Éducation Nationale : les lignes rouges sont franchies

Natacha Gray • 1 février 2018

La crise que traverse l'Education nationale est une opportunité pour la droite. Explications.

Entre la droite et l’Éducation Nationale, les relations ont souvent été difficiles. Mais à l’heure où il n’y a plus grand monde pour refuser de voir que le système éducatif français est entré dans une crise profonde, aboutissement d’un long processus de dégradation de l’autorité des professeurs, de la qualité des enseignements, de dévoiement des missions de l’École, la gauche (tant celle de gouvernement que celle des penseurs de l’acte d’enseigner, ces tristement célèbres pédagogistes qui ont inspiré les principales réformes depuis trente ans) semble à présent discréditée aux yeux de ses propres soutiens. Des voix s’y élèvent, de plus en plus nombreuses, pour réclamer le retour au bon sens, au pragmatisme, aux fondamentaux, pour penser et refonder l’École autrement et dénoncer les « imposteurs » du pédagogisme qui prétendaient représenter LA gauche et qui ont connu leur heure de gloire sous le quinquennat de François Hollande. En face que fait la droite ? Que propose-t-elle ? L’heure semble venue d’un retour à ces pratiques et valeurs que les apprentis-sorciers prétendaient être « de droite », « inégalitaires » (on sait qu’une partie de la gauche confond égalité et égalitarisme), « réactionnaires »: maîtriser la langue française tant à l’écrit qu’à l’oral, compter et réfléchir, instruire, aider l’individu à s’émanciper, revenir à la méritocratie républicaine, glorifier le travail et l’effort, la discipline et l’autorité. Dans ce contexte, plus que jamais, la droite ne peut se permettre de manquer ce rendez-vous avec le monde déboussolé et désespéré de l’Éducation Nationale, ancien fief incontesté de la gauche.

L’affaire Galliéni : un avertissement entendu !

L’histoire du lycée Gallieni à Toulouse où une soixantaine de professeurs se sont mis en grève pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail dans un lycée devenu espace de non-droit a mis brutalement sur le devant de la scène régionale puis nationale une situation qui n’a pourtant rien d’exceptionnel. Bien des établissements en France, et pas seulement en REP (réseau d’éducation prioritaire) la subissent depuis des années : d’un côté des enseignants et une majorité d’élèves qui jouent le jeu et vont travailler la peur au ventre, de l’autre une minorité d’élèves perturbateurs, totalement réfractaires à toute manifestation d’autorité, souvent déjà un pied au lycée, un pied au dehors, dont certains présentent déjà un casier judiciaire fourni et qui ont pris le pouvoir, en toute impunité. À Galliéni certains viennent en cours avec un bracelet électronique quand d’autres fument de l’herbe dans l’enceinte de l’établissement, intouchables (mineurs et/ou hors sanctions de la justice, si tant est qu’elle soit saisie par des équipes vivant dans la terreur et sous la menace parfois armée), multiplient les agressions verbales, souvent sexistes, mais également physiques envers leurs camarades et les équipes pédagogiques. De plus en plus nombreux sont ceux qui propagent une contre-culture en contradiction avec les programmes et le règlement intérieur (en sciences, en sport, dans les relations entre hommes et femmes), jusqu’à défendre et répandre pour certains l’idéologie djihadiste (d’où la présence de plusieurs « fichés S » au sein de l’établissement selon les enseignants grévistes). La situation de ce lycée est devenue explosive au point que l’Express en a fait la Une cette semaine (« Un lycée en état de guerre ») et que le Ministre de l’Éducation y a diligenté une équipe d’inspecteurs généraux qui viennent de lui rendre un rapport alarmant.

Lignes rouges franchies

Au-delà de ces cas dramatiques et médiatisés d’établissements qui entrent sous le feu de l’actualité parce que la violence déborde soudain des murs où l’on tentait de la cantonner dans le silence et le déni, la crise profonde que traverse l’Éducation nationale et qui semble enfin aujourd’hui évidente à tous, se traduit également, au niveau du territoire tout entier, par une démotivation des élèves mais aussi des enseignants, une inquiétante baisse du niveau général (et pas seulement dans les établissements difficiles) qui fait dégringoler la France dans les classements internationaux et un manque de sens civique souvent dénoncé chez ces jeunes générations individualistes et souvent irrespectueuses des codes, des usages et de l’autorité. Le manque d’éducation, tant parentale que scolaire, se manifeste de multiples façons dans une société sans repères ni valeurs communes car l’École ne parvient plus maintenant à jouer ce rôle de contre-pouvoir face à la démission des familles ou, pire, face à des idéologies toxiques inculquées à l’extérieur. Bien au contraire ce sont désormais de simples croyances (que l’on met sur le même plan que des sciences) et des usages culturels différents que les perturbateurs cherchent à s’imposer au sein des établissements allant jusqu’à mettre en cause violemment les connaissances historiques, les données physiques, astronomiques, biologiques, ou encore le bien fondé du règlement intérieur. Et les programmes les plus récents, loin de contribuer à aider des élèves d’origines culturelles différentes à s’émanciper tout en intégrant les valeurs de la République et donc à se décentrer par rapport à leurs origines, les ramènent en permanence à ce qu’ils sont et à leurs racines. Le problème pour la société dépasse donc largement les cas des élèves borderline qui, devenus majeurs, tentent de faire régner leur loi dans des zones de non-droit et des établissements à la dérive. Car c’est également celui de l’effondrement du niveau, des compétences et du sens civique, y compris pour les jeunes les plus « réglo », de plus en plus souvent dépeints par leurs employeurs comme incapables de faire face aux exigences du monde du travail (absentéisme, manque de conscience professionnelle et de résistance à l’effort, individualisme, indifférence face à l’intérêt collectif, défaut total d’autonomie, irresponsabilité voire incompétence …). L’ascenseur social est en panne, lui qui permettait hier encore à des populations pauvres, souvent culturellement différentes, de s’extirper de leur condition grâce à l’effort et au mérite (le fameux « élitisme républicain » rejeté par une gauche égalitariste qui n’a retenu de l’expression que le premier des deux mots, qui lui fait viscéralement horreur). Et pour cause, la méritocratie républicaine supposait un apprentissage du civisme, l’acceptation des codes, un certain sens de l’effort individuel et la maîtrise de la langue écrite et orale qui, quoi qu’on en dise, reste le principal marqueur de l’excellence, la ligne de démarcation de part et d’autre de laquelle se creusent aujourd’hui les inégalités les plus criantes.

Une priorité nationale !

Face à ces constats inquiétants on entend dire parfois et on lit fréquemment sur les réseaux que cela est l’affaire des enseignants, qu’ils l’ont « bien cherché » avec leur militantisme « gauchiste » qui leur interdisait d’interdire, leurs dénis de réalité pour ne pas « stigmatiser », leur pédagogisme hors-sol, loin des réalités de terrain, plus soucieux de faire « vivre ensemble » des générations à qui l’on donnait tous les droits (sans leur rappeler leurs devoirs !) que d’instruire et de donner aux plus défavorisés, comme autrefois, la chance de monter dans l’ascenseur social grâce à l’effort et au respect des règles et codes établis. Les professeurs ne récolteraient « que ce qu’ils ont semé ». À présent, « qu’ils se débrouillent ! » Tout cela n’est pas faux même si le corps enseignant n’est évidemment pas aussi monolithique ni leurs responsabilités aussi tranchées.

Bien au contraire, plus que jamais, parce qu’elle forme aujourd’hui les générations de demain, parce qu’elle est liée aux questions de sécurité, de respect, de civilité, parce qu’il ne sert à rien par exemple de vouloir rétablir un service national universel de quelques semaines voire quelques mois si l’on n’a pas éduqué à l’amont ces jeunes au respect de l’autorité, des règles, au civisme, à une certaine idée du collectif et de la nation, l’Éducation doit redevenir l’affaire de tous et bien évidemment une priorité nationale pour les gouvernements qui se succéderont. C’est d’ailleurs le message martelé par Jean-Michel Blanquer qui affirme que sa politique n’est ni de gauche ni de droite comme l’affirment ses adversaires mais simplement le retour du pragmatisme et du bon sens après des décennies d’idéologie et d’expérimentations pédagogistes. Et de fait l’anti-pédagogisme, d’essence citoyenne et républicaine, peut et doit venir de tous les côtés de l’échiquier politique.

