégénérant immanquablement.
Jean-Luc Moudenc n’a pas créé la peur. Il n’a pas inventé le tweet violent d’une colistière de Monsieur Maurice, ni la présence de nombreux militants LFI ou Gilets jaunes (devenus Ultrajaunes) ou du DAL sur sa liste, ni le programme visant à supprimer les arrêtés anti-bivouac, la remise en cause des caméras de surveillance, les positions contre l’aéronautique, les positions naïves et manifestement hors sols sur la réalité de l’insécurité … Fut fatale à la liste Maurice, dans une ville aussi modérée, la conjonction gênante et trop visible du soutien du parti islamiste, la venue en grande pompe des représentants de partis d’extrême-gauche que l’on venait de voir avec consternation, au premier plan de l’actualité, s’afficher fièrement auprès de mouvements racialistes, communautaristes, révisionnistes sur le plan historique, comme le Comité Adama Traoré et de tous ceux qui cherchent à fragiliser l’Etat français, en racolant sur des haines raciales artificiellement réveillées et importés d’ailleurs. Si les électeurs ont eu peur de la liste verte et rouge, c’est tout simplement qu’elle faisait peur par son programme, ses colistiers et ses prises de position.
Le maire de Toulouse a gagné en 2014 sur la question de l’insécurité qui est la priorité numéro un dans de nombreux quartiers toulousains, qui ne sont manifestement pas ceux où vivent Monsieur Maurice et ses colistiers. S’il n’a pas suffisamment mobilisé au premier tour, c’est de toute évidence parce que ce thème n’avait pas été mis en avant au cours de sa campagne. S’il a convaincu avant le second, c’est qu’il s’est souvenu de ce qu’attendaient les Toulousains et sur quoi portent une grande partie des plaintes qui remontent jusqu’à la municipalité. A contrario certaines propositions du candidat Maurice dénotaient un déni total de la réalité quant à la sécurité et au « vivre ensemble » toulousain, et annonçaient de toute évidence une aggravation des problèmes. Alors, entre un maire sortant à qui beaucoup reprochent de ne pas en avoir assez fait quant aux nuisances du quotidien et à l’insécurité et un candidat qui se propose d’en faire davantage pour les fauteurs de troubles (notamment les squats, les migrants illégaux…), tout en supprimant ou diminuant les garde-fous, même insuffisants, de son adversaire , on comprend que même l’électeur a priori défavorable à Jean-Luc Moudenc se soit abstenu en renonçant à voter « vert » ou soit allé voter pour le moins pire, en traînant les pieds.
Deuxièmement, dans le même ordre d’idées, la liste Maurice lui reproche d’avoir utilisé l’image de la pastèque pour décrire leur programme : la comparaison avec ce fruit d’été succulent décrit une apparence verte à l’extérieur mais rouge à l’intérieur. Où est le problème ? C’est une image classique, reprise fréquemment sur les plateaux de télévision, qui n’est aucunement méprisante et qui dit bien ce qu’elle veut dire. Elle est d’ailleurs souvent utilisée pour décrire le mouvement écologiste français dominant qui flirte bien souvent avec l’extrême gauche, dont on a vu les leaders récemment marcher dans des manifestations racialistes, islamistes (sous couvert d’une pseudo lutte contre l’islamophobie) ou s’afficher aux côtés du Comité Traoré. Seul Yannick Jadot avait quelque peu tiré EELV vers le centre au point de se mettre à dos la majorité de ses camarades qui le trouvent aujourd’hui bien pâle. C’est une image comme une autre, percutante, le miroir de la réalité, elle n’est en aucun cas mensongère ou dégradante. Sauf si les membres de cette liste avaient voulu dissimuler leur appartenance politique, ce qui n’est absolument pas le cas.
Troisième grief, et M. Maurice est revenu sur cette accusation lors du troisième tour pour l’élection du maire et la mise en place du conseil municipal, l’équipe Moudenc aurait utilisé l’homophobie comme un épouvantail pour faire fuir les électeurs. Car Antoine Maurice est homosexuel. Cet argument victimaire est insupportable et de mauvaise foi, comme tous ceux qui attribuent un échec ou une défaite dans le milieu professionnel, ou dans une élection, à un racisme, un antisémitisme, une islamophobie, une misogynie ou un exclusion sexuelle supposées, sans jamais se remettre en question.
