L’éducation nationale démantelée ou le chantier de démolition permanent 

  • par MPF et AP pour LD31
  • 02 mai, 2022

Un exemple : la récente réforme du lycée

La réforme du lycée, à la rentrée 2019, pour les voies générales et technologiques, avec la suppression des classiques filières S, ES et L au profit d'un enseignement de tronc commun1 assorti de trois2 enseignements de spécialité (au choix parmi douze) est un véritable fiasco conçu par des technocrates illuminés. Et ceci, soi-disant, pour favoriser découverte et épanouissement des lycéens, ces pauvres chéris ô combien martyrisés par « les matières traditionnelles ».

Pourquoi ?

Constats :

1.     D’une part, ces derniers et notamment les moins accompagnés (euphémisme), ont cru bon de délaisser des matières essentielles pour lesquelles ils n’avaient pas un goût particulier ou par attirance ou non de tel ou tel professeur, ou encore par intérêt du « fun » (langage djeun) et du moindre effort. Donc ils ont fait comme chez Mc Do, menu à la carte avec beaucoup de sucreries, sans se soucier de leur régime à venir.

2.    D’autre part, les parents (les moins sachants) perdus dans cet embrouillamini de spécialités et n’arrivant plus à identifier les orientations futures ou conséquences de tel ou tel choix, s’en sont remis aux sélections de leurs chérubins ou pire au jeu de l’oie !

Conséquences immédiates :

1.    Cette réforme a suscité un mécontentement général des enseignants des matières dites générales (maths, physique, langues, …) qui ont vu leurs quotas d’heures diminués par classe et leurs disciplines régresser (tant en effectif qu’en niveau) voir par ex note 3.

2.    Un casse-tête au niveau des personnels chargés des emplois du temps et de l’organisation du fonctionnement des lycées.

3.    Un désespoir des parents et de certains élèves qui se sont aperçus un peu tard (Parcoursup) qu’ils n’avaient pas pris les « bonnes spécialités ».

4.    Disparition de la classe traditionnelle, lieu de socialisation et de repère pour les élèves qui sont regroupés maintenant tout au long de la semaine au gré des enseignements de tronc commun, de spécialités et d’options. Cette nouveauté rend très difficile et aléatoire l’étude des dossiers des élèves de Terminale pour leur orientation dans le supérieur.

Conséquences à court terme :

1.    Une inadéquation des connaissances attendues versus le prolongement dans le supérieur alors que des coups de boutoirs ont été dispensés par le ministère et comités Théodule associés envers les établissements du supérieur afin qu’ils adaptent leurs « sélections » d’entrée de candidats au « souk » engendré, heureusement, encore, sans trop de succès pour le recrutement de la rentrée 2021.

2.    La réforme du lycée est bien avancée quand les services ministériels s’aperçoivent qu’il n’y aura pas d’adéquation entre le programme de terminale et les différentes CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles). Des commissions sont mises en place rapidement pour adapter les filières et les programmes. Cela n’aura pas de grandes conséquences (du moins au niveau des programmes et des filières) pour les classes scientifiques et littéraires. En revanche, l’évolution est nette pour la voie économique.

Il y avait auparavant 3 filières dans cette voie, correspondant aux différentes voies du baccalauréat : scientifique, économique et technologique. La filière technologique ne sera pas touchée, pour l’instant. Pour les deux autres, les lycéens pourront choisir entre quatre voies possibles qui correspondent à peu près aux choix de spécialités proposés dans le second cycle :

a.     Maths approfondies/Economie

b.     Maths approfondies/Histoire, Géopolitique

c.     Maths appliquées/Economie

d.     Maths appliquées/Histoire, Géopolitique

En théorie, aucun des choix faits par les lycéens au niveau de leurs spécialités en 1ère ou Terminale ne pourra les empêcher de candidater en CPGE ECG (Ecoles de Commerce et de Gestion). Quand on lit les intitulés des quatre voies possibles, commençant tous par « Maths », et que l’on connaît le volume horaire et le coefficient de cette matière en prépa économique, il sera très difficile pour un élève ayant abandonné les mathématiques en fin de seconde d’envisager une orientation couronnée de succès dans cette voie !

