Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »
- par Gérard Collomb
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- 11 mai, 2022
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Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »

Proposé par un de nos fidèles lecteur, un article du Point dans lequel G Coulombfait une analyseintéressantedu macronisme. On y retrouve notamment l'obsession d'Emmanuel Macron de vouloir toujours tout maitriser dans les détails, tout contrôler et décider sans tenir vraiment compte des autres, son manque d’humilité et cette façon de toujours vouloir montrer sa supériorité.
EXCLUSIF. Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »
ENTRETIEN. Il fut l'un des inventeurs du macronisme et se taisait depuis trois ans. Il livre au « Point » une analyse aiguisée de l’action du président.
Propos recueillis par Jérôme Cordelier et Etienne Gernelle
Publié le 04/05/2022 à 10h00 - Modifié le 05/05/2022 à 07h43
Il a été le premier grand élu à croire en un Macron présidentiel, et il a fortement contribué à façonner ce qui allait devenir le « macronisme ». Nommé ministre d'État, ministre de l'Intérieur, dans le gouvernement d'Édouard Philippe, Gérard Collomb démissionne avec fracas moins d'un an et demi plus tard. Personne n'a oublié ses paroles fortes dans le discours solennel de la passation des pouvoirs devant son successeur, le Premier ministre, Édouard Philippe, médusé. Déplorant une situation « très dégradée » dans les quartiers, le chef de la police avait lancé : « Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face. » Un ministre ne devrait pas dire ça... Ses mots prophétiques vaudront au premier des macronistes, intime du couple Macron, la mise au ban.
Une disgrâce que Gérard Collomb paiera cher : trahi par les siens, il ne retrouvera pas son fauteuil de maire de Lyon, ni de président de la métropole, que cet édile bâtisseur avait pourtant créé et propulsé dans la modernité. Celui qui n'est désormais plus que conseiller d'opposition à Lyon rompt trois ans de silence et dresse pour Le Point un bilan contrasté mais implacable, sans amertume, du premier quinquennat, et confie aussi ses espoirs pour la réussite du second.
Le Point : Pour vous qui en avez été l'un des pères fondateurs, qu'est devenu le macronisme ?
Gérard Collomb : À l'origine, selon moi, le macronisme a été façonné par quatre éléments. Premièrement, c'était l'idée selon laquelle l'affrontement entre partis traditionnels était dépassé. Moi qui étais socialiste, je trouvais qu'il y avait des Républicains ou des centristes plus proches de mes idées qu'un certain nombre de frondeurs. Dans un paysage statufié, il fallait rebattre les cartes. Notre macronisme rassemblait des jeunes qui entouraient Emmanuel Macron, et des élus locaux, dont par exemple Jean-Claude Boulard, le maire du Mans. Le deuxième élément était économique : on pensait qu'il y avait essentiellement une crise de l'offre alors que, au PS, on était pour une relance par la demande, ce qui faisait que la France perdait en compétitivité. Le troisième point, c'était de mettre fin aux deux fractures de la société française : d'abord le décrochage d'une France périphérique, ensuite la fracture sociale dans les villes entre des quartiers locomotives, engagés dans le mouvement du siècle, et d'autres où sont cantonnées des populations reléguées, provenant en grande partie de l'immigration. Quatrièmement, on avait pour ambition de prendre en compte sans œillères les problèmes de sécurité : Emmanuel Macron voyait bien que, à la fin du mandat de François Hollande, cela était bien moins affirmé qu'avec un Manuel Valls ministre de l'Intérieur, qui prenait ces questions à bras-le-corps. Une partie de la gauche parlait d'un sentiment d'insécurité, pas d'insécurité. Il fallait rompre avec l'angélisme.
Que reste-t-il de ce macronisme originel ?
Sur le premier point, casser les anciens partis, on peut dire qu'on a réussi (rires). Mais pour aboutir à quoi ? On est passé d'un système « camp contre camp » à la France des trois blocs. Il y a celui de Marine Le Pen, qui est très important – et il n'y a pas 42 % de fascistes dans le pays – donc si l'on ne prend pas en compte cette réalité, le désenchantement sera fort. Il y a aussi le bloc de Mélenchon, qui a fédéré d'une part des jeunes attirés par le wokisme, l'intersectionnalité, et d'autre part les banlieues, en cristallisant un vote immigré, une communauté qui a été choquée par le discours des Mureaux du président sur le séparatisme parce que, pour elle, il confondait musulmans et islamistes radicaux. Comme ministre de l'Intérieur, on me l'a suffisamment reproché, j'ai essayé de tenir un discours ferme sur l'immigration, mais aussi avec la volonté de « déghettoïser ». C'est mon côté Borloo. Le troisième bloc, au milieu, c'est celui du vote Macron. Ses 28 % de voix représentent un vaste espace, mais que va-t-il devenir ? Si demain il s'élargit sur la droite et sur la gauche, de Sarkozy à Rebsamen, va-t-il trouver le même élargissement dans la population ? Je ne le crois pas.
