Ça bloque et ça débloque un max dans l’Éducation Nationale
Y a-t-il encore un peu de bon sens dans cette pétaudière qui ressemble de plus en plus à un navire en perdition et un asile de fous?

Triste constat
Y a-t-il encore un peu de bon sens dans cette pétaudière qui ressemble de plus en plus à un navire en perdition et un asile de fous? Le blocage y est devenu une alternative (voire un préalable) à la discussion et la négociation: étudiants, élèves et enseignants ont ainsi pris l’habitude depuis deux décennies de bloquer des amphis, des établissements du secondaire, des rectorats (où les plus radicaux ont même cherché cette année, à Toulouse, à empêcher les sujets de concours nationaux de sortir le matin des épreuves !), et aujourd’hui jusqu’aux notes du bac, ce totem autrefois sacré et intouchable, en retenant les résultats et les copies de certains candidats. Mais si l’on bloque des gens, des lieux, du matériel au sens physique du terme, il faut bien reconnaître qu’à l’inverse on y « débloque » à mort sur le plan du bon sens et des valeurs défendues, et cela à tous les niveaux, et pas simplement du côté d’une partie des enseignants jusqu’au-boutistes qui, par leur démarche suicidaire, aussi injuste que contre-productive, se sont tiré une rafale de balles dans le pied. Tous les récents événements, ainsi que la situation quasi désespérée des personnels et des résultats que traduisent les différents mouvements de protestation qui ont vu le jour cette année, prouvent que, dans cette grande maison, presque tout le monde marche désormais sur la tête.
Depuis quelques mois, et plus encore ces deux dernières semaines, l’Éducation nationale est en effet revenue au cœur des préoccupations médiatiques, et pas vraiment de la belle manière :
- Report des épreuves du brevet et mise en évidence, dans le même temps, de la stupidité et de l’hypocrisie d’un calendrier scolaire établi par des technocrates ou idéologues qui ne sont et ne vont pas sur le terrain;
- Blocage des notes du baccalauréat par une minorité de professeurs grévistes et solution de bricolage par le ministre pour dénouer la situation, avec comme conséquence une rupture (provisoire) d’égalité entre candidats et des menaces de sanctions aussi lourdes qu’inédites sur les grévistes, ce qui risque de tendre encore davantage une situation devenue explosive;
- Résultats catastrophiques des concours d’entrée dans l’enseignement (CAPES et agrégations) qui confirment un mouvement accéléré de désaffection pour le métier d’enseignant et l’incapacité désormais à remplir parfois jusqu’à la moitié des postes proposés ;
- Congés maladie longue durée, démissions, reconversions, voire suicides en progression inquiétante sur lesquels chefs d’établissements, rectorats, ministère et médias jettent un voile pudique en tentant de leur trouver d’autres causes et en se défaussant de toute responsabilité ;
- Succès autant inattendu que massif du mouvement des Stylos rouges, né sur Facebook après celui des Gilets jaunes, faisant entendre sur les réseaux la voix de dizaines de milliers de professeurs démotivés, ulcérés, qui décrivent des faits (et non des sensations) avec force anecdotes révélant déceptions, humiliations et déclassement tout en réclamant une revalorisation de leur salaire et de leur profession : leur audience a largement contribué à organiser la protestation autour de la grève du bac, malgré les réticences des syndicats ;
- Avalanche de témoignages saisissants, inquiétants et souvent émouvants tant la désespérance affleure sous chaque mot, autour du mouvement #pasdevagues lancé initialement sur Twitter où des milliers d’enseignants relatent les raisons de leur découragement, les agressions physiques, les insultes, les menaces, la peur au ventre en allant travailler, les difficultés à exercer leurs missions, à vivre décemment de leur salaire après 5 à 8 ans d’études, la remise en cause de leur autorité par des élèves soutenus par leurs familles (qui cassent du prof comme d’autres, souvent les mêmes d’ailleurs, cassent du policier) et du contenu des programmes s’il contrevient à leurs croyances, les coups de canifs permanents à la laïcité, à la « liberté pédagogique », le nivellement par le bas pour « avoir la paix » et ne pas « stigmatiser », voire l’impossibilité d’enseigner face à certains individus ingérables, jeunes ou parents intrusifs, et le silence, voire les dénis de réalité de leur hiérarchie qui ne leur apporte aucun soutien dans la majeure partie des cas. Pire, à chaque problème avec un élève, l’institution fait peser sur eux, avant toute discussion, une présomption de culpabilité.
Nous reprenons donc ici notre série d’articles initiée en 2018 , constats, explications, propositions sur le sujet de l’École, afin d’y voir un peu plus clair dans cette marmite en ébullition. Plus d’un an après ces premiers tableaux inquiétants, non seulement la situation n’a pas changé, mais elle a de toute évidence empiré malgré la bonne volonté d’un ministre manifestement limité par le manque de moyens et en qui la confiance d’une partie du corps professoral s’est érodée puis carrément rompue. Jean-Michel Blanquer a sans doute déçu, parce que le corps enseignant attendait trop de lui, et trop vite, commis des erreurs de méthode, semblé prendre des décisions incompréhensibles en reniant ses engagements (par exemple en laissant passer, finalement, l’accompagnement des sorties scolaires par des mères voilées, même si la décision finale ne lui est pas imputable ) mais c’est un paradoxe qu’il soit le premier à subir l’arme ultime de la rétention des notes, donc du sabotage d’examen, que les professeurs ont souvent agitée par le passé mais sans passer à l’acte, notamment en 2015, pour une réforme qui comporte, certes, des zones d'ombre, des risques d'inégalité entre établissements faute de financement suffisant, mais également de très nombreux points positifs, en tous cas infiniment moins contestée et destructrice que celle du collège, dont on mesure aujourd’hui les effets dévastateurs.
Sans doute les professeurs étaient-ils trop impatients, car ils avaient beaucoup misé sur ce ministre qui semblait les comprendre si bien, probablement aussi sont-ils inquiets et échaudés par la réforme du collège du quinquennat précédent, mais de toute évidence certains sont, tout simplement, complètement à bout. La parole s’est libérée et le ministre actuel subit la crise de nerfs, voire le pétage de plombs, d’enseignants démoralisés, découragés de ne pas être entendus depuis tant d’années, déclassés et méprisés, parmi lesquels beaucoup sont si désespérés qu’ils considèrent qu’ils n’ont « plus rien à perdre ». Un élément de langage qui relève de la rhétorique d’extrême-gauche, souvent entendu cette année dans la bouche des Gilets jaunes mais qui traduit ici une exaspération et une véritable désespérance dont on mesure mal les risques sur la stabilité voire la survie de l’institution. Et au-delà d’une simple formule choc, c’est une réalité, pour beaucoup qui se sentent piégés, trahis mais enfermés à vie dans le système sans possibilité d’en sortir, sans espoir d’amélioration (car rien, jusqu’à présent, n’est fait pour favoriser leur reconversion, bien au contraire). C’en est au point qu’à la limite, peut-être inconsciemment, une sanction disproportionnée ou une radiation pour ce que le ministère considère comme une faute professionnelle grave, apparaîtrait peut-être à certains à la fois comme une injustice mais aussi comme un coup de pouce du destin pour les précipiter vers une nouvelle vie et hors de l’École qu’une majorité d’entre eux (68% selon un sondage récent de SOS éducation) disent vouloir quitter mais ce à quoi une infime minorité parvient. Nombreuses en effet sont les embûches qui se dressent sur le chemin de la reconversion ou, tout simplement, de la démission, aujourd’hui systématiquement refusée, ce qui accentue le sentiment d’enfermement et la certitude de ne jamais pouvoir « en sortir ».
Entre les fantasmes des uns, il est vrai de moins en moins nombreux même si frustrations et préjugés ont la vie dure (ceux qui prétendent encore que les enseignants sont des privilégiés suffisamment payés avec trois mois de vacances), l’ignorance crasse du terrain dans les rectorats et chez de nombreux technocrates du ministère qui pensent sincèrement que les professeurs exagèrent ou généralisent des cas particuliers, le caractère complètement hors-sol des instituts de formation que le ministre tente avec peine de réformer, déconnectés des classes réelles et toujours englués dans les errances du pédagogisme, la lâche frilosité de chefs d’établissements qui font semblant de ne rien voir, l’intrusion souvent agressive de parents dans un domaine auquel ils ne comprennent rien, l’attitude réfractaire à toute critique et à l’effort, donc au dépassement de soi, d’une majorité d’élèves, enfants-roi de la génération j’ai-le-droit » de plus en plus ingérables, biberonnés à la « bienveillance » et nombreux à refuser toute autorité, le jeu trouble de la plupart des syndicats tiraillés entre leurs adhérents et leurs jeux de rôle dans la cogestion avec les instances ministérielles, et enfin – last but mot least - la radicalisation et les œillères idéologiques de nombreux professeurs, l’Éducation nationale, qui a renoncé à instruire et transmettre, semble aujourd’hui une machine à broyer (élèves comme professeurs), produisant à la chaîne échecs et inégalités, voire même une « fabrique du crétin » comme le suggérait le titre provocateur de Jean-Paul Brighelli en 2005.
On dira, à juste titre, au sujet des professeurs (au milieu desquels l’auteur de ces lignes, fille de prof, a été élevée puis qu’elle a côtoyés comme collègues pendant une trentaine d’années), qu’ils sont les premiers responsables de leurs malheurs actuels, qu’à force de crier au loup à chaque brise réformiste de la part d’un nouveau ministre (surtout si ce dernier avait – horresco referens- le malheur d’être de droite), ils ne sont plus audibles lorsqu’effectivement, ils auraient des raisons de se plaindre une fois que la tempête menace ou qu’elle a tout ravagé; que pour ce qui est de la perte d’autorité, des atteintes à la laïcité, des ravages du pédagogisme, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, au gauchisme culturel qui imprègne la maison depuis 1968, qui leur est inoculé dès l’université puis dans les instituts de formation et qu’ils diffusent à leur tour car, comme le disait Bossuet de Dieu, la société à présent « se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Il est vrai qu’à justifier tous les écarts, minimiser les contre-valeurs que certains idéologues et familles installent peu à peu au cœur de l’École, accepter que l’on piétine le contrat républicain, que l’on s’attaque insidieusement à la laïcité, de petit coup de canif en petit coup de canif, en confondant égalité des droits et égalitarisme niveleur, en cassant le thermomètre pour justifier leurs multiples dénis de réalité, en abandonnant la transmission des connaissances pour se faire les promoteurs d’un vivre ensemble fantasmé, en soutenant la relativité des connaissances et en acceptant de mettre sur le même plan sciences et croyances au nom d’un multiculturalisme mal pensé (ou, plus prosaïquement, pour avoir la paix), en troquant le sens de l’effort et la juste sanction pour une bienveillance molle qui n’est que le faux-nez du laxisme et de la démission face aux difficultés, bref en se comportant trop souvent davantage comme des militants, des assistantes sociales ou des nounous que comme des transmetteurs de savoir, introduisant en permanence l’idéologie en un lieu où la neutralité tant politique que confessionnelle est pourtant inscrite dans leur statut, ils ont eux-mêmes donné à leurs élèves, leurs parents, l’institution, le fouet pour les battre.
Tout ceci est vrai. Est-ce une raison pour ne pas réagir ? Ce ne sont pas simplement les professeurs qui sont menacés et qui, comme on l’a rappelé ci-dessus quittent le navire, à la moindre occasion, les uns après les autres. C’est la société tout entière. Va-t-on laisser l’école s’effondrer, les concours de l’enseignement faire fuir les meilleurs et continuer à recruter par défaut, comme aujourd’hui, en grande partie ceux qui n’ont pas eu d’autre choix (même s’il y a, évidemment, toujours des vocations et des profils d’excellence) et produire les monstres qui empoisonnent notre société et dont certains ont juré de la détruire ?
