Je suis de droite parce que....
- par NJ Gray
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- 29 août, 2019
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2. J’ai choisi la liberté
Il s’agit ici du second volet de la série “Je suis de droite parce que …” destiné à dépasser les postures et les gesticulations rhétoriques et à réfléchir ce qui fonde notre engagement politique, le mien en l’occurrence aujourd’hui “plutôt à droite”, et nous fait apporter notre soutien à tel ou tel mouvement, varier éventuellement dans nos préférences, donc dans nos votes, au-delà des appartenances quasi pavloviennes qui nous font affirmer péremptoirement que l’on est de droite ou de gauche parce que “cela a toujours été comme ça”. Dans le brouillard des idées ambiant (expression qui date déjà des années 1980), où pour certains gauche et droite se confondent, il devient urgent pour chaque “camp” de redéfinir concrètement les valeurs qu’il défend. Aujourd’hui tout le monde est pour la liberté, la fraternité, l’égalité des droits, le social ... Oui mais dans les faits, ces priorités sont-elles toujours compatibles? S’il faut privilégier l’une ou l’autre composante de notre devise républicaine, laquelle choisit-on? Et pourquoi? Qu’est-ce qui nous différencie des autres dans la défense de telle ou telle valeur? Parle-t-on vraiment de la même chose derrière les mêmes mots?
Le premier volet (https://www.facebook.com/notes/nj-gray/je-suis-de-droite-parce-que-/10218334859555945/) s’attachait à expliquer pourquoi je n’étais plus de gauche: n’ayant pas évolué sur mes valeurs fondamentales, les faits m’ont démontré que ces dernières n’étaient plus défendues par la gauche à laquelle j’ai cru appartenir mais par une (partie de la) droite devenue un peu plus audible parce que moins complexée par les procès d’intention et caricatures dressés par ses adversaires. Même si le chemin reste long à parcourir. Aujourd’hui nous nous attachons à la valeur “liberté”. Apparemment défendue par tous, la “vraie liberté” , réelle et concrète, est restée une valeur de droite.
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« Oui, évidemment, me dira-t-on à droite, tu enfonces des portes ouvertes ». Et de fait la droite est souvent associée à la défense des libertés (libertés individuelles, libéralisme, école dite libre qui permet la liberté de choix et la différenciation…). Jusque dans les cours de sciences politiques, la liberté est présentée comme une valeur de droite, alors que l’égalité serait la référence forte de la gauche. C’est d’ailleurs ainsi depuis longtemps que les politologues différencient les deux grandes forces d’une France longtemps bipolarisée. Lorsqu’il faut choisir ou privilégier l’une au détriment de l’autre, la droite choisirait toujours la liberté, la gauche l’égalité. Ce n’est pas faux, comme nous le verrons, mais il va falloir creuser davantage ces définitions, car elles sont polysémiques.
« N’importe quoi », me rétorquera-t-on à gauche, la défense des libertés est l’un de nos combats principaux, notamment contre les actions et projets de la « droite liberticide ». Et il est indéniable que ce combat est également le mot d’ordre d’organisations de gauche et d’extrême-gauche qui appellent souvent à manifester contre les « atteintes aux libertés » (état d’urgence, déchéance de nationalité, loi Collomb encadrant l’immigration, actions des forces de l’ordre, interdiction de manifester en certains lieux, contrôles préventifs …), mises en place par des gouvernements qui attenteraient à la liberté de manifester, de se déplacer et de s’installer où l’on souhaite, voire même de s’attaquer aux biens d’autrui pour de bonnes raisons il s’agit d’un ennemi de classe, d’un traître ou d’un symbole…
Le fait est que tout le monde se réclame de la devise républicaine et de ses trois composantes. Il n’y a pas une idéologie qui ne se prononce pas en faveur de la liberté. À partir du moment où l’on constate cet état de fait, que l’une des valeurs souvent attribuée à la droite est partagée par tout le monde, que fait-on ? Se contente-t-on de continuer dans la posture, les discours et le mot d’ordre, pour ne pas dire les échanges de cours de récréation (– c’est moi qui défends le mieux la liberté. – Non c’est moi ! – Moi plus que toi ! – Non c’est moi qui l’ai choisie en premier, et c’est le premier qui l’a dit qui l’est) ? Ce genre de postulat, qui tient du prêt-à-penser ne peut que séduire les militants et électeurs déjà convaincus. Mais ce n’est pas avec des gesticulations que l’on peut espérer séduire les autres et déjà faire revenir ceux qui, déçus, sont partis. De deux choses l’une : si tout le monde est d’accord, il devient inutile de brandir un concept comme élément constitutif de son combat et, si ce dernier est menacé, il s’agit de s’allier, toutes tendances convaincues, pour en défendre le principe et permettre sa réalisation. Mais si l’on perçoit qu’il existe une différenciation, un malentendu lié à une interprétation différente du même mot, il faut expliquer clairement ce qui sépare les deux « camps », de sorte que chacun se positionne en fonction de ses valeurs et aspirations.
C’est ce que nous proposons d’esquisser ici. Nous verrons d’abord que la droite et la gauche ne sont pas attachées aux mêmes formes de liberté et n’en ont pas la même définition (A), qu’entre liberté et égalité elles n’ont pas la même hiérarchie de priorités (B), que la conception de la liberté selon la gauche peut s’avérer liberticide, contreproductive, conduire à la médiocratie quand celle de la droite libère l’individu, l’économie et reste le meilleur soutien de la démocratie représentative (C).
A. La droite défend une forme de liberté et la gauche une autre.
La première explication de cette apparente parenté de combat, c’est que la droite et la gauche ne défendent pas la même liberté. Il y a en effet en philosophie politique [1] deux conceptions de la liberté : la liberté négative (la seule liberté réelle), qui est l’absence d’entraves pour faire quelque chose, en d’autres termes la liberté de ; et la liberté positive, la possibilité de faire quelque chose, la capacité de. Précisons au passage qu’il n’y a aucun jugement de valeur dans les termes « négatif » ou « positif ». Toutefois, la connotation du mot « négatif » explique qu’en politique, on utilise moins ce terme que des périphrases pour exprimer son contenu. Je le reprends donc ici sur le plan philosophique mais il est évident qu’il serait contre-productif sur le plan médiatique : qui oserait sembler se prononcer contre la liberté ?
La droite illustre la défense et le combat pour les libertés réelles, dites négatives.
Ce que les philosophes nomment liberté négative correspond en effet aux libertés réelles, c’est-à-dire la possibilité et le droit pour chacun de posséder un espace privé, inviolable donc sûr, dans lequel il puisse penser et s’exprimer librement (liberté de pensée et d’expression), posséder (droit de propriété), se déplacer (liberté de mouvement), croire (liberté de conscience) et choisir (liberté de choix) sans qu'aucun pouvoir extérieur ne puisse intervenir pour l’en empêcher, tant qu’évidemment ces activités personnelles ne contreviennent pas aux lois en vigueur (que l’on peut néanmoins s’efforcer de changer, par le débat démocratique, si on les juge trop liberticides). Ce « pouvoir extérieur » qui limite la volonté autonome d’un individu peut être, et de plus en plus aujourd’hui, la chape morale que l’on qualifie souvent de « gauchisme culturel » qui, par l’appel à la censure, la stigmatisation, l’insulte, le procès d’intention, la criminalisation de toute pensée divergente, voire la violence de rue, conduit à s’autocensurer et craindre le jugement, voire la réaction d’autrui.
Cette conception de la liberté bien évidemment s’entend dans l’acception que lui donnaient les philosophes des Lumières, c’est-à-dire qu’il ne s’agit évidemment pas d’une liberté sans aucune entrave, façon anarchisme, elle s’arrête là où commence la liberté d’autrui, ce qui revient à dire que l’on ne peut pas tout se permettre si cela doit nuire à son voisin ou à la société ou si cela doit perturber l’ordre public. Cette limitation des libertés devrait se faire naturellement par le bon sens et l’esprit civique des individus, qu’ils soient innés ou transmis par l’éducation nationale et parentale. À défaut, et c’est malheureusement de plus en plus le cas aujourd’hui en raison de la faillite des transmetteurs précédemment cités, c’est à l’État de garantir les droits et libertés de chacun et l’ordre social, y compris en dernier recours par ce dont il est le seul dépositaire, la « violence légitime » (Max Weber) par l’intermédiaire des forces chargées de garantir cet ordre et la sécurité de chacun. Violence, rappelons-le, qui n’est que la réaction légale à des actes illégaux. On voit ici que la sécurité n’est nullement antinomique du principe de liberté, comme le prétend une partie de la gauche. Bien au contraire, elle la garantit.
En concordance avec cette conception de la liberté, la droite défend donc les libertés civiles et politiques de pensée, d’expression, d’association, de résidence, de culte, de propriété, (d’acquérir, de transférer, de transmettre la propriété, d’en jouir librement), d’entreprise (créer, diriger, fusionner, diviser, mettre en faillite, réajuster ses effectifs, vendre, transmettre)… À noter que l’on peut remplacer le mot liberté, dans les exemples ci-dessus, par « le droit de », les deux termes étant inextricablement liés en philosophie politique, le droit étant une liberté encadrée dans le cadre du contrat social, et non une liberté absolue, effrénée et potentiellement liberticide pour autrui. Il s’agit de vivre et de pouvoir gagner sa vie sans entraves trop handicapantes de la part de l’État ou des institutions (noter la préposition négative). Ces libertés réelles, défendues par la droite, relèvent donc avant tout de l’économique et du social.
Ces valeurs sont-elles aussi de gauche ? Pour certaines, on verra qu’elles le sont dans les discours mais qu’elles ne peuvent l’être, du moins totalement, dans les faits car elles entrent en contradiction avec la priorité de la gauche qui est l’égalité, voir l’égalitarisme. Pour d’autres, elles lui sont totalement étrangères (sauf pour cette partie de la gauche convertie au libéralisme que les gens qui se disent de la « vraie » gauche accusent d’avoir trahi). Ainsi la liberté de propriété et la liberté d’entreprise sont-elles deux valeurs essentielles de la droite auxquelles la gauche a continuellement fait obstacle : nationalisations, impôt progressif, réglementation du travail, contrôles permanents et tatillons (souvent prétextes, dont l’impact sur l’environnement, nécessaires mais souvent utilisés pour freiner l’investissement), interdictions de travailler davantage, alourdissement des droits de transmission des patrimoines, aujourd’hui IFI (mis en place par un gouvernement où la majeure partie des ministres sont à gauche)… Sans compter les caricatures manichéennes de l’entreprise, véhiculées par les discours et l’enseignement (surtout en sections économiques) présentant l’entreprise façon Germinal, patrons cruels et égoïstes, capitalistes obèses, ouvriers écrasés, salariés faméliques … Le patron (un gros mot !), qu’il soit celui d’une grande entreprise du CAC 40 ou le petit artisan dirigeant une équipe de trois ouvriers, est nécessairement un salaud, un profiteur et un « rentier » qui ne bosse pas et fait travailler les autres.
Aujourd’hui l’image de l’entreprise change, il faut reconnaître au gouvernement actuel de se battre à cet égard pour la réhabiliter, mais la description ci-dessus n’apparaissait même pas comme caricaturale, dans une France acquise au gauchisme culturel, il y a encore une dizaine d’années. Et la gauche continue de reprocher au libéralisme économique de créer des besoins qui n’existent pas. Il y a une part de vérité dans ce constat mais est-ce pour autant qu’il faudrait empêcher d’entreprendre et de vendre ? Il n’en reste pas moins que les principaux besoins auxquels l’économie libérale répond sont des besoins de base (se nourrir, se loger, se déplacer, s’instruire, se divertir …) et que la mondialisation a permis depuis quelques décennies, dans l’absolu, une augmentation spectaculaire du niveau de vie et une diminution de la pauvreté sensible à l’échelle de la planète. Ce qui ne veut pas dire que les inégalités n’ont pas augmenté et que la mondialisation aujourd’hui n’a pas besoin d’être révisée et repensée, ne serait-ce que pour des questions environnementales.
À gauche on défend également la liberté, mais ce n’est pas la même.
La gauche identifie en effet la liberté à l'égalité matérielle. C’est la conception de la liberté positive, c’est-à-dire la capacité de, la possibilité de… Pour la gauche peu importe les droits et libertés ci-dessus mentionnés : si l’on n’a pas les moyens de s’acheter une voiture, on ne bénéficie pas de la liberté de se déplacer à volonté. Si l’on a trop petit salaire ou que l’on n’a pas d’emploi, la liberté de propriété ne nous intéresse pas. Si l’on n’a pas les moyens de se soigner, on ne se soigne pas. La gauche reproche à la droite de promouvoir des libertés spécifiques garanties par un système légal mais ne pas donner à tous les moyens de s’en servir. Elle va promouvoir non pas le droit ou la liberté, qui sont acquis, mais la possibilité pour tout le monde d’accéder à la même chose. Et comme elle n’a pas une baguette magique pour donner à ceux qui n’ont pas la même chose que ceux qui ont, elle va piocher dans les poches des uns pour donner à d’autres, redistribuer, égaliser, limiter les libertés négatives au nom d’un chemin hypothétique vers des libertés positives.
Et c’est là où droite et gauche diffèrent. À partir de ce constat, qui est indéniable (tout le monde n’a pas la possibilité de), la gauche va donc limiter la liberté de ceux qui gagnent plus que d’autres de jouir librement de leur argent, les empêcher de s’enrichir davantage, en particulier par un impôt redistributif prétendant réduire les inégalités et en donnant aux plus démunis, ou plus exactement à ceux qu’elle considère (sincèrement ou par électoralisme) comme plus démunis. Que ces défavorisés, par le biais de transferts sociaux défiscalisés et d’aides diverses aient autant ou même davantage qu’une grande partie de ceux qui gagnent peu, et que cela ne pousse pas à travailler dur, ou à travailler tout simplement, est une autre question que nous n’aborderons pas aujourd’hui, celle du dérèglement de l’État-providence tombé dans un système d’assistanat décourageant le travail, et générateur d’importants flux migratoires vers une France généreuse au-dessus de ses moyens.
La gauche aujourd’hui est ainsi passée de la légitime et partagée par tous revendication de l’égalité des droits vers un égalitarisme nivelant et homogénéisant la société française sur le plus petit dénominateur commun. Puisqu’on ne peut tirer tout le monde vers le haut, limitons les droits et les libertés de ceux qui se détachent et dont la tête dépasse. Dans cette optique, l’État omnipotent et omniprésent joue un rôle essentiel. S’il limite par la loi et l’interventionnisme les possibilités (de posséder, de transmettre, d'entreprendre, de travailler au-delà des maxima légaux, de devenir riche…), il est certain que l’on réduira à termes, ce faisant, les inégalités. Mais en nivelant vers le bas. À droite au contraire, on considère que limiter droits et activités est contre-productif, on croit encore à l’ascenseur social et à l’exemplarité, aux réussites façon self made man à l’américaine, et l’on cherche à tirer le maximum de personnes vers le haut, ce qui n’exclut pas des mécanismes de correction et de redistribution, tant qu’ils n’handicapent pas trop les droits et libertés individuelles et ne deviennent pas contre-productifs en termes économiques. C’est une différence majeure.
Ajoutons enfin qu’à la gauche de la gauche, traditionnellement, on défendait également une autre conception de la liberté individuelle qui se manifeste, elle, par le droit de tout faire (au nom de l’idéal du camp du Bien), le rejet de toute autorité (professeurs, policiers, leaders …) et l’affirmation de la volonté de pouvoir vivre sa vie sans entraves ni de l’État, ni des institutions. Autrefois défendue par les seuls gauchistes, cette conception de la liberté absolue et sans entraves s’est aujourd’hui répandue dans l’ensemble de la gauche (et d’une partie de l’extrême droite), en particulier avec ce qu’est devenu à partir du mois de décembre le mouvement des « gilets jaunes », rejetant violemment et a priori la violence légitime de l’État, c’est-à-dire l’intervention légale contre des formes d’action illégales (violences urbaines…). La gauche légaliste est donc allée jusqu’à reprendre le slogan gauchiste des « violences policières », se donnant unilatéralement le droit d’attenter aux institutions, donc au contrat social, ce qui reste logique pour les courants révolutionnaires qui le rejettent, mais nettement plus ambigu et hypocrite pour ceux qui prétendent l’accepter et chercher à le réformer par la voie légale du débat et de l’élection. Cette seconde conception un peu particulière de la liberté sans entraves, c’est l’équivalent de ce que l’historienne Barbara Lefebvre a nommé pour les populations scolaires d’aujourd’hui la « génération j’ai le droit ». À noter que cette conception anarchiste ou gauchiste de la liberté, qui dans le cas présent se veut absolue (dans l’attente du chaos donc du Grand Soir à partir duquel on construira la société idéale, forcément égalitaire et homogène) entre en contradiction avec la conception de la gauche classique pour laquelle l’État interventionniste et redistributif est tout, possède tous les droits, notamment celui de prendre aux uns par les impôts ce que l’on redistribue aux autres, d’empêcher certains de faire pour permettre à d’autres de réaliser, ce qui a donné naissance, sous d’autres cieux … aux régimes parmi les plus totalitaires et liberticides qui soient.
Il s’agit donc de comprendre que la liberté négative défendue par la droite est une liberté réelle alors que la liberté positive de la gauche est virtuelle, intentionnelle, et indissociable de l’égalitarisme.
B. Quelle priorité entre liberté et égalité/égalitarisme ?
La droite et la gauche revendiquent le même objectif, le bien-être des populations tant sur le plan matériel que spirituel, pour tous sans exception. Mais elles diffèrent sur les moyens d’y parvenir. La gauche recherche la liberté à travers une priorité qui est l’égalité, la droite recherche la liberté, modérée par le principe d’égalité. Pour elle l’égalité doit introduire des corrections mais elles ne seront jamais que cela. L’égalité n’est pas l’objectif majeur, qui reste la liberté. Notons que l’on ne parle pas ici de l’égalité des droits, principe fondamental inscrit dans les droits de l’homme et du citoyen, sur laquelle évidemment tout le monde est d’accord et que nul ne discute, mais de la recherche de l’égalité réelle, c’est-à-dire l’uniformisation des niveaux et modes de vie, des croyances, des revenus, des patrimoines, ce que l’on nomme l’égalitarisme.
C’est avant tout sur la priorité accordée à l’un ou l’autre de ces deux principes inscrits dans notre trilogie républicaine que les politologues différencient droite et gauche. La droite a élu la liberté négative (réelle) comme objectif moral primordial. Elle défend, comme tous, l’égalité des droits mais non l’égalité économique et sociale, par pragmatisme d’une part, droit à la différenciation individuelle de l’autre, qui est le fondement des libertés.
Pour la gauche au contraire, c’est l’égalité et son corolaire, l’uniformisation, qui est l’objectif ultime, elle part du principe qu’il faut réduire ou supprimer les inégalités entre les êtres humains ou entre les groupes sociaux, ce qui la conduit souvent à mettre des entraves croissantes au libertés réelles (dites négatives) défendues par la droite. Son combat est de donner à tous « la possibilité de » , donc d’œuvrer pour la liberté dite positive.
Or le réalisme, qui oblige au pragmatisme, nous enseigne qu’il faut souvent choisir le poids que l’on accorde à chacune des deux premières composantes de notre trilogie républicaine . Car la liberté et l'égalité ne sont pas toujours compatibles, et même rarement. Il est très souvent mensonger de prétendre défendre les deux en même temps, du moins en les plaçant sur le même plan. La permanence des inégalités, à l’échelle de la planète, est un constat : nous naissons libres et égaux en droit, mais pas tous dans le même contexte socio-économico-culturel (patrimoine, éducation, revenus, territoires), ni avec les mêmes potentialités (talent, santé, aptitude au travail et au risque, intelligence…). C’est exactement la même chose pour les territoires qui ne sont ni isotropes ni isomorphes : donc en clair, on peut brailler que l’on se bat pour « l’égalité des territoires », ce qui ne veut strictement rien dire, on ne fera jamais d'une montagne pentue, froide et à la mise en valeur difficile, un littoral plat, attrayant et favorable aux hommes et au commerce. Il est vain de réclamer « l’égalité territoriale » à grands cris, qu’il faut remplacer par la recherche de l’équité, ce qui est sensiblement différent. Sans compter que ce qui était répulsif autrefois (par exemple un littoral où l’ubac, le versant le moins ensoleillé d’une montagne, un sol crayeux comme en Champagne autrefois dite « pouilleuse ») devient, par l’évolution des systèmes économiques (maritimisation des économies, essor du tourisme montagnard et littoral, nouveaux intrants et mécanisation), aujourd’hui un atout. Jusqu’au prochain changement, quand des atouts deviennent des aménités, et d’anciens avantages des handicaps.
Si l’on cherche à corriger ces inégalités, il faut aller contre des tendances naturelles ou des réalités territoriales. Or aller contre revient souvent à contraindre. Donc lorsque l’on vise un monde plus égalitaire, nécessairement, on contraint, on empêche, on prend aux uns ce qui manque aux autres (ça peut aller jusqu’à l'impôt confiscatoire et la redistribution) au nom de la solidarité et l’on réduit les libertés (de gagner davantage, de créer, de profiter de ses richesses, de transmettre facilement…). Le principe est évidemment honorable et personne aujourd’hui, à commencer par les partis de droite, ne s’élève contre des mécanismes correctifs ou redistributifs, sauf quand ils tombent dans l'égalitarisme et la confiscation.
On dit la droite « conservatrice », ce qui signifie non pas qu’elle veut maintenir, coûte que coûte, des inégalités mais qu’elle ne fait pas de leur réduction une priorité en soi, si cela conduit à trop rogner sur les libertés précédemment citées, puisque la défense des libertés individuelles est, précisément, son objectif premier. Il ne s’agit pas d’être méchant ou gentil, généreux (avec l’argent des autres !) ou égoïste, comme on l’entend dire parfois dans des échanges politiques de café du commerce, c’est juste une question de mesure et de priorité. Les deux attitudes, privilégier la liberté ou faire passer en premier l’égalité, sont légitimes et dépendent des aspirations, de l’éducation ou de l’endoctrinement de chacun, il s’agit par contre d’être clair sur les objectifs, de ne pas défendre tout et son contraire en faisant semblant de croire que les deux sont compatibles, et de se positionner en connaissance de cause.
C. En ce qui me concerne, j’ai choisi la liberté réelle (dite négative), la « liberté de » .
Et cela pour plusieurs raisons.
D’une part parce que la défense des libertés positives (donc la recherche d’une égalité dans les possibilités) conduit souvent à des mesures liberticides.
Passons rapidement sur les exemples historiques qui montrent que là où la gauche a donné à l’État le droit de restreindre les libertés négatives pour donner à chacun la possibilité d’atteindre les libertés positives (cf. les grands totalitarismes du XXe siècle, URSS, Chine …), cela n’a nullement, au bout du compte, réduit les inégalités, l’appareil économique et les richesses restant aux mains d’une nomenklatura restreinte et le reste de la population, effectivement homogénéisé et aligné sur le minimum, s’étant collectivement appauvri, en proie à de grandes famines meurtrières récurrentes, privé au bout du compte à la fois des libertés négatives mais aussi des libertés positives. Sauf si l’on considère que d’avoir la possibilité d’accéder au strict minimum permettant à peine de reconstituer sa force de travail, le même pour tout le monde, est une véritable liberté.
La gauche effectivement, pour tenter de construire une société égalitaire (non en droits, elle l’est déjà, mais dans les faits) rogne sur les libertés économiques de « faire » : d’entreprendre librement, de transmettre facilement (la transmission augmentant les inégalités), de disposer de son argent librement via l’impôt, confiscatoire à partir d’un certain niveau de revenus… Comme cela se traduit logiquement, chez les individus ou les entreprises, atteints dans leurs libertés, par des tentatives de contourner les entraves, et cela produit automatiquement, en réaction, une augmentation de la surveillance, du contrôle, du fichage, de la « transparence » (qui, sur le plan financier ou privé, s’apparente à une volonté de mainmise absolue sur les individus).
En outre, l’égalitarisme d’extrême-gauche qui, on l’a vu, gagne aujourd’hui la gauche classique, conduit à limiter les libertés individuelles de multiples manières, la divergence d’opinion, la volonté de différenciation, étant considérées comme autant de coups de canif intolérables dans une société homogène où tous les hommes ont les mêmes droits mais aussi les mêmes besoins, et dont on attend d’eux qu’ils aient les mêmes comportements. L’État, sur les injonctions d’une gauche victimaire et stigmatisante, devient alors intrusif, restreint les libertés d’agir, de dire, de penser, et bientôt de croire (grâce aux procès d’intention) librement. Dans ce genre de société, au lieu d’éduquer (à penser autrement, à respecter, à rire de choses convenables, à ne pas utiliser de mots blessants, à ne pas blasphémer ni choquer…), on interdit et l’on sanctionne. Parce que certains dérapent (fumeurs, chiens sur les plages, enfants bruyants dans les hôtels), on interdit à tous. Certains intellectuels jugés mal-pensants sont mis à l’index, on appelle à leur boycott, voire leur interdiction (E. Zemmour, A. Finkielkraut…). On ne cherche pas à agir sur la cause, on gomme le symptôme. Une fois encore, la gauche préfère casser le thermomètre par l’interdiction ou la menace que de tenter de le comprendre, voire de le traiter.
Est-on libre de rire de tout ? Assurément non et nombre de comiques, qui n’auraient pas choqué il y a encore une vingtaine d’années, sont aujourd’hui ostracisés, voire condamnés ? La liberté pédagogique n’existe plus, nombre d’enseignants sont sanctionnés, voire mis à pied par des inspecteurs défenseurs de la bien-pensance, pour pédagogies rétrogrades. Sur les réseaux sociaux, il est extrêmement significatif que la quasi-totalité de ceux qui appellent à exclure un contradicteur, qui le bloquent, criminalisent la pensée d’autrui parce qu’elle diverge de la norme autoproclamée par le gauchisme culturel, se réclament, en grands défenseurs des libertés, d’une gauche généreuse et altruiste … sauf pour leurs adversaires. Le terrorisme intellectuel de la Bien-pensance musèle bien plus efficacement que la véritable censure. Vraie censure à laquelle une certaine gauche n’est, d’ailleurs, nullement hostile : la loi contre les fake news, au lieu d’éduquer les individus à les repérer, risque d’interdire beaucoup et à tort pour bloquer quelques informations effectivement erronées; la loi contre la haine sur Internet (ce avec quoi chacun ne peut qu’être d’accord) permet de confondre la haine véritable et la simple expression d’un désaccord (qu’appellera-t-on par exemple islamophobie ? L’expression d’un rejet de la charia islamiste ou un véritable appel à la haine de tout musulman ?). Comme on peut le voir dans les deux derniers exemples, pour interdire et sanctionner, ce gauchisme culturel accumule les lois, l’encadrement, la surveillance.
On touche là à une autre différence entre la gauche et la droite, la gauche infantilise, la droite responsabilise et compte sur l’éducation (comme la gauche d’antan), seule à même de développer un civisme véritable, de former des esprits libres et critiques, pour changer les comportements. Mais cela induit une autre différence, qui peut être perçue comme un apparent paradoxe, la droite, en présence de comportements déviants, en l’absence d’une responsabilisation des individus et lorsque ceux-ci attentent aux libertés individuelles, n’exclut pas des mesures sécuritaires pour protéger les libertés. Pour une certaine gauche, au contraire, la mise en œuvre de l’autorité de l’État à des fins sécuritaires (protéger les individus mais également la propriété individuelle et le bien commun) est liberticide. C’est que la droite fait intervenir la réaction sécuritaire a posteriori, quand le comportement déviant, incivique ou dangereux a été constaté. La gauche a l’inverse procède par procès d’intention et présomption de culpabilité : alors on interdit où l’on tente d’empêcher a priori, une pièce d’Eschyle ou une conférence d’A. Finkielkraut.
Parce que la liberté dite positive, qui est le faux-nez de l’égalitarisme, est «économiquement et même socialement contre-productive, a contrario de la liberté réelle .
Pour la droite, si l’on augmente la pression fiscale jusqu’à ce qu’elle devienne confiscatoire ou qu’elle décourage de travailler davantage, si l’on crée des milliers d’emplois inutiles dans la fonction publique (pour donner artificiellement un revenu donc la capacité de), si on nationalise et ne laisse plus l’émulation de la concurrence opérer pour faire baisser les prix, si on décourage la création et l’investissement par trop de contrôles et réglementations « liberticides », ce sont les mécanismes réels de création de la richesse qui se trouve bloqués. S’il n’y a plus de richesses à partager, c’est un appauvrissement général. Le discours de la gauche, généreux, en faveur des libertés sociales, se trouve arrêté dans sa réalisation puisqu’il y a, d’année en année, de moins en moins à redistribuer à de plus en plus de monde. Si l’on gagne autant sans travailler que les travailleurs aux revenus moyens, ou à peine moins mais avec la tranquillité en plus, tout en se trouvant éligible à des aides innombrables, ce n’est pas un encouragement à l’effort. Pire, on pousse nombre de travailleurs à quitter la vie active et l’on n’incite pas ceux qui, inactifs, bénéficient déjà des aides sociales, à retravailler. Le résultat est que cette générosité aveugle (avec l’argent de ceux qui travaillent dur ) annihile les possibilités de promotion de ceux qui font partie des couches sociales de faible revenu qu’elle n’incite pas à reprendre une activité et, s’ils en ont une, à gagner davantage.
Cette omniprésence de l’État pose problème. Pour le libéral, donc l’individu qui se prétend plutôt de droite, l’État est nécessaire, il est là pour organiser prendre en charge ce que les individus ne peuvent gérer par eux-mêmes (c’est le cas notamment de la sécurité via les forces de l’ordre, armée et police). Mais seulement ça ! Tout ce qui relève de l’individu, de sa responsabilité, doit lui être laissé afin qu’il gère librement sa vie, ses croyances, ses comportements, toujours dans la limite de ne pas empiéter sur la liberté d’autrui.
Pour la gauche française actuelle, profondément marquée par les idéologies collectivistes du XXe siècle [2], l’État est là au contraire pour régler tous les problèmes des gens à leur place : pour elle, l’individu, surtout s’il est « possédant », est égoïste et ne pratiquera pas la solidarité de lui-même [3], il s’agit donc de l’y obliger par une intrusion dans tous les secteurs de sa vie professionnelle et privée (culpabilisation, incitations). Mais même en supposant la mise en place un système entièrement étatisé, qui décidera de l’économie ? Au nom de quoi ? Il y aura nécessairement, comme dans les régimes totalitaires de gauche du XXe siècle, la constitution d’une nouvelle oligarchie dirigeante. On a vu trop souvent l’appareil d’État utilisé par des individus ou des entreprises privées comme un moyen de capter l’argent public au détriment de l’intérêt général. Mais pour la gauche, pour augmenter les libertés positives (la possibilité pour tous de faire), l’État a pour fonction également de réguler le libéralisme, de jouer un rôle d’arbitre entre les partenaires sociaux. C’est ainsi que l’État-providence et interventionniste est devenu pléthorique, un État omnipotent qui ne peut agir que par l’augmentation de la pression fiscale, déresponsabilisant l’individu, l’infantilisant, le maternant, suppléant ses manquements. Des parents sont défaillants ? Peu importe, au lieu de tenter de les responsabiliser, de les avertir, on va offrir le petit-déjeuner à l’école. On se démène sur tous les médias pour nous dire de manger cinq fruits et légumes par jour, de ne pas fumer, de boire quand il fait très chaud, de protéger ses rapports sexuels. Et on a raison de le faire car la situation d’assistanat (conséquence de cette omniprésence de l’État et de la déresponsabilisation des individus ) est telle aujourd’hui qu’en cas de problème, nombreux seraient ceux qui reprocheraient au gouvernement d’avoir manqué à ses obligations et à son devoir d’avertissement.
La conséquence est que d’un côté on ne cesse de demander « des aides », que l’on voudrait et imagine automatiques, au lieu de tenter de s’en sortir, que l’on n’abandonne pas la « logique de guichet » attendant tout (un emploi, de l’argent) d’un État, incarné par les gouvernements successifs, et l’accusant de tous les maux lorsque l’on n’obtient pas ce que l’on veut, alors même qu’une partie de ses prérogatives sont passées depuis longtemps aux collectivités locales. De l’autre, on voit augmenter l’irresponsabilité des citoyens, leur manque de culture politique, économique géopolitique (après tout, à quoi bon se former si l’État prend tout en charge?), ainsi que l’assistanat et les difficultés d’un État paupérisé, non en soi mais par l’augmentation exponentielle des demandes
Parce que la liberté négative permet l’éclosion des meilleurs, pas l’égalitarisme.
Toute économie, toute société, a besoin de talents, d’innovations, de capitaines d’industrie, d’individus capables de prendre des risques, d’imaginer autre chose, pour lui ou pour les autres, que ce qu’il a sous les yeux, de trouver des solutions à des problèmes sociétaux… Mais hélas la France, disait Cocteau, « a toujours cru que l’égalité consistait à couper tout ce qui dépasse ». Et c’est bien ce qu’il se passe avec la liberté positive, donc l’égalitarisme, qui limite les libertés de faire dans l’espoir de créer une société idéalement homogène où tout le monde aurait les mêmes besoins donc posséderait la même chose.
Malheureusement, dans les faits, cet idéal se heurte au désir de la majorité des individus de se différencier. On a pu le voir notamment dans l’échec des grands ensembles où l’on avait mis dans le même immeuble, voire sur le même palier, des individus de statuts très différents (ouvriers spécialisés, ouvriers qualifiés, contremaîtres, petits patrons). Très vite le souci de hiérarchisation a repris le dessus, les conflits de voisinage et la volonté de différenciation ce sont multipliés et dès l’industrialisations du pavillonnaire et l’accession au crédit immobilier, tous ceux qui le pouvaient sont allés vers l’habitat individuel, les grands ensembles ne gardant plus, captifs, que ceux qui n’avaient pas le choix. La gauche d’aujourd’hui, du moins en France, étant totalitaire, est liberticide de nature. Elle dit l'être pour de bonnes raisons, puisqu’elle prétend faire le bonheur des gens malgré eux. Mais comme on le voit dans l’exemple ci-dessus, la restriction des libertés, dont celle de se différencier d’autrui, peut provoquer des réactions, jusqu’à devenir totalement contre-productive.
De plus, cette propension de la gauche à tout uniformiser, à nier à l’individu la possibilité de différenciation (par exemple choisir un autre type d’école, d’enseignement, correspondant davantage à ses valeurs ou à ses croyances) empêche l’éclosion des meilleurs et conduit rapidement à la médiocratie. Car en limitant les possibilités, en coupant, rabotant « tout ce qui dépasse » au nom de l’égalité, en interdisant, en taxant, en augmentant la surveillance bureaucratique, en réprimant les initiatives qui n’entrent pas dans la norme, on ne tire pas vers le haut, on aligne sur le plus petit dénominateur commun.
Parce que la liberté négative, a contrario de la liberté positive, est à la base de la démocratie
Il est indéniable que, sur la question des libertés, un des points forts de la droite est sa contribution à l’idée de démocratie alors que la gauche traîne, dans les mémoires collectives, le poids des totalitarismes collectivistes du XXe siècle. La Magna Carta dans l’Angleterre du XIIIe siècle est l’œuvre d’aristocrates. Toutes les chartes de droits et libertés qui garantissent l’individu dans son autonomie personnelle et dans sa dignité relèvent de penseurs dits libéraux et ne font pas partie de l’acquis historique de la gauche. Ce furent encore des gouvernements de la droite libérale qui élargirent le suffrage pour le rendre véritablement universel. C’est encore la pensée de droite qui imagina le principe de la division des pouvoirs se surveillant et se modérant les uns les autres. Et c’est surtout la droite qui aujourd’hui encore défend la démocratie élective, pour mettre tout gouvernement à l’abri de la violence populaire et/ou de la tyrannie d’un seul ou des masses. Autant dire que la « dictature du prolétariat » n’est pas une valeur de droite. Au sens commun, c’est-à-dire l’opinion de la masse, la droite privilégiera toujours le bon sens, celui qui est construit par le recul critique, la connaissance, le refus du manichéisme et qui, de fait, est souvent exprimé par des « élites ». Ce sont ces élites, ces individus payés par des indemnités pour travailler, s’informer et décider à la place des autres qui, dans une démocratie qui fonctionne, représentent le peuple et agissent dans l’intérêt collectif. De nos jours il est indéniable que la démocratie représentative a connu de nombreux ratés, ce n’est pas pour autant que la droite prétend la remplacer par une démocratie directe, comme le RIC réclamé par les Gilets Jaunes. Encore une fois, à droite, on ne jette pas le thermomètre, on tente de guérir les maux .
En définitive, la droite admet de bon cœur que la liberté doive être réglementée et délimitée, pour que nous soyons tous libres dans la légalité et que l’on puisse réduire les inégalités, mais sans tomber dans un égalitarisme niveleur. Pour elle l’égalité est subordonnée à la liberté. C’est absolument l’inverse de la pensée de gauche.
Alors bien évidemment, ce qui précède ne s’en est tenu qu’aux principes généraux , ceux qui sont habituellement reconnus comme caractéristiques de la droite et de la gauche par la science politique. Dans les faits, l’échiquier politique est aujourd’hui beaucoup plus confus, situation qui ne date pas d’hier et que, dès les années 1990, on qualifiait de « brouillard des idées » : certaines personnes qui se réclament de la droite sont égalitaristes et étatistes, comme il y a à gauche des personnes hostiles à l’omnipotence de l’État et très attachées aux libertés négatives, qu’elles font passer avant la recherche de l’égalité. En soi, ce sont des valeurs qui ne sont ni de droite ni de gauche et qui peuvent être défendues par tous. Et tout le monde se dit “social”. L’important est de savoir ce que l’on veut et de déceler qui, ici et maintenant, défend le mieux les valeurs que l’on juge prioritaires.
Pour ma conception de la liberté, que je place au-dessus de toutes les autres valeurs, c’est assurément à droite que je me retrouve le mieux, ou le moins mal.
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[1] Voir notamment travaux de Isaiah Berlin.
[2] Rappelons qu'au XIXe siècle les socialistes étaient partisans de cette même liberté négative au nom de la résistance à la toute-puissance de l’État et de la religion, jusqu’à ce que le collectivisme (théorisé au XXe siècle, léninisme, stalinisme, castrisme, maoïsme…) vienne remplacer le libéralisme socialiste.
[3] Ce que démentent les sociétés étatsunienne et anglaise, où l'individu est davantage maître de l'utilisation de ses revenus, qu'il utilise largement dans des actions de solidarité et de charité. La différence c’est qu’il décide librement vers qui orienter cette solidarité. Et que les destinataires potentiels font tout pour s’en rendre digne et attirer l’attention par leurs efforts ou leur attitude. De la même façon, au XIXe siècle, sans remettre en cause le rôle que jouèrent partis et syndicats de gauche dans l’obtention des “acquis sociaux”, un grand nombre d’avancées concrètes, réelles, améliorant la vie de l’ouvrier (cités-jardins, crèches, augmentations salariales …), sont le fait de grands capitaines d’industries pétris de “catholicisme social” et qui ont mis en place ces actions généreuses et solidaires librement, sans incitation et encore moins obligation de la part de l’Etat. Cette partie du patronat avait en outre compris que l’amélioration des conditions salariales et de vie est un gage d’efficacité, tant il est évident qu’un individu heureux, motivé, respecté et reconnaissant, travaille avec davantage d’ardeur. Alors que l’exploitation, à termes, devient contre-productive en termes économiques.

Plusieurs générations d’enfants ont été livrées à elles-mêmes, exposées dès leur plus jeune âge à une pornographie violente, dégradante, profondément destructrice. Cette situation n’est pas le fruit d’un simple hasard ou d’une fatalité, mais bien le résultat d’un enchaînement de défaillances majeures, où chaque acteur a failli à ses responsabilités. Depuis l’avènement du numérique grand public, ces plateformes ont laissé perdurer un accès quasi libre à ces contenus, privilégiant toujours le profit à la sécurité des mineurs. Pendant des années, il suffisait de cocher un simple bouton « j’ai plus de 18 ans » pour basculer dans un univers totalement inadapté aux enfants. Cette pseudo-régulation a été un écran de fumée, une mascarade destinée à masquer un profond désintérêt pour la protection réelle des jeunes générations.
L’État, censé être le rempart protecteur, a lui aussi tardé bien trop longtemps à intervenir, laissant plusieurs générations d’enfants accéder librement à ces sites, souvent bien avant d’avoir l’âge de comprendre ou de se défendre. Ce retard scandaleux dans la mise en place de mesures concrètes et contraignantes a exposé des millions de jeunes à des contenus toxiques, fragilisant leur développement psychique, émotionnel et social. Une telle inertie est inacceptable, elle révèle un manquement grave à la responsabilité publique.
Quant à l’Éducation nationale, elle porte également une lourde part de responsabilité. Le programme d’éducation sexuelle actuellement imposé à l’école ne devrait tout simplement jamais voir le jour. C’est aussi simple que cela. Il n’a pas sa place dans un cadre scolaire. Il n’est ni neutre, ni pédagogique, ni protecteur. Il est idéologique. Il s’impose sans réel débat, sans consentement des familles, et souvent sans même que les parents en soient informés. Ce n’est pas à l’Éducation nationale d’introduire des contenus aussi sensibles, souvent orientés, dans la tête d’enfants en construction. Ce programme doit être annulé. Définitivement.
Par ailleurs, l’Éducation nationale s’est montrée incapable d’exercer une autorité ferme face à l’usage massif des téléphones portables dans les établissements scolaires. Officiellement interdits dans de nombreux cas, ces appareils circulent néanmoins librement, exposant les élèves à toutes sortes d’influences néfastes, sans que les enseignants disposent des moyens ou de la puissance disciplinaire nécessaire pour faire respecter les règles.
Enfin, la responsabilité première revient aux parents. Trop souvent, par laxisme ou par facilité, ils remettent un téléphone portable à leurs enfants dès leur entrée au collège, parfois même plus tôt, sans contrôle ni cadre. Ce manque d’autorité parentale ouvre grand les portes à des influences incontrôlées et toxiques, faisant du smartphone un éducateur de substitution dangereux. L’autorité parentale ne doit pas être confondue avec rigidité, mais elle doit impérativement redevenir un cadre protecteur, une présence attentive qui accompagne et guide.
Ainsi, à tous les niveaux, c’est un échec collectif. Les plateformes ont privilégié le profit au détriment de la sécurité, l’État a manqué à son devoir de protection, l’Éducation nationale a laissé s’installer une permissivité toxique, et les parents ont trop souvent délégué leurs responsabilités. Certes, des avancées législatives ont été réalisées depuis 2025, mais elles restent largement insuffisantes, facilement contournables, et ne sauraient remplacer un véritable engagement éducatif et familial.
Au final, cette problématique ne peut être réduite à une seule cause ou à un seul acteur. C’est un échec global, une défaillance collective qui s’incarne à chaque échelle : des plateformes avides, à un État trop lent et insuffisamment ferme, en passant par une Éducation nationale impuissante et des parents débordés ou laxistes.
Oui, des progrès législatifs ont été réalisés depuis 2025, notamment avec des systèmes de vérification d’âge plus stricts, mais ces avancées restent insuffisantes, largement contournables, et ne sauraient suffire sans un véritable engagement éducatif et familial.

"Le terrorisme idéologique exercé par les islamistes ne trouve pas seulement ses soutiens les plus ardents parmi les élus islamo-gauchistes. Il a aussi de solides relais dans d’autres sphères, pourtant réputées sérieuses, au CNRS comme au Quai d’Orsay.
Les noms des deux auteurs du récent rapport sur les Frères musulmans et l’islamisme politique en France sont restés confidentiels. Et pour cause ! Il est quasi interdit d’évoquer ces deux sujets sans être traité d’islamophobe ou de raciste. Parfois, l’attaque est assortie d’insultes, quand, plus grave, elle n’est pas physique. Le nombre d’affaires s’est multiplié ces dernières années. En France et ailleurs en Occident.
Qu’ils soient journalistes, enseignants, chercheurs ou diplomates, tous ceux qui se risquent à décrire la stricte réalité ne peuvent même pas compter sur le soutien de leurs pairs. Le terrorisme idéologique exercé par les islamistes ne trouve pas seulement ses soutiens les plus ardents parmi les élus islamo-gauchistes. Il a aussi de solides relais dans d’autres sphères, pourtant réputées sérieuses, au CNRS comme au Quai d’Orsay. Le poisson pourrit toujours par la tête, dit le proverbe chinois.
Récemment, c’est un professeur de géographie, spécialiste du Moyen-Orient, qui a été pris à partie en plein cours, à l’université de Lyon, par des militants propalestiniens. La présidente de Lyon 2 lui a reproché ensuite d’avoir tenu, sur Gaza, des « paroles affligeantes, complotistes et délétères pour l’université ». On n’en croit pas ses oreilles ! Islamologue de renom, Bernard Rougier a été attaqué en diffamation pour avoir publié, en 2020, Les Territoires conquis de l’islamisme. Sa collègue Florence Bergeaud-Blackler vit sous protection policière depuis la sortie de son livre Le Frérisme et ses réseaux , il y a deux ans. Mais tout cela est-il surprenant quand on se rappelle l’attitude de l’Éducation nationale après la décapitation de Samuel Paty ? Le « pas de vagues » restait de rigueur. L’indignation le dispute à la honte. Il a fallu du temps avant que les autorités daignent donner son nom au collège où il enseignait.
Il est inquiétant d’assister à une pareille défaite de la pensée dans un pays qui, depuis quinze ans, est durement touché par les attentats islamistes. Et il est regrettable que cette faillite commence à l’école et à l’université, là où doivent précisément se forger l’esprit critique et l’apprentissage de la liberté d’expression."

EXCLUSIF- Après les révélations du Figaro sur l’existence de dizaines de millions d’euros de subventions attribuées à des organismes proches de l’islam radical, le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad tape du poing sur la table, et appelle à renforcer la lutte contre les discours de haine.
Paris fera-t-il plier Bruxelles? Selon les informations exclusives du Figaro , la France va dénoncer très prochainement auprès de la Commission européenne les multiples financements que l’UE a attribués à des organismes promouvant l’islam radical, l’antisémitisme ou le séparatisme.
Dans une note consultée par Le Figaro , qui sera portée par le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, Paris appelle «l’Union européenne à redoubler ses efforts» dans la lutte contre l’antisémitisme et contre les discours de haine, et à «défendre les valeurs européennes (...) en évitant tout financement à des entités et personnes hostiles aux valeurs européennes». Ces « défaillances (...) sont de nature à nuire gravement à l’adhésion de nos concitoyens au projet européen» , peut-on aussi lire.
«Scandales réguliers»
D’après une source proche du dossier, cela fait suite à des «scandales réguliers» qui ont été révélés par Le Figaro il y a quelques semaines, et qui «démontrent un défaut de vigilance de la Commission et une capacité des organisations islamistes à se jouer de sa naïveté».
Rappelons en quelques lignes le fonctionnement des subventions européennes. En théorie, toutes organisations cherchant à en profiter doivent porter des actions «respectant les valeurs de l’UE» , à savoir la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit ou les droits de l’homme. Une fois les subventions approuvées en commissions - et il en existe pléthore -, elles sont référencées dans le système de transparence financière (STF), un site internet public dont le contenu est actualisé tous les 30 juin, et accordées dans le cadre de «programmes» et par des agences européennes spécifiques.
À titre d’exemple, l’UE a engagé en septembre 2024 une contribution de près de 2,5 millions d’euros pour le projet «LIFE Vinoshield» , qui cherche à protéger les vignes européennes contre les effets du dérèglement climatique. Un autre projet plus controversé, celui du « Coran européen » , qui souhaite prouver que «le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses européennes médiévales et modernes» , a lui reçu 9,8 millions d’euros de subventions du Conseil européen de la recherche depuis son lancement en 2019. Des dizaines de milliers de projets aux ambitions aussi diverses que variées sont référencées ainsi sur le STF.
