Chez LR, l’heure de choisir son camp

  • par Julien Aubert
  • 08 mai, 2022

Chez LR, l’heure de choisir son camp

Dans un contexte de recomposition du paysage politique, les LR, assis entre deux France, sont confrontés à un défi existentiel. Le député LR du Vaucluse et président d'Oser la France, Julien Aubert, propose de le relever.

VALEURS ACTUELLES 05/05/2022

À quoi servent les Républicains ? Au sortir d’une élection où le parti a été quasiment rayé de la carte politique, la question mérite d’être posée. Après tout, les partis n’ont d’intérêt que lorsqu’ils portent une idée, lorsqu’ils apportent une valeur ajoutée.
À cette question en apparence complexe, ma réponse est simple : proposer une alternative au macronisme, qui ne soit pas une question de nuance mais de substance, et surtout qui puisse déboucher sur une alternance en 2027.

Cela suppose de comprendre que le macronisme n’est ni un centrisme, ni une idéologie politique très identifiable, mais plutôt une franchise, une bannière commune, une auberge espagnole. Elle rassemble tous ceux qui font allégeance personnelle au personnage Macron, parce ce que, appartenant au bloc élitaire pétris de néo-libéralisme, ils entendent faire passer leurs intérêts économiques avant le clivage politique. En 2022, leurs rangs ont été grossis de bon nombre de jeunes pousses ou de vieilles gloires, lassées d’attendre dans l’opposition, qui ambitionnent de faire carrière ou de rebondir.

Le macronisme, en d’autres termes, c’est un peu comme chez McDonald’s : “Venez comme vous êtes”. Un McDo de “prêt-à-penser” dont les produits seraient réservés aux élites, pendant que les équipiers triment tout au long de la journée.

ENTRE BLOC ÉLITAIRE ET BLOC POPULAIRE, IL FAUT CHOISIR

La recomposition politique initiée en 2017 puis confirmée par l’élection de 2022 se fait autour d’un clivage majeur : celui entre deux France, un clivage social né de la mondialisation, qui met en sourdine le clivage droite-gauche que Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour entendaient réactiver. Les partis politiques sont en compétition au sein de ces deux blocs pour y prendre l’ascendant, et la qualité du leader – ou du candidat – est la condition première pour espérer survivre dans l’univers darwinien qu’est le monde politique. Sans visage, sans incarnation, vous n’êtes rien.
La morgue, le déni et la paresse d’une partie des élites les ont conduites à couper en deux la Nation
Pour les Républicains, assis entre deux France, l’heure est venue de choisir quel leadership ils prétendent incarner :
  • celui du bloc élitaire, ce qui est impossible à part rallier Macron,
  • ou celui du bloc populaire, où Marine Le Pen règne sans partage, mais sans arriver à concrétiser l’alternance.
La morgue, le déni et la paresse d’une partie des élites de ce pays les ont conduits à couper en deux la Nation. Comme le rappelait récemment Arnaud Teyssier, la prédiction de Séguin s’est accomplie, lui qui annonçait dès 1991 : « Un jour, le front républicain mettra Le Pen à 40 %. »

UNE RÉORIENTATION DES LR VERS UNE LIGNE CLAIRE DE PROTECTION TOUS AZIMUTS

Je plaide pour la réorientation des Républicains vers une ligne claire de protection tous azimuts :
  • défense des intérêts de la Nation (ce que certains appellent avec dédain “le souverainisme”)
  • et protection des classes moyennes et populaires.
Redonner à la Nation les moyens d’exister,
  • c’est lutter contre tous les communautarismes et les idéologies libertaires qui visent à déconstruire tant la France que la République en réinvestissant l’école et la culture.
  • C’est mener un combat juridique pour donner le dernier mot à la loi et à la Constitution sur les juges et le droit extérieur.
  • C’est insuffler une politique culturelle et éducative positive sur la France, son histoire et sa civilisation.
Protéger les classes moyennes et populaires,
Cela se conçoit évidemment au sens premier du terme, en restaurant les moyens de la justice et en mettant au pas les minorités violentes qui défient la République.
  • Cela veut dire assumer la violence légitime dans une époque qui la récuse en préférant la violence symbolique ou sociale, au motif qu’elle est plus raffinée.
  • C’est couper la tête du serpent islamiste lové dans notre société avachie, qui a peur de l’affrontement.
La protection est aussi économique car une partie du peuple français ne recueille que les miettes du grand banquet de la mondialisation.
  • Cela suppose de réinventer un Etat stratège, qui mènera une politique de libération de l’initiative privée en supprimant « l’impôt normatif » que représente la paperasserie, de réindustrialisation nationale et d’aménagement du territoire.
  • Cet Etat mettra en place une politique d’écolo-souverainisme humaniste, respectueux des modes de vie traditionnels et des paysages, qui n’assassinera plus fiscalement les classes moyennes pour financer des lubies inefficaces.
  • Il conduira aussi un combat protectionniste à l’extérieur, avec l’arrêt des négociations sur les accords de libre-échange actuels pour mettre en place de l’équité écologique et sociale dans les échanges avec le reste du monde.
L’Etat doit restaurer aussi des règles éthiques internes et mieux se protéger des conflits d’intérêts (consultants, banquiers d’affaires, pantouflages).

TRANCHER TROIS NŒUDS GORDIENS

Pour que la clarification ait lieu, trois « nœuds gordiens » devront être tranchés.

Le premier est la question européenne. Le refus d’une Europe fédérale ne fait pas question aux Républicains, mais derrière les discours consensuels sur le « mieux d’Europe » se trouve un aveuglement quant aux petits coups de canifs contre la souveraineté française qui amènent doucement mais sûrement à une forme de disparition du corps politique qu’est la Nation : emprunt fédéral européen, supériorité de la jurisprudence de CJUE sur la constitution, armée européenne. Nous devons aussi acter que le couple franco-allemand est un mythe et que l’Allemagne a poussé ses propres intérêts industriels au détriment des nôtres.

Le second est la question économique et sociale. Le discours gestionnaire sur le trop d’Etat et la dette n’ont absolument pas permis d’équilibrer nos comptes mais ont par contre désorganisé l’Etat. En appliquant sans nuance le programme économique de l’UE directement inspiré de Washington (privatisations, libre-concurrence, et libre-échange), nous avons ravagé des pans entiers de notre territoire, fragilisé de belles entreprises nationales et dissous des services publics qui manquent aujourd’hui cruellement au peuple français. Il est temps de sortir de la bataille du salaire pour explorer une véritable troisième voie avec un second salaire tiré des dividendes.

La troisième est la question de la décentralisation. Sous couvert de décentralisation, une partie de notre famille politique a défendu les intercommunalités et les régions, au détriment des communes et des départements, c’est à dire une forme de recentralisation à l’échelle locale. Nous devons défendre une démocratie où ce sont les gens élus sur leur nom qui décident. Nous devons privilégier l’enracinement et des responsabilités claires assises sur une fiscalité locale simple et transparente.

Ce n’est qu’en tranchant ces trois nœuds gordiens que les Républicains pourront tout changer, du sol au plafond, et enfin tenir un langage nouveau. Un langage qui parle vraiment aux Français. Celui d’une certaine idée de la France.
par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

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