Conséquences à moyen/long terme :

1.    Un déclin du choix des matières scientifiques par les lycéens (abandon des Maths par environ 45% des élèves, cf. réf 1) alors que le besoin national pour des formations dans ces disciplines est absolument avéré pour les décennies à venir (un manque évalué à 20 - 35% par an).

2.     La réforme des CPGE est entrée en vigueur en septembre 2021, la baisse des effectifs est immédiate : -13%. La réaction des autorités ne se fait pas attendre : fermeture de classes annoncées dès le mois de novembre, réduction de la capacité d’accueil pour d’autres et à terme bien d’autres fermetures. Bien entendu, les classes fermées ne se trouvent pas dans les lycées prestigieux ou de centre-ville, mais dans les lycées dits de proximité, là où l’ascenseur social est à l’œuvre grâce à ces classes.

Les écoles de commerce, quant à elles, ont commencé à anticiper cette évolution en ouvrant à fond les places en Bachelor (titre et non diplôme de niveau bac+3, sauf pour certaines écoles accréditées au niveau national).

Si cette évolution n’est pas enrayée, le pays devra se passer, à moyen terme, de cadres supérieurs bien formés au niveau Master.

Le point 1 a été particulièrement mis en exergue (ref 1) par les représentants de la communauté scientifique, technique, éducative et de recherche en mathématiques, et plus généralement en sciences, dans une tribune du Monde de l’Education du 15/03/2022 à l’occasion d’une réunion d’un comité d’experts (comité installé le 16/02/2022 par le ministre de l’Education nationale), comité présidé par la même personne aux manettes de la réforme du lycée, sur l’enseignement des mathématiques pour rendre ses préconisations au ministre.

Selon la référence 4, "toutes les disciplines de spécialités scientifiques accusent une baisse d’heures importante, exceptée l’informatique. Globalement, la formation scientifique baisse de 17.5 % en volume alors que le nombre d’élèves ne baisse que de 3 %. Par discipline, la baisse en volume est de 31 % en SVT, 35 % en physique-chimie, 38 % en mathématiques, et 75 % en SI".

"sur tous les élèves de terminale générale, 200 000 suivaient un parcours scientifique en terminale S en 2019. En 2020, 165 000 élèves ont des parcours scientifiques, et plutôt 155 000 en 2021 selon les premières estimations de la DEPP. La baisse du nombre d’élèves en parcours scientifiques est donc d’environ 20 %".

Par ailleurs, en sortant les maths du tronc commun en 1ère et Terminale, les chiffres montrent que la réforme creuse le fossé entre les élèves (ref 2). Fossé entre les garçons et les filles qui, pour des raisons de stéréotype de genres, ont tendance à abandonner plus facilement la matière (a). Fossé aussi entre les élèves issus de milieux défavorisés et ceux de familles CSP + qui bénéficient davantage de soutien scolaire en cas de difficulté mais aussi d'informations sur les stratégies d'orientation (b).

a)     Parmi les élèves de 1ère ayant choisi la spécialité maths, on comptait 50,1 % de filles en 2019, 48,5 % en 2020 et 48,1 % en 2021 et parmi les Terminales ayant gardé la spé maths, seuls 41,9 % des élèves étaient des filles en 2020, 39,8 % en 2021 selon les statistiques de l'Education nationale.

b)     Les élèves très favorisés sont surreprésentés parmi les Terminales ayant choisi la spécialité maths (48 %) et les plus défavorisés sont surreprésentés en littérature (35 %) selon mêmes stats.

Il y a urgence à revoir le processus d’accès aux études scientifiques et techniques (ref 3), face au recul important du nombre d’élèves, passé en cinq ans de 193 000 bacheliers scientifiques à 79 000. De plus, malgré un réel effort pour attirer plus de jeunes filles, le taux de féminisation plafonne à 27 % depuis cinq ans dans nos écoles d’ingénieurs et reste en deçà de 28 %, en moyenne, dans les entreprises. Ceci n’est pas sans conséquence pour la réindustrialisation de la France et les métiers d’avenir (technologie dites 4.0).

De même cela aura des conséquences sur le PIB de notre pays. Décrochage de plus en plus important du PIB/habitant en France par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE depuis 30 ans. Si en 2012 l’écart de PIB/habitant était de 7% entre l’Allemagne et la France (34,13K€/31,8K€), il est passé à 18% en 2020 (40.12K€ vs 34K€) !

Perspectives

A L’issue des consultations et des efforts des représentants mentionnés ci-dessus, le comité de consultation de la place des maths au lycée a remis ses propositions au ministre de l'Éducation nationale. Il recommande d'ajouter 1h30 à 2h de maths en première dès la rentrée 2022 pour les élèves qui ne suivront pas la spécialité maths, et de réfléchir aux programmes pour la rentrée 2023.

Concrètement, les auteurs suggèrent d'ajouter ces temps dédiés aux maths dans le programme d'enseignement scientifique. La matière deviendrait alors "ESM" (enseignement scientifique et mathématique) et passerait de 2h actuellement à 3h30 ou 4h. Cet ajout concernerait uniquement les élèves n'ayant pas pris la spécialité mathématiques.

Le comité a toutefois ouvert quelques pistes pour la rentrée 2023 :

·      donner accès à l'ESM à tous les élèves de première, y compris ceux ayant la spécialité maths ;

·      revoir les programmes de mathématiques en seconde, en spécialité de première et en option complémentaire en terminale ;

·      ouvrir l'option maths complémentaires aux élèves n'ayant pas suivi la spécialité maths en première.

Il faut continuer, à l’instar de certaines institutions ou collectifs (par ex voir ref 5 et 6) de prendre en compte ces problèmes afin d’envisager un avenir plus serein.

 

Conclusions :

Souhaitons que le prochain ministre de l’EN du futur gouvernement ne soit pas encore pris d’une frénésie de destruction (ou déconstruction pour employer un terme à la mode) en décidant d’une nouvelle réforme et mette fin à cette course néfaste qui entraine le « casse du siècle4 permanent ».

Le Ministère de l’Education Nationale (MEN) doit cesser d’être un laboratoire d’expérimentations plus ou moins farfelues, piloté par des inspecteurs généraux bien éloignés du terrain et autres conseillers idéologues ou cabinets de conseils mandatés.

Les enfants, leurs parents, le corps enseignant méritent mieux et l’avenir de notre nation dans la formation des futurs cadres en dépend.

STOP au MENgate !!

Notes

1pour les élèves de première, seules deux heures d'enseignement scientifique sont enseignées dans le tronc commun par semaine.

2puis 2 en terminale

3les mathématiques sont la matière qui a perdu le plus grand nombre d'heures d'enseignement entre 2018 et 2020 en première et en terminale. Bien que la spécialité mathématiques demeure la plus choisie par les élèves de terminale générale, le nombre d'heures dispensées par les professeurs de mathématiques a chuté de plus 18% sur cette période, ce qui représente 33.500 heures en moins. N’est-ce pas là la véritable raison de la Réforme ? l’Education Nationale peine à recruter des enseignants, en particulier de mathématiques. Sous couvert de discours ministériel moderniste, la baisse de l’horaire de mathématique pallie en fait la faiblesse du recrutement.

4casse initié depuis 1969 (XX siècle) et perdure depuis le début du XXI siècle

Références

1 Article Le Monde de l’Education du 15/03/2022 signé par le Collectif des sociétés savantes et associations de mathématiques, astronomie et astrophysique, biométrie, biophysique, informatique, ingénieures, physique, physique-chimie, classes préparatoires scientifiques.

2 Article de la Provence par Laurence Mildonian publié le 21/02/2022 et entretien avec Cédric Villani

3 Livre Blanc de L’IESF : Face aux défis du XXI siècle les Propositions et Recommandations des Ingénieurs et Scientifiques de France, publié le 22 novembre 2021.

4 Dépêche AEF n°667670 Enseignement / Recherche - Enseignement scolaire, rédigé par Erwin Canard, publiée le 18/02/2022.

5 Nous, polytechniciennes, nous nous unissons pour promouvoir les mathématiques auprès des jeunes filles ». Les mathématiques offrent des possibilités de carrières infinies et une rigueur nécessaire dans un monde surinformé, expliquent, dans une tribune au « Monde », cinquante polytechniciennes, parmi lesquelles Karine Berger, Nathalie Kosciusko, Catherine Sueur et Estelle Brachlianoff. Par Collectif de l’X Publié le 31 mars 2022 à 13h00.

6 La mission sénatoriale sur le "bilan des mesures éducatives du quinquennat" a rendu ses conclusions le 23 février 2022.

par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

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