Sur quoi s’appuient ces accusations ? D’une part sur un unique tweet homophobe, effectivement scandaleux et particulièrement stupide, d’un employé de la majorité municipale à quelques jours du second tour. D’autre part sur les marchés, des militants faisant campagne pour le maire actuel auraient évoqué l’homosexualité de son concurrent, notamment au travers d’une video émanant du candidat lui-même qui a toujours assumé son orientation sexuelle, ne s’en est jamais caché et, d’ailleurs, n’a aucune raison de le faire. Enfin certains brandissent comme preuve de l’homophobie de l’équipe municipale que M. Moudenc a soutenu la Manif pour tous .
Primo il faut savoir que l’employé indélicat a été aussitôt désavoué par le maire et ses colistiers, qu’il a été suspendu et se trouve sous la menace d’un licenciement même s’il a retiré son tweet et s’en est excusé.
Deuxio s’il s’avérait que l’homosexualité de Monsieur Maurice avait été effectivement mise en avant par des militants faisant campagne pour le maire actuel dans l’espoir de le discréditer, ce sont des incidents ponctuels et un argument stupide qu’il est très malhonnête de généraliser. Quoi qu’il en soit, on ne voit pas en quoi cela aurait pu jouer un rôle dans la défaite de Monsieur Maurice. Son homosexualité est connue, assumée, il en a parlé lui-même en se présentant. C’est loin d’être un scoop.
Tertio penser que ceci puisse avoir une quelconque influence sur la majorité des électeurs toulousains, c’est leur faire vraiment insulte . Comme la plupart des Français aujourd’hui, plus encore sur cette terre historique de tolérance et de respect mutuel qu’est l’Occitanie, franchement, les préférences sexuelles des uns et des autres, la majorité des électeurs s’en moque totalement. Et s’il y a quelques catégories dans lesquelles l’homophobie peut encore être présentée ou ressentie négativement, c’est essentiellement dans des milieux religieux traditionnalistes radicaux, qui n’auraient jamais voté pour la liste verte et rouge, à l’exception de la mouvance islamiste, puisque le parti communautariste UDMF a appelé à faire barrage à Jean-Luc Moudenc. On voit donc mal aujourd’hui l’intérêt d’un tel argument de campagne qui n’intéresse pas grand monde et ne peut avoir une quelconque influence dans une ville civilisée.
Quatro, il est difficile de qualifier la liste de Jean-Luc Moudenc d’homophobe en raison de la présence sur sa liste de colistiers qui, dans le cas contraire, n’y figureraient pas. Mais nous n’allons pas ici commencer à compter le nombre d’homosexuels, ou de blancs, de noirs, de musulmans, de juifs, ou de jeunes, de vieux, ou que sais-je encore pour voir quelle est celle des deux listes qui, en termes de diversité, a la plus grosse collection de « spécimens » à présenter, du genre « totems d’immunité », preuves de « bien-pensance » et « d’inclusivité » pour éviter d’être accusé de ceci- ou de cela-phobie? Ce serait entrer dans le jeu nuisible de tous les spécistes et autres racialistes qui empoisonnent la vie politique et sociale d’aujourd’hui.
Quinto, tordons le cou définitivement au reproche éculé du soutien passé de JL.Moudenc à la Manif pour tous (argument spécieux lui aussi ressorti malhonnêtement à la faveur de cette campagne, brandi très souvent par les soutiens d’Antoine Maurice pour faire passer – à leurs yeux- le maire actuel pour un réac caricatural voire un homophobe). Il y aurait déjà beaucoup à dire sur la vision caricaturale que la gauche et les médias ont véhiculée à dessein de ce qui fut, aussi, une occasion pour la droite de se retrouver, mais ce n’est pas l’objet ici. Jean-Luc Moudenc a mainte fois expliqué ultérieurement que son opposition tenait avant tout à la méthode employée et non au contenu de la réforme lui-même. Et quand bien même se serait-il opposé sur le fond ? Où serait le problème ? On peut souligner le caractère obsessionnel et réducteur comme l’indigence pitoyable d’un « argument » qui, sans relâche, va reprocher à un individu sa participation à un mouvement polymorphe (irréductible donc à l’interprétation unique qu’en fait une certaine gauche) qui a eu lieu … plus de 7 ans auparavant, ainsi que la conception étroite que ces pseudo-démocrates font de la liberté d’expression et de conscience, qui n’est reconnue que lorsqu’elle est conforme à leur doxa. Ainsi, rappeler en permanence, pendant la campagne, le soutien du maire actuel à la Manif pour tous en 2013 sans évoquer aussi, au cours des six ans de mandat, son rapprochement et sa réconciliation avec les associations LGBT et les engagements de sa municipalité contre les discriminations sexuelles, c’est sans nul doute au moins là que les Toulousains peuvent ramasser un argument de campagne dans le fameux « caniveau » .
Quatrième grief enfin, certains laissent entendre que la municipalité aurait récupéré un grand nombre de procurations , notamment dans les maisons de retraite (sous-entendu sournois, comprendre : en faisant voter des personnes âgées qui ne savent pas ce qu’elles font). Quel prodigieux mépris pour ces électeurs-là ! Une personne, même âgé qui confie son vote, sait ce qu’elle fait. Et remplir son devoir citoyen, pour les anciennes générations, c’était et cela reste sacré. Que cette personne ait été demandeuse ou qu’on soit allé lui proposer d’accomplir son devoir civique à sa place, cela n’a rien d’illégal ni de scandaleux, surtout dans le contexte Covid-19, et cela s’est fait, ici comme ailleurs, dans tous les camps, pour toutes les listes , chacun essayant de convaincre au maximum les indécis ou de permettre aux personnes empêchées de voter quand même. A contrario beaucoup racontent avoir vu venir voter dans les bureaux des électeurs au look, comportement et propos ne laissant guère de doute sur le candidat qu’ils allaient soutenir, beaucoup de jeunes, en trottinette ou en vélo, du genre que l’on ne voit quasiment jamais dans ces bureaux de vote que les assesseurs ou scrutateurs connaissent bien et observent depuis des années ! Utiliser ce genre d’argument avec tous les sous-entendus qu’il véhicule ne vole pas bien haut non plus, disons que cela reste, pour reprendre une image à la mode, au niveau de certains équipements qui permettent à l’eau de s’écouler dans les rues !
Ainsi, « la campagne de caniveau » étant devenue un élément de langage récurrent, un élément de dénigrement du maire actuel, il semblerait utile d’y répondre systématiquement point par point, en enfermant celui qui a balancé cet argument de manière quasi pavlovienne dans l’impossibilité de démontrer quoi que ce soit. Ou bien de lui renvoyer le compliment en mettant en évidence les mensonges, les procédés, mais également le racolage de certains soutiens de la liste Maurice, les propos et engagements de certains colistiers qui ne font pas honneur à Archipel et qui ont contribué, seuls ou effectivement rappelés par l’équipe adverse, à la discréditer aux yeux de certains électeurs qui étaient initialement peut-être prêts à voter pour un programme qu’ils croyaient purement écologique et de renouveau.
Il ne faut pas laisser passer la calomnie, la combattre pied à pied, au risque, sinon, de l’entendre bien souvent et de la retrouver dans six ans. Selon la formule de Goebbels, ministre de la propagande nazie, « un mensonge répété 10 fois reste un mensonge ; répété 10 000 fois il devient une vérité ». Et l’on sait à quel point les nouveaux fascistes d’aujourd’hui ont largement retenu cette leçon, l’opinion publique finissant par être convaincue de ce qu’elle entend répéter à l’envi. Il est vrai que la plupart de ces reproches sont tellement ridicules que l’on comprend qu’il soit tentant de laisser courir la calomnie, mais l’on sait ce que cela a coûté, par exemple, à un certain Alain Juppé lors de la campagne présidentielle de ne pas rebondir sur le stupide « Ali Juppé », autre slogan sans grand fondement qui, pour beaucoup, jamais démenti, a été pris comme une réalité occasionnant un vote de défiance. Il ne faudrait jamais laisser perdurer ce genre d’accusation gratuite qui ne relève que de la déception de mauvais perdants mais qui devient vite, le recul du temps aidant et la mémoire se faisant défaillante, un postulat non négociable.
