Requiem pour l'honneur et la confiance
- par Natacha Gray
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- 18 févr., 2018
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« Si j’ai la moindre interface qui sort par le moindre élève, là, pour le coup, ça se passera très mal », avait prévenu Laurent Wauquiez lors d’une conférence privée devant une trentaine d’élèves de l’EM. Lyon sur le « diktat de la transparence ». Et d’ajouter : « Sinon ça ne peut pas être un espace de liberté, et ce que je vais vous sortir serait juste le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique. »
Ah quel scandale ! Le président des Républicains ose-t-il insinuer qu’un élu ne parle pas en toute transparence sur un plateau ? Soyons sérieux avant de faire semblant de s’en indigner ! Comment pourrait-il en être autrement, en raison de la discipline de parti, des obligations morales de soutien réciproques qu’elle suppose, des postures attendues des uns et des autres par leurs « camps » respectifs car, malgré leur volonté affichée lors des dernières élections présidentielles de dépasser les clivages politiques, nous avons tous les jours la preuve que les Français restent profondément marqués par la bipolarisation manichéenne de la vie politique. Il n’est qu’à regarder Jean-Michel Blanquer, qui ne se revendique dans son action d’aucune appartenance et dont la dernière prestation télévisée fut appréciée par 71% des Français, dont 69% des électeurs de la France Insoumise, mais dont on discute moins les mesures annoncées que de savoir si le ministre le plus populaire du gouvernement Philippe est de droite ou … de droite ! Catalogué ! On n’y peut rien, il faudra du temps pour faire évoluer les cartes mentales des électeurs, trop profondément ancrées dans les esprits. Alors on récite la doxa, on fait de la « comm », on soigne son image, on fait semblant d’être différent et franc sur les plateaux de télévision, dans des talk show à la radio, en réunion publique, en laissant filer une ou deux confidences privées qui rapprochent des téléspectateurs et auditeurs mais qui ne coûtent rien à la popularité. Bien au contraire ! On le voit bien : quiconque prend des risques pour affirmer ses opinions, Onfray, Finkielkraut, Zemmour …, au lieu d’être contré le cas échéant par des arguments peaufinés avec intelligence ou par un échange rhétorique de qualité (même si ce genre de jeu formel ne fait guère avancer la réflexion), se trouve aussitôt ostracisé, criminalisé, ses propos souvent déformés, enlevés de leur contexte et livrés à la vindicte publique sur les réseaux sociaux. Alors, à l’ère de la communication et de l’image, on fait du bullshit, rien de plus et on contrôle sa parole en sachant que la moindre phrase ambiguë ou maladresse d’expression sera relevée, disséquée par les médias et les internautes sur les réseaux sociaux, jusqu’à en faire un « buzz », en d’autres termes une nouvelle polémique, qui n’a plus grand-chose à voir avec le propos initial.
Alors où trouver encore de la sincérité dans les propos ? Où entendre un responsable politique, économique, militaire qui parle vrai et donne à entendre et comprendre les tenants et les aboutissants d’une affaire, d’un événement, d’une réalité sociale, de questions internationales, commerciales, des relations entre les êtres également qui, derrière une unité de façade, jouent un rôle certain dans les jeux de pouvoirs ? Une règle formalisée en 1927 pour protéger l’anonymat des échanges au sein du Royal Institute of Internationale Affairs (Chatham House) est aujourd’hui largement utilisée (et respectée !) dans tout le monde anglo-saxon pour faciliter la liberté d’expression et la sincérité des participants. Cette règle, dite de Chatham House, garantit en effet la confidentialité des propos de tout contributeur au débat : « Quand une réunion, ou l'une de ses parties, se déroule sous la règle de Chatham House, les participants sont libres d'utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l'identité, ni l'affiliation des personnes à l'origine de ces informations, de même qu'ils ne doivent pas révéler l'identité des autres participants. ». Et ça marche, car il est encore des pays et des lieux où l’on est encore capable de respecter la parole donnée, même si celle-ci n’est pas formalisée par un engagement écrit qui pourrait, en cas de trahison, donner lieu à des poursuites.
En France l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale) travaille sous la règle de Chatham House pour former des auditeurs civils à comprendre les enjeux de la Défense. Des militaires, des politiques y parlent sans fard, en toute franchise et liberté, car ils savent que leurs propos seront certes répétés, utilisés (ils sont là pour ça, car c’est un des moyens utilisés par la Grande Muette pour s’autoriser à parler sans tomber sous le coup du manquement au devoir de réserve) mais qu’ils ne seront pas attribués. Autrement dit, qu’ils resteront anonymes. Tous ceux qui ont la chance d’être autorisés à assister à de telles conférences ou à pénétrer dans des lieux protégés par le secret Défense pourraient témoigner que, grâce à cette règle de confiance qui perdure parce que personne ne la trahit, ils ont entendu un tout autre son de cloche sur les questions militaires ou internationales, argumenté, prouvé, illustré, que la bouillie orientée diffusée sur les médias mainstream, même ceux où des journalistes prétendument rebelles annoncent « vouloir faire la vérité » sur telle ou telle affaire. Une chance inestimable ! Mais pour combien de temps encore ? Jusqu’à présent le respect de la parole donnée n’a pas souffert de manquement grave dans les lieux où la règle de Chatham House fut expliquée et l’engagement à la confidentialité demandé aux participants. Cela s’appelle tout simplement l’honneur, qui a ses codes, qualité d’un individu honnête que visiblement certains, parmi les supposées élites des jeunes générations, ont mise en sommeil ou n’ont jamais acquise.