La logique d'un parti unique central vous semble donc dangereuse ?
Bien sûr ! Cela conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp…
Et sur l'économie, le macronisme a-t-il réussi ?
Oui. Quand on injecte des centaines de milliards dans l'économie, comme ce fut le cas à cause du Covid-19, ça marche, c'est logique. Mais il n'y a pas que cela. Dès avant le Covid, il y a eu une hausse des créations d'entreprises. Il faut dire aussi que cela est dû en partie aux réformes consécutives au rapport Gallois, pacte de responsabilité et lois El Khomri. Hollande a fait ces réformes trop tard, mais cela a porté ses fruits dès le début du quinquennat suivant. Ensuite, Macron a continué en ce sens : il y a eu la réforme du droit du travail, par exemple, et aussi de la SNCF. Dans les esprits, cela a installé l'idée que ce jeune président ose s'attaquer à des sujets sensibles : il réforme, il débloque, il libère. Et cela a marché. En 2018, il y a eu en France 691 000 créations d'entreprises, soit 17 % de plus par rapport à l'année précédente. Puis, en 2019, 815 000 ; en 2020, 850 000 ; en 2021, 995 000. Au début du quinquennat, c'était beaucoup de microentreprises mais, la dernière année, des sociétés plus importantes ont été créées. D'où la baisse du chômage.
Sur le troisième objectif de votre macronisme, réduire les fractures, il y a eu en revanche les Gilets jaunes…
Il aurait fallu, pour réduire les fractures, mettre en place un acte III de la décentralisation. Nous avions plaidé pendant la campagne présidentielle de 2017 pour une révolution girondine. Vous connaissez la suite… Au moment où je quitte le gouvernement, Macron dit : « Il y a des moments dans l'Histoire où il faut assumer des périodes de jacobinisme. » Le discours sur Jupiter va naître. Ce qui va lui faire redécouvrir le rôle des territoires, c'est la crise du Covid, notamment dans la première période : heureusement que les collectivités sont là pour gérer les masques.
La logique d’un parti unique central conduira à un rétrécissement politique qui pourrait aboutir à la victoire de l’un des extrêmes. Mais alors pourquoi s'est-il mis autant d'élus à dos ?
Il agit avec la conviction qu'il faut un État fort. Et, pour lui, alors, l'État, c'est seulement l'État central. Pour la majorité des Marcheurs, les territoires ne signifient pas grand-chose, leur monde, c'est celui du numérique, de l'universel. Ceux qui étaient sensibles à ces sujets, c'était nous, les élus locaux. Mais Macron lui-même en parlait peu.
C'est cela qui l'a empêché de faire le Grand Paris ?
J'ai travaillé avec le préfet d'Île-de-France pendant un an et demi sur ce sujet. Macron a toujours hésité entre deux postures : unir Paris et la première couronne – ce qui me semblait être la bonne solution – ou articuler le projet autour de la grande région. Cette hésitation était peut-être due à quelques interrogations politiques : Paris, c'est Hidalgo, et la région, Pécresse. Mais, au moment où je suis parti, on avait dans l'idée de créer deux autres métropoles intégrant l'échelon départemental, sur le modèle de celle de Lyon : Bordeaux et Toulouse.
Pas Nice, exemple qu'a cité récemment Macron ?
À Nice, le projet était un peu différent. Le problème, ce n'était pas de s'étendre sur la côte, mais de remonter dans les terres, sur les contours de la Nice savoyarde. C'est cela, la pensée d'Estrosi, et il a raison. J'ai toujours pensé qu'il fallait structurer les métropoles en fonction de l'histoire et de la géographie de chaque territoire.
Macron peut-il maintenant devenir un président girondin, décentralisateur ?
Il aura du mal. L'économiste qu'il est voit bien que les grandes villes sont porteuses d'une bonne partie du PIB français. Mais, après, quand il s'agit de dire que ce n'est pas à l'État d'impulser le mouvement, c'est sans doute plus difficile pour lui.
Sur les sujets régaliens, quel bilan dressez-vous du quinquennat ?
D'un point de vue strictement comptable, il a fait ce qu'il avait dit, en créant 10 000 postes dans la police et la gendarmerie. C'est le cas aussi en matière de lutte contre le terrorisme, du renforcement de la DGSI. On a par ailleurs rééquipé les forces en voitures, rénové les commissariats et les gendarmeries. Il n'empêche qu'aujourd'hui l'insécurité baisse et… augmente. Elle diminue sur les atteintes aux biens, cambriolages et vols de voitures, grâce aux technologies de sécurité. Mais les violences sont en croissance : intrafamiliales, contre les femmes – même si c'est aussi parce que, comme le dit Gérald Darmanin, la parole s'est libérée – et dans la rue. Et, surtout, il reste le fléau du trafic de drogue, qui a grimpé et représente aujourd'hui un volume de 4,2 milliards d'euros quand l'achat de livres, par exemple, c'est 3,5 milliards. C'est ainsi qu'on voit une société en train de se déconstruire.
Macron aura du mal à devenir un président décentralisateur. L’économiste qu’il est voit bien que les grandes villes sont porteuses d’une bonne partie du PIB français. Mais, après, quand il s’agit de dire que ce n’est pas à l’État d’impulser le mouvement, c’est sans doute plus difficile pour lui.
Et sur l'immigration ?
Je n'ai jamais confondu l'immigration économique et celle qui répond aux vrais besoins d'asile, au sens de la convention de Genève. Quand on voit aujourd'hui que la seconde catégorie de demandeurs d'asile est représentée par les personnes venant de Côte d'Ivoire, qui est un pays sûr et économiquement pas le plus défavorisé, c'est un non-sens. Ce n'est pas comme ceux qui fuient des théâtres de guerre comme le Tigré (Éthiopie) ou aujourd'hui l'Ukraine. Ceux-là, bien évidemment, nous devons les accueillir. Il faut que le droit d'asile s'applique à ceux qui doivent être protégés, aux personnes menacées dans leur pays, parce qu'il y a la guerre ou parce qu'ils peuvent être victimes de persécutions. Faisons-le, c'est bien. Mais il est impossible d'accueillir le monde entier. On évoque le sujet seulement sous l'émotion, avec des coups de balancier. C'est sur ces sujets-là que nous nous sommes séparés avec le président.
Pourquoi ?
Je ne me sentais pas soutenu. Le président voyait bien que ce problème se posait avec toujours plus d'acuité dans notre pays, mais, à l'échelle européenne, face au groupe de Visegrad rassemblant les États partisans du « pas d'immigration chez nous » (Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie), il voulait incarner le visage humaniste de l'Europe. C'est un équilibre difficile à trouver.
Vous pensez qu'il y a eu trop d'angélisme ?
Quand vous laissez diffuser le message « portes ouvertes chez nous », il y a inévitablement un effet d'attractivité. Ce mot d'attractivité hérissait tellement le président que l'on parlait de « pull effect ». C'est la même chose, mais en anglais. En réalité, c'est bien avant son arrivée que notre système est devenu l'un des plus susceptibles d'attirer une immigration forte. Il y a besoin de mettre davantage l'accent sur l'intégration : accueillir moins, mais mieux, à l'instar des dispositifs mis en place en Allemagne, où l'organisation est extrêmement performante.
Comment voyez-vous ce second quinquennat ?
C'est peu dire qu'il ne débute pas sous des auspices favorables. On pensait qu'on allait retrouver une période de croissance, or l'inflation grimpe, la guerre en Ukraine provoque des pénuries, le Covid en Chine affecte les chaînes de production, et toute notre industrie se retrouve en grande difficulté. Et puis les entreprises ont des prêts à rembourser, comme les prêts garantis par l'État (PGE), et on commence à voir certaines sociétés se retrouver devant les tribunaux de commerce. La croissance a été de zéro au premier trimestre… Enfin, on a débloqué beaucoup d'argent pour sauver nos économies durant la crise du Covid, et nous sommes donc hyperendettés.
Le «quoi qu’il en coûte» a mis dans les têtes l’idée selon laquelle la puissance publique bénéficiait de moyens infinis.
La dette est un sujet qui a presque disparu de la campagne présidentielle…
Absolument. Et pourtant, les banques centrales commencent à mener une politique plus restrictive après avoir beaucoup prêté. Nous faisons face à des problèmes structurels, et, en même temps, à des attentes très fortes. Le « quoi qu'il en coûte » a mis dans les têtes l'idée selon laquelle la puissance publique bénéficiait de moyens infinis. La contradiction entre la réalité et le désir va être complexe à gérer.
Sur la dépense publique, le macronisme ne s'est-il pas rapproché de l'ancien monde ?
Heureusement, deux hommes y étaient attentifs : Édouard Philippe et Alexis Kohler. Il va bien falloir qu'on rembourse, et qu'on revienne au réalisme. Car, parmi les pays industriels, on est aujourd'hui les plus endettés par rapport à nos recettes, après le Japon…
Ministre, vous disiez que la réforme était ralentie par la technostructure. Vous le pensez toujours ?
Si par technostructure vous entendez les personnels de la haute administration, je les trouve bien plus ouverts qu'on ne le dit : si vous êtes résolu, et que vous les convainquez, ils vous suivent bien volontiers. C'est plutôt dans la couche intermédiaire, entre le politique et l'administratif, que se situe le problème. Il y a là quelques trentenaires qui, parce qu'ils sont bardés de diplômes, sont persuadés d'avoir raison alors qu'ils ont une vision qui peut parfois manquer de réalisme. S'y ajoutent des visiteurs du soir qui peuvent dire le contraire de ce que les ministres ont dit durant la journée et amener le président à hésiter.
Macron, en 2017, avait fait campagne sur la défense des « outsiders » et la lutte contre les rentes… Cette volonté s'est-elle émoussée ?
Il est vrai qu'en 2017 il y avait un allant, une énergie formidable. Si l'on considère les difficultés des banlieues, par exemple, on ne peut pas dire après cinq ans que les « outsiders » sont devenus des « insiders ». Il a manqué, à mon avis, la dimension géographique de l'action. On a pensé en termes d'individus. Or un quartier, ce n'est pas une somme d'individus, c'est un collectif, avec une culture qui est la sienne. L'action de Macron a pâti de ne pas être inscrite dans les territoires. Comment voulez-vous pousser à l'émancipation d'outsiders, si les politiques menées sont un peu en apesanteur et ne s'adaptent pas à la situation propre d'un territoire comme la Seine-Saint-Denis ?
L’action de Macron a pâti de ne pas être inscrite dans les territoires.
Globalement, vous pensez donc Emmanuel Macron capable de lancer de nouvelles réformes ?
Je l'espère ! Il le faut ! Mais ça va être dur. D'autant qu'il aura face à lui les blocs Le Pen et Mélenchon, qui ont, d'une certaine manière, la même approche de l'économie. Et sachant que le PS ou EELV sont en train de se rallier à Mélenchon…
Justement, vous qui êtes un enfant du congrès d'Épinay (1971), comment jugez-vous le rapprochement entre Mélenchon et le PS ?
J'étais là avant même Épinay, j'ai adhéré en 1969 à la Convention des institutions républicaines ! La rupture historique avec un socialisme ancien, c'est François Mitterrand qui l'a accomplie avec le tournant de la rigueur en 1983 pour tenir compte des réalités de l'époque. Or regardez la situation : le monde est aujourd'hui engagé dans une période de profonde révolution scientifique, technologique, avec des innovations qui vont bouleverser la donne. Les États-Unis et la Chine en tête. Or en France aujourd'hui, notamment chez un certain nombre de partisans de Mélenchon ou des Verts, il y a une pensée antiprogrès, antiscientifique, voire antivaccin, qui s'est développée. C'est là mon désaccord d'ailleurs avec les Verts : non sur l'écologie, mais parce que je pense que c'est avant tout par l'innovation et par la science que l'on répondra aux défis qui sont les nôtres, notamment sur le climat.
Dans l'exercice du pouvoir, Macron a dit qu'il voulait changer de méthode. Que lui conseillez-vous ?
D'abord de se changer lui-même (rires). Dans la gestion de la crise, et il en a subi au long de ce quinquennat, il est plutôt bon. Mais, quelquefois, il peut mettre en danger toute sa politique par une attitude. On l'a encore vu lors de son débat face à Marine Le Pen : il n'était pas utile d'afficher un tel sentiment de supériorité. Même s'il avait une maîtrise totale des dossiers techniques. Cela a choqué les téléspectateurs, bien au-delà des partisans de Marine Le Pen. Ce constat a renvoyé à un certain nombre de petites phrases où il avait peut-être raison sur le fond, mais pas sur la forme. Un élu local ne se serait pas exprimé ainsi : dans la rue, vous écoutez les gens même si vous n'êtes pas d'accord avec eux. Pour les convaincre, il faut avoir conscience qu'il y a toujours une part de vérité dans ce qu'ils vous disent.
Au Champ-de-Mars, le soir de la victoire, il y avait un signe qui ne trompait pas : le visage de Brigitte Macron, il était grave, on voyait bien qu’elle savait que les cinq prochaines années seront extrêmement dures.
Et dans le fonctionnement du gouvernement ?
Certains disent qu'il voulait être ministre de tout… Je peux en témoigner… Il épluchait tout. Pendant les conseils des ministres, tout en dirigeant la réunion, il lisait toutes les fiches sur la sécurité provenant du ministère de l'Intérieur. Macron, c'est un inventeur, un lanceur d'idées, quelqu'un qui a de la culture, mais qui peut parfois trop se focaliser sur le détail. Il peut être dans une pensée cosmique ou être totalement absorbé par les microsujets, mais il peut pécher au niveau intermédiaire, celui de l'organisation. D'où le rôle complémentaire de Philippe et de Kohler pour que l'idée devienne réalité. Philippe avait donc un rôle que j'ai jugé positif, car il me semble que le président a besoin aussi d'un Premier ministre fort. Rappelons-le : le Premier ministre dirige l'administration.
En quoi Macron a-t-il changé ?
Lorsqu'il m'a remis la Légion d'honneur, début mars, je l'ai trouvé plus en forme que je ne l'aurais pensé, même si forcément, le quinquennat l'a marqué et s'il sait la situation actuelle difficile. Mais au Champ-de-Mars, le soir de la victoire, il y avait un signe qui ne trompait pas : le visage de Brigitte Macron, il était grave, on voyait bien qu'elle savait que les cinq prochaines années seront extrêmement dures. Et lui en a parfaitement conscience aussi. Il faut donc qu'il s'entoure de gens qui n'hésitent pas l'informer de la réalité, même quand elle est moins bonne qu'on ne le souhaiterait. S'il n'a autour de lui que des béni-oui-oui, cela peut devenir compliqué ! Alors c'est vrai que l'on peut se faire taper sur les doigts, ça m'est arrivé. Par exemple, quand j'ai dit ce que je pensais des 80 km/heure sur route, je ne pensais pas commettre une hérésie absolue, et la suite a montré que j'avais plutôt raison… Le problème, c'est qu'il est toujours difficile d'entendre des vérités un peu trop abruptes. C'est bien là le problème qui a causé mon départ. Pourtant, vous savez quel était mon attachement pour le président, je me serais mis en quatre pour lui. J'ai donc été beaucoup affecté par la période qui a suivi, au cours de laquelle on ne s'est plus beaucoup parlé.
L'Europe a toujours été la colonne vertébrale de Macron et c’est sa chance, car les Français perçoivent peut-être mieux aujourd’hui combien elle est importante pour l’avenir de notre pays.
Quel est le principal atout de Macron pour réussir son quinquennat ?
L'Europe, indéniablement. Ce sujet a toujours été sa colonne vertébrale et c'est sa chance, car les Français perçoivent peut-être mieux aujourd'hui combien l'Europe est importante pour l'avenir de notre pays. Cela a été démontré avec le Covid : on n'a – hélas ! – pas réussi à produire de vaccins en France, mais la politique européenne commune sur ce sujet nous a permis de venir à bout de la pandémie. Il y a eu aussi le plan de relance européen, une avancée fantastique. Enfin, la guerre en Ukraine nous fait prendre conscience de notre faiblesse en matière de défense. Or, si l'Europe veut peser sur l'Histoire, c'est maintenant.

TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.
* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).
Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !
Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.
Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.
Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.
Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.
Défier les vérités imposées
La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.
On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?
Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.
Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.
Dépasser nos propre limites
Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.
La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.
Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.


Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !
Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.
Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :
- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.
- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique. Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.
La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.
Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.
Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.
Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.
Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.
Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.
Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?
Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.
Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.
NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité
particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre
Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné
en appel !). Deux poids et deux mesures ?

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.
Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?
Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :
1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :
- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive
- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.
On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...
2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.
Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).
Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).
Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?
3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.
4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?
La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?
Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !