Je suis de droite parce que....

NJ Gray • 29 août 2019

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2. J’ai choisi la liberté

Il s’agit ici du second volet de la série “ Je suis de droite parce que …” destiné à dépasser les postures et les gesticulations rhétoriques et à réfléchir ce qui fonde notre engagement politique, le mien en l’occurrence aujourd’hui “plutôt à droite”, et nous fait apporter notre soutien à tel ou tel mouvement, varier éventuellement dans nos préférences, donc dans nos votes, au-delà des appartenances quasi pavloviennes qui nous font affirmer péremptoirement que l’on est de droite ou de gauche parce que “cela a toujours été comme ça”. Dans le brouillard des idées ambiant (expression qui date déjà des années 1980), où pour certains gauche et droite se confondent, il devient urgent pour chaque “camp” de redéfinir concrètement les valeurs qu’il défend. Aujourd’hui tout le monde est pour la liberté, la fraternité, l’égalité des droits, le social ... Oui mais dans les faits, ces priorités sont-elles toujours compatibles? S’il faut privilégier l’une ou l’autre composante de notre devise républicaine, laquelle choisit-on? Et pourquoi? Qu’est-ce qui nous différencie des autres dans la défense de telle ou telle valeur? Parle-t-on vraiment de la même chose derrière les mêmes mots?

Le premier volet ( https://www.facebook.com/notes/nj-gray/je-suis-de-droite-parce-que-/10218334859555945/ ) s’attachait à expliquer pourquoi je n’étais plus de gauche: n’ayant pas évolué sur mes valeurs fondamentales, les faits m’ont démontré que ces dernières n’étaient plus défendues par la gauche à laquelle j’ai cru appartenir mais par une (partie de la) droite devenue un peu plus audible parce que moins complexée par les procès d’intention et caricatures dressés par ses adversaires. Même si le chemin reste long à parcourir. Aujourd’hui nous nous attachons à la valeur “liberté”. Apparemment défendue par tous, la “vraie liberté” , réelle et concrète, est restée une valeur de droite.

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« Oui, évidemment, me dira-t-on à droite, tu enfonces des portes ouvertes ». Et de fait la droite est souvent associée à la défense des libertés (libertés individuelles, libéralisme, école dite libre qui permet la liberté de choix et la différenciation…). Jusque dans les cours de sciences politiques, la liberté est présentée comme une valeur de droite, alors que l’égalité serait la référence forte de la gauche. C’est d’ailleurs ainsi depuis longtemps que les politologues différencient les deux grandes forces d’une France longtemps bipolarisée. Lorsqu’il faut choisir ou privilégier l’une au détriment de l’autre, la droite choisirait toujours la liberté, la gauche l’égalité. Ce n’est pas faux, comme nous le verrons, mais il va falloir creuser davantage ces définitions, car elles sont polysémiques.

« N’importe quoi », me rétorquera-t-on à gauche, la défense des libertés est l’un de nos combats principaux, notamment contre les actions et projets de la « droite liberticide ». Et il est indéniable que ce combat est également le mot d’ordre d’organisations de gauche et d’extrême-gauche qui appellent souvent à manifester contre les « atteintes aux libertés » (état d’urgence, déchéance de nationalité, loi Collomb encadrant l’immigration, actions des forces de l’ordre, interdiction de manifester en certains lieux, contrôles préventifs …), mises en place par des gouvernements qui attenteraient à la liberté de manifester, de se déplacer et de s’installer où l’on souhaite, voire même de s’attaquer aux biens d’autrui pour de bonnes raisons il s’agit d’un ennemi de classe, d’un traître ou d’un symbole…

Le fait est que tout le monde se réclame de la devise républicaine et de ses trois composantes. Il n’y a pas une idéologie qui ne se prononce pas en faveur de la liberté . À partir du moment où l’on constate cet état de fait, que l’une des valeurs souvent attribuée à la droite est partagée par tout le monde, que fait-on ? Se contente-t-on de continuer dans la posture, les discours et le mot d’ordre, pour ne pas dire les échanges de cours de récréation (– c’est moi qui défends le mieux la liberté. – Non c’est moi ! – Moi plus que toi ! – Non c’est moi qui l’ai choisie en premier, et c’est le premier qui l’a dit qui l’est) ? Ce genre de postulat, qui tient du prêt-à-penser ne peut que séduire les militants et électeurs déjà convaincus. Mais ce n’est pas avec des gesticulations que l’on peut espérer séduire les autres et déjà faire revenir ceux qui, déçus, sont partis. De deux choses l’une : si tout le monde est d’accord, il devient inutile de brandir un concept comme élément constitutif de son combat et, si ce dernier est menacé, il s’agit de s’allier, toutes tendances convaincues, pour en défendre le principe et permettre sa réalisation. Mais si l’on perçoit qu’il existe une différenciation, un malentendu lié à une interprétation différente du même mot, il faut expliquer clairement ce qui sépare les deux « camps », de sorte que chacun se positionne en fonction de ses valeurs et aspirations .

C’est ce que nous proposons d’esquisser ici. Nous verrons d’abord que la droite et la gauche ne sont pas attachées aux mêmes formes de liberté et n’en ont pas la même définition (A), qu’entre liberté et égalité elles n’ont pas la même hiérarchie de priorités (B), que la conception de la liberté selon la gauche peut s’avérer liberticide, contreproductive, conduire à la médiocratie quand celle de la droite libère l’individu, l’économie et reste le meilleur soutien de la démocratie représentative (C).

A. La droite défend une forme de liberté et la gauche une autre.

La première explication de cette apparente parenté de combat, c’est que la droite et la gauche ne défendent pas la même liberté. Il y a en effet en philosophie politique [1] deux conceptions de la liberté : la liberté négative (la seule liberté réelle ), qui est l’absence d’entraves pour faire quelque chose, en d’autres termes la liberté de ; et la liberté positive, la possibilité de faire quelque chose, la capacité de . Précisons au passage qu’il n’y a aucun jugement de valeur dans les termes « négatif » ou « positif ». Toutefois, la connotation du mot « négatif » explique qu’en politique, on utilise moins ce terme que des périphrases pour exprimer son contenu. Je le reprends donc ici sur le plan philosophique mais il est évident qu’il serait contre-productif sur le plan médiatique : qui oserait sembler se prononcer contre la liberté ?

La droite illustre la défense et le combat pour les libertés réelles, dites négatives.

Ce que les philosophes nomment liberté négative correspond en effet aux libertés réelles , c’est-à-dire la possibilité et le droit pour chacun de posséder un espace privé, inviolable donc sûr, dans lequel il puisse penser et s’exprimer librement (liberté de pensée et d’expression), posséder (droit de propriété), se déplacer (liberté de mouvement), croire (liberté de conscience) et choisir (liberté de choix) sans qu'aucun pouvoir extérieur ne puisse intervenir pour l’en empêcher, tant qu’évidemment ces activités personnelles ne contreviennent pas aux lois en vigueur (que l’on peut néanmoins s’efforcer de changer, par le débat démocratique, si on les juge trop liberticides). Ce « pouvoir extérieur » qui limite la volonté autonome d’un individu peut être, et de plus en plus aujourd’hui, la chape morale que l’on qualifie souvent de « gauchisme culturel » qui, par l’appel à la censure, la stigmatisation, l’insulte, le procès d’intention, la criminalisation de toute pensée divergente, voire la violence de rue, conduit à s’autocensurer et craindre le jugement, voire la réaction d’autrui.

Cette conception de la liberté bien évidemment s’entend dans l’acception que lui donnaient les philosophes des Lumières, c’est-à-dire qu’il ne s’agit évidemment pas d’une liberté sans aucune entrave , façon anarchisme, elle s’arrête là où commence la liberté d’autrui, ce qui revient à dire que l’on ne peut pas tout se permettre si cela doit nuire à son voisin ou à la société ou si cela doit perturber l’ordre public. Cette limitation des libertés devrait se faire naturellement par le bon sens et l’esprit civique des individus, qu’ils soient innés ou transmis par l’éducation nationale et parentale. À défaut, et c’est malheureusement de plus en plus le cas aujourd’hui en raison de la faillite des transmetteurs précédemment cités, c’est à l’État de garantir les droits et libertés de chacun et l’ordre social, y compris en dernier recours par ce dont il est le seul dépositaire, la « violence légitime » (Max Weber) par l’intermédiaire des forces chargées de garantir cet ordre et la sécurité de chacun. Violence, rappelons-le, qui n’est que la réaction légale à des actes illégaux. On voit ici que la sécurité n’est nullement antinomique du principe de liberté , comme le prétend une partie de la gauche. Bien au contraire, elle la garantit.

En concordance avec cette conception de la liberté, la droite défend donc les libertés civiles et politiques de pensée, d’expression, d’association, de résidence, de culte, de propriété, (d’acquérir, de transférer, de transmettre la propriété, d’en jouir librement), d’entreprise (créer, diriger, fusionner, diviser, mettre en faillite, réajuster ses effectifs, vendre, transmettre)… À noter que l’on peut remplacer le mot liberté, dans les exemples ci-dessus, par « le droit de », les deux termes étant inextricablement liés en philosophie politique, le droit étant une liberté encadrée dans le cadre du contrat social, et non une liberté absolue, effrénée et potentiellement liberticide pour autrui. Il s’agit de vivre et de pouvoir gagner sa vie sans entraves trop handicapantes de la part de l’État ou des institutions (noter la préposition négative). Ces libertés réelles, défendues par la droite, relèvent donc avant tout de l’économique et du social .

Ces valeurs sont-elles aussi de gauche ? Pour certaines, on verra qu’elles le sont dans les discours mais qu’elles ne peuvent l’être, du moins totalement, dans les faits car elles entrent en contradiction avec la priorité de la gauche qui est l’égalité, voir l’égalitarisme. Pour d’autres, elles lui sont totalement étrangères (sauf pour cette partie de la gauche convertie au libéralisme que les gens qui se disent de la « vraie » gauche accusent d’avoir trahi ). Ainsi la liberté de propriété et la liberté d’entreprise sont-elles deux valeurs essentielles de la droite auxquelles la gauche a continuellement fait obstacle : nationalisations, impôt progressif, réglementation du travail, contrôles permanents et tatillons (souvent prétextes, dont l’impact sur l’environnement, nécessaires mais souvent utilisés pour freiner l’investissement), interdictions de travailler davantage, alourdissement des droits de transmission des patrimoines, aujourd’hui IFI (mis en place par un gouvernement où la majeure partie des ministres sont à gauche)… Sans compter les caricatures manichéennes de l’entreprise, véhiculées par les discours et l’enseignement (surtout en sections économiques) présentant l’entreprise façon Germinal, patrons cruels et égoïstes, capitalistes obèses, ouvriers écrasés, salariés faméliques … Le patron (un gros mot !), qu’il soit celui d’une grande entreprise du CAC 40 ou le petit artisan dirigeant une équipe de trois ouvriers, est nécessairement un salaud, un profiteur et un « rentier » qui ne bosse pas et fait travailler les autres.

Aujourd’hui l’image de l’entreprise change, il faut reconnaître au gouvernement actuel de se battre à cet égard pour la réhabiliter, mais la description ci-dessus n’apparaissait même pas comme caricaturale, dans une France acquise au gauchisme culturel, il y a encore une dizaine d’années. Et la gauche continue de reprocher au libéralisme économique de créer des besoins qui n’existent pas. Il y a une part de vérité dans ce constat mais est-ce pour autant qu’il faudrait empêcher d’entreprendre et de vendre ? Il n’en reste pas moins que les principaux besoins auxquels l’économie libérale répond sont des besoins de base (se nourrir, se loger, se déplacer, s’instruire, se divertir …) et que la mondialisation a permis depuis quelques décennies, dans l’absolu, une augmentation spectaculaire du niveau de vie et une diminution de la pauvreté sensible à l’échelle de la planète. Ce qui ne veut pas dire que les inégalités n’ont pas augmenté et que la mondialisation aujourd’hui n’a pas besoin d’être révisée et repensée, ne serait-ce que pour des questions environnementales.

À gauche on défend également la liberté, mais ce n’est pas la même.

La gauche identifie en effet la liberté à l'égalité matérielle . C’est la conception de la liberté positive, c’est-à-dire la capacité de, la possibilité de… Pour la gauche peu importe les droits et libertés ci-dessus mentionnés : si l’on n’a pas les moyens de s’acheter une voiture, on ne bénéficie pas de la liberté de se déplacer à volonté. Si l’on a trop petit salaire ou que l’on n’a pas d’emploi, la liberté de propriété ne nous intéresse pas. Si l’on n’a pas les moyens de se soigner, on ne se soigne pas. La gauche reproche à la droite de promouvoir des libertés spécifiques garanties par un système légal mais ne pas donner à tous les moyens de s’en servir. Elle va promouvoir non pas le droit ou la liberté, qui sont acquis, mais la possibilité pour tout le monde d’accéder à la même chose. Et comme elle n’a pas une baguette magique pour donner à ceux qui n’ont pas la même chose que ceux qui ont, elle va piocher dans les poches des uns pour donner à d’autres, redistribuer, égaliser, limiter les libertés négatives au nom d’un chemin hypothétique vers des libertés positives.

Et c’est là où droite et gauche diffèrent. À partir de ce constat, qui est indéniable (tout le monde n’a pas la possibilité de), la gauche va donc limiter la liberté de ceux qui gagnent plus que d’autres de jouir librement de leur argent, les empêcher de s’enrichir davantage, en particulier par un impôt redistributif prétendant réduire les inégalités et en donnant aux plus démunis, ou plus exactement à ceux qu’elle considère (sincèrement ou par électoralisme) comme plus démunis. Que ces défavorisés, par le biais de transferts sociaux défiscalisés et d’aides diverses aient autant ou même davantage qu’une grande partie de ceux qui gagnent peu, et que cela ne pousse pas à travailler dur, ou à travailler tout simplement, est une autre question que nous n’aborderons pas aujourd’hui, celle du dérèglement de l’État-providence tombé dans un système d’assistanat décourageant le travail, et générateur d’importants flux migratoires vers une France généreuse au-dessus de ses moyens.

La gauche aujourd’hui est ainsi passée de la légitime et partagée par tous revendication de l’égalité des droits vers un égalitarisme nivelant et homogénéisant la société française sur le plus petit dénominateur commun. Puisqu’on ne peut tirer tout le monde vers le haut, limitons les droits et les libertés de ceux qui se détachent et dont la tête dépasse. Dans cette optique, l’État omnipotent et omniprésent joue un rôle essentiel. S’il limite par la loi et l’interventionnisme les possibilités (de posséder, de transmettre, d'entreprendre, de travailler au-delà des maxima légaux, de devenir riche…), il est certain que l’on réduira à termes, ce faisant, les inégalités. Mais en nivelant vers le bas. À droite au contraire, on considère que limiter droits et activités est contre-productif, on croit encore à l’ascenseur social et à l’exemplarité, aux réussites façon self made man à l’américaine, et l’on cherche à tirer le maximum de personnes vers le haut, ce qui n’exclut pas des mécanismes de correction et de redistribution , tant qu’ils n’handicapent pas trop les droits et libertés individuelles et ne deviennent pas contre-productifs en termes économiques. C’est une différence majeure.