C’est une nouvelle génération d’élèves, formés par une école nouvelle qui, sur de nombreux points, ressemblera beaucoup à l’école d’autrefois, mais munie de nouveaux outils, qui reconstruira la France de demain par un savoir commun et des valeurs partagées, intégrant comme hier par assimilation et ressemblance, au lieu, comme aujourd’hui, de juxtaposer des différences et des inégalités. Il faut exiger des programmes qui ne conduisent plus à la haine de ce que nous sommes mais qui unissent à nouveau dans la fierté du passé, l’identité du présent et des projets où tous se reconnaîtront. Il est urgent d’y réfléchir ensemble, loin des postures politiques et des calculs électoralistes, et de soutenir les professeurs, en même temps que leur ministre, dans un certain nombre de leurs combats. Méprisés par les parents et leurs élèves, abandonnés d’une hiérarchie obnubilée par le pas de vagues et le court-termisme, aujourd’hui dans la perte de confiance face à un ministre qui avait néanmoins pris en compte leur malaise, le premier pourtant à ne pas faire de déni de réalité, les voilà bien seuls face aux maux qui par ailleurs gangrènent l’ensemble de la société (individualisme, islamisme, violence verbale et physique, sexisme, homophobie, antisémitisme, refus du moindre effort et de l’autorité, perte des valeurs traditionnelles qui permettaient le véritable vivre ensemble …), seuls pour tenter de redresser la barre et préparer la société de demain. Le risque est grand qu’ils baissent les bras. Pour nombre d’entre eux, c’est déjà fait. Soutenir ne veut pas dire évidemment en accepter les méthodes. Nous reparlerons dans un troisième article du très discutable blocage du bac, loin du manichéisme militant ou médiatique.
En attendant le suivant sera consacré au report du brevet et aux contradictions du calendrier scolaire.
[1] Natacha GRAY
https://www.lignes-droites.fr/education-nationale-les-lignes-rouges-sont-franchies
https://www.lignes-droites.fr/education-nationale-le-constat-dune-crise-multiforme-et-generalisee
[1] La situation est plus complexe qu’il n’y paraît. Le Ministre s’était déclaré contre le port du voile pour les mères accompagnantes mais il ne souhaitait pas qu’il y ait une règlementation à ce sujet, s’en remettant aux décisions des chefs d’établissement, au bon sens et à la discussion sur le plan local. " Nous souhaitons tous des sorties scolaires avec des parents qui participent et des parents qui n'ont pas de signes ostentatoires ". Il y a eu un amendement LR à ce sujet au Sénat, qui s’est clairement positionné contre les accompagnantes voilées lors des sorties scolaires, dans la droite ligne de la circulaire Châtel de 2012 (abrogée deux ans plus tard par N.Vallaud Belkacem !). Mais l’amendement sénatorial a été rejeté par le gouvernement (et non par JMB seul) et à l’Assemblée nationale où la gauche et une partie de LREM, comme le député G. Attal ou Marlène Schiappa, étaient vent debout contre une mesure jugée discriminatoire. Le président de la République n’a pas tranché non plus, défendant l’interdiction (en 2018) et son contraire (2019) ou plus exactement les deux « en même temps ». Finalement, Sénat et Assemblée ne parvenant pas à s’entendre, c’est une CPN (Commission paritaire nationale : 7 sénateurs et 7 députés) qui a tranché en faveur des femmes voilées, ce qui est présentée comme une grande victoire par les islamistes, notamment l’association Allab. Ajoutons que la même CPN a abandonné la mention parent 1 et parent 2 (devant remplacer père et mère) également refusée par le Sénat (échange de bons procédés entre les représentants des deux assemblées ?).
[1] Barbara LEFEBVRE, Génération « j'ai le droit », la faillite de notre éducation , Albin Michel, 2018
[1] Isabelle DIGNOCOURT, L'éducation nationale une machine à broyer : Comment sauver nos enfants? Éditions du Rocher, 2017
[1] Jean-Paul BRIGHELLI, La fabrique du crétin : la mort programmée de l’école , éditions Gawsewitch, 2005


Les trois piliers du vote à droite — immigration, insécurité, identité — forment désormais un socle commun
Ce que les états-majors n’osent pas faire, les électeurs le feront



EXCLUSIF- Après les révélations du Figaro sur l’existence de dizaines de millions d’euros de subventions attribuées à des organismes proches de l’islam radical, le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad tape du poing sur la table, et appelle à renforcer la lutte contre les discours de haine.
Paris fera-t-il plier Bruxelles? Selon les informations exclusives du Figaro , la France va dénoncer très prochainement auprès de la Commission européenne les multiples financements que l’UE a attribués à des organismes promouvant l’islam radical, l’antisémitisme ou le séparatisme.
Dans une note consultée par Le Figaro , qui sera portée par le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, Paris appelle «l’Union européenne à redoubler ses efforts» dans la lutte contre l’antisémitisme et contre les discours de haine, et à «défendre les valeurs européennes (...) en évitant tout financement à des entités et personnes hostiles aux valeurs européennes». Ces « défaillances (...) sont de nature à nuire gravement à l’adhésion de nos concitoyens au projet européen» , peut-on aussi lire.
«Scandales réguliers»
D’après une source proche du dossier, cela fait suite à des «scandales réguliers» qui ont été révélés par Le Figaro il y a quelques semaines, et qui «démontrent un défaut de vigilance de la Commission et une capacité des organisations islamistes à se jouer de sa naïveté».
Rappelons en quelques lignes le fonctionnement des subventions européennes. En théorie, toutes organisations cherchant à en profiter doivent porter des actions «respectant les valeurs de l’UE» , à savoir la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit ou les droits de l’homme. Une fois les subventions approuvées en commissions - et il en existe pléthore -, elles sont référencées dans le système de transparence financière (STF), un site internet public dont le contenu est actualisé tous les 30 juin, et accordées dans le cadre de «programmes» et par des agences européennes spécifiques.
À titre d’exemple, l’UE a engagé en septembre 2024 une contribution de près de 2,5 millions d’euros pour le projet «LIFE Vinoshield» , qui cherche à protéger les vignes européennes contre les effets du dérèglement climatique. Un autre projet plus controversé, celui du « Coran européen » , qui souhaite prouver que «le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses européennes médiévales et modernes» , a lui reçu 9,8 millions d’euros de subventions du Conseil européen de la recherche depuis son lancement en 2019. Des dizaines de milliers de projets aux ambitions aussi diverses que variées sont référencées ainsi sur le STF.
Une université qui appelait à l’«intifada mondiale»
Avec cette note, le gouvernement entend surtout dénoncer les organisations proches de l’islam radical ayant profité de l’argent européen. L’association FEMYSO, pour «Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants» , qui représente une trentaine d’associations de jeunesse dans 22 pays européens, est notamment en ligne de mire. Elle a reçu plus de 210.000 euros de l’UE. Pourtant, l’association a toujours été réputée comme étant proche des Frères musulmans.
Après avoir critiqué plusieurs lois françaises, notamment celle interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école, FEMYSO, par la voix de sa présidente Hande Taner, avait critiqué la France dans une vidéo en novembre 2021, dans laquelle elle clamait que «la plus grosse exportation de la France est le racisme». Des propos tenus après le retrait d’une campagne de communication que l’association avait réalisé pour le Conseil de l’Europe, qui mettait en avant des affiches pro-voile, sur lesquelles on pouvait lire: «La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hidjab» ou «Apportez de la joie, acceptez le hidjab».
L’ONG internationale Islamic Relief Worldwide a, elle, reçu pas moins de 18.834.433 euros de l’Europe entre 2014 et 2020. Cette association qui se présente comme caritative a pourtant été classée comme «terroriste» par Israël, la soupçonnant de financer le Hamas. L’un de ses responsables avait aussi qualifié en 2020 les juifs de «petits enfants de singes et de porcs». Son successeur avait lui caractérisé le Hamas comme étant le «plus pur mouvement de résistance de l’histoire moderne».
Les subventions versées à l’université islamique de Gaziantep sont également dans le collimateur de Paris. Cet établissement, situé en Turquie et qui a intégré le programme Erasmus+ en 2022, a profité d’un programme de subventions de 250.000 euros. Ses recteurs successifs avaient pourtant légitimé les mariages incestueux entre oncles et nièces, affirmé que les athées «adorent le diable» , que l’homosexualité est un «trouble psychologique» et appelé à une «intifada mondiale».
Près de deux millions d’euros ont aussi été versés à l’université islamique de Gaza, «établissement qui a accueilli des cadres du Hamas tels qu’ Ismail Haniyeh et Mohammed Deif » , expliquait au Figaro la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet ( L’argent du terrorisme , éditions Le Cherche Midi, 2025).
«Lignes directrices»
Pour endiguer cette dilapidation d’argent public, la note portée par Benjamin Haddad soumet plusieurs propositions, comme la mise en place d’une «procédure de filtrage» et de «lignes directrices», pour que les agences européennes approuvant les subventions puissent être guidées face à des «concepts parfois abstraits, comme l’“hostilité aux valeurs européennes”», indique au Figaro notre source proche du dossier.
Elle appelle aussi à vérifier l’identité et les antécédents des personnes associées aux entités faisant la demande de financements. Actuellement, seuls les antécédents de l’entité elle-même sont scrutés - ce qui avait d’ailleurs été dénoncé en avril dernier par la Cour des comptes européenne dans un rapport au vitriol, portant sur l’opacité des subventions distribuées par l’UE. On pouvait y lire qu’ «aucune vérification n’est réalisée (par les gestionnaires) sur la dépendance financière ou les sources de financement (des entités subventionnées), alors que cela aurait permis d’obtenir des informations utiles sur les personnes qui se trouvent derrière (elles)».
La lutte contre l’antisémitisme comme priorité
Enfin, cette note prône une meilleure lutte contre l’antisémitisme, alors que les discours antijuifs ont explosé dans toute l’Europe depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza qui a suivi.
Pour ce faire, Paris compte proposer d’étendre le champ des «eurocrimes» - ces méfaits considérés comme graves dans toute l’Union (terrorisme, mariage forcé...) - aux discours et crimes de haine.
La France appelle également la Commission à «utiliser tous les outils à sa disposition pour réguler les très grandes plateformes en ligne, en particulier grâce au règlement européen sur les services numériques (DSA)» , et à enseigner la mémoire de la Shoah dans tous les établissements scolaires en Europe.
La Commission européenne cernée de toutes parts
Cette note dite «libre» sera présentée dans un premier temps ce lundi à la ministre fédérale autrichienne des Affaires européennes, Claudia Plakolm, lors d’une réunion à Paris à laquelle le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et Benjamin Haddad doivent participer. Elle sera ensuite présentée formellement au Conseil des affaires générales (CAG), où les ministres des affaires européennes de l’ensemble des 27 ainsi qu’un représentant de la Commission européenne se réunissent une fois par mois.
Le sujet des subventions de l’UE se veut de plus en plus prégnant au sein des partis politiques. Toujours selon nos informations, à la suite des révélations du Figaro , la délégation du Rassemblement national au Parlement européen, menée par Jean-Paul Garraud, a adressé le 24 avril dernier une lettre à Ursula von der Leyen. Le courrier, cosigné par l’ensemble de la délégation dont Jordan Bardella, demandait à la présidente de la Commission européenne «de mettre fin définitivement à la subvention de toute association, ONG, université et autre structure liée de près ou de loin à l’islamisme. Il est temps que l’Union européenne mette fin à sa naïveté», pouvait-on lire. Pour l’heure, ce courrier est resté lettre morte. À voir si la note du gouvernement connaît le même sort.