Natacha GRAY


Les trois piliers du vote à droite — immigration, insécurité, identité — forment désormais un socle commun
Ce que les états-majors n’osent pas faire, les électeurs le feront



EXCLUSIF- Après les révélations du Figaro sur l’existence de dizaines de millions d’euros de subventions attribuées à des organismes proches de l’islam radical, le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad tape du poing sur la table, et appelle à renforcer la lutte contre les discours de haine.
Paris fera-t-il plier Bruxelles? Selon les informations exclusives du Figaro , la France va dénoncer très prochainement auprès de la Commission européenne les multiples financements que l’UE a attribués à des organismes promouvant l’islam radical, l’antisémitisme ou le séparatisme.
Dans une note consultée par Le Figaro , qui sera portée par le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, Paris appelle «l’Union européenne à redoubler ses efforts» dans la lutte contre l’antisémitisme et contre les discours de haine, et à «défendre les valeurs européennes (...) en évitant tout financement à des entités et personnes hostiles aux valeurs européennes». Ces « défaillances (...) sont de nature à nuire gravement à l’adhésion de nos concitoyens au projet européen» , peut-on aussi lire.
«Scandales réguliers»
D’après une source proche du dossier, cela fait suite à des «scandales réguliers» qui ont été révélés par Le Figaro il y a quelques semaines, et qui «démontrent un défaut de vigilance de la Commission et une capacité des organisations islamistes à se jouer de sa naïveté».
Rappelons en quelques lignes le fonctionnement des subventions européennes. En théorie, toutes organisations cherchant à en profiter doivent porter des actions «respectant les valeurs de l’UE» , à savoir la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit ou les droits de l’homme. Une fois les subventions approuvées en commissions - et il en existe pléthore -, elles sont référencées dans le système de transparence financière (STF), un site internet public dont le contenu est actualisé tous les 30 juin, et accordées dans le cadre de «programmes» et par des agences européennes spécifiques.
À titre d’exemple, l’UE a engagé en septembre 2024 une contribution de près de 2,5 millions d’euros pour le projet «LIFE Vinoshield» , qui cherche à protéger les vignes européennes contre les effets du dérèglement climatique. Un autre projet plus controversé, celui du « Coran européen » , qui souhaite prouver que «le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses européennes médiévales et modernes» , a lui reçu 9,8 millions d’euros de subventions du Conseil européen de la recherche depuis son lancement en 2019. Des dizaines de milliers de projets aux ambitions aussi diverses que variées sont référencées ainsi sur le STF.
Une université qui appelait à l’«intifada mondiale»
Avec cette note, le gouvernement entend surtout dénoncer les organisations proches de l’islam radical ayant profité de l’argent européen. L’association FEMYSO, pour «Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants» , qui représente une trentaine d’associations de jeunesse dans 22 pays européens, est notamment en ligne de mire. Elle a reçu plus de 210.000 euros de l’UE. Pourtant, l’association a toujours été réputée comme étant proche des Frères musulmans.
Après avoir critiqué plusieurs lois françaises, notamment celle interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école, FEMYSO, par la voix de sa présidente Hande Taner, avait critiqué la France dans une vidéo en novembre 2021, dans laquelle elle clamait que «la plus grosse exportation de la France est le racisme». Des propos tenus après le retrait d’une campagne de communication que l’association avait réalisé pour le Conseil de l’Europe, qui mettait en avant des affiches pro-voile, sur lesquelles on pouvait lire: «La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hidjab» ou «Apportez de la joie, acceptez le hidjab».
L’ONG internationale Islamic Relief Worldwide a, elle, reçu pas moins de 18.834.433 euros de l’Europe entre 2014 et 2020. Cette association qui se présente comme caritative a pourtant été classée comme «terroriste» par Israël, la soupçonnant de financer le Hamas. L’un de ses responsables avait aussi qualifié en 2020 les juifs de «petits enfants de singes et de porcs». Son successeur avait lui caractérisé le Hamas comme étant le «plus pur mouvement de résistance de l’histoire moderne».
Les subventions versées à l’université islamique de Gaziantep sont également dans le collimateur de Paris. Cet établissement, situé en Turquie et qui a intégré le programme Erasmus+ en 2022, a profité d’un programme de subventions de 250.000 euros. Ses recteurs successifs avaient pourtant légitimé les mariages incestueux entre oncles et nièces, affirmé que les athées «adorent le diable» , que l’homosexualité est un «trouble psychologique» et appelé à une «intifada mondiale».
Près de deux millions d’euros ont aussi été versés à l’université islamique de Gaza, «établissement qui a accueilli des cadres du Hamas tels qu’ Ismail Haniyeh et Mohammed Deif » , expliquait au Figaro la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet ( L’argent du terrorisme , éditions Le Cherche Midi, 2025).
«Lignes directrices»
Pour endiguer cette dilapidation d’argent public, la note portée par Benjamin Haddad soumet plusieurs propositions, comme la mise en place d’une «procédure de filtrage» et de «lignes directrices», pour que les agences européennes approuvant les subventions puissent être guidées face à des «concepts parfois abstraits, comme l’“hostilité aux valeurs européennes”», indique au Figaro notre source proche du dossier.
Elle appelle aussi à vérifier l’identité et les antécédents des personnes associées aux entités faisant la demande de financements. Actuellement, seuls les antécédents de l’entité elle-même sont scrutés - ce qui avait d’ailleurs été dénoncé en avril dernier par la Cour des comptes européenne dans un rapport au vitriol, portant sur l’opacité des subventions distribuées par l’UE. On pouvait y lire qu’ «aucune vérification n’est réalisée (par les gestionnaires) sur la dépendance financière ou les sources de financement (des entités subventionnées), alors que cela aurait permis d’obtenir des informations utiles sur les personnes qui se trouvent derrière (elles)».
La lutte contre l’antisémitisme comme priorité
Enfin, cette note prône une meilleure lutte contre l’antisémitisme, alors que les discours antijuifs ont explosé dans toute l’Europe depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza qui a suivi.
Pour ce faire, Paris compte proposer d’étendre le champ des «eurocrimes» - ces méfaits considérés comme graves dans toute l’Union (terrorisme, mariage forcé...) - aux discours et crimes de haine.
La France appelle également la Commission à «utiliser tous les outils à sa disposition pour réguler les très grandes plateformes en ligne, en particulier grâce au règlement européen sur les services numériques (DSA)» , et à enseigner la mémoire de la Shoah dans tous les établissements scolaires en Europe.
La Commission européenne cernée de toutes parts
Cette note dite «libre» sera présentée dans un premier temps ce lundi à la ministre fédérale autrichienne des Affaires européennes, Claudia Plakolm, lors d’une réunion à Paris à laquelle le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et Benjamin Haddad doivent participer. Elle sera ensuite présentée formellement au Conseil des affaires générales (CAG), où les ministres des affaires européennes de l’ensemble des 27 ainsi qu’un représentant de la Commission européenne se réunissent une fois par mois.
Le sujet des subventions de l’UE se veut de plus en plus prégnant au sein des partis politiques. Toujours selon nos informations, à la suite des révélations du Figaro , la délégation du Rassemblement national au Parlement européen, menée par Jean-Paul Garraud, a adressé le 24 avril dernier une lettre à Ursula von der Leyen. Le courrier, cosigné par l’ensemble de la délégation dont Jordan Bardella, demandait à la présidente de la Commission européenne «de mettre fin définitivement à la subvention de toute association, ONG, université et autre structure liée de près ou de loin à l’islamisme. Il est temps que l’Union européenne mette fin à sa naïveté», pouvait-on lire. Pour l’heure, ce courrier est resté lettre morte. À voir si la note du gouvernement connaît le même sort.