Ajoutons enfin qu’à la gauche de la gauche, traditionnellement, on défendait également une autre conception de la liberté individuelle qui se manifeste, elle, par le droit de tout faire (au nom de l’idéal du camp du Bien), le rejet de toute autorité (professeurs, policiers, leaders …) et l’affirmation de la volonté de pouvoir vivre sa vie sans entraves ni de l’État, ni des institutions. Autrefois défendue par les seuls gauchistes, cette conception de la liberté absolue et sans entraves s’est aujourd’hui répandue dans l’ensemble de la gauche (et d’une partie de l’extrême droite), en particulier avec ce qu’est devenu à partir du mois de décembre le mouvement des « gilets jaunes », rejetant violemment et a priori la violence légitime de l’État, c’est-à-dire l’intervention légale contre des formes d’action illégales (violences urbaines…). La gauche légaliste est donc allée jusqu’à reprendre le slogan gauchiste des « violences policières », se donnant unilatéralement le droit d’attenter aux institutions, donc au contrat social, ce qui reste logique pour les courants révolutionnaires qui le rejettent, mais nettement plus ambigu et hypocrite pour ceux qui prétendent l’accepter et chercher à le réformer par la voie légale du débat et de l’élection. Cette seconde conception un peu particulière de la liberté sans entraves, c’est l’équivalent de ce que l’historienne Barbara Lefebvre a nommé pour les populations scolaires d’aujourd’hui la « génération j’ai le droit ». À noter que cette conception anarchiste ou gauchiste de la liberté, qui dans le cas présent se veut absolue (dans l’attente du chaos donc du Grand Soir à partir duquel on construira la société idéale, forcément égalitaire et homogène) entre en contradiction avec la conception de la gauche classique pour laquelle l’État interventionniste et redistributif est tout, possède tous les droits, notamment celui de prendre aux uns par les impôts ce que l’on redistribue aux autres, d’empêcher certains de faire pour permettre à d’autres de réaliser, ce qui a donné naissance, sous d’autres cieux … aux régimes parmi les plus totalitaires et liberticides qui soient.

Il s’agit donc de comprendre que la liberté négative défendue par la droite est une liberté réelle alors que la liberté positive de la gauche est virtuelle, intentionnelle, et indissociable de l’égalitarisme.

B. Quelle priorité entre liberté et égalité/égalitarisme ?

La droite et la gauche revendiquent le même objectif, le bien-être des populations tant sur le plan matériel que spirituel, pour tous sans exception. Mais elles diffèrent sur les moyens d’y parvenir. La gauche recherche la liberté à travers une priorité qui est l’égalité, la droite recherche la liberté, modérée par le principe d’égalité . Pour elle l’égalité doit introduire des corrections mais elles ne seront jamais que cela. L’égalité n’est pas l’objectif majeur, qui reste la liberté. Notons que l’on ne parle pas ici de l’égalité des droits, principe fondamental inscrit dans les droits de l’homme et du citoyen, sur laquelle évidemment tout le monde est d’accord et que nul ne discute, mais de la recherche de l’égalité réelle, c’est-à-dire l’uniformisation des niveaux et modes de vie, des croyances, des revenus, des patrimoines, ce que l’on nomme l’égalitarisme .

C’est avant tout sur la priorité accordée à l’un ou l’autre de ces deux principes inscrits dans notre trilogie républicaine que les politologues différencient droite et gauch e. La droite a élu la liberté négative (réelle) comme objectif moral primordial. Elle défend, comme tous, l’égalité des droits mais non l’égalité économique et sociale, par pragmatisme d’une part, droit à la différenciation individuelle de l’autre, qui est le fondement des libertés.

Pour la gauche au contraire, c’est l’égalité et son corolaire, l’uniformisation, qui est l’objectif ultime, elle part du principe qu’il faut réduire ou supprimer les inégalités entre les êtres humains ou entre les groupes sociaux, ce qui la conduit souvent à mettre des entraves croissantes au libertés réelles (dites négatives) défendues par la droite. Son combat est de donner à tous « la possibilité de » , donc d’œuvrer pour la liberté dite positive.

Or le réalisme, qui oblige au pragmatisme, nous enseigne qu’il faut souvent choisir le poids que l’on accorde à chacune des deux premières composantes de notre trilogie républicaine . Car la liberté et l'égalité ne sont pas toujours compatibles, et même rarement. Il est très souvent mensonger de prétendre défendre les deux en même temps, du moins en les plaçant sur le même plan. La permanence des inégalités, à l’échelle de la planète, est un constat : nous naissons libres et égaux en droit, mais pas tous dans le même contexte socio-économico-culturel (patrimoine, éducation, revenus, territoires), ni avec les mêmes potentialités (talent, santé, aptitude au travail et au risque, intelligence…). C’est exactement la même chose pour les territoires qui ne sont ni isotropes ni isomorphes : donc en clair, on peut brailler que l’on se bat pour « l’égalité des territoires », ce qui ne veut strictement rien dire, on ne fera jamais d'une montagne pentue, froide et à la mise en valeur difficile, un littoral plat, attrayant et favorable aux hommes et au commerce. Il est vain de réclamer « l’égalité territoriale » à grands cris, qu’il faut remplacer par la recherche de l’équité, ce qui est sensiblement différent. Sans compter que ce qui était répulsif autrefois (par exemple un littoral où l’ubac, le versant le moins ensoleillé d’une montagne, un sol crayeux comme en Champagne autrefois dite « pouilleuse ») devient, par l’évolution des systèmes économiques (maritimisation des économies, essor du tourisme montagnard et littoral, nouveaux intrants et mécanisation), aujourd’hui un atout. Jusqu’au prochain changement, quand des atouts deviennent des aménités, et d’anciens avantages des handicaps.

Si l’on cherche à corriger ces inégalités, il faut aller contre des tendances naturelles ou des réalités territoriales. Or aller contre revient souvent à contraindre. Donc lorsque l’on vise un monde plus égalitaire, nécessairement, on contraint, on empêche, on prend aux uns ce qui manque aux autres (ça peut aller jusqu’à l'impôt confiscatoire et la redistribution) au nom de la solidarité et l’on réduit les libertés (de gagner davantage, de créer, de profiter de ses richesses, de transmettre facilement…). Le principe est évidemment honorable et personne aujourd’hui, à commencer par les partis de droite, ne s’élève contre des mécanismes correctifs ou redistributifs, sauf quand ils tombent dans l'égalitarisme et la confiscation.

On dit la droite « conservatrice », ce qui signifie non pas qu’elle veut maintenir, coûte que coûte, des inégalités mais qu’elle ne fait pas de leur réduction une priorité en soi , si cela conduit à trop rogner sur les libertés précédemment citées, puisque la défense des libertés individuelles est, précisément, son objectif premier. Il ne s’agit pas d’être méchant ou gentil, généreux (avec l’argent des autres !) ou égoïste, comme on l’entend dire parfois dans des échanges politiques de café du commerce, c’est juste une question de mesure et de priorité. Les deux attitudes, privilégier la liberté ou faire passer en premier l’égalité, sont légitimes et dépendent des aspirations, de l’éducation ou de l’endoctrinement de chacun, il s’agit par contre d’être clair sur les objectifs, de ne pas défendre tout et son contraire en faisant semblant de croire que les deux sont compatibles, et de se positionner en connaissance de cause.

C. En ce qui me concerne, j’ai choisi la liberté réelle (dite négative), la « liberté de » .

Et cela pour plusieurs raisons.

D’une part parce que la défense des libertés positives (donc la recherche d’une égalité dans les possibilités) conduit souvent à des mesures liberticides.

Passons rapidement sur les exemples historiques qui montrent que là où la gauche a donné à l’État le droit de restreindre les libertés négatives pour donner à chacun la possibilité d’atteindre les libertés positives (cf. les grands totalitarismes du XXe siècle, URSS, Chine …), cela n’a nullement, au bout du compte, réduit les inégalités, l’appareil économique et les richesses restant aux mains d’une nomenklatura restreinte et le reste de la population, effectivement homogénéisé et aligné sur le minimum, s’étant collectivement appauvri, en proie à de grandes famines meurtrières récurrentes, privé au bout du compte à la fois des libertés négatives mais aussi des libertés positives. Sauf si l’on considère que d’avoir la possibilité d’accéder au strict minimum permettant à peine de reconstituer sa force de travail, le même pour tout le monde, est une véritable liberté.

La gauche effectivement, pour tenter de construire une société égalitaire (non en droits, elle l’est déjà, mais dans les faits) rogne sur les libertés économiques de « faire » : d’entreprendre librement, de transmettre facilement (la transmission augmentant les inégalités), de disposer de son argent librement via l’impôt, confiscatoire à partir d’un certain niveau de revenus… Comme cela se traduit logiquement, chez les individus ou les entreprises, atteints dans leurs libertés, par des tentatives de contourner les entraves, et cela produit automatiquement, en réaction, une augmentation de la surveillance, du contrôle, du fichage, de la « transparence » (qui, sur le plan financier ou privé, s’apparente à une volonté de mainmise absolue sur les individus).

En outre, l’égalitarisme d’extrême-gauche qui, on l’a vu, gagne aujourd’hui la gauche classique, conduit à limiter les libertés individuelles de multiples manières, la divergence d’opinion, la volonté de différenciation, étant considérées comme autant de coups de canif intolérables dans une société homogène où tous les hommes ont les mêmes droits mais aussi les mêmes besoins, et dont on attend d’eux qu’ils aient les mêmes comportements. L’État, sur les injonctions d’une gauche victimaire et stigmatisante, devient alors intrusif, restreint les libertés d’agir, de dire, de penser, et bientôt de croire (grâce aux procès d’intention) librement. Dans ce genre de société, au lieu d’éduquer (à penser autrement, à respecter, à rire de choses convenables, à ne pas utiliser de mots blessants, à ne pas blasphémer ni choquer…), on interdit et l’on sanctionne. Parce que certains dérapent (fumeurs, chiens sur les plages, enfants bruyants dans les hôtels), on interdit à tous. Certains intellectuels jugés mal-pensants sont mis à l’index, on appelle à leur boycott, voire leur interdiction (E. Zemmour, A. Finkielkraut…). On ne cherche pas à agir sur la cause, on gomme le symptôme. Une fois encore, la gauche préfère casser le thermomètre par l’interdiction ou la menace que de tenter de le comprendre, voire de le traiter.

Est-on libre de rire de tout ? Assurément non et nombre de comiques, qui n’auraient pas choqué il y a encore une vingtaine d’années, sont aujourd’hui ostracisés, voire condamnés ? La liberté pédagogique n’existe plus, nombre d’enseignants sont sanctionnés, voire mis à pied par des inspecteurs défenseurs de la bien-pensance, pour pédagogies rétrogrades. Sur les réseaux sociaux, il est extrêmement significatif que la quasi-totalité de ceux qui appellent à exclure un contradicteur, qui le bloquent, criminalisent la pensée d’autrui parce qu’elle diverge de la norme autoproclamée par le gauchisme culturel, se réclament, en grands défenseurs des libertés, d’une gauche généreuse et altruiste … sauf pour leurs adversaires. Le terrorisme intellectuel de la Bien-pensance musèle bien plus efficacement que la véritable censure. Vraie censure à laquelle une certaine gauche n’est, d’ailleurs, nullement hostile : la loi contre les fake news, au lieu d’éduquer les individus à les repérer, risque d’interdire beaucoup et à tort pour bloquer quelques informations effectivement erronées; la loi contre la haine sur Internet (ce avec quoi chacun ne peut qu’être d’accord) permet de confondre la haine véritable et la simple expression d’un désaccord (qu’appellera-t-on par exemple islamophobie ? L’expression d’un rejet de la charia islamiste ou un véritable appel à la haine de tout musulman ?). Comme on peut le voir dans les deux derniers exemples, pour interdire et sanctionner, ce gauchisme culturel accumule les lois, l’encadrement, la surveillance.

On touche là à une autre différence entre la gauche et la droite, la gauche infantilise, la droite responsabilise et compte sur l’éducation (comme la gauche d’antan), seule à même de développer un civisme véritable, de former des esprits libres et critiques, pour changer les comportements. Mais cela induit une autre différence, qui peut être perçue comme un apparent paradoxe, la droite, en présence de comportements déviants, en l’absence d’une responsabilisation des individus et lorsque ceux-ci attentent aux libertés individuelles, n’exclut pas des mesures sécuritaires pour protéger les libertés. Pour une certaine gauche, au contraire, la mise en œuvre de l’autorité de l’État à des fins sécuritaires (protéger les individus mais également la propriété individuelle et le bien commun) est liberticide. C’est que la droite fait intervenir la réaction sécuritaire a posteriori , quand le comportement déviant, incivique ou dangereux a été constaté. La gauche a l’inverse procède par procès d’intention et présomption de culpabilité : alors on interdit où l’on tente d’empêcher a priori, une pièce d’Eschyle ou une conférence d’A. Finkielkraut.

Parce que la liberté dite positive, qui est le faux-nez de l’égalitarisme, est «économiquement et même socialement contre-productive, a contrario de la liberté réelle .

Pour la droite, si l’on augmente la pression fiscale jusqu’à ce qu’elle devienne confiscatoire ou qu’elle décourage de travailler davantage, si l’on crée des milliers d’emplois inutiles dans la fonction publique (pour donner artificiellement un revenu donc la capacité de), si on nationalise et ne laisse plus l’émulation de la concurrence opérer pour faire baisser les prix, si on décourage la création et l’investissement par trop de contrôles et réglementations « liberticides », ce sont les mécanismes réels de création de la richesse qui se trouve bloqués. S’il n’y a plus de richesses à partager, c’est un appauvrissement général. Le discours de la gauche, généreux, en faveur des libertés sociales, se trouve arrêté dans sa réalisation puisqu’il y a, d’année en année, de moins en moins à redistribuer à de plus en plus de monde. Si l’on gagne autant sans travailler que les travailleurs aux revenus moyens, ou à peine moins mais avec la tranquillité en plus, tout en se trouvant éligible à des aides innombrables, ce n’est pas un encouragement à l’effort. Pire, on pousse nombre de travailleurs à quitter la vie active et l’on n’incite pas ceux qui, inactifs, bénéficient déjà des aides sociales, à retravailler. Le résultat est que cette générosité aveugle (avec l’argent de ceux qui travaillent dur ) annihile les possibilités de promotion de ceux qui font partie des couches sociales de faible revenu qu’elle n’incite pas à reprendre une activité et, s’ils en ont une, à gagner davantage.

Cette omniprésence de l’État pose problème. Pour le libéral, donc l’individu qui se prétend plutôt de droite, l’État est nécessaire, il est là pour organiser prendre en charge ce que les individus ne peuvent gérer par eux-mêmes (c’est le cas notamment de la sécurité via les forces de l’ordre, armée et police). Mais seulement ça ! Tout ce qui relève de l’individu, de sa responsabilité, doit lui être laissé afin qu’il gère librement sa vie, ses croyances, ses comportements, toujours dans la limite de ne pas empiéter sur la liberté d’autrui.


Pour la gauche française actuelle , profondément marquée par les idéologies collectivistes du XXe siècle [2] , l’État est là au contraire pour régler tous les problèmes des gens à leur place : pour elle, l’individu, surtout s’il est « possédant », est égoïste et ne pratiquera pas la solidarité de lui-même [3] , il s’agit donc de l’y obliger par une intrusion dans tous les secteurs de sa vie professionnelle et privée (culpabilisation, incitations). Mais même en supposant la mise en place un système entièrement étatisé, qui décidera de l’économie ? Au nom de quoi ? Il y aura nécessairement, comme dans les régimes totalitaires de gauche du XXe siècle, la constitution d’une nouvelle oligarchie dirigeante. On a vu trop souvent l’appareil d’État utilisé par des individus ou des entreprises privées comme un moyen de capter l’argent public au détriment de l’intérêt général. Mais pour la gauche, pour augmenter les libertés positives (la possibilité pour tous de faire), l’État a pour fonction également de réguler le libéralisme, de jouer un rôle d’arbitre entre les partenaires sociaux. C’est ainsi que l’État-providence et interventionniste est devenu pléthorique, un État omnipotent qui ne peut agir que par l’augmentation de la pression fiscale, déresponsabilisant l’individu, l’infantilisant, le maternant, suppléant ses manquements. Des parents sont défaillants ? Peu importe, au lieu de tenter de les responsabiliser, de les avertir, on va offrir le petit-déjeuner à l’école. On se démène sur tous les médias pour nous dire de manger cinq fruits et légumes par jour, de ne pas fumer, de boire quand il fait très chaud, de protéger ses rapports sexuels. Et on a raison de le faire car la situation d’assistanat (conséquence de cette omniprésence de l’État et de la déresponsabilisation des individus ) est telle aujourd’hui qu’en cas de problème, nombreux seraient ceux qui reprocheraient au gouvernement d’avoir manqué à ses obligations et à son devoir d’avertissement.

La conséquence est que d’un côté on ne cesse de demander « des aides », que l’on voudrait et imagine automatiques, au lieu de tenter de s’en sortir, que l’on n’abandonne pas la « logique de guichet » attendant tout (un emploi, de l’argent) d’un État, incarné par les gouvernements successifs, et l’accusant de tous les maux lorsque l’on n’obtient pas ce que l’on veut, alors même qu’une partie de ses prérogatives sont passées depuis longtemps aux collectivités locales. De l’autre, on voit augmenter l’irresponsabilité des citoyens, leur manque de culture politique, économique géopolitique (après tout, à quoi bon se former si l’État prend tout en charge?), ainsi que l’assistanat et les difficultés d’un État paupérisé, non en soi mais par l’augmentation exponentielle des demandes

Parce que la liberté négative permet l’éclosion des meilleurs, pas l’égalitarisme.

Toute économie, toute société, a besoin de talents, d’innovations, de capitaines d’industrie, d’individus capables de prendre des risques, d’imaginer autre chose, pour lui ou pour les autres, que ce qu’il a sous les yeux, de trouver des solutions à des problèmes sociétaux… Mais hélas la France, disait Cocteau, « a toujours cru que l’égalité consistait à couper tout ce qui dépasse ». Et c’est bien ce qu’il se passe avec la liberté positive, donc l’égalitarisme, qui limite les libertés de faire dans l’espoir de créer une société idéalement homogène où tout le monde aurait les mêmes besoins donc posséderait la même chose.

Malheureusement, dans les faits, cet idéal se heurte au désir de la majorité des individus de se différencier. On a pu le voir notamment dans l’échec des grands ensembles où l’on avait mis dans le même immeuble, voire sur le même palier, des individus de statuts très différents (ouvriers spécialisés, ouvriers qualifiés, contremaîtres, petits patrons). Très vite le souci de hiérarchisation a repris le dessus, les conflits de voisinage et la volonté de différenciation ce sont multipliés et dès l’industrialisations du pavillonnaire et l’accession au crédit immobilier, tous ceux qui le pouvaient sont allés vers l’habitat individuel, les grands ensembles ne gardant plus, captifs, que ceux qui n’avaient pas le choix. La gauche d’aujourd’hui, du moins en France, étant totalitaire, est liberticide de nature. Elle dit l'être pour de bonnes raisons, puisqu’elle prétend faire le bonheur des gens malgré eux. Mais comme on le voit dans l’exemple ci-dessus, la restriction des libertés, dont celle de se différencier d’autrui, peut provoquer des réactions, jusqu’à devenir totalement contre-productive.

De plus, cette propension de la gauche à tout uniformiser, à nier à l’individu la possibilité de différenciation (par exemple choisir un autre type d’école, d’enseignement, correspondant davantage à ses valeurs ou à ses croyances) empêche l’éclosion des meilleurs et conduit rapidement à la médiocratie. Car en limitant les possibilités, en coupant, rabotant « tout ce qui dépasse » au nom de l’égalité, en interdisant, en taxant, en augmentant la surveillance bureaucratique, en réprimant les initiatives qui n’entrent pas dans la norme, on ne tire pas vers le haut, on aligne sur le plus petit dénominateur commun.

Parce que la liberté négative, a contrario de la liberté positive, est à la base de la démocratie

Il est indéniable que, sur la question des libertés, un des points forts de la droite est sa contribution à l’idée de démocratie alors que la gauche traîne, dans les mémoires collectives, le poids des totalitarismes collectivistes du XXe siècle. La Magna Carta dans l’Angleterre du XIIIe siècle est l’œuvre d’aristocrates. Toutes les chartes de droits et libertés qui garantissent l’individu dans son autonomie personnelle et dans sa dignité relèvent de penseurs dits libéraux et ne font pas partie de l’acquis historique de la gauche. Ce furent encore des gouvernements de la droite libérale qui élargirent le suffrage pour le rendre véritablement universel. C’est encore la pensée de droite qui imagina le principe de la division des pouvoirs se surveillant et se modérant les uns les autres. Et c’est surtout la droite qui aujourd’hui encore défend la démocratie élective, pour mettre tout gouvernement à l’abri de la violence populaire et/ou de la tyrannie d’un seul ou des masses. Autant dire que la « dictature du prolétariat » n’est pas une valeur de droite. Au sens commun, c’est-à-dire l’opinion de la masse, la droite privilégiera toujours le bon sens, celui qui est construit par le recul critique, la connaissance, le refus du manichéisme et qui, de fait, est souvent exprimé par des « élites ». Ce sont ces élites, ces individus payés par des indemnités pour travailler, s’informer et décider à la place des autres qui, dans une démocratie qui fonctionne, représentent le peuple et agissent dans l’intérêt collectif. De nos jours il est indéniable que la démocratie représentative a connu de nombreux ratés, ce n’est pas pour autant que la droite prétend la remplacer par une démocratie directe, comme le RIC réclamé par les Gilets Jaunes. Encore une fois, à droite, on ne jette pas le thermomètre, on tente de guérir les maux .


En définitive, la droite admet de bon cœur que la liberté doive être réglementée et délimitée , pour que nous soyons tous libres dans la légalité et que l’on puisse réduire les inégalités, mais sans tomber dans un égalitarisme niveleur. Pour elle l’égalité est subordonnée à la liberté. C’est absolument l’inverse de la pensée de gauche.

Alors bien évidemment, ce qui précède ne s’en est tenu qu’aux principes généraux , ceux qui sont habituellement reconnus comme caractéristiques de la droite et de la gauche par la science politique. Dans les faits, l’échiquier politique est aujourd’hui beaucoup plus confus, situation qui ne date pas d’hier et que, dès les années 1990, on qualifiait de « brouillard des idées » : certaines personnes qui se réclament de la droite sont égalitaristes et étatistes, comme il y a à gauche des personnes hostiles à l’omnipotence de l’État et très attachées aux libertés négatives, qu’elles font passer avant la recherche de l’égalité. En soi, ce sont des valeurs qui ne sont ni de droite ni de gauche et qui peuvent être défendues par tous. Et tout le monde se dit “social”. L’important est de savoir ce que l’on veut et de déceler qui, ici et maintenant, défend le mieux les valeurs que l’on juge prioritaires.

Pour ma conception de la liberté, que je place au-dessus de toutes les autres valeurs, c’est assurément à droite que je me retrouve le mieux, ou le moins mal.

*

[1] Voir notamment travaux de Isaiah Berlin.

[2] Rappelons qu'au XIXe siècle les socialistes étaient partisans de cette même liberté négative au nom de la résistance à la toute-puissance de l’État et de la religion, jusqu’à ce que le collectivisme (théorisé au XXe siècle, léninisme, stalinisme, castrisme, maoïsme…) vienne remplacer le libéralisme socialiste.

[3] Ce que démentent les sociétés étatsunienne et anglaise, où l'individu est davantage maître de l'utilisation de ses revenus, qu'il utilise largement dans des actions de solidarité et de charité. La différence c’est qu’il décide librement vers qui orienter cette solidarité. Et que les destinataires potentiels font tout pour s’en rendre digne et attirer l’attention par leurs efforts ou leur attitude. De la même façon, au XIXe siècle, sans remettre en cause le rôle que jouèrent partis et syndicats de gauche dans l’obtention des “acquis sociaux”, un grand nombre d’avancées concrètes, réelles, améliorant la vie de l’ouvrier (cités-jardins, crèches, augmentations salariales …), sont le fait de grands capitaines d’industries pétris de “catholicisme social” et qui ont mis en place ces actions généreuses et solidaires librement, sans incitation et encore moins obligation de la part de l’Etat. Cette partie du patronat avait en outre compris que l’amélioration des conditions salariales et de vie est un gage d’efficacité, tant il est évident qu’un individu heureux, motivé, respecté et reconnaissant, travaille avec davantage d’ardeur. Alors que l’exploitation, à termes, devient contre-productive en termes économiques.


par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».
par Vincent Trémolet de Villers 30 septembre 2025
Une tribune de Vincent Trémolet de Villers dans FigaroVox https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-vincent-tremolet-de-villers-sur-les-ruines-de-la-democratie-20250926 L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Il faudrait Juvénal pour décrire cet effondrement. Entre parade du président à New York et conciliabules à Matignon, l’exécutif mime un pouvoir qui lui échappe. Sur à peu près tous les sujets, comme nos ministres, il est démissionnaire. L’Assemblée nationale, nouvelle nef des fous, fait tourner les députés comme des hamsters, de censure d’humeur en budget de fortune. L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Motif de condamnation ? « Association de malfaiteurs » ! Apparemment c’est ainsi que certains magistrats envisagent les politiques, encore plus s’ils sont de droite, et par principe s’ils s’appellent Nicolas Sarkozy. Il faudrait Blaise Pascal pour peindre une telle confusion des ordres. Nos cours suprêmes font de la théologie morale ; après que le contribuable a payé la dîme, la gauche de droit divin prêche dans les médias publics ; un ancien garde des Sceaux fait sa grosse voix pour nous rappeler le grand dogme : une décision de justice, même incompréhensible, ne peut pas être critiquée. Celui qui cède à cette tentation met en péril la démocratie : qu’il soit anathème ! Parlons-en de la démocratie ! Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, dit la Constitution. Pour nos prédicateurs, le peuple n’est plus qu’un monstre hostile à tenir à distance. C’est lui pourtant qui ploie sous le poids de la dette, vit le supplice de l’enfer normatif, subit les effets dissolvants d’une politique d’immigration suicidaire, supporte, dans sa chair et celle de ses enfants, une délinquance de plus en plus barbare. Il faudrait Albert Camus pour rappeler que l’État de droit, trésor des démocraties libérales, n’est pas le paravent des pulsions despotiques de quelques-uns mais « l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux libertés particulières ». Il faudrait de la hauteur de vue, de la clairvoyance, du courage - de la démocratie -, sinon, à force d’osciller entre radicalisation et faiblesse, le régime finira par tomber sur lui-même.
par Arno Klarsfeld dans FigaroVox 20 septembre 2025
Une tribune de Arno Klarsfeld à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/arno-klarsfeld-l-hostilite-des-elites-europeennes-a-l-egard-d-israel-est-une-forme-d-aveuglement-20250915 TRIBUNE - Alors que les chefs de gouvernement européens sont de plus en plus nombreux à élever la voix contre la guerre menée par Israël, l’ancien avocat des Fils et filles des déportés juifs de France rappelle l’enjeu existentiel que représente le conflit au Moyen-Orient pour le petit État juif. Accuser l’État d’Israël de génocide aujourd’hui à Gaza est comparable à l’accusation faite aux Juifs d’empoisonner les puits au XIVe siècle. Beaucoup y croyaient alors et certains y croient aujourd’hui. Quand Emmanuel Macron renvoie aux historiens la responsabilité de déterminer si Israël commet un génocide et qu’il accuse Israël de se comporter de manière barbare, y croit-il ? S’il prend les chiffres du ministère de la Santé du Hamas comme véridiques, c’est-à-dire 60.000 morts dont sans doute près la moitié de combattants du Hamas sur une période de deux ans et sur une population de plus de 2 millions pour Gaza (ou près de 6 millions si l’on inclut la Judée-Samarie ou Cisjordanie), comment croire, alors, qu’Israël commettrait un génocide ? Lors des commémorations du Débarquement durant lequel les Alliés ont bombardé les villes normandes, causant en peu de temps plusieurs dizaines de milliers de morts parmi la population française, le président de la République a-t-il évoqué un génocide ? A-t-il parlé de génocide lors de son discours en 2024 devant la Frauenkirche à Dresde, auquel j’assistais avec mes parents, alors qu’en deux nuits en février 1945 les Alliés ont tué par leurs bombardements des dizaines de milliers de civils allemands ? Et pour Hambourg avec 50.000 morts en un mois de bombardement ? Et pour Tokyo, 100.000 morts en deux nuits ? Hiroshima et Nagasaki ? Contrairement aux Israéliens, les Alliés n’ont jamais cherché à prévenir la population allemande avant les bombardements. Et pourtant, dans le Bureau ovale, le chancelier allemand il y a trois mois remerciait les États-Unis d’avoir libéré l’Allemagne du nazisme. Les Israéliens se battent aujourd’hui pour que la Shoah, qui s’est déroulée avec des complicités dans tous les pays européens, ne se reproduise pas en Israël. Rendons hommage à la population française qui, nourrie de valeurs républicaines et de charité chrétienne, a protesté durant les grandes rafles de l’été 1942 et a permis ainsi aux trois quarts des Juifs de France de survivre. Mais excepté ces Justes, les élites ont été silencieuses ou complices. Et, aujourd’hui encore, au lieu de faire pression sur le Hamas pour libérer les otages et baisser les armes – ce qui arrêterait aussitôt la guerre –, c’est sur Israël que bien des gouvernements européens font pression. Cette hostilité des élites européennes est une forme d’aveuglement, ce sont les fondements de la civilisation occidentale qui sont sapés, l’Europe et Israël ayant le même ennemi inflexible : l’islam radical qui doit être vaincu. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Évidemment, comme le président de la République le dit, la sécurité d’Israël passe par la paix et une solution étatique pour le peuple palestinien. Il suffit de voir sur la carte ce petit bout de territoire qu’est Israël, plus réduit que la Bretagne, entouré de millions de kilomètres carrés du monde arabe avec des centaines de millions d’habitants (tout aussi intelligents que les Israéliens), avec des richesses incommensurables, et de se remémorer qu’il y a 14 millions de Juifs pour plus de 2 milliards de musulmans pour comprendre qu’Israël a intérêt à la paix. Israël est toujours David. Avec ces données, le président de la République comme de nombreux dirigeants européens pourraient également comprendre que c’est une grande partie de ce monde arabe qui ne veut pas la paix et qui est prête à sacrifier générations après générations pour obtenir ce qu’il désire avec passion : la destruction de l’État d’Israël comme État juif. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Et c’est avec ce souvenir en tête qu’une partie du Quai d’Orsay et des élites européennes considèrent Israël comme une parenthèse dans l’histoire et que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui « enquiquine tout le monde », selon les mots d’un ancien ambassadeur français. Après tout, en termes de fiction géostratégique, cela peut se comprendre. Mais, au moins, il ne faut pas reprocher à l’État qui est agressé de chercher à se défendre de manière bien moins cruelle que l’Occident lorsqu’il menait ses guerres d’expansion et même de défense. Tous les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours en France. Quant à la majorité de la population française, elle comprend que si les Juifs sont chassés de France comme ils ont déjà été chassés des banlieues des grandes villes, ce n’est pas en raison d’un antisémitisme chrétien ou de celui de l’extrême droite. Elle comprend qu’elle risque ensuite d’avoir elle aussi à se soumettre ou à s’en aller.
par Henri Guaino 17 septembre 2025
Magnifique tribune d'Henri Guaino à lire dans le JDD : https://www.lejdd.fr/politique/henri-guaino-le-naufrage-des-politiciens-et-lexigence-dun-chef-161718
par Une interview de Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste 16 septembre 2025
"Dans l’«Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes», le docteur en philosophie et essayiste a réuni 41 intellectuels, dont Chantal Delsol, Pierre Vermeren, Ferghane Azihari ou Christophe de Voogd pour déconstruire cette «novlangue»." Une interview de Sami Biasoni par Alexandre Devecchio dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sami-biasoni-le-neoprogressisme-nous-fait-entrer-dans-une-nouvelle-ere-langagiere-20250911 «Antifascisme », « antispécisme », « écriture inclusive », « matrimoine », vous consacrez, avec 41 contributeurs, une encyclopédie aux termes chargés d’idéologie qui inondent nos débats. La langue est-elle devenue un champ de bataille idéologique ? Depuis quand ? Cette bataille sémantico-politique est-elle menée par l’État, les médias, le monde universitaire ? Dans mon précédent essai (Malaise dans la langue française, 2022), également consacré à la question de la langue française, je rappelais que « la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. Les idéologies, de quelque nature qu’elles soient, sont éprouvées par et dans la langue, mère de toutes les causes politiques ». Les manipulations militantes de la langue que nous analysons dans l’ouvrage s’inscrivent quant à elles dans une histoire plus récente : celle du « politiquement correct », dont on peut dater l’origine au tournant des années 1970. Il s’agit d’un phénomène nouveau car il n’est pas imposé par un régime totalitaire, mais émane surtout de normes culturelles et d’usages institutionnels « démocratiques ». Son vecteur de diffusion a trait à un conformisme moral qui se répand à mesure que nos sociétés se fragmentent. Comme l’a montré George Orwell , n’est-ce pas le propre des régimes totalitaires de vouloir transformer la langue ? Sommes-nous face à une nouvelle novlangue ? Les révolutionnaires de 1789 ont promu le « salut public », terrible antiphrase qui masquait l’horreur des exécutions arbitraires pendant la Terreur ; les bolcheviks ont imposé l’usage d’antinomies simplificatrices et manichéennes (par exemple, camarades contre ennemis du peuple) ; le nazisme avait instauré un système langagier complet qualifié de « langue du IIIe Reich » par Klemperer. Nous avons affaire en Occident à une novlangue soft, ce qui la rend d’autant plus pernicieuse. Toutefois, il ne faut pas négliger les forces militantes à l’œuvre : les x-studies (études de genre, de race, de subalternités, etc.), nées sur les campus américains en même temps que s’est diffusée la pratique du politiquement correct dans les milieux dits progressistes outre-Atlantique, ont proactivement et méthodiquement promu ce que je nomme le « foisonnement (pseudo) conceptuel ». En outre, la pensée de la déconstruction est intrinsèquement narrativiste : elle valorise le récit, la subjectivité et l’hyperbole. C’est pourquoi le néoprogressisme et son avatar radicalisé woke nous ont fait entrer dans une nouvelle ère langagière, celle de la saturation de l’espace par ces euphémismes contemporains et autres manipulations sémantiques qui sont l’objet de notre ouvrage. Il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes… Paradoxalement, vous montrez aussi que le politiquement correct langagier, souvent porté par une certaine gauche, est loin de favoriser concrètement le progrès social. Les conquêtes langagières symboliques remplacent les réelles avancées sociales… Cette manipulation du langage est-elle le fruit de l’impuissance du politique et en particulier de la gauche progressiste ? La situation actuelle me paraît résulter de la conjonction de deux phénomènes : d’une part celui que l’on nomme usuellement « paradoxe de Tocqueville », en vertu duquel « quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent » ; autrement dit, à mesure que nous approchons de l’égalité de facto, toute inégalité résiduelle, même infime, nous semble insupportable. D’autre part, il est effectivement probable que l’affaissement du pouvoir politique au sein des démocraties libérales contribue à une survalorisation des causes « symboliques ». Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le confort moral de l’indignation de salon : il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes, au Moyen-Orient ou ailleurs. Mais je crois que le sens commun continuera de résister à la rééducation forcée de ceux qui refusent le débat serein, je crois que l’humanisme sincère l’emportera au détriment de l’intolérance de ceux qui préfèrent la forme du discours au discours lui-même. À terme, quelles peuvent être les conséquences en matière d’éducation ? Nos enfants ne sauront-ils plus définir des mots aussi usuels qu’un « homme » et une « femme » ? Posez la question aux militants les plus radicaux : ils ne le peuvent plus ! Certaines définitions qui leur sont imposées relèvent de tautologies dangereuses (une femme est une femme parce qu’elle se sent femme), qui contreviennent à la fois à ce qu’énonce la science (l’existence du fait biologique, sans que soit niée la possibilité de vécus de genre différents de la norme statistique) et à ce que révèle le bon sens. Dans une perspective plus large, il faut comprendre que la langue est tout aussi organique que mécanique : on peut tolérer son évolution – c’est même nécessaire – mais elle ne doit pas être forcée. La brusquer revient à troubler non seulement la pensée des individus, mais aussi leur capacité à constituer un corps social stable. Selon vous, le politiquement correct langagier est également à l’origine de la montée des « populismes », en particulier du trumpisme. Pourquoi ? Ce que vous appelez le « populisme » est-il une réaction démagogique ou simplement une réponse salutaire ? Il s’agit de l’une des causes majeures de la montée des « populismes » dans la mesure où ces derniers prennent essor sur le décalage entre le réel perçu et vécu par les citoyens et la manière dont on décrit le monde. Le trumpisme substitue aux ratiocinations du néoprogressisme une proposition antithétique radicale : celle d’un langage dépouillé, rudimentaire et pragmatique. Or, la simplification outrancière du langage est un autre procédé que les totalitarismes ont toujours encouragé. En matière d’usage de la langue, le pouvoir américain tombe, à mon sens, de Charybde en Scylla. La France, heureusement, résiste. C’est pour cela que nous avons écrit cette Encyclopédie des euphémismes contemporains. Quant au populisme, il est à la fois salut, parce qu’il en revient au sens commun et au souci du corps social dans sa globalité, et un péril, dans la mesure où l’on sait les tentations de contrôle politique démagogique qu’il engendre. Votre livre s’attaque principalement à la novlangue néoprogressiste. Existe-t-il aussi une novlangue de droite ? Par exemple, le mot « woke » est-il employé de manière trop systématique et parfois dans le seul but de discréditer une pensée de gauche ? J’ai relevé près de 300 termes que l’on pourrait qualifier de « manipulations militantes de la langue » : la plupart sont promues par les tenants du néoprogressisme. Il existe bien sûr des néologismes de droite, mais ils sont moins nombreux et fonctionnent différemment. Il s’agit généralement, pour la droite, de résister ou de contre-attaquer. C’est ainsi que des termes comme politiquement correct ou woke ont servi à dénoncer des doléances excessives émanant de la gauche. Parfois, les néologismes issus des rangs de la droite servent à qualifier avec emphase des fantasmes ou des phénomènes émergents indûment présentés comme massifs : les expressions « zone de non-droit », « État profond », « submersion migratoire » sont de cet ordre. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme « woke » se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes Le mot woke a une histoire intéressante : il prend racine dans les années 1930 aux États-Unis, sous la forme de l’injonction « stay woke » (littéralement « restez éveillés ») reprise par divers auteurs et artistes noirs victimes du régime de ségrégation raciale prévalant alors. Il reste néanmoins peu usité durant plusieurs décennies, jusqu’à sa reprise par le mouvement Black Lives Matter en 2012. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes pour progressivement prendre le sens plus large qu’on lui connaît aujourd’hui. Au gré du temps, comme dans le cas de la locution « politiquement correct », ce mot a servi à désigner les excès et dérives de la radicalité néoprogressiste, c’est pourquoi peu se réclament aujourd’hui ouvertement du wokisme. Il s’agit là d’une des rares victoires sémantiques dont peut se targuer la droite. Toutefois, il convient de constater que cela s’est produit au détriment de la rigueur, voire de l’honnêteté intellectuelle : nombreux sont ceux qui utilisent désormais ce terme pour qualifier des comportements qui n’en relèvent pas. C’est un abus malheureux. C’est pourquoi Sylvie Perez et moi-même consacrons deux entrées à ce mot central au sein de l’Encyclopédie. Aucune manipulation n’est souhaitable, quel que soit le dessein poursuivi.
par Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique 14 septembre 2025
Une tribune de Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique, dans les Echos à propos de la taxe Zucman https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-la-taxe-zucman-appauvrirait-la-france-2185537 "L’économiste Gabriel Zucman soutient l’instauration d’une taxe plancher de 2 % sur le patrimoine au-delà de 100 millions d’euros. L’adoption de cette taxe, qui est envisagée pour le budget 2026, serait profondément nuisible pour l’économie française. Un impôt sur la richesse soulève d’abord un problème de valorisation : la base taxable est fluctuante pour les entreprises cotées en Bourse et difficile à établir pour les entreprises non cotées. Il pose ensuite un problème de liquidité pour les propriétaires d’entreprises en croissance ne versant pas encore de dividendes. Cela pose la question de l’exil fiscal, dont l’ampleur est incertaine. D’un côté, les études empiriques suggèrent que le flux de départs serait limité. D’un autre côté, jamais une taxe aussi massive n’a été mise en œuvre. En outre, si les flux sont limités, le stock de Français fortunés installés à l’étranger est déjà substantiel. L’objectif devrait plutôt être de les faire revenir en France. Frein à l’innovation Outre ces effets, la taxation de la richesse poserait un problème de mécanicité à la croissance. Rappelons que la valorisation d’une entreprise est déterminée par les gains futurs escomptés. La taxation de la richesse diminue donc les perspectives de gains futurs en rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes. De même, l’action d’une entreprise innovante valant essentiellement par ses perspectives de croissance future, une taxe sur la richesse lui est particulièrement nuisible. La taxe Zucman aurait donc un effet très négatif sur l’innovation et sur la croissance. La taxation de la richesse affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme. Une caractéristique des milliardaires est que leur taux d’épargne est particulièrement élevé, avec une consommation souvent négligeable au regard de leurs revenus. Par conséquent, une taxe sur leur richesse consiste pour l’Etat à prélever puis à dépenser des revenus du capital qui auraient sinon été épargnés et réinvestis. Ainsi, cette taxe réduit mécaniquement l’épargne et donc l’investissement. Plus précisément, l’Etat consacre environ 10 % de ses dépenses à l’investissement public et ses dépenses supplémentaires transférées aux Français, qui en consomment une large fraction. Or notamment aux Etats-Unis, l’investissement des entreprises représente environ 80 % des sommes investies, celui de l’Etat environ 20 %. L’investissement public étant en outre moins productif que l’investissement privé, une substitution de ce dernier par le premier réduit le potentiel de croissance. Ainsi, si la taxe Zucman rapportait 16 milliards d’euros par an (0,6 point de produit intérieur brut – PIB – privé), on devrait en conclure que l’investissement privé diminuerait d’autant et que l’investissement public augmenterait au mieux de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) – soit un manque à gagner net de 0,5 point de PIB d’investissement. En finançant l’investissement public par un impôt sur la richesse, on substitue de l’investissement public peu productif à de l’investissement privé productif, et on suscite une dégradation du solde de la balance commerciale. Donc, à PIB inchangé : soit l’investissement diminue de 16 milliards d’euros ; soit ils seraient financés par l’étranger et le déficit commercial se creuse alors de 16 milliards ; soit, plus vraisemblablement, on a une combinaison de ces deux possibilités. Pire : en France, les entreprises innovantes rencontrent souvent des difficultés à se financer. Or, les milliardaires sont précisément les investisseurs les plus à même d’effectuer des placements risqués au service des entreprises en croissance, avec à la clé des rendements élevés. La taxe Zucman entraverait ce vecteur de croissance. Mesure idéologique Bref, en appauvrissant les riches, et en empêchant les grandes fortunes de se constituer, c’est la France qu’on appauvrirait. D’ailleurs, peu après l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes au début des années 1980, les sociétaires ont été conduits à s’expatrier dans des Etats exonérés de l’impôt sur la fortune. La taxe Zucman affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme en réduisant l’investissement, en pesant sur l’innovation et en aggravant les déséquilibres extérieurs. En réduisant les recettes fiscales futures, elle pèserait en outre sur le financement des dépenses publiques, dont les principales sont : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc. Cette taxe s’inscrit donc dans une logique purement idéologique et non pragmatique. En instaurant la taxe Zucman, la France serait probablement le seul pays à se l’imposer à elle-même, puisque d’autres pays refusent d’adopter une telle mesure d’idéologie purement idéologique et sans aucune pertinence économique."
par Alexandre Devecchio dans Le Figaro 14 septembre 2025
Une tribune très instructive d'Alexandre Devecchio dans FigaroVox sur la perception par les Français de notre nouveau Premier Ministre: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/alexandre-devecchio-pourquoi-la-majorite-des-francais-n-attendent-rien-de-sebastien-lecornu-20250911 LA BATAILLE DES IDÉES - L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français. Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ? « La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites. "Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution" Le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique. «Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle» « Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir. Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens.
par Sébastien Laye (Valeurs Actuelles) 13 septembre 2025
"L’attractivité d’un pays, du point de vue des investisseurs, dépend en partie de l’accueil qui y est fait à l’innovation et de la stabilité juridique. À l’heure actuelle, en cette matière, la France va à l’encontre de ses intérêts" https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/le-principe-de-precaution-est-un-obstacle-a-la-croissance-economique