Une gauche discréditée mais qui réagit

Il n’en reste pas moins que l’École a longtemps été la chasse gardée de la gauche, pour des raisons historiques aujourd’hui largement dépassées datant de la mise en place de l’école laïque, publique et obligatoire qui permit l’émancipation des plus défavorisés puis de ces « hussards noirs de la République », les instituteurs, qui voulaient donner une chance aux enfants d'ouvriers, de paysans, de petits propriétaires de se hisser plus haut que leurs parents sur l’échelle sociale. Dès 1870 le père de l’école publique, Jules Ferry, qui appartenait au courant de la Gauche républicaine, lui donnait pour objectif de « faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui vient de la naissance, l'inégalité d'éducation ». Rappelons qu’à l’époque l’enseignement était prioritairement aux mains de l’Église et de ses congrégations, essentiellement soutenues par la droite. L’École publique devint donc une sorte de chasse gardée pour la gauche qui se réclamait de Condorcet, de Hugo, de Ferry puis de Jaurès. Les professeurs sont restés longtemps majoritairement de gauche et le rejet de la droite, inscrit dans une sorte d’inconscient collectif et véhiculé par une formation des maîtres en vase clos, reproductrice de réflexes idéologiques, gardienne de cette mémoire corporatiste où la droite, arc-boutée à des privilèges de classe, ne tenait pas le beau rôle de l’histoire. Il semblait donc « naturel » d’être de gauche lorsque l’on devenait enseignant. Il n’est qu’à voir la surprise, voire l’indignation de certains enseignants apprenant que tel collègue n’était pas de gauche, ou pire se réclamait de la « droâte », mot à prononcer avec le mépris qu’il se doit, et cela d’autant plus qu’une droite honteuse n’osait plus de son côté affirmer ses valeurs, notamment dans ce milieu enseignant où elle était -et reste- largement minoritaire et sur lequel régnait une sorte de terrorisme intellectuel gauchisant criminalisant toute voix discordante aussitôt qualifiée de « réac », voire de « facho ». La gauche resta donc en position hégémonique et incontestée chez les enseignants et leurs syndicats, de l’école primaire à l’université, mais aussi chez les chefs d’établissements, dans l’administration rectorale, les corps d’inspection, la formation des maîtres.

Or cette gauche aux manettes non seulement n’est pas parvenue à enrayer le lent déclin de l’enseignement public (concurrencé par le privé, sous et hors contrat et par les cours particuliers), ni sa perte de qualité, ni la dégradation des conditions de travail des enseignants, mais nombreux sont ceux qui aujourd’hui, y compris à gauche, considèrent qu’elle les a accélérés. La peur de « stigmatiser » des élèves dont les parents constituaient sa nouvelle clientèle électorale (deuxième ou troisième génération d’immigrés) a conduit souvent au laxisme, à la démagogie, au nivellement par le bas, au découragement des bons élèves et de leurs professeurs, et chaque période de gouvernement de gauche a même vu une montée de la violence dans les quartiers difficiles, immédiatement répercutée au sein des établissements scolaires. La gauche, ou plutôt cette gauche des pédagogistes qui dominait intellectuellement depuis les années 1980 au sein des Rectorats, des instituts de formation des enseignants et bien évidemment des ministères a fini par imposer à tous les théories fantasques de penseurs autoproclamés « experts » qui n’avaient pas vu une classe depuis des lustres, les éditeurs désirant vendre et se démarquer les propageaient via les manuels scolaires « modernes » et les médias avides de nouveautés s’émerveillaient devant des discours jargonneux d’apparence intelligente, alléchés par des méthodes importées de l’étranger (le « constructivisme » américain mal compris et édulcoré en France). Les parents, à qui l’on répétait que le niveau montait, confortés par des notes élevées et l’absence de sanctions, faisaient confiance à l’institution et à son discours lénifiant, faisant semblant de croire que l’explosion de la violence et des incivilités que l’on déplorait dans le reste de la société épargnait, par miracle, ces sanctuaires qu’étaient les établissements scolaires. Le lobby pédagogiste a finalement réussi à niveler par le bas, confondant égalité des chances et égalitarisme niveleur, à fabriquer de l’illettrisme et de l’innumérisme, à promouvoir la médiocrité, à discréditer l’effort et le travail, et parallèlement à détruire le respect du savoir et de ceux qui le prodiguent. L’acharnement de la dernière ministre socialiste de l’Éducation nationale contre le latin, l’allemand, la grammaire, la langue française, traitant les Académiciens et philosophes qui s’opposaient à son action de « pseudo-intellectuels » en dit long à ce sujet. Quant aux enseignants, non contents de voir se dégrader leurs conditions de travail sous les gouvernements de gauche (classes plus chargées, érosion de leur autorité, violences scolaires, programmes inadaptés, réformes contre-productives), ils virent leur situation financière ou leur image dans la société s’effondrer en quelques années. La droite en effet tenta de les amadouer et n’osa guère toucher à l’Éducation nationale de peur de déclencher une nouvelle guerre scolaire : à l’exception peut-être de Xavier Darcos qui tenta de s’attaquer aux racines du problème, les ministres, dont certains comme Luc Ferry avaient une vision sans œillère de la situation, se contentèrent de gérer la maison pour ne pas faire trop de vagues et ne pas encourir une mobilisation générale de cette gauche qui les attendait au tournant.

Et pourtant ! La gauche de gouvernement, sans doute parce qu’elle considérait les enseignants et les administratifs de l’Éducation Nationale comme une clientèle acquise, se permit de ne pas faire d’efforts, stigmatisa non pas les perturbateurs mais les professeurs (notamment sous Claude Allègre dont l’influence fut désastreuse sur le vote enseignant qui commença à déserter le PS), nia toute violence scolaire ou baisse du niveau, imposa sans grande concertation (et même aucune sous Najat Vallaud-Belkacem) des réformes directement inspirées du pédagogisme alors même que de plus en plus d’enseignants de gauche en dénonçaient les effets pervers. Pire, elle sembla s’acharner sur la condition de ses fonctionnaires : gel du point d’indice, révision de textes alourdissant les « obligations » de service, mise sous contrôle et limitation de la liberté pédagogique au strict minimum … Aux espoirs de ce peuple de gauche succéda la désillusion et le sentiment (la réalité) du déclassement.

Néanmoins nombreux sont ceux qui à gauche dénoncent aujourd’hui en interne cette OPA perverse sur les consciences de gauche de la part du lobby pédagogisme qui, pendant près de deux voire trois décennies, par un matraquage constant (soutien des ministres, intérêt des médias, notamment des journaux dits « progressistes » influençant un lectorat idéologiquement captif, promotion de ces idées novatrices par les éditeurs soucieux de placer leurs manuels) a réussi à faire croire qu’il représentait toute la gauche. Et cela jusqu’à prendre quasiment le pouvoir au ministère de l’Éducation Nationale sous le quinquennat Hollande. Désormais, si la majorité des acteurs du système éducatif est désormais convaincue, sous la violence des faits et la répétition des échecs, que tout l’édifice est à repenser, il faut reconnaître que certains s’emploient à gauche à faire un constat lucide en forme de mea culpa , n’hésitant plus à dénoncer explicitement ceux qu’ils nomment les « imposteurs », ces pédagogistes qui ont prétendu représenter LA gauche et LES enseignants et avec qui l’actuel ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer est également entré également en conflit (et réciproquement) dès son arrivée rue de Grenelle. D’ailleurs ce Ministre, que les pédagogistes et la précédente ministre qualifient de « droite », est particulièrement apprécié par l’immense majorité des enseignants de gauche, preuve que les lignes bougent et que les yeux s’ouvrent. On entend de plus en plus qu’il est devenu urgent de dissocier radicalement les valeurs de gauche des délires égalitariste du pédagogisme et que, comme au temps de Jean-Pierre Chevènement (1984-1986), l’objectif de l’Éducation n’est pas seulement de sociabiliser les élèves et de les éduquer au vivre-ensemble (ce pour quoi, on le sait, l’École est aujourd’hui en échec) ni de former des générations dociles « pour les marchands », mais avant tout de transmettre des connaissances et d’instruire. On entend donc à gauche qu’il faut, à cette fin, œuvrer enfin clairement et vigoureusement à un anti-pédagogisme, de gauche lui aussi, virulent.


Une opportunité pour la droite

Car l’anti-pédagogisme, jusqu’à présent, fut de droite. Ou du moins fut présenté comme tel, des années durant, par le lobby pédagogiste. Il est entendu, dans les médias notamment (qui eux ne se remettent toujours pas en question et continent d’inviter prioritairement les fossoyeurs de l’Éducation et les anciens faiseurs d’opinion) qu’un anti-pédagogiste ne saurait être que de droite (un « réac »), voire d’extrême-droite (un « facho »). La réforme Belkacem inspirée par les « pédagos » du think tank Terra Nova étant considérée par ses promoteurs comme étant intrinsèquement de gauche, tous ceux qui s’y opposaient furent qualifiés de « pseudo-intellectuels », de bourgeois, de conservateurs, de privilégiés, de gens de droite (ou « droâte »). On les vit même prétendre dans Libération que le « prédicat » étant de gauche, ceux qui défendaient le COD, le bon vieux complément d’objet direct ringard, ne pouvaient être que de droite ! Au passage notons que le principal défenseur du prédicat, Michel Lussault, a démissionné du Conseil National des Programmes, en opposition à la politique qu’il qualifia « de droite » du Ministre Jean-Michel Blanquer. Le professeur de lettres Isabelle Dignocourt, auteur de l’ouvrage devenu un best-seller en interne L’Éducation nationale, une machine à broyer. Comment sauver nos enfants ? paru en août 2017 est traitée de « conservatrice » voire de « facho » par ceux dont elle dénonce les ravages sur l’institution scolaire et qu’elle nomme les « termites pédagogistes ». Les valeurs qu’elle défend sont dites « désuètes » par ces « experts » aux abois qui sentent que le vent est en train de tourner. De manière générale il est à noter que les valeurs que les Français veulent retrouver dans l’éducation sont précisément celles que les « pédagogistes » qualifiaient et qualifient toujours de « réac », de « droite » (pour eux donc, même la grammaire était de droite !), voire de « facho » (car ils ont depuis longtemps remplacé le débat par l’anathème et le procès d’intention). Ce sont celles que l’actuel ministre défend depuis son arrivée à Grenelle : restauration de l’autorité, de l’effort, de la citoyenneté, du mérite et donc de l’élitisme républicain, la fin de l’égalitarisme et du nivellement par le bas, le recentrage sur les fondamentaux et notamment la langue, écrite et orale, qui est le sésame indispensable pour qui aspire à monter dans l’ascenseur social, le retour à une histoire qui rend fier de l’appartenance à la nation, le civisme et la citoyenneté … Même s’il est évident que ces valeurs sont avant tout celles de la France et que nulle famille politique ne devrait les confisquer, la droite aurait tout intérêt à ramasser ce que certains lui attribuent et lui offrent sur un plateau, à s’emparer explicitement du combat de la refondation de l’École que les experts pédagogistes prétendent de droite et à soutenir celui dont les Français disent approuver l’action dans leur écrasante majorité, Jean-Michel Blanquer. A l’annonce de sa nomination rue de Grenelle les pédagogistes dénonçaient déjà (rappelons-nous la moue méprisante de la précédente ministre apprenant qui allait lui succéder !) le « retour de la droite » en tentant ainsi de fédérer par la peur d’une droite fantasmée, inégalitaire et liberticide qui n’aimerait pas les enseignants, l’armada des professeurs désabusés. Mais à force de crier au loup, cette fois, le stratagème n’a pas fonctionné.

L’échec de la gauche de gouvernement est patent et explique le divorce entre les enseignants et le parti socialiste. Mais un autre constat est que, jusqu’à présent, ces enseignants déçus et en colère ont réorienté leur vote vers l’extrême gauche (26% aux dernières élections présidentielles) et plus encore vers le centre, ou plus exactement ce qu’ils pensent être le centre (la République en Marche), soit 38% pour Emmanuel Macron. Avec 27% d'abstentionnistes, les enseignants se situent désormais dans la moyenne nationale, en rupture flagrante avec leurs habitudes de fidèles électeurs non-abstentionnistes (18% des professeurs de écoles se sont abstenus mais 39% des agrégés et 40% des professeurs de collèges, vent debout contre la réforme Belkacem).

Très peu sont partis durablement vers la droite ou l’extrême droite, si ce n’est à l’occasion de votes contestataires ponctuels de défiance et d’avertissement pour leur famille idéologique d’origine. Il faut y voir d’un côté le poids des réflexes d’appartenance idéologique ancrés à gauche mais également une certaine rancœur contre cette droite qui, au pouvoir, passe (parfois à tort mais les luttes syndicales ont amplifié l’écho des oppositions) pour avoir asséché les moyens de lutte contre l’échec scolaire, tari les recrutements, favorisé l’enseignement privé. Ce qui est certain en revanche c’est que la droite a assez peu pensé l’école, à l’exception du ministre Xavier Darcos qui en avait fait une priorité, de François Bayrou puis Luc Ferry qui avaient au moins pris conscience de la situation et dénoncé les dérives inquiétantes du système éducatif, de François Fillon qui y fit un trop bref passage entre mars 2004 et mai 2005 pour pouvoir y imprimer sa marque. Le candidat Fillon, en revanche, avait proposé en 2016-2017 un véritable programme pour l’École, « une priorité pour remettre la France debout » très proche de celui que Jean-Michel Blanquer met en place aujourd’hui et qui étonna par la justesse du constat et le pragmatisme des propositions les enseignants de gauche qui avaient eu la curiosité de s’y plonger. Sinon, face aux multiples symptômes du désastre dont l’actualité se fait l’écho (violences scolaire, baisse du niveau, entrisme islamiste, pénurie de professeurs …) qu’a proposé et qu’a fait la droite lorsqu’elle était au pouvoir hier, et que prône-t-elle aujourd’hui ? Jusqu’à présent pas grand-chose. À l’exception de la vieille « question scolaire » opposant sous les septennats Mitterrand partisans de « l’école publique » d’un côté, de « l’école privée», dite « libre » de l’autre, (combat aujourd’hui sur lequel ne s’excite plus aujourd’hui qu’une poignée d’anciens combattants de la laïque qui ne se sont pas rendu compte que la lutte s’était essoufflée, que le consensus dominait et que les priorités s’étaient déplacées ailleurs), on ne peut pas dire que la pensée de droite se soit véritablement emparée des problématiques éducatives .

La droite, donc, s’est assez peu engagée sur les questions scolaires, sans doute parce que le combat a longtemps semblé perdu d’avance, le corps enseignant apparaissant jusqu’à il y a peu comme un bloc solidaire et monolithique rassemblant des sensibilités de la « gauche plurielle », du PS et de leurs alliés « verts » jusqu’aux trotskistes, en passant par les communistes. Tout ce qui venait de la droite était condamné au refus a priori , à des manifestations de rejet, à la critique de la part d’une majorité écrasante d’enseignants. Inversement toute revendication légitime venant des acteurs de l’Éducation Nationale n’était ni entendue ni même écoutée à droite car suspectée d’émaner de réflexes habituels de professeurs gauchistes. C’est ainsi que la gauche, qui a joué un rôle historique indéniable dans le développement de l’École publique, laïque et obligatoire pour tous, avait fini par la confisquer sans partage. La droite a laissé faire et s’en est désintéressée. Aujourd’hui la droite doit à s’en tour s’engouffrer dans le créneau de la refondation de l’École et, déjà, quel que soit le positionnement des uns et des autres par rapport à la République en Marche et au président de la République, soutenir le Ministre de l’Éducation Nationale dont la politique rejoint les propositions constructives pour l’École du candidat Fillon.

Il y a un créneau à occuper, sans doute pas à la place de car, en face, à gauche, de plus en plus nombreux sont donc ceux qui songent aussi à la reconstruction de notre système éducatif sur des bases plus saines. Mais aussi . Car l’Éducation Nationale, c’est aussi et plus que jamais l’affaire de la droite.


(Prochains articles : Éducation Nationale : le constat d’une crise multiforme et généralisée ; les raisons du naufrage (1) : les ravages du pédagogisme ; les raisons du naufrage (2) : une démission généralisée ; le grand chantier de la refondation de l’École.)


Photo Lycée Gallieni : France 3 Régions

par Nicolas Conquer (Valeurs Actuelles) 23 novembre 2025
A l’heure de l’IA, l’immigration choisie devient un grand déclassement "Cette question deviendra l’une des dimensions majeures des prochaines échéances électorales en France. Ceux qui continueront de célébrer « l’immigration choisie » sans condition seront jugés pour ce qu’ils sont : les fossoyeurs silencieux de la mobilité sociale de nos enfants." https://www.valeursactuelles.com/economie/a-lheure-de-lia-limmigration-choisie-devient-un-grand-declassement
par Louise Morice dans Frontières 23 novembre 2025
Je suis de la génération Bataclan. La génération qui n’a pas connu la guerre, mais qui voit le sang couler sur son propre sol. Chaque année, chaque mois, chaque semaine. Nous avons grandi dans l’ombre des sirènes et des bougies, dans la peur sourde des métros bondés, des gares trop silencieuses, des sacs abandonnés. Je fais partie d’une génération qui vit la barbarie à chaque coin de rue ; d’une génération de femmes qui hésite à mettre une jupe, de garçons qui baissent les yeux pour éviter une provocation. Nous sommes ceux qui ont appris trop tôt ce que veut dire mourir pour rien. Je suis de la génération qui n’oubliera jamais, et qui ne pardonnera pas. Remplie de colère, parce qu’on ne nous protège pas. Remplie de colère, parce qu’ils ont les clés mais préfèrent le déni, la lâcheté, plutôt que le courage d’affronter le réel. Ils disent craindre la guerre civile, mais la guerre est déjà là, diffuse, rampante, dans les cœurs et dans les rues. J’avais seize ans, j’étais au lycée. Je me souviens du message sur la conversation de classe : « Y’a encore un attentat à Paris. » Encore. Ce mot résonne encore plus fort que les balles. Ce n’était pas le premier. Et nous savons, hélas, que ce ne sera pas le dernier. Louise Morice, média Frontières
par Jeanne Durieux (Le Figaro) 10 novembre 2025
"Contrairement au conflit à Gaza, ou à la guerre en Ukraine, la guerre au Soudan passe largement sous les radars politiques et médiatiques." "il n’y a pas d’armes actionnées par des Juifs, donc pas d’antisémitisme à galvaniser sous le masque de la bonne cause" Deux poids et deux mesures avec Gaza ? Une chronique de Jeanne Durieux sur un conflit qui passe largement sous les radars politiques et médiatiques à lire dans le Figaro : https://www.lefigaro.fr/international/pourquoi-parle-t-on-moins-du-conflit-au-soudan-que-de-gaza-ou-de-l-ukraine-20251108 DÉCRYPTAGE - Contrairement au conflit à Gaza, ou à la guerre en Ukraine, la guerre au Soudan passe largement sous les radars politiques et médiatiques. Des civils abattus d’une rafale de kalachnikov le long des talus, des hommes rassemblés en groupe pour être brûlés vifs, des enfants épuisés et muets qui déambulent sans parents le long des camps de réfugiés, des femmes atones au regard hanté qui taisent les viols collectifs dont elles ont été victimes. Voilà quelques-unes de la kyrielle d’images insoutenables qui ont envahi les réseaux sociaux ces derniers jours, presque deux semaines après la prise de la ville soudanaise d’El-Fasher par les FSR, les Forces de soutien rapide. Un premier bilan fait état d’environ 3000 civils abattus, mais le bilan pourrait être en réalité considérablement plus élevé. À découvrir Ces massacres de civils, dont l’horreur augmente à chaque témoignage rapporté par les ONG, jettent une lumière crue sur le conflit sanglant qui sévit au Soudan depuis plus de deux ans. Il oppose, sur un échiquier soudanais très complexe mêlé d’enjeux ethniques et religieux, les généraux Al-Burhan, chef de l’armée régulière, à Mohamed Daglo dit Hemedti, à la tête des FSR. Et s’inscrit dans le temps long d’une guerre multifactorielle qui ensanglante la région du Darfour depuis des décennies. Et pourtant, les massacres qui sévissent dans ce pays d’Afrique de l’Est bordé par la mer Rouge peinent à bénéficier d’une couverture médiatique ou de dénonciations proportionnelles à la hauteur des 150.000 morts et des 12 millions de déplacés depuis 2023. Contrairement au conflit à Gaza qui engendre depuis deux ans nombre de mobilisations, réactions, et polarise profondément la société française, la guerre au Soudan ne génère qu’une discrète indignation, voire un silence indifférent, malgré plusieurs récits publiés par les médias (dont Le Figaro ). Comment, malgré tout, expliquer cet angle mort ? Le Soudan échappe aux schémas impérialistes et colonialistes Le Soudan est un pays «inclassable», présente d’emblée le chercheur Marc Lavergne. À cheval sur l’Afrique noire et le monde arabe, multiethnique et multireligieux, lié à la Méditerranée, mais aussi à l’Afrique centrale et au Sahel, il échappe à toute catégorisation géographique mais également historique. Le Soudan a été conquis par les Britanniques et les Égyptiens à la fin du XIXe siècle, qui y ont établi un condominium [un territoire sur lequel plusieurs puissances exercent conjointement une souveraineté, NDLR], avant que le pays ne proclame son indépendance en 1956. Mais en réalité, «les Anglais n’ont pas vraiment colonisé le pays puisqu’ils n’y voyaient qu’une mainmise formelle. Ils sont d’ailleurs regrettés par les Soudanais», pointe encore Marc Lavergne. Par cette histoire, le Soudan échappe aux schémas classiques «impérialistes et colonialistes» qui ont profondément forgé les dynamiques actuelles de la plupart des pays africains. Et c’est d’abord là que le bât blesse. Concrètement, le Soudan n’est pas considéré comme un pays où doit s’exercer une lutte anti-impérialiste ou décoloniale, matrice des discours actuels qui défendent par exemple ardemment la Palestine en «lutte» contre «l’État colonisateur» que serait Israël. En réalité, «le conflit qui déchire le Soudan n’est pas une guerre idéologique mais un conflit pour l’argent», avance Marc Lavergne. Les factions en guerre cherchent en partie à contrôler le pays pour des motivations économiques : ils se disputent notamment la mainmise sur le contrôle des ressources économiques soudanaises agricoles et minières (comme l’or et pétrole). Et dans ce conflit, «le sort, comme l’opinion des civils, est complètement évacué» pointe le spécialiste. Le conflit à Gaza accapare la question du génocide Or, c’est précisément le conflit idéologique qui fait de Gaza une tragédie abondamment exposée. Se joue là le paradoxe de la solidarité sélective : les défendeurs de la cause palestinienne requièrent une prise en charge mondiale de cette tragédie mais s’opposent de l’autre «à l’universalité funéraire» pour d’autres conflits, pointait l’écrivain Kamel Daoud dans les colonnes du Point dès novembre 2024. Selon le prix Goncourt, il n’est pas populaire de plaindre tous les morts, quelles que soient leurs origines. Il poursuivait : «Si vous abordez ce sujet tragique [de la guerre au Soudan, NDLR], vous êtes accusé de cacher un conflit armé ’exclusif’ [celui de Gaza, NDLR], de changer de sujet, de procrastiner et de manipuler.» Par ailleurs, de façon évidente, les mobilisations autour du conflit armé à Gaza servent de relais à l’antisémitisme. Très concrètement au Soudan, «il n’y a pas d’armes actionnées par des Juifs, donc pas d’antisémitisme à galvaniser sous le masque de la bonne cause. (...)», appuie Kamel Daoud. Ce que corrobore l’avocat et essayiste Gilles William Golnadel dans une tribune publiée au Figaro : «[Il y a] une focalisation sur la chose juive par une sorte de fascination», expose-t-il pour justifier l’exposition qui entoure Gaza. Or, au Soudan, «les musulmans y tuent d’autres musulmans, ce qui équivaut à zéro. La mort ne devient importante que si elle suscite des émotions collectives à travers un casting précis», pointe encore Kamel Daoud. Davantage de personnes peuvent avoir été assassinées en une semaine à el-Fasher, sans aucune exagération, qu’en deux ans à Gaza. Nathaniel Raymond, directeur exécutif du laboratoire humanitaire de recherches à Yale Pourtant, les ethnies du Darfour (Fours, Masalit et Zaghawa) ont été victimes d’un génocide au début des années 2000, notamment de la part des Janjawid, ces milices arabes dont découlent aujourd’hui les FSR. Et ces violences contre les ethnies non arabes ont redoublé avec la reprise du conflit en 2023. Mais aujourd’hui, la question du «génocide» dans le débat public est presque exclusivement captée par les événements à Gaza. «Les informations qui remontent du terrain [au Soudan] témoignent d’un nettoyage ethnique voire d’un génocide en cours. On s’est posé des questions très longtemps sur Gaza, on a eu toutes sortes de débats, “est-ce un génocide ou pas ?” alors qu’au Darfour, on avait des éléments [pour le caractériser] et on n’en parlait pas du tout», a pointé le 6 novembre 2025 sur le plateau de C ce soir Meriem Amellal, journaliste spécialiste de l’Afrique à France 24. Plus prosaïque, Nathaniel Raymond, directeur exécutif du laboratoire humanitaire de recherches à Yale, établissait un parallèle cette semaine : «davantage de personnes peuvent avoir été assassinées en une semaine à el-Fasher, sans aucune exagération, qu’en deux ans à Gaza». Et pour cause : après la prise de cette ville, il n’y a pas eu de mouvement massif de population, comme c’est normalement le cas dans une zone nouvellement conquise. Cette constatation «augmente la probabilité que la majorité des civils soient morts, capturés ou cachés» dans l’enceinte de la ville, indique un rapport établi par l’université de Yale et cité par le Middle East Eye . Les Nations unies estiment à environ 60.000 le nombre de personnes ayant réussi à fuir el-Fasher − près de 200.000 personnes sont en conséquence toujours entre les mains des sanguinaires milices. À titre de comparaison, 67.000 civils environ auraient trouvé la mort à Gaza depuis le 7 octobre 2023, selon le décompte (invérifiable) du Hamas. En clair, le Soudan est bien loin des projections collectives et des débats qui agitent et polarisent nos sociétés occidentales. Au sein de cette guerre africaine s’entrelacent de nombreux enjeux internes qui entravent notre implication morale dans le conflit. En Occident, «on ne fait pas la différence entre tous les Soudanais, même s’il existe de nombreuses différences ethniques», éclaire Marc Lavergne, - à l’inverse, là encore, du conflit à Gaza, qui oppose deux parties clairement connues et identifiées. Ce que corrobore encore Kamel Daoud dans sa chronique au Point : «Le corps d’un Soudanais est-il moins choquant parce qu’il n’a pas d’histoire qui nous ressemble ?» s’interroge-t-il. Par ailleurs, depuis deux ans, le conflit soudanais oppose deux généraux belligérants unanimement dénoncés. Les Forces de soutien rapide se sont certes rendues complices de nombreux massacres de civils, largement documentés ces derniers jours, mais les exactions du gouvernement dit «légal» du général Al-Burhan les talonnent sur l’échelle de la violence. «Concrètement, les troupes d’Al-Burhan tuent certes moins de gens, mais les milices qui sont alliées à l’armée régulière font les basses besognes. Et de façon générale, l’armée n’a que faire des civils», résume Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris. Par ailleurs, les acceptions des termes «gouvernement légal» et «gouvernement rebelle» ne s’appliquent pas réellement au Soudan. «Lorsque deux généraux anciens complices s’affrontent, qui est dans la légalité et qui ne l’est pas ?» interroge le chercheur Marc Lavergne. Et ce dernier de poursuivre : «Entre une armée putschiste, dirigée par al-Burhan, qui a ruiné le pays et pris le pouvoir par un coup d’État, et les Forces de sécurité rapide dirigées par le général Hemedti, grand responsable de la crise du Darfour en 2005, qu’on présente comme des rebelles alors qu’ils sont avant tout des Bédouins, à qui accorder la légitimité ?» De quel côté se placer ? Un tel parti pris est, à l’inverse, plus évident dans le cas du conflit en Ukraine : il y a d’un côté l’agresseur, la Russie, et l’agressé, l’Ukraine, dont une partie des terres a été envahie par l’armée russe. Peu d’intérêt stratégique La donne géopolitique impose également sa grille de lecture : celle des Européens est d’abord liée aux décisions de Washington et à la menace russe. Là encore, l’attention constante qu’accorde la France au conflit russo-ukrainien se justifie ainsi par la proximité géographique et culturelle avec l’Ukraine. Cette dernière étant aux portes de l’Europe et candidate à l’UE et l’Otan, les Français ont tout intérêt à peser pour la victoire de l’Ukraine et la résolution du conflit. Dans le cas du Soudan, la France, qui avait soutenu la chute du régime d’Omar el-Béchir en 2019 en s’affirmant se placer du côté «de ce nouveau Soudan», y accorde en réalité peu d’intérêt. «Il n’y a plus cette génération de gens qui ont connu la Françafrique et qui conservent des liens et des intérêts forts sur le continent», dépeint Marc Lavergne, pour qui «la France s’est désintéressée du Soudan».
par Olivier Babeau / Valeurs Actuelles 4 novembre 2025
"Fuite des cerveaux, désindustrialisation, endettement, services publics défaillants, dépendance au luxe et à l’aéronautique : la France adopte les caractéristiques économiques des pays pauvres" Une tribune à lire dans Valeurs Actuelles : https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/olivier-babeau-la-france-se-tiers-mondise
par Guillaume Roquette dans FigaroVox 3 novembre 2025
Un edito de Guillaume Roquette dans FigaroVox suite à la large victoire de Javier Milei aux législatives de mi-mandat en Argentine. Javier Milei a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Et pendant ce temps là, en France, on cogite sur la meilleure façon d'augmenter encore un peu plus la fiscalité alors que nous sommes déjà champion du monde toutes catégories ! https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-du-figaro-magazine-la-lecon-argentine-20251031 "Large vainqueur aux législatives de mi-mandat, avec un peu plus de 40% des voix pour son parti au niveau national, Javier Milei a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Une victoire éclatante. En remportant haut la main les dernières élections législatives en Argentine, Javier Milei a ridiculisé les pseudo-experts qui affirmaient qu’un président aussi libéral serait nécessairement désavoué par les électeurs. À travers ce scrutin, le peuple de ce pays nous administre une magnifique leçon de courage : oui, on peut choisir en toute conscience la voie du redressement, accepter des efforts douloureux, couper à la tronçonneuse dans les dépenses publiques si c’est la condition pour ne pas sombrer. Pour nous autres Français, les Argentins sont des Martiens. Malgré notre dette vertigineuse, notre administration obèse et nos prélèvements obligatoires suffocants, nous refusons collectivement de rompre avec un modèle pourtant à bout de souffle, comme si nous pouvions indéfiniment vivre à crédit sans en payer un jour le prix. L’essayiste Mathieu Laine dresse ce constat désabusé : « Les peuples ne deviennent libéraux que quand ils ont touché le fond de la piscine keynésienne. » Passer la publicité Nous en sommes loin. Le patron du Parti socialiste français, Olivier Faure, continue au contraire de claironner qu’ « il va falloir prendre l’argent là où il est, c’est-à-dire dans les poches de ceux qui ont les moyens ». Voilà les gens avec lesquels le premier ministre Sébastien Lecornu a dangereusement choisi de pactiser : des démagogues d’une médiocrité crasse qui vont tuer notre pays si on les laisse faire. Là-bas, Nicolás ne veut plus payer Pourquoi les Argentins sont-ils capables d’un sursaut auquel nous nous refusons, en tout cas pour l’instant ? La démographie est l’une des réponses : leur pyramide des âges est moins déséquilibrée que la nôtre. Plus nombreux et plus jeunes, les actifs ne veulent plus d’un système qui les empêche de vivre décemment. Là-bas, Nicolás ne veut plus payer. On connaît le franc-parler de Javier Milei. Quand on lui demande ce qu’il pense de ses adversaires progressistes, il les traite de « gauchistes de m… » et affirme : « Il ne faut pas leur laisser un millimètre, si vous le faites, ils vont l’utiliser pour vous détruire. »« Ma mission est de botter le cul des keynésiens et des fils de p… collectivistes. » Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… Et sa franchise ne s’arrête pas aux discours. Contrairement à ce qui se passe habituellement avec la droite française quand elle est au pouvoir, le président argentin a mis ses actes en accord avec ses paroles depuis qu’il dirige le pays. Il a baissé la dépense publique de 30% et supprimé 60 000 postes de fonctionnaires. Le nombre de ministères est passé de 21 à 10. « Afuera » (ça dégage) ! Pour la gauche française, Milei est le mal personnifié. En rétablissant l’équilibre budgétaire de son pays (une première depuis 14 ans), il a coupé les vivres à des centaines de structures politiques, médiatiques et culturelles qui vivaient au crochet de l’État. Un cauchemar pour nos progressistes ; un modèle à suivre pour une droite digne de ce nom."
par Pierre Brochand (ancien directeur général de la DGSE) 18 octobre 2025