Laurent Wauquiez a fait confiance à un auditoire restreint, auquel il a explicitement demandé de ne pas diffuser ses propos, seule solution pour parler en toute liberté, en expliquant les conséquences fâcheuses que l’inverse provoquerait. Certes il n’a pas dû parler de la règle de Chatham House, il n’a probablement pas menacé de poursuites en cas de trahison, il n’a sans doute fait signer aucun papier dans un pays où l’écrit a longtemps régné en maître dans les transactions. Mais il a dit clairement ce qui ne devait pas être. Devait-il se méfier ? Il est d’une génération où l’on savait encore garder un secret lorsqu’on nous demandait de ne pas le trahir. Il pouvait supposer que des élèves ayant été reçus à un concours sélectif où l’on entre après une classe préparatoire à bac+3 ou plus tard à bac+4 et 5 étaient capables d’entendre et de respecter une promesse implicite à laquelle ils s’étaient engagés par leur présence-même à une réunion privée où la confidentialité avait été exigée.
Le contenu de ses propos n’a guère d’importance en soi. Plaisanteries ? Phrases sorties de leur contexte ? Pensée réelle exprimée avec sincérité et sans méfiance ? Le président des Républicains penserait donc du mal de certains membres de son parti ? Du Président ? Et alors ? Il s’agissait d’une conversation privée et qui devait le rester, comme en témoigne le début de l’enregistrement rapporté en introduction, du genre de celles que nous pouvons tous tenir en pleine confiance face à des amis ou des membres de notre famille devant lesquels on se laisse aller à se moquer d’Untel, à dire tout le mal que nous pensons d’un autre, alors qu’au dehors la simple civilité, ou la nécessité de relations professionnelles apaisées, la primauté des intérêts communs au-delà des antipathies réciproques, le jeu social tout simplement, nous obligent à faire bonne figure, à faire semblant, et à reléguer notre « affectif » au second plan.
Personnellement, je n’ai rien pour ou contre Laurent Wauquiez. Je ne suis pas membre de LR. Dans l’état actuel des choses, ne sachant pas dans quelle direction se dirigera mon vote aux prochaines élections, il m’indiffère, je regarde juste la reconstruction de son mouvement avec curiosité, de l’extérieur, comme je le fais d’autres partis. Mais sur le plan des valeurs et des principes, ce qui vient de se passer est terrifiant, de très mauvais augure. Les personnes sans honneur qui ont manqué à l’engagement de confidentialité sont des étudiants d’une grande école de management, ils seront demain aux commandes d’une entreprise, d’un service public, responsables politiques. Quelles relations de confiance ces individus de peu de foi pourront-ils instaurer dans leur cercle professionnel ? Et que dire de ces internautes ou de ces médias qui préfèrent s’indigner du contenu de propos privés qui ne sont que des piques entre collègues, dignes d’une cour de récréation, comme on en tient tous hors caméras, que de la mise en ligne honteuse de ce que l’on s’était engagé à ne pas filmer. À l’heure où l’on parle beaucoup de civisme, de citoyenneté, bref de valeurs, peut-être faut-il s’inquiéter de voir ainsi piétiner celles qui sont à la base de tout contrat entre les êtres (la confiance, le respect, l’honneur), et peut-être davantage encore de ce que le manquement grave à ces principes ne semble émouvoir personne. On blâme la victime d’une trahison, on ne dit rien du ou des traîtres. Significatif et désolant !
Il faut espérer que les indélicats ne représentent pas la jeunesse d’aujourd’hui. Un tel comportement individualiste (pour faire le buzz, au mépris des relations humaines et de l’intérêt collectif) est la négation de la notion de contrat, de confiance, de respect, de solidarité, toutes ces valeurs que l’on prétend aujourd’hui réinsuffler dans une République malade.
Les politiciens mentent, entend-on souvent reprocher à nos élus. Mais comment pourrait-il en être autrement devant de tels comportements ?

TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.
* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).
Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !
Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.
Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.
Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.
Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.
Défier les vérités imposées
La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.
On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?
Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.
Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.
Dépasser nos propre limites
Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.
La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.
Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.


Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !
Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.
Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :
- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.
- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique. Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.
La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.
Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.
Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.
Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.
Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.
Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.
Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?
Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.
Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.
NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité
particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre
Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné
en appel !). Deux poids et deux mesures ?

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.
Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?
Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :
1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :
- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive
- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.
On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...
2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.
Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).
Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).
Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?
3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.
4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?
La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?
Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !