Le mur et les enfants ou le bal des faux-culs

Natacha Gray • 23 juin 2018

Du poids des idéologies, des appartenances partisanes, de l’information et de l’indignation sélectives

Les médias français, et bien au-delà, comme ceux de la bien-pensance étatsunienne, poussent aujourd’hui des cris d’orfraie devant des faits (enfants d’immigrants illégaux séparés de leurs parents) et des discours (affirmations provocatrices de Trump se disant décidé à appliquer la loi américaine tant qu’elle n’aura pas été légalement modifiée). Il en est de même du fameux mur séparant États-Unis et Mexique que l’on dit à tort « mur de Trump ». Si l’émotion est légitime, les mémoires sont bien courtes et il y a, dans la criminalisation des faits, comme toujours, deux poids deux mesures. Ce qui est acceptable (ou passé sous silence) à gauche (ou chez les démocrates aux Etats-Unis) devient criminalisable et « facho » à droite (ou chez les républicains).

Rappelons d’abord les faits.

1. Le mur tout d’abord .

L’opinion s’est d’abord focalisée sur la promesse de campagne du président américain de finir ce fameux mur, puis sur le décret du 25 janvier 2017 visant à démarrer les travaux. L’Europe sans frontières, échaudée par le mur de Berlin de sinistre mémoire, réagit naturellement par l’émotion et par analogie sans tenir compte des différences de contexte, à tout projet de construction d’une nouvelle matérialisation de frontière entre deux pays. Mais les mémoires sont bien sélectives. On entend ainsi parler (incompétence ou désinformation volontaire ?) de « construction » là où il ne s’agit donc que de prolongement et d’élargissement

Les objectifs sont clairs : la frontière américano-mexicaine, de l’Océan Atlantique au Pacifique, marquée sur une partie de son parcours par le fleuve Rio Grande (Rio Bravo del Norte) est longue d’environ 3200 km. Elle est la frontière la plus franchie au monde compte tenu de l’écart de développement économique entre Amérique du Nord d’un côté, et Mexique, Amériques centrale et du Sud de l’autre. Pour les États-Unis, un objectif déjà ancien a donc été de lutter conjointement contre les migrations économiques clandestines mais également d’empêcher commerce et passage des narcotrafiquants sur le territoire américain. En outre, ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, où patrouille l’armée mexicaine, n’incite guère les Américains à ouvrir grand leur territoire aux migrants illégaux venant du Sud : la violence de la région est endémique et Ciudad Juarez en est l’exemple le plus révélateur. Ville la plus dangereuse au monde, elle présente l’effrayant bilan de 130 meurtres pour 100 000 habitants annuellement, liés entre autres à des règlements de comptes entre les commandos des Cartels mais aussi à un féminicide gratuit, par simple sexisme (plus de 2000 femmes assassinées entre 2000 et 2009), que dénoncent depuis longtemps les organisations humanitaires et les féministes d’Amérique du Nord.

L’historique du mur rappelle que tout cela ne n’est donc pas né avec le président Trump. La sécurisation de cette frontière a été une préoccupation constante de toutes les administrations successives depuis la fin des années 1970, qu’elles soient démocrates ou républicaines. Sous les présidences Carter, Reagan et G.H. Bush, cela s’est traduit par l’augmentation spectaculaire des financements pour le recrutement d’une force paramilitaire (la Patrouille frontalière), le déploiement de capteurs enterrés, d’hélicoptères, de spots lumineux et la construction d’une première barrière basse (notamment en zone urbaine) d’abord en chaîne puis en tôles. Sous les deux mandats de Bill Clinton ce furent des « opérations blocus » par le déploiement de gardes puis la mise en place de barrières un peu plus élaborées et solides que les premières.

Avec G.W.Bush et Obama, la « virtualisation » s’est ajoutée à la construction de barrières physiques : il s’agissait d’utiliser différentes technologies de surveillance (caméras high tech notamment, drones…) pour faciliter les interventions des gardes frontaliers. Parallèlement s’est poursuivie, modernisée et accélérée la construction d’« infrastructures tactiques » (nouvelles barrières et routes de patrouille), dont le fameux « mur » qui n’est donc pas « de Trump ». Par conséquent ce mur n’est qu’un élément, qui matérialise physiquement la frontière, parmi tout un dispositif de sécurisation et de militarisation de celle-ci.

Ce mur (18m de haut, miradors…) longeant le Rio Grande a ainsi été décidé et commencé par Bush en 2006 ( Secure Fence Act ), il s’agissait de prolonger le contrôle de la frontière, déjà effectif en zone urbaine, vers les espaces ruraux. En 2006, le Congrès Américain avait adopté le projet par 283 voix pour contre 138 contre (219 républicains et 64 démocrates avaient voté oui.) ainsi que le Sénat quelques jours plus tard (80 voix contre 19 parmi lesquelles 23 démocrates, dont Obama, contre 19 l’avait eux aussi approuvé).

Car le sénateur de l’Illinois, Barack Obama, avait bien voté pour le Secure Fence Act de 2006 et défendu la construction d’un mur matérialisant la frontière entre États-Unis et Mexique. Pour ce qui est de l’opinion publique, la décision fut rapidement plébiscitée (les migrations clandestines ayant rapidement diminué de 25%) : à l’époque du Secure Fence Act, 53% des Américains se disaient contre ce projet. En 2010, sous la présidence Obama, 68% s’y déclaraient favorables et 21% contre (ce qui a sans doute contribué à faire « oublier » sa promesse de campagne au président élu en 2009). Il en est de même de certains Etats qui aujourd’hui crient au scandale : en Californie la Garde nationale dès 2000 a déployé un important contingent pour soutenir l’action des garde-frontières fédéraux.

En effet, bien qu’ayant soutenu et voté pour la construction du mur en 2006, le candidat Obama lors de sa première campagne avait promis, pour satisfaire une partie de son électorat, de revenir sur le Secure Fence Act. Une fois au pouvoir il n’en a plus jamais reparlé et a laissé la construction se prolonger, restant sourd à toutes les voix qui s’élevaient pour lui rappeler sa promesse. Comme souvent, lors de l’accession aux responsabilités, ceux qui surfent sur les bons sentiments et sur l’émotion sont brutalement rappelés à la réalité des faits ! Ainsi les travaux de construction du mur, commencés sous l’administration Bush (455 km) et se sont prolongés sous l’administration Obama . À l’origine le mur devait être terminé en 18 mois, soit en 2008, mais le financement prévu a été multiplié par presque quatre, aboutissant au ralentissement puis à l’arrêt des travaux.

À l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, 1/3 de la frontière, soit 1300 km, étaient déjà matérialisés par cette nouvelle barrière. Pour lui, il ne s’agit donc pas de construire un nouveau mur, comme cela est ânonné régulièrement sur les médias français, mais de prolonger et d’élargir celui qui existe déjà. Mais Donald Trump se heurte, comme ses prédécesseurs, aux lourdes réalités financières. Le Mexique refusant de co-financer la construction, il est prévu de taxer de 20% les produits mexicains pour payer le prolongement de l’ouvrage. Mais Trump compte bien obtenir d’autres financements, d’où la poursuite de l’immigration clandestine au pénal et sa conséquence, la séparation entre adultes et enfants qui émeut aujourd’hui dans le monde entier.

Précisons enfin que le mur n’empêche pas les migrations légales et même illégales. Aujourd’hui on recense 3 millions de mouvements par an concernant les seules migrations (sans compter les 80 millions de touristes) et plus d’un million de passages autorisés quotidiens entre les deux pays pour des raisons, diverses (en grande partie touristiques et de travail) dont 200 000 personnes par jour à Tijuana, un record mondial ! Alors que seuls 5000 visas sont accordés aux travailleurs passant par cette frontière, ils sont 500 000 (dont 75% de Mexicains) estimés sur le marché du travail américain. L’immigration illégale reste donc élevée à la frontière avec le Mexique : de mars à mai 2018, plus de 50.000 personnes ont été appréhendées chaque mois. Environ 15% de ces clandestins arrivent en famille et 8% sont des mineurs non-accompagnés. On en arrive donc à l’affaire qui excite les médias et les consciences, jusqu’aux prises de position de l’ONU et de Mélania Trump.


2. La séparation entre parents et enfants pour les migrations clandestines

Les faits :

Le gouvernement Trump a annoncé récemment une politique de « tolérance zéro » en matière d’immigration et révélé que 1995 enfants avaient été séparés de leurs parents en 6 semaines, entre mi-avril et fin mai, soit presque autant que depuis son élection en octobre 2016. L’objectif, en médiatisant cette mesure et l’image des enfants parfois en pleurs et parqués derrière des grilles, est évidemment de faire réagir : d’un côté c’est évidemment un avertissement destiné à décourager les immigrants potentiels, de l’autre une façon de faire pression sur le Mexique qui refuse toujours de financer le mur tout en condamnant officiellement les filières d’immigration illégale, et enfin une volonté de mettre les démocrates et les républicains récalcitrants face à leur conscience pour obtenir du Congrès les milliards qui manquent au prolongement du mur.

Que dit la loi américaine ?

" Nous ne voulons pas séparer les familles, mais nous ne voulons pas que des familles viennent illégalement à la frontière […]. Si vous faites passer un enfant, nous vous poursuivrons. Et cet enfant sera séparé de vous, comme requis par la loi " a déclaré le Président américain. Car cette loi (Immigration and Nationality Act), datée de 1952, révisée en 1965 et durcie après le 11 septembre 2001, précise que, lorsque des adultes sont détenus dans le système pénitentiaire pour des délits pénaux, leurs enfants ne peuvent pas les suivre en prison : ils sont donc confiés à l'Office de relocalisation des réfugiés (ORR), qui dépend du ministère de la Santé et des services sociaux.

Qu’ont fait les démocrates ?

Ils ont évidemment appliqué cette loi chaque fois qu’un immigrant clandestin était poursuivi au pénal, arrêté et conduit en prison. D’ailleurs on peut entendre ici clairement Hillary Clinton, secrétaire d’Etat et le Président Obama rappeler cette loi et menacer les immigrants clandestins de ce qui les attend potentiellement. Mais le changement est que l’administration Trump inculpe plus facilement et plus souvent que ses prédécesseurs qui privilégiaient les poursuites au civil à l’encontre des clandestins passibles d’expulsion. Les familles étaient alors plus fréquemment détenues dans des centres de rétention administrative, ou leur cas traité par des voies alternatives, en attendant l’examen de leur demande d’asile.

Que fait l’administration Trump de plus ?

La « tolérance zéro » signifie que toutes les personnes interpellées en situation irrégulière sur le territoire américain n e sont plus poursuivies pour une infraction civile mais pénalement , donc appréhendées à leur entrée sur le territoire américain, incarcérées dans des prisons fédérales et leurs enfants (sauf les nourrissons) envoyés dans des centres de rétention séparés comme le veut la loi américaine. La criminalisation de l’immigration clandestine va de pair avec l’affirmation par le président américain que la hausse de la criminalité en Europe et les heurts interculturels assez violents sont la conséquence des migrations massives que celle-ci connaît principalement depuis 2015.

Quelques remarques en guise de conclusion

Il y a vraiment deux poids deux mesures dans la façon de présenter les informations. Si la construction de ce mur est une abomination ou si elle est légitime, elle l’était aussi du temps de ceux qui ont décidé de sa mise en place et ont autorisé l’édification des premiers 1300 km. Mais il semble qu’il y ait des discours ou décisions qui, sous la gauche en Europe ou les démocrates aux Etats-Unis soient parfaitement acceptables mais qui deviennent criminels, voire «fachos» dès lors que ce sont la droite ou les républicains qui sont concernés.

Si l’on considère que les Américains peuvent avoir des inquiétudes légitimes pour différentes raisons face aux migrations massives, cela vaut évidemment autant pour les périodes Clinton, Bush, Obama ou Trump. Rappelons que ces inquiétudes ont pu concerner l’emploi en période de chômage, aujourd’hui largement jugulé, et la volonté manifestée par les électeurs américains que toutes les ressources nationales soient désormais destinées prioritairement aux nationaux. Puis il y eut le renforcement de l’enjeu sécuritaire après le 11 septembre 2001, que cela concerne le terrorisme, la criminalité ordinaire ou les ravages de la drogue importée par les cartels et narco-trafiquants sud-américains.

Enfin, comme en Europe, se posent des questions identitaires : déjà en 2004 le professeur de Harvard Samuel Huntington s’interrogeait sur l’hispanic challenge . Représentant jusqu’à 60% des électeurs dans des portions de territoires, en particulier au Sud, les Hispaniques sont devenus la première minorité aux Etats-Unis, devant la minorité noire. De manière plus générale, les WASP (white anglo saxon protestants), les Blancs, seront minoritaires en 2042 , si les tendances se poursuivent, à la fois en raison de la poursuite de l’immigration mexicaine et d’une croissance naturelle plus soutenue. Huntington, s’appuyant sur le développement de la langue espagnole remplaçant de plus en plus l’anglais dans certains Etats, sur des revendications identitaires menant à l’éclatement communautariste et sur certaines enclaves, en particulier dans les Etats du Sud, regroupant des populations hispaniques vivant entre soi et refusant d’intégrer les codes de la civilisation américaine, craignait la partition prochaine du territoire américain en deux langues, deux civilisations alors que d’autres théoriciens, s’appuyant sur des revendications explicites d’activistes anti-américains et racistes, parlaient carrément d’invasion, de remplacement, de « revanche ». L’image du salad bowl (le bol de salade où les ingrédients sont juxtaposés) a remplacé dans les études sociologiques le légendaire melting pot , le creuset où toutes les influences se fondaient autrefois pour forger l’homme ou la femme américains.

Ceci dit, depuis la publication de cette étude qui a profondément marqué (et traumatisé) l’opinion américaine, on s’est aperçu (et Huntington lui-même l’a reconnu, revenant peu avant son décès en 2008 sur une partie de ses craintes) que tout n’était pas aussi simple, la fécondité d’immigrants hispaniques s’alignant progressivement sur celle des Américains plus longuement installés, la langue anglaise s’imposant chez les élites mexicaines intégrées. Le vote des « latinos» et des autres minorités qui, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ne fut pas défavorable à Trump malgré son discours anti-immigrationniste, est la preuve que, d’une certaine manière et dans une certaine mesure, l’intégration façon « melting pot » poursuit son cours et que de nombreux immigrés, une fois installés, craignent comme d’autres Américains, les vagues migratoires à venir et de voir leurs conditions de vie se dégrader. Par contre, les craintes exprimées au début du XXIe siècle d’une société éclatée par le communautarisme des minorités issues de l’immigration semble aujourd’hui largement vérifiées par l’essor de mouvements identitaires et des discours revanchards, racialistes, essentialistes et souvent racistes (anti-blancs) nord-américains, plus récemment importés en Europe (Racisé.e.s, Indigènes de la République …). La situation est donc complexe et irréductible à des slogans politiques, qu’ils soient immigrationnistes, nationalistes ou carrément xénophobes.

Le parallèle avec les inquiétudes qui montent en Europe jusqu’à bouleverser le jeu électoral et l’équilibre des forces dans de nombreux pays, est évident. Que les partisans de frontières ouvertes et d’une immigration massive, qu’elle soit économique ou humanitaire, condamnent fermement la politique étatsunienne est parfaitement cohérent et normal. Il est juste étrange qu’ils fassent semblant de penser que tout a commencé avec Trump, même s’il est vrai que le remuant président américain clame bien haut ce que ses prédécesseurs faisaient plus honteusement sans s’en vanter. Mais enfin, le mur de Bush fut longtemps un classique des sujets du bac en terminale et à l’Université, personne ou presque ne peut prétendre qu’il ignorait qui en avait décidé la construction et qui l’avait poursuivie ! Mais en revanche il est curieux de voir certains faiseurs d’opinion, journalistes ou politiques, et de nombreux internautes, alors qu’ils reconnaissent souhaiter instamment le retour de la fermeté sur les frontières de l’Europe et que l’on puisse à nouveau distinguer les véritables demandes d’asile de la migration économique, voire de motivations nettement plus floues, s’interroger sur la légitimité des inquiétudes américaines et s’indigner de la volonté affichée de son administration de mieux contrôler les frontières de l’Etat fédéral.

Certes l’application de la loi est cruelle. La question est de savoir et de décider, une bonne fois pour toutes, si l’on peut ainsi jouer sur l’émotion (même si les enfants ne sont pas maltraités, la séparation d’avec les parents est cruelle et peut laisser des traces ultérieurement) pour faire pression et se faire entendre. Car, en retour, on joue également sur l’émotion, que ce soit pour trouver le prétexte à des ingérences extérieures dans des pays souverains ou pour faire entrer des populations illégalement sur le territoire européen. Les ONG dans leur collaboration objective avec les passeurs généralement islamistes en usent en permanence. Si cette « démocratie de l’émotion » est effectivement abjecte, il faut reconnaître qu’elle l’est dans tous les sens quand il s’agit de manipuler les opinions au détriment du droit, des faits et de la volonté ou de l’intérêt des peuples concernés.

Les Etats qui dénoncent aujourd’hui cette forme de chantage au sentiment de l’administration Trump ne sont pourtant pas les derniers à s’en servir. L’Aquarius, en quelque sorte pris en otage et bloqué une semaine durant sur la Méditerranée, dans le refus explicite des uns et le silence assourdissant des autres, est l’équivalent de l’isolement des enfants sur la frontière entre Mexique et Etats-Unis : c’est un moyen de se faire enfin entendre pour les Etats qui souhaitent une prise de conscience et un changement de la politique migratoire européenne. Certains envisagent même désormais la solution la plus logique, qui serait de ramener les navires de clandestins vers les ports les plus proches, en Tunisie ou en Libye, ce qui serait une bien cruelle fin de traversée pour ces candidats à l’immigration dont on apprend que chacun a payé 3000 euros aux passeurs (manne financière continue qui va alimenter le djihad et le trafic d’armes) ! Mais ce serait assurément une solution radicale pour mettre un terme au petit jeu entre filières crapuleuses de passeurs et ONG patrouillant en permanence aux larges de leurs eaux territoriales, créant cet appel d’air continu et rendant de facto caduc l’accord avec les autorités libyennes visant à examiner sur place les demandes d’immigration. Mettre un terme au trafic éviterait à ces populations en détresse politique ou économique un déplacement coûteux, risqué, parfois vain quand il se solde par un retour après rejet de la demande d’asile, ou des conditions de vie indignes et très loin de leurs attentes lorsqu’ils arrivent et restent sur des territoires qui n’ont plus les moyens de les accueillir, donc de les intégrer. Avec les conséquences que l’on connaît … Faudra-t-il en arriver comme Trump au chantage à la cruauté pour que l’on pose enfin collectivement, sans anathème ni procès d’intention, les problèmes liés à l’immigration sur la table, dans l’intérêt de tous, et des pays d’accueil, et des immigrants en transit, et des pays de départ pour lesquels la bien-pensance ne se pose jamais la question des effets de la privation, pour ces Etats, de milliers d’hommes, plus rarement de femmes, jeunes et dynamiques. Ils sont pourtant l’avenir du continent africain, et constitueraient déjà une force vive pour les armées africaines que doivent suppléer des militaires français qui, parfois, tombent sur le sol étranger. Les sociologues, économistes et démographes ont pourtant, depuis longtemps alerté sur les effets à moyen et long terme de cette “géographie de l’absence”!

Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? Il est en tous cas étrange de lire ou d’entendre ainsi condamner par certains ce qui se fait aux Etats-Unis tout en manifestant les mêmes inquiétudes et la même volonté de renforcement de contrôle ici, pour de simples raisons d’appartenance idéologique ou par répulsion pavlovienne pour celui que les médias ont choisi de diaboliser. Cela ne dit pas qu’il ait raison ou tort, la réalité hélas n’est pas manichéenne mais d’une complexité rare, puisque se mêlent dans ces questions-là les lois des Etats et les droits de l’homme, les émotions brutes et les faits constatés, les intentions et les arrière-pensées, les risques et les avantages, les responsabilités des uns et des autres, d’hier, d’aujourd’hui et de demain …. S’il y avait une solution évidente en matière de migrations, elle aurait été appliquée depuis longtemps.

Mais si l’on continue de se positionner non pas en fonction des faits et des discours, avec lesquels on est d’accord ou pas, mais en fonction de qui les tient et de ce que les médias nous autorisent à penser, et cela vaut pour la question migratoire comme pour toutes les autres priorités , nous serons condamnés à subir éternellement ce que d’autres auront décidé à notre place. Il y a des moments dans l’histoire des nations où, lorsque l’on a sérié les priorités et l’urgence, l’union est nécessaire au-delà des divergences, car elle seule fait la force. Se positionner en fonction de chapelles, de sympathies ou d’antipathies, de concurrences entre mouvements ou entre leaders d’opinion, est le meilleur moyen d’offrir la victoire à nos adversaires, voire à nos ennemis.

par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».
par Vincent Trémolet de Villers 30 septembre 2025
Une tribune de Vincent Trémolet de Villers dans FigaroVox https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-vincent-tremolet-de-villers-sur-les-ruines-de-la-democratie-20250926 L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Il faudrait Juvénal pour décrire cet effondrement. Entre parade du président à New York et conciliabules à Matignon, l’exécutif mime un pouvoir qui lui échappe. Sur à peu près tous les sujets, comme nos ministres, il est démissionnaire. L’Assemblée nationale, nouvelle nef des fous, fait tourner les députés comme des hamsters, de censure d’humeur en budget de fortune. L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Motif de condamnation ? « Association de malfaiteurs » ! Apparemment c’est ainsi que certains magistrats envisagent les politiques, encore plus s’ils sont de droite, et par principe s’ils s’appellent Nicolas Sarkozy. Il faudrait Blaise Pascal pour peindre une telle confusion des ordres. Nos cours suprêmes font de la théologie morale ; après que le contribuable a payé la dîme, la gauche de droit divin prêche dans les médias publics ; un ancien garde des Sceaux fait sa grosse voix pour nous rappeler le grand dogme : une décision de justice, même incompréhensible, ne peut pas être critiquée. Celui qui cède à cette tentation met en péril la démocratie : qu’il soit anathème ! Parlons-en de la démocratie ! Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, dit la Constitution. Pour nos prédicateurs, le peuple n’est plus qu’un monstre hostile à tenir à distance. C’est lui pourtant qui ploie sous le poids de la dette, vit le supplice de l’enfer normatif, subit les effets dissolvants d’une politique d’immigration suicidaire, supporte, dans sa chair et celle de ses enfants, une délinquance de plus en plus barbare. Il faudrait Albert Camus pour rappeler que l’État de droit, trésor des démocraties libérales, n’est pas le paravent des pulsions despotiques de quelques-uns mais « l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux libertés particulières ». Il faudrait de la hauteur de vue, de la clairvoyance, du courage - de la démocratie -, sinon, à force d’osciller entre radicalisation et faiblesse, le régime finira par tomber sur lui-même.
par Arno Klarsfeld dans FigaroVox 20 septembre 2025
Une tribune de Arno Klarsfeld à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/arno-klarsfeld-l-hostilite-des-elites-europeennes-a-l-egard-d-israel-est-une-forme-d-aveuglement-20250915 TRIBUNE - Alors que les chefs de gouvernement européens sont de plus en plus nombreux à élever la voix contre la guerre menée par Israël, l’ancien avocat des Fils et filles des déportés juifs de France rappelle l’enjeu existentiel que représente le conflit au Moyen-Orient pour le petit État juif. Accuser l’État d’Israël de génocide aujourd’hui à Gaza est comparable à l’accusation faite aux Juifs d’empoisonner les puits au XIVe siècle. Beaucoup y croyaient alors et certains y croient aujourd’hui. Quand Emmanuel Macron renvoie aux historiens la responsabilité de déterminer si Israël commet un génocide et qu’il accuse Israël de se comporter de manière barbare, y croit-il ? S’il prend les chiffres du ministère de la Santé du Hamas comme véridiques, c’est-à-dire 60.000 morts dont sans doute près la moitié de combattants du Hamas sur une période de deux ans et sur une population de plus de 2 millions pour Gaza (ou près de 6 millions si l’on inclut la Judée-Samarie ou Cisjordanie), comment croire, alors, qu’Israël commettrait un génocide ? Lors des commémorations du Débarquement durant lequel les Alliés ont bombardé les villes normandes, causant en peu de temps plusieurs dizaines de milliers de morts parmi la population française, le président de la République a-t-il évoqué un génocide ? A-t-il parlé de génocide lors de son discours en 2024 devant la Frauenkirche à Dresde, auquel j’assistais avec mes parents, alors qu’en deux nuits en février 1945 les Alliés ont tué par leurs bombardements des dizaines de milliers de civils allemands ? Et pour Hambourg avec 50.000 morts en un mois de bombardement ? Et pour Tokyo, 100.000 morts en deux nuits ? Hiroshima et Nagasaki ? Contrairement aux Israéliens, les Alliés n’ont jamais cherché à prévenir la population allemande avant les bombardements. Et pourtant, dans le Bureau ovale, le chancelier allemand il y a trois mois remerciait les États-Unis d’avoir libéré l’Allemagne du nazisme. Les Israéliens se battent aujourd’hui pour que la Shoah, qui s’est déroulée avec des complicités dans tous les pays européens, ne se reproduise pas en Israël. Rendons hommage à la population française qui, nourrie de valeurs républicaines et de charité chrétienne, a protesté durant les grandes rafles de l’été 1942 et a permis ainsi aux trois quarts des Juifs de France de survivre. Mais excepté ces Justes, les élites ont été silencieuses ou complices. Et, aujourd’hui encore, au lieu de faire pression sur le Hamas pour libérer les otages et baisser les armes – ce qui arrêterait aussitôt la guerre –, c’est sur Israël que bien des gouvernements européens font pression. Cette hostilité des élites européennes est une forme d’aveuglement, ce sont les fondements de la civilisation occidentale qui sont sapés, l’Europe et Israël ayant le même ennemi inflexible : l’islam radical qui doit être vaincu. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Évidemment, comme le président de la République le dit, la sécurité d’Israël passe par la paix et une solution étatique pour le peuple palestinien. Il suffit de voir sur la carte ce petit bout de territoire qu’est Israël, plus réduit que la Bretagne, entouré de millions de kilomètres carrés du monde arabe avec des centaines de millions d’habitants (tout aussi intelligents que les Israéliens), avec des richesses incommensurables, et de se remémorer qu’il y a 14 millions de Juifs pour plus de 2 milliards de musulmans pour comprendre qu’Israël a intérêt à la paix. Israël est toujours David. Avec ces données, le président de la République comme de nombreux dirigeants européens pourraient également comprendre que c’est une grande partie de ce monde arabe qui ne veut pas la paix et qui est prête à sacrifier générations après générations pour obtenir ce qu’il désire avec passion : la destruction de l’État d’Israël comme État juif. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Et c’est avec ce souvenir en tête qu’une partie du Quai d’Orsay et des élites européennes considèrent Israël comme une parenthèse dans l’histoire et que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui « enquiquine tout le monde », selon les mots d’un ancien ambassadeur français. Après tout, en termes de fiction géostratégique, cela peut se comprendre. Mais, au moins, il ne faut pas reprocher à l’État qui est agressé de chercher à se défendre de manière bien moins cruelle que l’Occident lorsqu’il menait ses guerres d’expansion et même de défense. Tous les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours en France. Quant à la majorité de la population française, elle comprend que si les Juifs sont chassés de France comme ils ont déjà été chassés des banlieues des grandes villes, ce n’est pas en raison d’un antisémitisme chrétien ou de celui de l’extrême droite. Elle comprend qu’elle risque ensuite d’avoir elle aussi à se soumettre ou à s’en aller.
par Henri Guaino 17 septembre 2025
Magnifique tribune d'Henri Guaino à lire dans le JDD : https://www.lejdd.fr/politique/henri-guaino-le-naufrage-des-politiciens-et-lexigence-dun-chef-161718
par Une interview de Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste 16 septembre 2025
"Dans l’«Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes», le docteur en philosophie et essayiste a réuni 41 intellectuels, dont Chantal Delsol, Pierre Vermeren, Ferghane Azihari ou Christophe de Voogd pour déconstruire cette «novlangue»." Une interview de Sami Biasoni par Alexandre Devecchio dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sami-biasoni-le-neoprogressisme-nous-fait-entrer-dans-une-nouvelle-ere-langagiere-20250911 «Antifascisme », « antispécisme », « écriture inclusive », « matrimoine », vous consacrez, avec 41 contributeurs, une encyclopédie aux termes chargés d’idéologie qui inondent nos débats. La langue est-elle devenue un champ de bataille idéologique ? Depuis quand ? Cette bataille sémantico-politique est-elle menée par l’État, les médias, le monde universitaire ? Dans mon précédent essai (Malaise dans la langue française, 2022), également consacré à la question de la langue française, je rappelais que « la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. Les idéologies, de quelque nature qu’elles soient, sont éprouvées par et dans la langue, mère de toutes les causes politiques ». Les manipulations militantes de la langue que nous analysons dans l’ouvrage s’inscrivent quant à elles dans une histoire plus récente : celle du « politiquement correct », dont on peut dater l’origine au tournant des années 1970. Il s’agit d’un phénomène nouveau car il n’est pas imposé par un régime totalitaire, mais émane surtout de normes culturelles et d’usages institutionnels « démocratiques ». Son vecteur de diffusion a trait à un conformisme moral qui se répand à mesure que nos sociétés se fragmentent. Comme l’a montré George Orwell , n’est-ce pas le propre des régimes totalitaires de vouloir transformer la langue ? Sommes-nous face à une nouvelle novlangue ? Les révolutionnaires de 1789 ont promu le « salut public », terrible antiphrase qui masquait l’horreur des exécutions arbitraires pendant la Terreur ; les bolcheviks ont imposé l’usage d’antinomies simplificatrices et manichéennes (par exemple, camarades contre ennemis du peuple) ; le nazisme avait instauré un système langagier complet qualifié de « langue du IIIe Reich » par Klemperer. Nous avons affaire en Occident à une novlangue soft, ce qui la rend d’autant plus pernicieuse. Toutefois, il ne faut pas négliger les forces militantes à l’œuvre : les x-studies (études de genre, de race, de subalternités, etc.), nées sur les campus américains en même temps que s’est diffusée la pratique du politiquement correct dans les milieux dits progressistes outre-Atlantique, ont proactivement et méthodiquement promu ce que je nomme le « foisonnement (pseudo) conceptuel ». En outre, la pensée de la déconstruction est intrinsèquement narrativiste : elle valorise le récit, la subjectivité et l’hyperbole. C’est pourquoi le néoprogressisme et son avatar radicalisé woke nous ont fait entrer dans une nouvelle ère langagière, celle de la saturation de l’espace par ces euphémismes contemporains et autres manipulations sémantiques qui sont l’objet de notre ouvrage. Il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes… Paradoxalement, vous montrez aussi que le politiquement correct langagier, souvent porté par une certaine gauche, est loin de favoriser concrètement le progrès social. Les conquêtes langagières symboliques remplacent les réelles avancées sociales… Cette manipulation du langage est-elle le fruit de l’impuissance du politique et en particulier de la gauche progressiste ? La situation actuelle me paraît résulter de la conjonction de deux phénomènes : d’une part celui que l’on nomme usuellement « paradoxe de Tocqueville », en vertu duquel « quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent » ; autrement dit, à mesure que nous approchons de l’égalité de facto, toute inégalité résiduelle, même infime, nous semble insupportable. D’autre part, il est effectivement probable que l’affaissement du pouvoir politique au sein des démocraties libérales contribue à une survalorisation des causes « symboliques ». Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le confort moral de l’indignation de salon : il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes, au Moyen-Orient ou ailleurs. Mais je crois que le sens commun continuera de résister à la rééducation forcée de ceux qui refusent le débat serein, je crois que l’humanisme sincère l’emportera au détriment de l’intolérance de ceux qui préfèrent la forme du discours au discours lui-même. À terme, quelles peuvent être les conséquences en matière d’éducation ? Nos enfants ne sauront-ils plus définir des mots aussi usuels qu’un « homme » et une « femme » ? Posez la question aux militants les plus radicaux : ils ne le peuvent plus ! Certaines définitions qui leur sont imposées relèvent de tautologies dangereuses (une femme est une femme parce qu’elle se sent femme), qui contreviennent à la fois à ce qu’énonce la science (l’existence du fait biologique, sans que soit niée la possibilité de vécus de genre différents de la norme statistique) et à ce que révèle le bon sens. Dans une perspective plus large, il faut comprendre que la langue est tout aussi organique que mécanique : on peut tolérer son évolution – c’est même nécessaire – mais elle ne doit pas être forcée. La brusquer revient à troubler non seulement la pensée des individus, mais aussi leur capacité à constituer un corps social stable. Selon vous, le politiquement correct langagier est également à l’origine de la montée des « populismes », en particulier du trumpisme. Pourquoi ? Ce que vous appelez le « populisme » est-il une réaction démagogique ou simplement une réponse salutaire ? Il s’agit de l’une des causes majeures de la montée des « populismes » dans la mesure où ces derniers prennent essor sur le décalage entre le réel perçu et vécu par les citoyens et la manière dont on décrit le monde. Le trumpisme substitue aux ratiocinations du néoprogressisme une proposition antithétique radicale : celle d’un langage dépouillé, rudimentaire et pragmatique. Or, la simplification outrancière du langage est un autre procédé que les totalitarismes ont toujours encouragé. En matière d’usage de la langue, le pouvoir américain tombe, à mon sens, de Charybde en Scylla. La France, heureusement, résiste. C’est pour cela que nous avons écrit cette Encyclopédie des euphémismes contemporains. Quant au populisme, il est à la fois salut, parce qu’il en revient au sens commun et au souci du corps social dans sa globalité, et un péril, dans la mesure où l’on sait les tentations de contrôle politique démagogique qu’il engendre. Votre livre s’attaque principalement à la novlangue néoprogressiste. Existe-t-il aussi une novlangue de droite ? Par exemple, le mot « woke » est-il employé de manière trop systématique et parfois dans le seul but de discréditer une pensée de gauche ? J’ai relevé près de 300 termes que l’on pourrait qualifier de « manipulations militantes de la langue » : la plupart sont promues par les tenants du néoprogressisme. Il existe bien sûr des néologismes de droite, mais ils sont moins nombreux et fonctionnent différemment. Il s’agit généralement, pour la droite, de résister ou de contre-attaquer. C’est ainsi que des termes comme politiquement correct ou woke ont servi à dénoncer des doléances excessives émanant de la gauche. Parfois, les néologismes issus des rangs de la droite servent à qualifier avec emphase des fantasmes ou des phénomènes émergents indûment présentés comme massifs : les expressions « zone de non-droit », « État profond », « submersion migratoire » sont de cet ordre. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme « woke » se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes Le mot woke a une histoire intéressante : il prend racine dans les années 1930 aux États-Unis, sous la forme de l’injonction « stay woke » (littéralement « restez éveillés ») reprise par divers auteurs et artistes noirs victimes du régime de ségrégation raciale prévalant alors. Il reste néanmoins peu usité durant plusieurs décennies, jusqu’à sa reprise par le mouvement Black Lives Matter en 2012. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes pour progressivement prendre le sens plus large qu’on lui connaît aujourd’hui. Au gré du temps, comme dans le cas de la locution « politiquement correct », ce mot a servi à désigner les excès et dérives de la radicalité néoprogressiste, c’est pourquoi peu se réclament aujourd’hui ouvertement du wokisme. Il s’agit là d’une des rares victoires sémantiques dont peut se targuer la droite. Toutefois, il convient de constater que cela s’est produit au détriment de la rigueur, voire de l’honnêteté intellectuelle : nombreux sont ceux qui utilisent désormais ce terme pour qualifier des comportements qui n’en relèvent pas. C’est un abus malheureux. C’est pourquoi Sylvie Perez et moi-même consacrons deux entrées à ce mot central au sein de l’Encyclopédie. Aucune manipulation n’est souhaitable, quel que soit le dessein poursuivi.
par Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique 14 septembre 2025
Une tribune de Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique, dans les Echos à propos de la taxe Zucman https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-la-taxe-zucman-appauvrirait-la-france-2185537 "L’économiste Gabriel Zucman soutient l’instauration d’une taxe plancher de 2 % sur le patrimoine au-delà de 100 millions d’euros. L’adoption de cette taxe, qui est envisagée pour le budget 2026, serait profondément nuisible pour l’économie française. Un impôt sur la richesse soulève d’abord un problème de valorisation : la base taxable est fluctuante pour les entreprises cotées en Bourse et difficile à établir pour les entreprises non cotées. Il pose ensuite un problème de liquidité pour les propriétaires d’entreprises en croissance ne versant pas encore de dividendes. Cela pose la question de l’exil fiscal, dont l’ampleur est incertaine. D’un côté, les études empiriques suggèrent que le flux de départs serait limité. D’un autre côté, jamais une taxe aussi massive n’a été mise en œuvre. En outre, si les flux sont limités, le stock de Français fortunés installés à l’étranger est déjà substantiel. L’objectif devrait plutôt être de les faire revenir en France. Frein à l’innovation Outre ces effets, la taxation de la richesse poserait un problème de mécanicité à la croissance. Rappelons que la valorisation d’une entreprise est déterminée par les gains futurs escomptés. La taxation de la richesse diminue donc les perspectives de gains futurs en rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes. De même, l’action d’une entreprise innovante valant essentiellement par ses perspectives de croissance future, une taxe sur la richesse lui est particulièrement nuisible. La taxe Zucman aurait donc un effet très négatif sur l’innovation et sur la croissance. La taxation de la richesse affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme. Une caractéristique des milliardaires est que leur taux d’épargne est particulièrement élevé, avec une consommation souvent négligeable au regard de leurs revenus. Par conséquent, une taxe sur leur richesse consiste pour l’Etat à prélever puis à dépenser des revenus du capital qui auraient sinon été épargnés et réinvestis. Ainsi, cette taxe réduit mécaniquement l’épargne et donc l’investissement. Plus précisément, l’Etat consacre environ 10 % de ses dépenses à l’investissement public et ses dépenses supplémentaires transférées aux Français, qui en consomment une large fraction. Or notamment aux Etats-Unis, l’investissement des entreprises représente environ 80 % des sommes investies, celui de l’Etat environ 20 %. L’investissement public étant en outre moins productif que l’investissement privé, une substitution de ce dernier par le premier réduit le potentiel de croissance. Ainsi, si la taxe Zucman rapportait 16 milliards d’euros par an (0,6 point de produit intérieur brut – PIB – privé), on devrait en conclure que l’investissement privé diminuerait d’autant et que l’investissement public augmenterait au mieux de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) – soit un manque à gagner net de 0,5 point de PIB d’investissement. En finançant l’investissement public par un impôt sur la richesse, on substitue de l’investissement public peu productif à de l’investissement privé productif, et on suscite une dégradation du solde de la balance commerciale. Donc, à PIB inchangé : soit l’investissement diminue de 16 milliards d’euros ; soit ils seraient financés par l’étranger et le déficit commercial se creuse alors de 16 milliards ; soit, plus vraisemblablement, on a une combinaison de ces deux possibilités. Pire : en France, les entreprises innovantes rencontrent souvent des difficultés à se financer. Or, les milliardaires sont précisément les investisseurs les plus à même d’effectuer des placements risqués au service des entreprises en croissance, avec à la clé des rendements élevés. La taxe Zucman entraverait ce vecteur de croissance. Mesure idéologique Bref, en appauvrissant les riches, et en empêchant les grandes fortunes de se constituer, c’est la France qu’on appauvrirait. D’ailleurs, peu après l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes au début des années 1980, les sociétaires ont été conduits à s’expatrier dans des Etats exonérés de l’impôt sur la fortune. La taxe Zucman affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme en réduisant l’investissement, en pesant sur l’innovation et en aggravant les déséquilibres extérieurs. En réduisant les recettes fiscales futures, elle pèserait en outre sur le financement des dépenses publiques, dont les principales sont : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc. Cette taxe s’inscrit donc dans une logique purement idéologique et non pragmatique. En instaurant la taxe Zucman, la France serait probablement le seul pays à se l’imposer à elle-même, puisque d’autres pays refusent d’adopter une telle mesure d’idéologie purement idéologique et sans aucune pertinence économique."
par Alexandre Devecchio dans Le Figaro 14 septembre 2025
Une tribune très instructive d'Alexandre Devecchio dans FigaroVox sur la perception par les Français de notre nouveau Premier Ministre: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/alexandre-devecchio-pourquoi-la-majorite-des-francais-n-attendent-rien-de-sebastien-lecornu-20250911 LA BATAILLE DES IDÉES - L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français. Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ? « La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites. "Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution" Le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique. «Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle» « Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir. Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens.
par Sébastien Laye (Valeurs Actuelles) 13 septembre 2025
"L’attractivité d’un pays, du point de vue des investisseurs, dépend en partie de l’accueil qui y est fait à l’innovation et de la stabilité juridique. À l’heure actuelle, en cette matière, la France va à l’encontre de ses intérêts" https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/le-principe-de-precaution-est-un-obstacle-a-la-croissance-economique