Immigration de masse, insécurité, risque de guerre civile... Le cri d’alarme de Pierre Brochand (ex-DGSE) "EXCLUSIF - Vingt ans après les émeutes qui avaient éclaté à Clichy-sous-Bois puis dans toutes les banlieues, l’ancien directeur général de la DGSE dresse le constat inquiétant d’une France au bord de la « confrontation interne »." Une tribune à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/immigration-de-masse-insecurite-risque-de-guerre-civile-le-cri-d-alarme-de-pierre-brochand-ex-dgse-20251017 LE FIGARO MAGAZINE. - Il y a tout juste vingt ans, le 27 octobre 2005, éclataient les premières grandes émeutes de banlieue. Plus qu’une expression de violence passagère, était-ce le début d’un long processus nous conduisant à une forme de « guerre civile » ? Pierre BROCHAND. - Avec le recul, ce qui s’est passé, il y a vingt ans, apparaît, d’abord, comme un révélateur cruel de l’état du pays. Depuis les années 1980, s’était dessiné un paysage inédit : des émeutes ethniques, jamais vues, fusaient ponctuellement en zones urbaines, sur fond de délinquance, d’islamisation et de séparation. La vague d’octobre, en étendant l’incendie à plusieurs villes simultanément, a sonné un réveil en fanfare. Deux tiers de nos compatriotes en ont déduit qu’il fallait « arrêter l’immigration ». Ceux qui détenaient le pouvoir ne les ont pas écoutés. Résultat : rien n’a été fait. Ce qui nous amène directement aux angoisses d’aujourd’hui, que résume la prophétie de « guerre civile ». Je doute que celle-ci se réalise à court terme. En revanche, je tiens pour certaines les affirmations suivantes : – Si nous restons bras croisés, nous irons vers le pire. – Ce pire sera la régression de notre pays en tous domaines, à commencer par la sécurité de ses habitants et, plus généralement, leur bonheur de vivre. – L’épicentre en sera la débâcle de la confiance sociale, clé de voûte des peuples heureux, dont la perte disloque non seulement les sociétés « multi » mais aussi les fondements de l’État-providence. – Je ne vois pas d’autre ferment à ces ébranlements que l’irruption d’une immigration de masse, aux caractéristiques antagoniques des nôtres. Qu’est-ce qui vous rend dubitatif à l’égard du terme « guerre civile », pourtant repris par nombre de responsables politiques ? D’abord, les mots eux-mêmes. Je viens de le dire : pour moi, le fait générateur de troubles à venir ne peut être qu’importé. En effet, dans une démocratie avancée et apaisée, les différends, entre autochtones, ne semblent plus de nature à ressusciter la Révolution ou la Commune. La parenthèse de la « question sociale », ouverte en 1848, refermée en 1968, a laissé la place à des compromis quantitatifs sur le partage d’un gâteau commun, autour de la notion de pouvoir d’achat. De même, les problèmes sociétaux, qui ont pris la suite, n’ont jamais donné lieu à échanges de coups de feu : la haute tenue de la Manif pour tous en a fourni la preuve. Pour faire simple, je dirais qu’entre citoyens de souche, la violence, politique et sociale, n’est plus de mise : pour eux, l’Histoire est finie, au sens de Fukuyama. Leurs débats sont canalisés pour converger fatalement vers un centrisme bien-pensant, quel que soit le numéro de la République. Ceux qui le contestent ne sont pas nombreux : les black blocs ont affiché leurs limites, l’ultradroite parade modestement. L’échec des « gilets jaunes » a, en outre, confirmé qu’aucun projet, centré sur la redistribution du gâteau, ne pouvait renverser la table. Pour la même raison, j’écarte les concepts de « décivilisation » et d’« ensauvagement », qui, en douce, tendent à mettre tout le monde dans le même sac. J’irai plus loin : c’est le thème même de l’immigration, qui, par rétroaction, risque de susciter les plus graves dissensions chez les natifs, entre « universalistes » (mondialistes mercantiles, humanistes rêveurs, wokistes justiciers) et « localistes » (patriotes têtus, régionalistes renaissants, communautaires de tradition). Schisme, qui, d’ailleurs, réintroduit, dans le jeu belliqueux, certains de nos extrémistes, tenants d’une mythique « convergence des luttes », prêts à servir de cheval de Troie aux factions les plus militantes de l’immigration. Nos immigrés sont entrés avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, qu’ils n’ont pas abandonnés à la frontière Pierre Brochand Ensuite, le fait que les fauteurs de troubles de 2005, comme leurs prédécesseurs et successeurs, soient majoritairement de nationalité française ne change en rien le diagnostic. Nos immigrés sont entrés avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, qu’ils n’ont pas abandonnés à la frontière. Ces bagages étaient même si pesants qu’une partie de leurs arrière-petits-enfants continuent à les porter. Énumérons-les, une fois encore, puisque tout en découle : origine du tiers-monde, mœurs communautaires, majorité musulmane, culture de l’honneur, passé colonisé, démographie dynamique, endogamie élevée, faible niveau culturel, productivité et employabilité inférieures, coagulation en isolats géographiques et, surtout, donc, aggravation de ces dispositions au fil des générations dans un contexte global de vengeance du Sud sur le Nord. De ce point de vue, la distinction entre guerre « civile » et « étrangère » ressort brouillée. Nous sommes, au minimum, dans un cas hybride, qui efface, dès le départ, la dimension fratricide des luttes entre Armagnacs et Bourguignons, catholiques et protestants, et où la géopolitique intervient au moins autant que la politique. C’est pourquoi je préfère parler de confrontation interne, vulnérable à des ingérences extérieures. Dans ce tableau, il faut toutefois réserver un sort particulier à l’outre-mer, héritier lui aussi de l’ère coloniale, et doté d’une géographie lointaine et insulaire : on peut y voir des « laboratoires », où des débuts d’insurrection ont déjà opposé des citoyens français, selon leur origine ethnique. Enfin, une « vraie » guerre civile est une lutte armée, au sein d’une même collectivité, entre parties organisées qui s’en disputent le contrôle. Soit le basculement, brutal et total, d’un pays tout entier dans une violence physique concertée. Je le redis : cette vision paraît simpliste. Car d’innombrables hypothèses, plus complexes, sortant des sentiers battus, peuvent se vérifier. Même si nous pensons très fort à l’Empire romain, nul précédent ne saurait nous guider. Gardons à l’esprit qu’aucune société, avant la nôtre, n’a vécu sous le règne de l’individualisme de masse, sorte de terra incognita, sans carte ni boussole. Si nous ne nous dirigeons pas tout à fait vers une « guerre civile », vers quoi allons-nous ? Mon sentiment est le suivant. Bien avant d’en arriver à une bataille à mort pour la souveraineté, nous allons continuer de nous enfoncer dans des sables mouvants. Le raz-de-marée migratoire, s’il persiste, va produire un enchaînement de dégradations, à la fois sous-jacentes dans la durée et explosives dans l’instant. L’immigration actuelle est un fait social total dont les ondes de choc se font sentir partout. Pour les schématiser, elles raniment, d’abord, les clivages non négociables, c’est-à-dire non solubles en procédures, que nous pensions derrière nous : discorde religieuse, inimitié coloniale, fléau racial, gouffre culturel, allégeances nationales incompatibles, auxquels s’ajoute, pour faire bonne mesure, inadéquation économique. En bref, nous prenons, en pleine figure, le boomerang d’une Histoire, loin d’être finie ailleurs. Cheminement souterrain, donc, quand ces disruptions, imperceptibles au jour le jour, finissent par émerger à force de cumulation. Bouffées détonantes lorsque, de ces transformations, naissent des contradictions que les mécanismes d’absorption – autrefois performants avec les eurochrétiens – ne parviennent plus à surmonter. La violence devient, alors, la seule issue. Violence multiforme – délinquante, nihiliste, métapolitique –, d’abord sporadique et dispersée, mais prenant une tournure agglutinante, au fur et à mesure qu’empirent les dérèglements. Soit, au final, un processus quasi volcanique, associant un magma souterrain, porteur de tendances lourdes, et des éruptions soudaines, survenant à tout prétexte. Étant entendu que le choix n’est pas toujours entre la vie et la mort, mais aussi entre une existence qui mérite d’être vécue et d’autres qui n’en valent pas la peine. Sinon, à quoi bon ? J’ai bien conscience qu’ainsi esquissé, ce futur reste nébuleux. Ce qui n’interdit pas d’ouvrir un cadre de réflexion, qui, tout en essayant d’exclure la paranoïa – tâche parfois difficile – met en évidence un éventail de possibles. Sous la forme de l’État de droit, l’État régalien n’est plus que l’ombre de lui-même Pierre Brochand Vous parlez d’un « cadre de réflexion ». Pouvez-vous mieux le cerner ? À mon avis, il faut commencer par prendre conscience du point d’arrivée, lui, irrécusable : une France à majorité africaine et musulmane, bien avant la fin de ce siècle. Bouleversement que je défie quiconque d’espérer paisible