2 décembre 2018 : le jour où la France de Macron a fait faillite. Mythe ou réalité ?
- par Fabienne Lopez et David Gerson
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- 23 mai, 2020
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2 décembre 2018 : le jour où la France de Macron a fait faillite. Mythe ou réalité ?

La mise en redressement judiciaire de l’enseigne Alinéa pour cessation de paiement le 15 mai 2020 ne sera malheureusement qu’un exemple de la gabegie du gouvernement des gilets jaunes et démontre pour nos commerces que le confinement sera la conclusion de ses effets nocifs.
Le samedi 17 novembre 2018, un mouvement citoyen divisé en plusieurs réseaux appelé « Les Gilets Jaunes », né du mécontentement de la baisse du pouvoir d’achat depuis le début de la présidence d’Emmanuel Macron, investissait les ronds-points aux abords des centres commerciaux. Fort d’un succès de plus de 300 000 personnes (ce chiffre peut paraître bas, mais ce mouvement n’a demandé à aucun syndicat d’y participer, bien au contraire), soutenu par un grand nombre de Français de tout bord social et de tout âge, cet essai se transformait en plusieurs manifestations les samedi suivants. Malheureusement, les manifestations se faisant aussi dans les centres-villes et sur les Champs-Elysées à Paris, elles dégénèrent assez vite et nous avons vu arriver une escalade de violence, barricades en feu, jets de pierres sur les forces de l’ordre, magasins pillées, vitrines cassées.
Au bout du troisième samedi où notre pays était montré en feu dans le monde entier, Emmanuel Macron décida de prendre la parole le lundi 2 décembre 2018 pour apporter ses réponses aux revendications. C’est précisément ce jour, là où le soi-disant « nouveau monde » et la France de Macron ont fait faillite. Sûr de lui, sûr de ses propositions, sûr que les dix milliards de cadeaux balancés feront taire les manifestants, c’est bien au contraire la révolte et la colère qui vont lui revenir en boomerang et qui vont plomber notre économie et nos commerces.
Si au début, les commerçants qui souffrent eux aussi de la baisse leur pouvoir d’achat, se reconnaissant en eux, soutenaient les « Gilets Jaunes », il devenait primordial pour leurs affaires de faire un mois de décembre normal, qui représente parfois jusqu’à 20% du chiffre d’affaire annuel, et que le mouvement se manifeste d’une manière différente après les premières décisions du Président de la République. Hélas, mille fois hélas, c’est bien l’inverse qui se produira et les samedis du mois de décembre n’ont été que manifestations qui ont dégénéré en véritable scènes de guerre !
Après ces samedis noirs, et la trêve des fêtes de fin d’année, on pensait que le mouvement s’essoufflerait, mais si le nombre de « gilets jaunes » qui défilaient baissaient en nombre, le mouvement, lui, se radicalisait de plus en plus. Samedi après samedi, les manifestations violentes continuaient sans que le gouvernement n’arrive à faire régner l’ordre ; on a changé le ministre de l’intérieur mais Castaner s’est montré impuissant, sa gestion calamiteuse, se mettant à dos à la fois les forces de l’ordre et les citoyens. Pendant de longs mois, les mêmes scènes se sont reproduites, montrant l’incapacité du pouvoir à répondre ou tout simplement n’a-t’il pas fait preuve d’amateurisme.
Les commerçants ayant leurs boutiques sur rue, ainsi que les enseignes proches de ronds-points bloqués ont été les plus pénalisés et ont vu leur chiffre d’affaire amputé en moyenne de 20%. Dans les villes, les commerçants ont souvent dû baisser le rideau par peur de casse de leur magasin , et ceux qui avaient sorti la tête de l’eau depuis 2017 et après quelques années difficiles ont de nouveau replongé.
Après l’automne 2019, avec une réforme des retraites mal préparée, sans véritable concertation avec les principales branches, une grève dans les transports a amplifié l’asphyxie de notre économie, nos TPE et nos commerçants en premières lignes de nouveau avec des manifestions répétées.
Ce qui a permis de tenir pour nos entreprises et commerçants, c’est déjà un décalage dans le temps des paiements : on payait les fournisseurs au début de la crise des gilets jaunes à 30 jours, puis au fur a mesure du temps cela a été 45, 60 voire 90 jours, les découverts bancaires ont augmenté, mais l’arbre qui cachait la forêt était un fonds de roulement d’argent qui rentrait sur les comptes.
Le résultat désastreux au bout du compte c’est que nos entreprises n’avaient malheureusement plus de trésorerie ou un mois maximum d’avance pour les mieux loties.
La crise sanitaire et le confinement mis en place le 16 mars 2020 avec la fermeture des entreprises ne sont pas les responsables uniques de la crise économique qui s’annonce mais simplement ils ont miss en lumières les difficultés latentes de nos entreprises. N’ayant pas de trésorerie disponible, en ne rentrant plus d’argent frais pendant cette période et payant leurs achats à plus de 60 jours, elles se retrouvent en cessation de paiement virtuelle et le Prêt Garanti de l’Etat s’il est accepté va pour certaines reculer l’échéance car elles ne pourront pas au final le rembourser, et s’il n’est pas accepté c’est que la situation étant déjà mauvaise, elles vont déposer le bilan dès le début du déconfinement. Et nous nous apercevons que l’on soit une TPE avec 1 salariés ou un grand groupe comme Airbus on est tous logé à la même enseigne. La casse sociale en sera terrible.
En seulement 2 mois au cours de ce printemps 2020, c’est toute l’économie de notre pays qui se retrouve à l’agonie et sous perfusion. La crise sanitaire a eu raison de notre équilibre économique qui était déjà bien fragile.
A coup de réformes imposées, de bouleversements non maîtrisés (mouvement des gilets jaunes, détresse du personnel hospitalier…), et de directives ubuesques, la France subit les conséquences graves d’une politique mâtinée de poudre de perlimpinpin.
Car la crise sanitaire, aussi terrible et douloureuse soit-elle pour de nombreux Français ayant perdu un proche, a malheureusement bon dos face aux décisions hésitantes et fluctuantes d’un gouvernement qui perd un peu plus chaque jour la confiance de ses concitoyens.
Tirons la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard, avant que les fleurons de notre économie, tout comme nos petits commerces, ne se délitent tour à tour dans le chaos. Les mesures d’urgence annoncées permettent certes de donner un peu de souffle sur le court terme mais à plus long terme, comment allons-nous nous relever et concrètement, quel est le plan d’action proposé par l’Etat pour éviter la faillite de notre système ?
Cette guerre, telle que présentée par Emmanuel Macron, sera longue et nécessite justement de repenser complètement la ligne de conduite de la France et sa ligne d’horizon. Il nous faut agir maintenant pour redéfinir une vision claire pour notre pays et préserver demain. Il n’est pas acceptable pour les Françaises et les Français, ni respectueux, de modifier en permanence ce que sera leur avenir. Notre peuple mérite mieux que cela.
Les entreprises françaises s’orientent déjà vers de nouvelles façons de travailler et mettent en place une conduite du changement à 18 mois, à 2 ans, voire à 5 ans. Pourquoi notre gouvernement agit-il à la petite semaine ?
Nous devons mettre en œuvre un véritable plan de relance de l’économie en nous appuyant sur ce que nous avons toujours défendu : l’esprit de combativité et non l’assistanat à tout prix, la réalité du terrain et non les idéologies bien-pensantes et donneuses de leçons, le leadership de la France au plan mondial et non la soumission ou la résignation, la confiance envers le peuple de France et non son infantilisation ou le nivellement par le bas, et enfin la conviction que la reprise économique passera avant tout par de profondes transformations.
Le modèle de France redessiné par Macron est au bord de la faillite. A force d’instiller un air de monde nouveau tout en s’arrangeant en coulisses de la schizophrénie politique, le gouvernement se prend les pieds dans le tapis. Mais les Français ne sont pas dupes. Notre devoir est de mettre au jour la réalité de la situation de notre pays et des désengagements de nos dirigeants qui seront préjudiciables pour l’avenir. Nous restons mobilisés sans relâche pour faire bouger les lignes.


Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !
Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.
Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :
- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.
- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique. Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.
La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.
Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.
Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.
Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.
Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.
Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.
Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?
Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.
Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.
NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité
particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre
Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné
en appel !). Deux poids et deux mesures ?

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.
Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?
Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :
1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :
- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive
- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.
On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...
2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.
Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).
Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).
Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?
3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.
4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?
La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?
Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?
La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.
Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.
Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?
Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.
Sources :
INSEE “Bilan démographique annuel”
INED “Pratiques parentales et enfance"