et débonnaire. La logique conduit, donc, d’abord à identifier les acteurs de cette tragédie. Si l’on en croit la grille de lecture en vigueur, ils sont en nombre illimité, puisque tout n’est que cas particuliers. Ce n’est pas mon approche. Mon expérience professionnelle m’incite à commettre le péché d’amalgame. Les groupes restent des agents historiques déterminants, et le redeviennent encore plus quand refont surface les casus belli d’antan. Pour moi, ces groupes sont au nombre de quatre. Le plus proactif est constitué de « ceux venus d’ailleurs ». Le critère pertinent, pour l’analyser, est celui de l’acculturation. Faute de statistiques, je m’en tiendrais à l’intuition. Sur un effectif qui atteint désormais 25 à 30% des résidents (sur trois générations), les « assimilés » ne sont plus, à mon sens, que 5 à 10%, les « intégrés » comptent pour 30 à 40% et le reste flotte de la non-adhésion à la haine sur fond d’assistanat. La jeunesse masculine en représente le fer de lance. C’est à travers cette dernière strate que sont ravivés, dans l’espace public, les us et coutumes des pays de départ, avec lesquels nous n’avons jamais demandé à cohabiter. J’attire l’attention sur le fait que l’intégration, « espoir suprême et suprême pensée », n’est qu’un CDD (le respect de la loi contre l’emploi, chacun gardant son quant-à-soi) : en période de basculement, les intégrés pèseront naturellement dans ce sens. Restent « ceux d’ici », les « déjà-là », rejoints par la frange des assimilés. Là aussi, en usant d’une sociologie de la hache, j’y distinguerai trois sous-groupes. « Ceux d’en haut » forment un noyau dur minoritaire, à l’abri des métropoles, à partir desquelles ils font rayonner l’idéologie du « laissez passer, laissez tomber », apothéose prétendue de la « civilisation ». Métropoles où se nouent, d’autre part, des relations pragmatiques de connivence, au moins matérielles, avec « ceux d’ailleurs », rassemblés alentour. « Ceux d’en bas » (65 à 70% du grand total) n’ont pas la même vision : soumis en permanence à des chocs avec des « civilisations » (minuscules, plurielles) aux pratiques antithétiques des leurs, ils n’acceptent plus cette situation et cherchent à le faire savoir poliment, sans y parvenir. Néanmoins, le haut et le bas se retrouvent pour rejeter l’autodéfense et se blottir derrière un quatrième agent : les forces de l’ordre, seule formation armée autorisée sur le territoire français. Ce monopole de la violence est, toutefois, soumis à fortes contraintes. D’abord budgétaires : l’efficacité de ces « gardiens de la paix » est conditionnée par la taille de leurs effectifs, ce qui pose le problème crucial de leur saturation en cas de coup dur. Restrictions juridiques, surtout, sous la forme de l’État de droit, pierre angulaire de la « société des individus » : sous ce régime, l’État national régalien, modèle prédominant auparavant, n’est plus que l’ombre de lui-même. D’une certaine façon, il est même un adversaire à désarmer, car menaçant, du reste de son autorité, les droits fondamentaux de chacun, étrangers et malfaisants compris. Cette impuissance voulue est source d’une incohérence mortelle. En effet, l’immigration ne tombe pas du ciel. Elle est, elle aussi, la conséquence du renversement de paradigme, survenu dans les années 1970, quand nous sommes passés de l’autodétermination des peuples, délimitée par des frontières, à celle des individus, libres de se mouvoir à l’échelle planétaire. Révolution qui, d’un même élan, a donné le feu vert à des exodes massifs, et empêché la puissance publique des pays de destination de les entraver. Or, la survie d’un tissu social, aussi fragile que le nôtre, ne tient qu’à un fil : celui d’une homogénéité culturelle parfaite, autour d’un « néochristianisme païen » unanime, seul à même d’intérioriser l’injonction du vivre-ensemble. Personne ne niera que les nouveaux venus n’ont pas du tout – mais, alors, pas du tout – suivi ce parcours historique, qui nous a conduit à l’épuisement de l’inimitié. D’où la quadrature du cercle : une société qui se veut ouverte mais ne peut se perpétuer que fermée à ceux qui ne partagent pas sa xénophilie. Voilà pour la distribution de la pièce, où nous jouons notre survie. Les réseaux sociaux enclenchent des spirales de contamination aussi soudaines qu’incontrôlables. OLIVIER CORET / OLIVIER CORET pour le Figaro Mag Si nous continuons d’explorer votre cadre de réflexion entre ces acteurs, quels sont les paramètres principaux des évolutions à venir ? Ce que vous me demandez, c’est comment va évoluer le rapport des forces. Si l’on reprend la métaphore d’un fleuve souterrain incandescent, la question devient : quels sont les éléments qui l’accélèrent et ceux qui le ralentissent ? L’accélérateur décisif est, bien sûr, la démographie, indicateur le plus fiable des temps futurs. On ne le répétera jamais assez : nous nous acheminons vers une inversion de majorité, ethnique et religieuse, dans notre pays. Ce n’est plus l’épaisseur du trait. De surcroît, ce chassé-croisé, hors de contrôle, tend à l’exponentialité : il se nourrit des droits opposables, dont se prévalent les immigrés, mais aussi de l’auto-engendrement des diasporas, qui génèrent un fort excédent naturel, disparu chez « ceux d’ici ». En outre, l’immigration est une grandeur non scalable, dont la qualité mute avec la quantité. D’où la notion de masse critique, au-delà de laquelle ce qui était possible en deçà ne l’est plus. Les quartiers où tous ces seuils sont dépassés sont la vitrine de ce qui nous attend. On y retrouve les réminiscences des pays de départ, dont aucun n’est démocratique, développé et égalitaire : incivisme, xénophobie, intolérance, banditisme, omerta, consanguinité, corruption, clientélisme, etc. Ce chamboulement, annoncé par l’arithmétique, ne peut se dérouler sans convulsions. Il y a aussi des « retardants » au processus. Mais ce ne sont, hélas, que des expédients temporaires visant à reculer pour mieux sauter. Le premier est l’évitement, entre anciens et nouveaux. Chacun vote avec ses pieds et se regroupe par affinités, preuve par neuf qu’on ne s’apprécie que mollement : « ceux d’en haut » dans la zone verte des centres-villes, « ceux d’en bas » en France périphérique, « ceux d’ailleurs » dans les banlieues. À ce contournement primaire s’ajoutent des fuites secondaires : la ruée vers l’enseignement privé, l’expatriation des jeunes diplômés, l’alya des Français juifs. Mais le vase déborde déjà : en attestent la répartition autoritaire des demandeurs d’asile en milieu rural et l’implantation obligatoire de logements sociaux dans des villes qui n’en veulent pas. Ensuite, viennent les petits arrangements pour acheter la paix sociale, voire des gains électoraux, sans secouer le cocotier. Ces concessions unilatérales se pratiquent à tous les échelons, depuis la politique de la ville au niveau national, jusqu’aux compromissions municipales, avec des consultants peu recommandables (imams, caïds, grands frères). On songe à la du Barry : « Encore une minute, monsieur le bourreau ! » Autre aspect : les deux minorités actives, susceptibles de coordonner les « révoltés » – trafiquants et Frères musulmans –, n’ont pas intérêt à renverser immédiatement la table. Les premiers en sont au stade embryonnaire de la cartellisation (DZ Mafia), avec pour ambition d’éliminer la concurrence et d’exploiter la poule aux œufs d’or, sans l’achever. Les seconds préfèrent l’entrisme à bas bruit afin d’imposer progressivement les codes de leur religion, en comptant sur l’inexorable loi du nombre pour triompher. Reste le plus grand frein à la belligérance : le comportement des « natifs d’en bas ». Chacun admire leur retenue («vous n’aurez pas notre haine »). Certes, leurs votes, croissants, en faveur de la « maîtrise des flux » montrent que leur imaginaire demeure national. Mais leur choix dans l’isoloir ne se double d’aucune démonstration de rue, pourtant circuit le plus court pour se faire entendre en France. Le poids des seniors ne pousse, évidemment, pas à l’action ni aux changements de cap. Mais, surtout, l’ensemble de la société vit sous les sédatifs obligatoires, que réclame le traitement de l’anarchie individualiste et de l’agressivité multiculturaliste. Citons pêle-mêle : la recherche du bien-être par la consommation, comme unique but commun ; la manipulation des émotions tétanisantes, telles que la peur (épidémies, Russie, climat) et la culpabilité (Vichy, colonialisme, racisme) ; le recours transversal au divertissement. Encore davantage, l’individu-roi, replié sur lui-même, attache un prix démesuré à sa vie biologique, occasion unique à ne pas rater, face à des extraterrestres (terroristes, délinquants) dont les valeurs « héroïques » lui sont devenues illisibles. C’est pourquoi les manifestations qu’il s’autorise – marches blanches, bougies, peluches – clament, avant tout, son refus d’en découdre. Les Français n’ont-ils pas restitué 150.000 armes en 2022 ? Notre orgueil de civilisé est de refouler nos pulsions. Attitude louable et honorable. Mais, alors, ne nous plaignons pas si nous sommes confrontés à des dissidences, que notre passivité enhardit. "La tiers-mondisation de notre corps social n’ira pas sans gros dégâts collatéraux" Pierre Brochand Vous évoquez un fleuve souterrain qui avance, mais aussi fait éruption en surface. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce point ? Notre pronostic vital est-il engagé, comme vous l’envisagiez en 2023 ? Il faut partir de l’état des lieux ! 1500 portions de territoire, en « peau de léopard », échappent au plein contrôle des autorités publiques, et la pression sociale qui s’y exerce va à rebours de nos façons de vivre et de penser. Se répand, dans ces contre-sociétés enclavées, une guérilla de basse intensité contre ce qui y subsiste de l’État national et, plus généralement, d’influence française (pompiers, médecins, enseignants, arbitres). Un pessimiste y décèlerait même le retour, en mode mineur, des insurrections coloniales : commissariats-fortins, check-points, « hits and runs » réciproques, caves-sanctuaires, contraste jour/nuit, lutte pour la « conquête des cœurs » (la politique de la ville, resucée du Plan de Constantine, contre l’entraide sociale fournie par imams et dealers), recherche d’interlocuteurs valables, « porteurs de valise », omerta ordinaire, etc. Ne manque – et ce n’est pas rien – que l’armature du FLN. La crainte la plus plausible est que cet écosystème ne gagne en extension, fréquence et intensité, en vertu de la combinaison d’effectifs qui s’accroissent et d’une distance culturelle qui ne se réduit pas. Le modèle, que je privilégie, vous l’aurez compris, est celui de plaques tectoniques, mises en branle par le couple infernal individualisme-immigration, dont le frottement produit des étincelles qui finissent par embraser la plaine. Sur cette base, rien, hélas, n’interdit que soient franchis, un à un, des seuils critiques irréversibles : usage d’armes létales, pénétrations en « zone verte », submersion des forces classiques, entrée en scène de l’armée, prises d’otages, etc. Parmi les phénomènes déstabilisants, un sort à part doit être fait au terrorisme, bien sûr, mais encore plus aux pillages, auxquels les jeunes des quartiers se sont déjà adonnés : rien n’est plus facile, contagieux et efficace pour réduire à zéro la confiance sociale, libérer les instincts et mettre à genoux une société, bien au-delà des méfaits eux-mêmes. Et, voilà que, pour couronner le tout, pointent les drones, innovation stupéfiante qui met à portée de chacun des capacités incalculables de dissémination de la terreur. En fond de tableau, il faut aussi garder à l’esprit que nous vivons sur le fil du rasoir, en raison de notre dépendance à des réseaux, qui sont autant de catalyseurs de chaos. Les réseaux « sociaux » remettent au premier plan la psychologie des foules, décuplent le potentiel de tangage et enclenchent des spirales de contamination aussi soudaines qu’incontrôlables. Quant aux « vitaux » – électricité, eau, gaz, transports, communication –, leur rupture nous renverrait en un éclair à un état de nature, où régneraient les moins inhibés, dont on devine qui ils seraient. À l’échelle nationale, ce scénario, qui suppose un haut degré de planification et exécution, relève de la science-fiction et nous éloigne des quartiers pour nous renvoyer vers des activistes indigènes, voire des services étrangers. Mais, on ne saurait écarter des applications locales, dont tireraient parti les éléments incontrôlés, dont il est question ici. Quant aux détonateurs proprement dits, la liste en est plus longue qu’on ne croit : aux attentats d’ampleur, « bavures », heurts communautaires habituels s’ajoutent des situations insoupçonnées, comme une brutale sortie de l’euro, suscitant une ruée vers les banques et, par engrenage, une déstabilisation de la rue, livrée aux exactions. Sans doute aucun de ces « fantasmes raisonnés » ne se produira, à brève échéance. Sans doute allons-nous continuer à vivre sur les pentes d’un Etna, dont les projections ne frapperont pas tout le monde, tout le temps, mais de plus en plus de monde, de plus en plus souvent. En tout cas, restons sûrs que la tiers-mondisation de notre corps social n’ira pas sans gros dégâts collatéraux, y compris physiques. Jusqu’à l’engagement du pronostic vital ? À très long terme, on ne peut malheureusement qu’opiner, en raison de la dynamique démographique, hors laquelle, il faut bien le reconnaître, tout n’est que bavardage, plus ou moins informé. Cette grande régression peut-elle être enrayée ? Un redressement est-il possible ? Comment ? Contrairement aux apparences, c’est votre question la plus facile, car les réponses existent et sont devenues banales. Mais, elles sont aussi inévitablement féroces, à proportion du temps et du terrain perdus. S’il reste une petite chance d’éteindre la mèche, il n’est d’autre voie que celle d’un radicalisme sans remords. Soit, à la fois, réduire les flux d’entrée à leur plus simple expression, reprendre le contrôle des diasporas et rétablir l’ordre public. Ce qui est tout à fait possible, mais exige un formidable regain de volonté. D’abord, prendre des mesures immédiatement opérationnelles en matière d’immigration (gel des régularisations, réduction drastique des naturalisations, raréfaction des visas des pays à risque). Puis, enjamber le préambule constitutionnel, indispensable au rétablissement des droits, collectifs et autonomes, du peuple français. Enfin, sur ce canevas, faire flèche de tout bois : externaliser les demandes d’asile, ramener à zéro l’attractivité sociale et médicale de la France, dégonfler les diasporas en agissant sur les titres de séjour, muscler la laïcité en l’étendant à l’espace public. Plus généralement, s’attaquer au virus mortel de l’impunité, par une réforme pénale décomplexée, s’adressant au moins autant aux peines, telles qu’elles sont décidées et appliquées, en cas de récidive, qu’à leur quantum. Sous cette brève formulation, l’ordonnance cache, on le sait, une entreprise herculéenne, dont, les choses étant ce qu’elles sont, j’ai le plus grand mal à imaginer qu’elle soit mise en œuvre. Mais, à l’inverse, je suis en mesure de garantir à vos lecteurs que, si nous persistons à céder au biais de normalité, pour repousser à plus tard ce qui aurait dû être fait hier, nous ne préparons pas à nos descendants des lendemains qui chantent.
par Pierre Nerval 15 octobre 2025
Un post X de Pierre Nerval : Lundi 13 octobre 2025, Emmanuel Macron s’envolera pour l’Égypte, persuadé qu’il va marquer l’Histoire en soutenant la première phase du plan de paix élaboré sous l’impulsion de Donald Trump, en coordination avec le Qatar, la Turquie et l’Égypte. En réalité, il n’y marquera rien... sinon la confirmation d’un trouble narcissique devenu incompatible avec la fonction de chef d’État. Car tout, chez Emmanuel Macron, est désormais mise en scène. Ce déplacement, présenté comme un geste diplomatique fort, n’est qu’un nouveau chapitre du roman qu’il écrit sur lui-même : Macron, l’homme providentiel. Mais la diplomatie ne se nourrit pas de poses, et la paix ne se bâtit pas à coups de photos devant les pyramides. Ce président vit dans un théâtre permanent. Il ne gouverne pas, il se projette. Il n’écoute pas, il parle de lui. Il ne consulte pas, il s’impose. Chaque déplacement devient un plateau de tournage, chaque déclaration une réplique, chaque crise une occasion d’apparaître. La France, elle, n’est plus qu’un décor de prestige... un arrière-plan commode pour ses ambitions d’acteur global. ... Pendant qu’il parade au Caire, les Français s’enlisent dans la crise économique, la perte de confiance, la fatigue morale d’un pays sans cap. Et tandis que les grandes puissances mènent la partie diplomatique à coups d’influence, d’énergie et de stratégie, notre président se rêve en chef de paix universel sans en avoir ni les moyens ni la crédibilité. Il ne voit pas que son narcissisme étouffe l’efficacité, que sa parole lasse autant qu’elle divise, et que son image, devenue son obsession, ridiculise la France qu’il prétend incarner. Un président qui s’aime trop finit toujours par oublier son peuple. Ce voyage en Égypte, qu’on nous vend comme un acte de diplomatie, n’est qu’un pèlerinage à son propre culte. Macron n’ira pas chercher la paix : il ira chercher son reflet.
par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».