Une université qui appelait à l’«intifada mondiale»
Avec cette note, le gouvernement entend surtout dénoncer les organisations proches de l’islam radical ayant profité de l’argent européen. L’association FEMYSO, pour «Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants» , qui représente une trentaine d’associations de jeunesse dans 22 pays européens, est notamment en ligne de mire. Elle a reçu plus de 210.000 euros de l’UE. Pourtant, l’association a toujours été réputée comme étant proche des Frères musulmans.
Après avoir critiqué plusieurs lois françaises, notamment celle interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école, FEMYSO, par la voix de sa présidente Hande Taner, avait critiqué la France dans une vidéo en novembre 2021, dans laquelle elle clamait que «la plus grosse exportation de la France est le racisme». Des propos tenus après le retrait d’une campagne de communication que l’association avait réalisé pour le Conseil de l’Europe, qui mettait en avant des affiches pro-voile, sur lesquelles on pouvait lire: «La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hidjab» ou «Apportez de la joie, acceptez le hidjab».
L’ONG internationale Islamic Relief Worldwide a, elle, reçu pas moins de 18.834.433 euros de l’Europe entre 2014 et 2020. Cette association qui se présente comme caritative a pourtant été classée comme «terroriste» par Israël, la soupçonnant de financer le Hamas. L’un de ses responsables avait aussi qualifié en 2020 les juifs de «petits enfants de singes et de porcs». Son successeur avait lui caractérisé le Hamas comme étant le «plus pur mouvement de résistance de l’histoire moderne».
Les subventions versées à l’université islamique de Gaziantep sont également dans le collimateur de Paris. Cet établissement, situé en Turquie et qui a intégré le programme Erasmus+ en 2022, a profité d’un programme de subventions de 250.000 euros. Ses recteurs successifs avaient pourtant légitimé les mariages incestueux entre oncles et nièces, affirmé que les athées «adorent le diable» , que l’homosexualité est un «trouble psychologique» et appelé à une «intifada mondiale».
Près de deux millions d’euros ont aussi été versés à l’université islamique de Gaza, «établissement qui a accueilli des cadres du Hamas tels qu’ Ismail Haniyeh et Mohammed Deif » , expliquait au Figaro la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet ( L’argent du terrorisme , éditions Le Cherche Midi, 2025).
«Lignes directrices»
Pour endiguer cette dilapidation d’argent public, la note portée par Benjamin Haddad soumet plusieurs propositions, comme la mise en place d’une «procédure de filtrage» et de «lignes directrices», pour que les agences européennes approuvant les subventions puissent être guidées face à des «concepts parfois abstraits, comme l’“hostilité aux valeurs européennes”», indique au Figaro notre source proche du dossier.
Elle appelle aussi à vérifier l’identité et les antécédents des personnes associées aux entités faisant la demande de financements. Actuellement, seuls les antécédents de l’entité elle-même sont scrutés - ce qui avait d’ailleurs été dénoncé en avril dernier par la Cour des comptes européenne dans un rapport au vitriol, portant sur l’opacité des subventions distribuées par l’UE. On pouvait y lire qu’ «aucune vérification n’est réalisée (par les gestionnaires) sur la dépendance financière ou les sources de financement (des entités subventionnées), alors que cela aurait permis d’obtenir des informations utiles sur les personnes qui se trouvent derrière (elles)».
La lutte contre l’antisémitisme comme priorité
Enfin, cette note prône une meilleure lutte contre l’antisémitisme, alors que les discours antijuifs ont explosé dans toute l’Europe depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza qui a suivi.
Pour ce faire, Paris compte proposer d’étendre le champ des «eurocrimes» - ces méfaits considérés comme graves dans toute l’Union (terrorisme, mariage forcé...) - aux discours et crimes de haine.
La France appelle également la Commission à «utiliser tous les outils à sa disposition pour réguler les très grandes plateformes en ligne, en particulier grâce au règlement européen sur les services numériques (DSA)» , et à enseigner la mémoire de la Shoah dans tous les établissements scolaires en Europe.
La Commission européenne cernée de toutes parts
Cette note dite «libre» sera présentée dans un premier temps ce lundi à la ministre fédérale autrichienne des Affaires européennes, Claudia Plakolm, lors d’une réunion à Paris à laquelle le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et Benjamin Haddad doivent participer. Elle sera ensuite présentée formellement au Conseil des affaires générales (CAG), où les ministres des affaires européennes de l’ensemble des 27 ainsi qu’un représentant de la Commission européenne se réunissent une fois par mois.
Le sujet des subventions de l’UE se veut de plus en plus prégnant au sein des partis politiques. Toujours selon nos informations, à la suite des révélations du Figaro , la délégation du Rassemblement national au Parlement européen, menée par Jean-Paul Garraud, a adressé le 24 avril dernier une lettre à Ursula von der Leyen. Le courrier, cosigné par l’ensemble de la délégation dont Jordan Bardella, demandait à la présidente de la Commission européenne «de mettre fin définitivement à la subvention de toute association, ONG, université et autre structure liée de près ou de loin à l’islamisme. Il est temps que l’Union européenne mette fin à sa naïveté», pouvait-on lire. Pour l’heure, ce courrier est resté lettre morte. À voir si la note du gouvernement connaît le même sort.

« Nous, les Frères musulmans, sommes comme un immense hall dans lequel n’importe quel musulman peut entrer par n’importe quelle porte pour partager ce qu’il souhaite. Rechercherait-il le soufisme, il le trouverait. Rechercherait-il la compréhension de la jurisprudence islamique, il la trouverait. Rechercherait-il du sport et du scoutisme, cela est ici. Rechercherait-il le combat et la lutte armée, il les trouverait. (…) Vous êtes venus à nous avec la préoccupation pour la “ nation ”. Ainsi je vous accueille. » Cette harangue a été proférée en 1928 par Hassan-Banna, fondateur des Frères musulmans à Ismalia, dans la banlieue du Caire. Ce virulent prosélytisme, jamais démenti depuis lors, n’avait qu’un dessein : recruter pour instaurer à terme un état islamique et le joug de la charia. Près d’un siècle plus tard, force est de constater que la France est devenue une porte d’entrée, ouverte, béante. Le rapport choc du gouvernement intitulé « Les Frères musulmans et islamisme politique en France », récemment remis à la demande du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau et que dévoile Le Figaro en exclusivité, suffit à s’en convaincre.
Pour fonder leur démonstration, les auteurs, un préfet et un ambassadeur, ont, au cours du premier semestre 2024, effectué dix déplacements de terrain en France et quatre en Europe, avec une mise à contribution du réseau diplomatique. Avant de rendre ce document explosif, estampillé «secret» dans sa version originale et commandé il y a un an par trois ministères (Affaires étrangères, Armées et Intérieur), ils ont rencontré pas moins de 45 universitaires français et étrangers de sensibilités diverses. Sans oublier une série de rencontres avec les responsables musulmans, tant au niveau national que local, dont trois avec ceux de Musulmans de France, considérée comme l’émanation des Frères musulmans en France. Outre une recension des articles et ouvrages académiques sur la question, ils ont enfin eu des échanges approfondis avec les services de renseignement, le Quai d’Orsay et l’ensemble des administrations impliquées dans l’analyse et la surveillance du phénomène.
139 lieux de culte concernés
Sur 73 pages documentées par les services de renseignement, le document brosse le tableau édifiant d’un pays miné de l’intérieur par une confrérie qui y a structuré un « important réseau d’implantations ». Le rapport révèle ainsi qu’« un total de 139 lieux de culte, affiliés aux Musulmans de France », présentés comme « la principale émanation des frères en France » bien qu’ils s’en défendent, sont « recensés sur le territoire national, auxquels s’ajoutent 68 considérés comme proches de la fédération, répartis sur 55 départements ». « Soit 7% des 2800 lieux de cultes musulmans répertoriés sur le sol national et 10% de ceux ouverts sur la période 2010 – 2020 (45 sur 447) » précisent les auteurs qui estiment que « la fréquentation globale des mosquées affiliées ou proches de la mouvance s’élève en moyenne à 91 000 fidèles le vendredi ». Si « la fédération des Musulmans de France ne revendique aujourd’hui l’affiliation que de 53 associations », le document, déclassifié avant sa diffusion, affirme que les « éléments réunis font toutefois état de 280 associations rattachées à la mouvance, opérant dans une multitude de secteurs encadrant la vie du musulman (cultuel mais également caritatif, scolaire, professionnel, jeunesse ou encore financier) ». Le « cercle restreint » de la mouvance, c’est-à-dire le « noyau dur » « susceptible d’être assermenté » pour piloter cette organisation secrète, « serait estimé selon les « observateurs attentifs de la mouvance » à « 400 personnes et n’excéderait pas, en tout état de cause, un maximum de 1000 personnes ». « Le budget de Musulmans de France, serait, selon ses dires, de l’ordre de 500.000 euros, en diminution de moitié depuis cinq ans », évaluent les analystes qui observent que « l’absence d’organisation du rassemblement annuel du Bourget, qui rassemblait dans les années 2010 plus de 100.000 musulmans de toutes sensibilités, a pesé lourdement sur ses finances ». Via des fonds de dotations auxquels la mouvance a eu « massivement recours à la fin des années 2000 » ainsi que des SCI, « les projets de Musulmans de France ont pu bénéficier jusqu’en 2019 de financements étrangers en provenance du Qatar », relève le rapport qui énumère les sites de Strasbourg, Mulhouse, Villeneuve-d’Ascq, Schiltigheim, Lille, Marseille et des mosquées de Seine-Saint-Denis. Des fonds venus de l’Arabie saoudite seraient en outre venus irriguer une structure à Mulhouse ainsi que l’Institut européen des sciences humaines (IESH), spécialisé dans l’enseignement de l’arabe et l’apprentissage du Coran.
Un solide noyau d’écoles confessionnelles, des associations caritatives foisonnantes et un puissant vivier de prédicateurs. « Le secteur éducatif apparaît comme la priorité de la branche française des frères musulmans , à un degré qui la distingue des homologues européens » note le rapport qui révèle qu’en septembre 2023, « 21 établissements étaient identifiés comme liés à la mouvance “frériste” (18 directement et trois réputés proches) qui accueille un total de 4200 élèves pour l’année en cours ». « Seuls cinq établissements musulmans disposent d’un contrat d’association avec l’État, dont trois sont affiliés à la Fédération nationale de l’enseignement privé musulman (Fnem)», ajoute le document qui notamment fait le point sur la situation du lycée Averroès de Lille, dont le préfet a demandé la résiliation du contrat d’association avec l’État. Décrit comme « l’établissement phare de l’enseignement musulman en France », ce dernier a fait l’objet d’un contrôle diligenté par la chambre régionale des comptes qui a « révélé la perception de financements illicites sous forme de prêts avec abandon de créances de mosquées voisines et par le centre islamique de Villeneuve-d’Ascq, lui-même financé par le Koweït, le Qatar et l’Égypte (..) », « des carences graves parmi les ressources pédagogiques mises à disposition des élèves » et la présence d’ouvrages au « contenu contraire aux valeurs républicaines », notamment des ouvrages signés par l’imam Iquioussen, d’obédience frériste, fiché S et expulsé vers le Maroc et « quarante hadiths de l’imam An-Nawawi » prônant « l’interdiction aux femmes de se mêler aux hommes et de se faire ausculter par un homme, la prohibition de l’apostasie sous peine de mort et la prééminence des lois divines sur toute autre ».
Les éléments recueillis sur le lycée Al Kindi, installé à Decines près de Lyon, pourraient conduire la préfecture à engager des « procédures à son encontre » , prévient le rapport qui affirme que cet établissement « élitiste », qui « scolarise 608 élèves », « constitue avec la mosquée de Villeurbanne l’une des fondations principales de la mouvance frériste du Rhône ». « L’investissement de cette dernière dans le secteur éducatif se déploie dans un contexte d’augmentation continue des atteintes à la laïcité recensées en milieu scolaire, alimentées par l’activité des prédicateurs en ligne », insiste le document déclassifié qui évoque un « pic » de 3309 « atteintes à la laïcité pour le seul premier trimestre de l’année 2023/2024 », marqué par l’interdiction de l’abaya en septembre, le massacre du 7 octobre et la guerre à Gaza, puis l’attentat commis contre Dominique Bernard en octobre. Les données dévoilées par le rapport sont vertigineuses, à l’image de ces « 815 écoles coraniques recensées début 2024 sur tout le territoire (hors outre-mer et Paris), accueillant un total de 66 050 élèves mineurs ». Plus d’un tiers d’entre elles « évoluent dans un courant fondamentaliste de l’islam, dont 114 rattachées à la mouvance frériste ».
«Prédication 2.0»
Sur les réseaux sociaux, le « dynamisme de la « prédication 2.0 » prend le relais, avec les « influenceurs » qui « sont souvent une première porte d’entrée dans la découverte de l’islam et sont devenus le lien entre les idéologies islamistes et les jeunes francophones européens ». Le document tire le signal d’alarme sur « l’activisme d’une nouvelle génération de prédicateurs, souvent formés par les premiers cadres religieux de la mouvance et (..) sujets d’une hybridation avec le salafisme » qui « constitue un facteur majeur de diffusion de l’islamisme via les réseaux sociaux, où ils rencontrent une large audience ». Parmi « la vingtaine d’influenceurs ayant un vrai impact sur les réseaux », le rapport cite « ce militant islamiste se référant très souvent à Tariq Ramadan». Selon une source informée, il s’agirait de Marwan Muhammad, ex-directeur du Collectif contre l’islamophobie en France, aujourd’hui exilé au Canada. À bas bruit, la pieuvre frériste resserre son emprise grâce à un tissu d’une « trentaine d’associations caritatives islamistes identifiées à l’échelle nationale, dont 16 dirigées par les salafistes et quatre relevant ou ayant relevé de la mouvance frériste ». L’une d’elles, Humani’terre, créée en 2018 pour collecter des fonds à destination de la population palestinienne, est visée par une enquête préliminaire pour financement d’entreprise terroriste au bénéfice du Hamas.
À la recherche constante de « légitimation et de respectabilité », les Frères musulmans avancent masqués pour créer de véritables écosystèmes. Dès les années 1980, la mouvance cherche à s’inscrire dans le cadre légal de l’ex-UOIF - Union des organisations islamiques en France - qui, assure le rapport, « ne déclare qu’une partie de ses activités et des associations qui lui sont affiliées pour limiter la surveillance des autorités françaises sur l’ampleur exacte du mouvement ». Très renseignés, les auteurs du document décrivent : « une double organisation est mise en place, la structure officielle se doublant d’un conseil de direction islamique, uniquement connu des membres et chargés d’établir la stratégie de l’organisation ». Faisant du voile le « porte-étendard de la préservation de la religion en contexte sécularisé et laïc » après l’affaire des jeunes filles voilées du collège de Creil en 1989, la mouvance « mobilise » en outre sur la « mise en place d’une filière halal, la promotion de la finance islamique ». « Ces thématiques irriguent toujours les adhérents de Musulmans de France et sont recensées dans certains territoires », insiste le rapport qui rappelle aussi que la question « de l’« islamophobie » et de son corollaire, la victimisation (…) reste, aujourd’hui très présente à l’échelle des associations locales ». Si le discours public de l’UOIF puis de la Fédération des musulmans de France évite d’allumer le feu sur « l’islamophobie d’état », laissant ce champ à l’ex-Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), le rapport insiste sur les appels à « l’engagement dans la vie associative et publique pour faire valoir une identité musulmane ». Tout en douceur, la mouvance lisse son image pour amadouer les autorités, en particulier le ministère de l’intérieur, jusqu’à intégrer le Conseil français du culte musulman (CFCM).
«Encadrer la vie du musulman»
La mouvance « se trouve ainsi légitimée et cette respectabilité nouvelle a accentué le développement des écosystèmes au plan local », déplore le rapport. Les analystes démontent les rouages d’une inexorable mécanique. Dès les années 1990, ces écosystèmes permettant « d’encadrer la vie du musulman de sa naissance à sa mort » sont phagocytés à l’échelle territoriale grâce aux relais d’acteurs (associations, influenceurs, à l’occasion élus) parfois connectés à la mouvance mais agissant de plus en plus dans une hybridation avec le salafisme. « Constitués autour d’une mosquée offrant généralement des cours d’éducation coranique », ces écosystèmes comprennent des « commerces communautaires ou des activités sportives distinctes de la mosquée, avec [une volonté] d’investir le champ de l’enseignement privé ». « Les voyages, le développement personnel, l’aide à l’emploi ou les sites de rencontres font partie de l’éventail des activités développées », décrit le rapport, qui précise que la carte de ces écosystèmes recoupe celle des concentrations musulmanes. « Prenant racine dans des quartiers à majorité musulmane généralement paupérisés, le plus souvent territoire d’intervention prioritaire de la politique de la ville, ils répondent à des besoins de la population », insiste le rapport qui poursuit : « Les responsables, souvent des militants aguerris, entrent en interaction avec la commune, le plus souvent dans le cadre d’une relation clientéliste, pour faire progresser leurs positions. Des normes sociales (voile, barbe, vêtements, respect du jeûne du ramadan) s’imposent çà et là, à mesure que l’écosystème se solidifie ». Si la gangrène semble gagner tout le pays, « ils apparaissent les plus denses en région Rhône-Alpes, dans le Nord, le Grand Est, en Île-de-France et dans les Bouches-du-Rhône ».
Articulée au sein de « baronnies moins dépendantes de l’échelon national », cette « modalité d’action territoriale est aujourd’hui répliquée par d’autres associations, indépendantes ou appartenant à d’autres sensibilités, hybridées sur le plan idéologique, notamment pour répondre à une quête identitaire des jeunes musulmans ». Inquiets, les analystes relèvent que les promoteurs d’une réislamisation de la société « empruntent à la militance revendicative de la mouvance frériste et au salafisme, voire au malikisme traditionnel, pour mobiliser leurs adhérents ». Dans la région lyonnaise, pas moins d’« une cinquantaine d’associations musulmanes (…) affichant plus généralement une sensibilité frériste sont recensées », révèle le rapport qui explique que « deux mosquées importantes », dont celle de Villeurbanne selon nos informations, et un établissement scolaire jouent un « rôle structurant ». Omniprésents, les religieux influent tous azimuts « dans les domaines du caritatif et de l’humanitaire, la formation religieuse, la famille, le mariage, l’insertion professionnelle, l’entrepreneuriat musulman, la protection des consommateurs, le service à la personne, la formation pour adultes » et, bien sûr, la « lutte contre l’islamophobie ». Cette emprise totale se traduit par une « rigorisation de la pratique religieuse avec un nombre très élevé de jeunes filles portant l’abaya et l’augmentation massive et visible de petites filles portant le voile ». Soutenu « par un puissant ressort wahhabo-salafiste » , ce « phénomène de voilement » concerne désormais des enfants de « parfois 5-6 ans ». Des « bébés lionceaux » de l’islam radical qui augurent le pire dans une République menacée.
Une offensive depuis 70 ans
Le rapport rappelle que, en France et en Europe, cette offensive frériste a commencé il y a quelque 70 ans. « À la faveur de mouvements migratoires et de la répression engagée à leur encontre dans le monde musulman à partir des années 1950 », les premiers Frères musulmans venus du Moyen-Orient « s’installent en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suisse ». Puis certains « s’implantent en Belgique, en France et en Italie ». En France, toujours dans les années 50, une « conscience religieuse émerge dans le milieu des travailleurs musulmans immigrés autour notamment de la figure d’un érudit indien, réfugié politique, Mohammed Hamidullah, qui prêche à Paris, à la mosquée Daawa, rue de Tanger.» Hamidullah est à l’origine de la création en 1963 de l’Association des étudiants islamiques de France (AEIF). Dans le même temps, le gendre d’Hassan al-Banna (fondateur de la confrérie en Égypte en 1928), Saïd Ramadan est obligé de quitter son Égypte natale et gagne la Suisse. Il fonde en 1961 le Centre islamique de Genève, « créé avec le soutien de l’Arabie saoudite et qui se rapproche rapidement de l’AEIF naissante en France, avec laquelle des liens se développent ».
Dans la France des années 70 et 80, l’on observe « la structuration de la mouvance avec la contribution de courants syrien et égyptien ». Arrivés au début des années 1980, deux étudiants, érudits en sciences religieuses, parviennent à les unifier. Faycal Mawlawi, de nationalité libanaise, et le Tunisien Ahmed Jaballah, sont « identifiés comme des émissaires directs de la Confrérie et considérés comme les plus importants intellectuels organiques » d’une mouvance française, qui se structure à partir de 1983 au sein de l’Union des organisations islamiques en France (UOIF).
Cette progression remarquable s’explique par le fait que, dès l’origine, « les Frères musulmans ont conçu la matrice de l’islamisme politique adapté pour être implanté en Occident » . La construction de l’idéologie de la confrérie est détaillée. « Dès l’origine, précise le texte, l’islam est conçu par les Frères musulmans comme un système intégraliste, régissant tous les domaines de la vie du musulman, au-delà du seul champ religieux ». Pour Hassan al-Banna, le fondateur en 1928 de la confrérie dans une Égypte dominée par les Anglais, « l’islam est la solution [face à l’] invasion militaire, politique, ethnique et sociale venue d’Occident ». Son projet s’articule « autour de deux objectifs : la création d’un État islamique et l’application de la charî’a ». Il théorise une « s tratégie de conquête occidentale » : « nous poursuivrons cette force maléfique jusqu’à ses propres terres, envahirons son cœur occidental et lutterons pour la vaincre jusqu’à ce que le monde entier crie au nom du Prophète ».
Idéologie politique «occidentalisée»
Pour les rapporteurs, « issue d’une idéologie politique qui a été occidentalisée pour être implantée en Europe, la matrice de l’islamisme posée par les Frères musulmans allie inculturation d’une tradition moyen-orientale dans les pays d’implantation et dissimulation tactique d’un intégralisme subversif ». Les déterminants de ce projet sont rappelés par le rapport. D’abord la « prééminence de la loi coranique ». Ensuite une « conception de l’altérité, notamment religieuse, à géométrie variable », par exemple quand un cadre de la mouvance met en avant ses amitiés ecclésiastiques et fustige en vidéo « les mensonges répandus au nom du christianisme » en affirmant « la supériorité du récit coranique et la fausseté des autres ». Autre déterminant pour une idéologie restant « fondée sur une détermination « sexo-spécifique, voire sexuée » qui érige la non-mixité en règle et instrumentalise le port du voile » : « l’infériorisation de la femme mais la valorisation de la femme voilée » avec le rôle actif par des épouses de cadres de la mouvance et « une troisième génération de femmes ».
Dernier déterminant majeur : « le conflit israélo-palestinien, éternel ressort de l’antisionisme, voire d’un antisémitisme de plus en plus manifeste » . Ce conflit agit « comme un catalyseur de l’antisionisme historiquement porté par la confrérie et de sa mutation en antisémitisme au sein de la mouvance, à la faveur de ressorts comme « l’argumentation complotiste, la réduction ad Israël (faisant l’amalgame entre Israéliens et juifs), l’idée d’une identité musulmane irréductible (référence à l’antijudaïsme islamique) ou d’une inimitié naturelle entre juifs et musulmans ». En France, note le rapport, « l’antisémitisme reste présent dans les discours des membres de la mouvance ». « Depuis les attaques du 7 octobre , insistent les experts, on constate une montée des activités antisionistes au sein [de] mosquées, à la faveur de la colère suscitée par le bilan humain des représailles israéliennes à Gaza ». Dans une mosquée de l’Essonne, en l’occurrence celle de Massy assurent des sources très informées, « des prédicateurs et conférenciers antisionistes » ont été ainsi invités « afin d’évoquer la situation en Palestine » et un ancien ministre palestinien y proclamant « je suis Hamas » sous les applaudissements des fidèles…
Dissimulation et dénonciation de l’islamophobie
La stratégie d’implantation de la confrérie s’appuie enfin sur la dissimulation, la quête de légitimation et la dénonciation de l’islamophobie. Adepte du culte du secret, la confrérie, que les membres intègrent après avoir suivi un «processus en dix étapes», se fonde, révèle le rapport, sur une « double organisation, l’une officielle pour respecter le cadre légal et l’autre secrète, autour d’un conseil des juges ». En matière de double discours, le rapport cite Chakib Benmakhlouf, ancien président de la Fédération des organisations islamiques d’Europe, aujourd’hui le Conseil des Musulmans Européens, qui reconnaît que le cadre juridique européen permet de « présenter le modèle d’un musulman décent qui est considéré comme un bon modèle pour propager l’islam de manière positive sans attirer l’attention […] sur le fait que nous islamisons l’Occident ».
Le concept de l’islamophobie s’est imposé depuis les années 2000. Le rapport note que l’UOIF ou Musulmans de France « ont conservé un positionnement prudent sur le sujet laissant la main à des associations de la mouvance plus identitaire » comme, « au premier chef », le CCIF, dissous en 2020 et devenu dans la foulée le CCIE installé à Bruxelles. Enfin les deux auteurs relèvent également « qu’une porosité existe entre militants de la lutte contre « l’islamophobie » et « décoloniaux » » comme « le Parti des Indigènes de la République ». « De façon plus générale , conclut leur étude, les interfaces entre mouvance frériste et militantisme intersectionnel existent mais restent à ce jour ponctuelles (ex. marche nationale contre l’islamophobie du 10 novembre 2019) du fait de divergences importantes, notamment la question LGBT ».
Le rapport juge par ailleurs « qu’en perte d’influence dans le monde arabo-musulman, les Frères musulmans concentrent leur action en Europe ». Leur influence est ainsi « en recul continu en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». Seuls le Sénégal et la Mauritanie feraient exception avec toutefois une influence modérée. La Turquie d’Erdogan est présentée comme une « exception » , et comme « l’épicentre moyen-oriental de la confrérie ». « À l’échelle du Moyen-Orient, est-il précisé, la Turquie a constitué avec le Qatar un puissant axe de soutien aux Frères musulmans, qui s’oppose à celui formé par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ». Ankara est ainsi devenue « la base arrière » de campagnes comme celle de boycott des produits français après le discours des Mureaux d’Emmanuel Macron sur le séparatisme. La Turquie « fournit par ailleurs un indispensable soutien logistique et financier à la branche européenne de la confrérie ».
Une confrérie qui mise beaucoup sur l’Europe. D’abord par « un réseau d’organisations structuré, notamment pour le lobbying auprès des institutions communautaires » avec une « clé de voûte » : le Conseil des musulmans européens (CEM). Viennent ensuite « les organisations activistes, satellites du CEM » : le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (avec trois cadres de Musulmans de France), le Forum des organisations européennes de jeunesse musulmane (FEMYSO), les Instituts européens des sciences humaines (« enseignement supérieur privé »), Europe Trust (« bras financier »), Islamic Relief Worldwide (humanitaire), Conseil européen des imams sans oublier « la structuration d’un réseau de femmes ».
Cette base associative permet « une stratégie d’entrisme des institutions européennes » au service, remarquent les rapporteurs avec un brin d’ironie, d’une « vision singulière de la liberté religieuse faite de dénonciation de « l’islamophobie » , de revendication de la pénalisation du blasphème, ou encore de déploiement du halal »… Ces mêmes institutions européennes « sont également une source majeure de financement pour la mouvance ». Or, à Paris et concernant les financements européens et le programme Erasmus+, le ministère de l’Enseignement supérieur enregistre « depuis deux ans une augmentation des alertes liées au financement de projets contraires aux valeurs républicaines et relevant de l’islamisme radical »…
Le rapport souligne l’efficacité de cette politique d’influence. Et l’on se souvient encore des tensions entre la France avec la Commission et certains États membres sur la question des financements. Une timidité de certains pays d’autant plus étonnante que la confrérie dispose « de solides implantations nationales en Europe ». Ainsi en Belgique, qualifiée de « carrefour européen de la mouvance frériste », avec un « maillage étroit d’associations et d’organisations ». Mais aussi de l’Autriche et de l’Allemagne « historiquement premières terres d’implantation de la mouvance » où de surcroît se fait sentir l’influence de Millî Görüs, « l’autre mouvance islamiste européenne d’inspiration frériste », directement liée à Ankara. Pour sa part l’Europe du Nord (Pays-Bas, Danemark, Suède) est qualifiée de « territoire d’implantation moindre mais réel de la mouvance ».
Poussée dans les Balkans
Le Royaume-Uni est, selon le rapport, « un poste avancé de la mouvance moyen-orientale » sur le continent. Enfin, les analystes estiment que, quelque trente ans après la guerre en ex-Yougoslavie, les Balkans sont « le principal prospect de développement de la mouvance en Europe ». Avec le projet très opportuniste de profiter du rapprochement de la région avec l’Union européenne. En 2022, un Conseil européen pour le Saint Coran a ainsi été créé à Sarajevo avant de déménager pour Milan. « Le risque d’extension, note le rapport, des financements du dispositif Erasmus aux établissements coraniques implantés dans les Balkans dans les pays candidats sont à la fois un risque pour l’UE et une opportunité bien identifiée par la mouvance »…
Soucieux de reprendre la main, l’État veut susciter une « prise de conscience des effets de l’islamisme politique en France » . Face à la percée de la mouvance frériste, « l’action des pouvoirs publics se heurte encore à une insuffisante appréhension du phénomène », cingle le rapport. Pour expliquer cet « angle mort » mortifère, les auteurs évoquent la « temporalité » d’une menace « moins immédiate que celle présentée par le risque terroriste ». Un préfet résume : « Entre un islamiste qui creuse son sillon à une génération et un radicalisé susceptible de passer à l’acte, l’arbitrage est fait ». À cela se rajoutent le « culte du secret » et la « politique de respectabilité » observée par la confrérie, qui prospère à bas bruit sur un « échelon local plus que national ». Face à cette offensive, la France devra, plus que jamais, fourbir la riposte.

Un long plaidoyer pour le bien commun des français (et non de celui de leurs Politiques) par Maxime,un de nos fidèle adhérants :
Ce qui sous-tend de conduire, sans attendre, une réflexion de fond sur la position que l’on veut faire tenir (qu’il faut imposer ?) à la France...dès aujourd’hui.
Chacun sachant que les « cartons » de nos décideurs politiques sont plein de projets…d’hier, voire d’avant-hier.
Amis lecteurs, mon « billet d’humeur » prend la forme d’une revue de l’actualité, suffisamment variée, objective, honnête, abondée par des prises de position, analyses argumentées…recueillies dans des forums et débats divers, la presse de Droite comme de Gauche…
Point commun à ces sources ? un intérêt confirmé pour l’avenir de notre pays et la volonté, à partir de constats souvent sombres, de mettre en avant les nombreuses voies d’espoir, pour se projeter dans un avenir dont nous pouvons tous être acteurs, pour le bien commun.
Entre autres objectifs, nous nous devons d’interpeller nos « Politiques » (tout particulièrement ceux de Droite), pour leur rappeler qu’ils doivent associer…leurs électeurs, dans la construction de leur programme électoral de 2027.
Cette promenade au sein de l’actualité m’est personnelle et, bien sûr, je reste ouvert à toute opinion autre qui viendrait enrichir un échange.
L’actualité ne manque pas de sujets qui, au gré du quotidien, se chassent les uns les autres, évitant souvent à nos décideurs Politiques d’arrêter « en plein vol », le mouvement brownien de leur fuite et de leur absence de courage.
A la question, posée à nos dirigeants politiques : « devez-vous suivre l’opinion publique, quitte à s’assoir sur votre dignité et assumer ce que vous pourriez considérer comme un nivellement vers le bas, ou choisir de siffler la fin de la récréation, faire prendre conscience aux citoyens (même si ce doit être malgré eux), que leur légèreté les condamne, pour les engager à une réflexion sur leur avenir » ?
Leur réponse est connue : c’est…difficile.
Traduction : « il nous manque le courage nécessaire, alors ? fuyons ! »
Le monde médiatique, dans sa constante quête de sensation, cherche à nous immerger dès à présent dans cette future campagne présidentielle pour 2027.
Démarche qui convient sans doute fort bien à nos hommes politiques. Laissons les idées venir des citoyens et des médias, pour mieux ensuite suggérer : « certes, mais… ».
Quelle chance pour eux que cette actualité foisonnante, de la guerre en Ukraine aux taxes douanières imposées par Donald Trump, en passant par le procès de M Le Pen, l’élection d’un nouveau Pape...
Sans penser que ce pain béni, une fois consommé, les projettera à nouveau devant leur faiblesse.
Au plus grand plaisir de l’électeur, tant il semble souvent la partager ?
Pas si sûr
Et si nous « imposions » au politique de nous considérer, nous électeurs, comme acteur engagé - et non simple spectateur - de notre avenir ?
Et si l’on inversait (pour une fois) les rôles : que l’électeur soit force de propositions ?
Et si (osons le) l’indigence intellectuelle supposée de l’électeur ne le rendait pas si ignorant de l’évolution du monde qui l’entoure, c’est-à-dire…le sien, et demandait autre chose que d’adopter la confortable position du « suiveur » ?
Vous, Politiques, qui pour beaucoup avez si peu le sens de l’engagement et du résultat ; et si nous, électeurs, l’avions…pour vous ?
Et vous « obligions » de l’avoir ?
Parlez-nous, non pas de ce qu’il nous ferait « plaisir » d’entendre, mais de ce que la France DOIT entendre, et sachez-nous en expliquer les véritables raisons.
Il ne s’agit évidemment pas de devenir plus « carnivore qu’herbivore », ni même de chercher à restaurer un quelconque « lustre d’antan » non ; nous demandons, de manière ferme, que notre pays trouve la place qui est la sienne dans le concert des grandes nations, de celles dont on écoute l’avis.
Position qu’il a eue et n’aurait jamais dû perdre avec de vrais Hommes politique, et non des politiciens.
Point d’angélisme, ni de vœux pieux, dans ces propos, mais une volonté d’engagements, d’actes, de votre part.
Rappelons-nous seulement le titre d’un livre d’un candidat (de Droite, malheureux) à une élection présidentielle : « la France peut supporter la vérité ».
Alors, électeurs de toutes les régions de France, unissez-vous ? Pas forcément.
Les nombreux forums, commissions, associations…qui ont été créés à l’issue de la crise des « gilets jaunes » ont montré que collecter une énorme somme d’avis les plus divers, voire les plus iconoclastes, aboutissait souvent à un bouillonnement de propositions, recevables seulement pour ceux qui n’auront pas à les mettre en place.
La « commission climat » en est une bonne illustration.
A l’inverse, pour écouter, recevoir, engranger, valider…les idées, suggestions…que ses électeurs pourraient lui soumettre, le plus « productif » pourrait passer par un format type réunions politiques loco-régionales, des tables rondes, enquêtes numériques auprès des militants encartés…préparées en amont par le parti politique
Pour aboutir, la participation d’électeurs à des projets réellement novateurs passe par de « vrais » animateurs, capables de susciter la production d’idées, innovantes certes, mais surtout aptes à constituer un socle fiable sur lequel pourra se bâtir un programme viable.
Si les idées sont libres, l’animateur peut proposer des thèmes de réflexion, incluant notamment les fondamentaux.
En effet, une des finalités recherchées par le Politique reste la « faisabilité », car il devra les mettre en œuvre.
Mais, une fois ces grands intangibles définis ; les assortir de marges de manœuvre laissant à la créativité de l’électeur la possibilité de s’exprimer.
En d’autres termes, l’électeur doit évoluer progressivement de « citoyen à l’écoute » à « citoyen actif » puis « citoyen engagé ».
Pourquoi l’homme politique y gagnerait-il à avoir des « électeurs engagés » ?
Tout simplement parce que son électorat potentiel comprend « également » (au regard des inévitables « suiveurs ») des chefs d’entreprise, des professionnels et amateurs confirmés habitués à réfléchir à l’avenir, des étudiants ayant choisi leur formation pour être des acteurs, n’ayant pas peur des idées les plus osées…Et ça, le « Politique » le sait.
Rappelons cette savoureuse citation, entendue chez des hommes qui savaient de quoi ils parlaient (A Einstein, M Pagnol, W Churchill…) : « Tout le monde savait que c'était impossible, jusqu'à ce qu'un imbécile qui l'ignore se présente et le fasse ». Peut-on remplacer « imbécile » par « électeur ayant des idées » ?
A une autre échelle, mais dans le même ordre d’idée, on citera la récente révolte des grands patrons contre l’Europe, qu’ils ne perçoivent que comme bureaucratique, et non politique. Entravant leurs actions, depuis des décennies, via des exigences (normes, réglementations…) nuisant à la compétitivité des entreprises (écologie, énergie, automobile…). Alors que, si on les avait écoutés…
Chacun a pu entendre à ce sujet P Pouyanné (Total Energies) ; B Arnault (LVMH) ; dans un registre un peu différent, ME Leclerc (Groupe E Leclerc) …
Leur résumé : « nous partons au front (les marchés mondiaux) avec un boulet aux pieds ».
Résultat, la réindustrialisation stagne et les budgets R&D sont en baisse, obérant notre capacité à préparer, pour l’avenir, une France forte.
On se lance ?
A partir de quelques thématiques d’actualité dont la probabilité qu’elles aient une incidence, de réelle à forte, sur l’avenir, qu’il soit proche ou lointain pourrions-nous, électeurs engagés, faire quelques remarques/suggestions ?
Et, surtout, dont nous estimons indispensables que les programmes politiques pour 2027 les intègrent comme indispensables données, si peu abordées jusqu’ici en dehors du cercle des « gens qui savent ».
Dans ce « billet d’humeur », je vous propose de faire un point sur la Défense, la Géopolitique, la Politique et l’Economie.
Amis lecteurs, si vous en êtes d’accord, un prochain billet abordera l’Intelligence Artificielle, l’Energie, l’Agriculture ou autre, selon l’accélération de l’actualité de ce 21è siècle.
N’oublions pas, la politique, c’est du temps long, au cours duquel il faut se garder d’opposer le cercle de la raison et le populisme.
Politiques, écoutez Pierre Manent lorsqu’il dit : « Etat de droit et souveraineté populaire ne sont pas contradictoires, mais complémentaires ».
Ecoutez encore Albert Thibaudet (Idées politiques da la France-1932) : « savoir faire la synthèse entre le libéralisme (système de coexistence dans l’espace) et le traditionalisme (système de continuité dans le temps) ».
Politiques, ce qui me paraît presque comme étant le plus grave : comment peut-on préparer, voire même envisager l’avenir quand celle qui en est le socle même – la jeunesse – n’est pas formée aux grands défis qui l’attend ?
Or, ces défis sont certains. Oh, pas tellement « techniques » (on arrive toujours à les résoudre), mais bien plus graves : sociologiques.
Les français en général, et la jeunesse en particulier, semblent délaisser de plus en plus les réalités, qui demandent de la force pour être affrontées, au profit de cocons protecteurs, qui leur évitent de voir la vie telle qu’elle est.
Même si – note d’espoir - ces jeunes ont fait l’objet, récemment, d’une étude de l’Institut Montaigne, qui tempère un certain nombre d’idées reçues sur eux (des Tanguy, réfractaires au travail... ?).
Les 3 chercheurs à l’origine de l’étude ont interrogé le rapport au travail de 6000 jeunes, montrant qu’ils font preuve au contraire d’un fort attachement à ce dernier, parfois plus que leurs aînés, à condition (c’est leur 1er critère) qu’il soit bien rémunéré, ce qui symbolise l’indépendance. La qualité de vie au travail est également mise en avant.
Les « satisfaits » représentent 1/3 des sondés.
Pour autant, doit-on se « satisfaire » de ce pourcentage, qui ne représente qu’une faible minorité ! Au prétexte que l’on part de très bas ?
POLITIQUE ET ECONOMIE
Etat des lieux
Alors que l’histoire du Monde est en plein bouleversement, et que les européens s’activent, notre action publique reste fidèle à elle-même, immobile, figée dans le déni, déconnectée de toute réalité.
Plus que jamais, nos gouvernants communiquent, sans agir. Qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé…les craquements sont de plus en plus visibles. L’absence de décision politique permet à nos gouvernants de « durer », péniblement, érigeant l’apathie en méthode.
A leur décharge, souvenons-nous de cette maxime d'Henri Queuille, président du Conseil sous la IVe République : « L'immobilisme est en marche, rien ne pourra l'arrêter ».
Raymond Aron est plus que jamais d’actualité : « Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux ».
Bien que la Cour des comptes dénonce une dépense publique qui a connu en 2024 sa plus forte hausse en volume des dix dernières années, ainsi qu’une absence de mesures structurelles, et des prévisions macroéconomiques irréalistes, le gouvernement reporte à juillet 25 l’adoption de mesures (qu’il présentera comme) adéquates.
Problème : en 2025, la réduction du déficit public repose en partie sur une hausse de l'imposition des bénéfices des grandes entreprises mais aussi, sous forme déguisée, des particuliers. Quant à la (faible) réforme des retraites, et la minceur des pistes d’économie, la pusillanimité du gouvernement les met en péril.
Une note de Fipeco, fondée sur les dernières données d’Eurostat, précise que la dette s’est alourdie de presque 15 points de Pib entre 2019 et 2024, soit la 2ème pire évolution de l’Union Monétaire.
« Nous dépensons 8 points de PIB de plus que la moyenne des pays de l’Union européenne. Soit 230 milliards d’euros de plus par an !
Or, ces milliards supplémentaires ne financent pas les politiques publiques du futur, stérilisant tout projet d’avenir.
La dépense publique en France ne baisse pas, mais augmente, passant de 56,9 % en 2023 à 57,1 % en 2024.
L’État lui-même, plus que jamais, doit dès aujourd’hui revoir à la baisse ses coûts de fonctionnement.
Si les prévisions de recettes des impôts, taxes et cotisations sociales sont erronées, les prévisions de dépenses le sont aussi ».
Récemment, le chef du gouvernement a précisé que « l’on ne travaille et produit pas assez, que l’on dépense de l'argent qu'on n'a pas ».
« Il est question de dire la « vérité », dit François Bayrou, s'exprimant à l'issue d'un comité d'alerte à propos du budget 2026, la charge de la dette étant partie pour atteindre les 100 milliards d'ici 2029.
Slogan affiché : « La vérité permet d'agir ». Mais sa méthode est connue : ne surtout pas annoncer de décisions de réformes, encore moins de coups de rabot.
François Ecalle, dans son dernier livre, Mécomptes publics (Odile Jacob), raconte quarante ans de dysfonctionnements et de tentatives avortées de réformes.
Ouvrage très argumenté, édifiant et donc très crédible de la part de cet expert des finances publiques, internationalement reconnu.
La fiscalité pèse sur l’activité des entreprises, avec des impôts les plus élevés du monde en proportion du revenu national, comme le poids des règlementations.
Deux facteurs résument ces constats sur l’entreprise. D'une part, le coût élevé du travail : une heure travaillée dans l'industrie, charges sociales comprises, coûte en France 48,20 dollars, contre 43,70 dollars aux États-Unis et 28 dollars en Espagne…
D'autre part, la faiblesse relative des compétences de la population active.
Et pourtant, nos défauts nationaux – quantité de travail produite trop faible ; fiscalité et addiction à la dette records – sont bien connus de chaque français (contribuable ?).
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Et pourtant, malgré les apparences, les « fondamentaux de l’économie française » ne sont qu’en sommeil.
A lire Business France, notre pays « a su démontrer sa résilience et son attractivité auprès des investisseurs étrangers » qui ont confiance dans ses atouts structurels et ses capacités d’innovation.
La France demeure attractive car elle conserve de solides atouts : “un corpus réglementaire et fiscal qui donne confiance et des atouts liés à notre bassin académique, la profondeur de notre recherche et la qualité des infrastructures”,
Quelques exemples, parmi de nombreux autres, prouvant (mais était-ce nécessaire ?) que nos grands groupes, mais aussi ETI, PME…sont parfaitement aptes à relever les défis du futur.
Des acteurs souverains de la tech (Dassault Systèmes, Bouygues Telecom) ont su s’associer avec une entreprise publique (La Poste) et un financeur (la banque des territoires), pour proposer leur propre solution d’hébergement de données.
Spécialiste des circuits intégrés, Vsora, pépite française, annonce une levée de fonds de 40 millions d'euros pour produire ses premières puces dès cette année. Face à Nvidia, l'entreprise entend proposer une technologie plus efficace pour l'inférence (utilisation des modèles d'IA).
Ou encore Technique Solaire, le développeur poitevin indépendant qui avance simultanément sur plusieurs segments de marché tant en France qu'en Espagne et aux Pays-Bas.
Puisque nous aimons l’avenir et les grands défis, citons encore l’engagement français dans le « new space », qui veut défier les américains. Avec 200 start-up, la France se positionne en leader européen.
Malgré des difficultés, les divisions spatiales d’Airbus et de Thalès songent à fusionner. L’effervescence est grande dans le spatial français. Le virage du CNES vers le new space s’est accéléré en 2021, notamment en partageant avec des start-up des connaissances.
A écouter nos grands décideurs : « Le plus grand combat aujourd’hui, ce n’est pas contre les géants du numérique, c’est contre l’idée que nous ne pourrions pas construire une alternative ».
Concernant l’Etat lui-même, Mélanie Joder, la directrice du Budget, demande une « baisse ambitieuse des effectifs de l’État, et que chaque dépense publique soit « réinterrogée à l’aune de son utilité, de son efficacité, de son vecteur de distribution, de la pertinence de la mission qu’elle sert et de moyens globaux dont disposent les ministères ». Les mesures d’économie devront être « fondées sur une interrogation systématique de la pertinence des interventions de l’État ».
Toujours à contre-courant, notre socialiste ministre de l’économie a déclaré le 4 avril 25 – au lendemain de l’envoi de sa circulaire par la directrice du Budget – qu’il refusait d’envisager « de nouvelles coupes dans les dépenses publiques ».
Alors ? Partez, Mr le disciple de T Piketty, allez NUIRE ailleurs, 74% des patrons de TPE n’ayant pas confiance en la politique économique du gouvernement (baromètre Fiducial/Ifop-La Tribune).
Le Sommet pour l’action sur l’IA qui s’est tenu à Paris en février 2025 a permis au Gouvernement de lancer, le 7 avril 2025, un appel à manifestation d’intérêt autour de solutions « sur étagère » d’intelligence artificielle générative pour le secteur public.
Objectif : accélérer la transformation des administrations publiques par le renforcement du recours aux technologies de l’intelligence artificielle générative.
Pour autant, peut-on se prendre à rêver d’une administration subitement devenue performante grâce à l’IA, avec des effectifs réduits, des processus simplifiés, des règlements devenus lisibles, des délais de traitement raccourcis, etc ?
On peut en douter : Laurent Marcangeli, ministre de la fonction publique, disait que, pour lui, l’IA « n’a pas vocation à remplacer les agents, mais à leur simplifier la vie ».
Bref, il s’agit d’abord d’utiliser l’IA au service des fonctionnaires, et non pour générer des économies !
Sauf que, ailleurs…ça marche : au Royaume-Uni (gouvernement travailliste), à Hong Kong, au Canada, etc. ça se met en place !
L’Allemagne, avec 15 millions d’habitants de plus que la France, a 5 millions de fonctionnaires alors que nous en avons 5,7 millions
Une fois de plus, en France le gouvernement se refuse à lier l’IA à la diminution des dépenses et à la réduction des effectifs de la fonction publique
Alors... ? PARTEZ, Mr le ministre de la fonction publique !
Autre thème sur lequel nous voulons entendre vos projets, Mmes et Mrs les Politiques : la transition énergétique et l’écologie.
Honte à vous, Politiques de Droite qui avez, depuis des décennies, abandonné à la gauche le monopole de l’écologie (comme celui de l’audiovisuel).
Le résultat : une escrologie politique et punitive
Un exemple ? Safran, groupe international de haute technologie opérant dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et de la défense, renonce à implanter des usines sur des territoires dirigés par des écologistes. C’est ce qu’a récemment déclaré son directeur général, pointant les obstacles à la réindustrialisation.
Gérard Larcher sur BFMTV : « nous sommes le pays le plus normé de l’Europe ».
Irrémédiable, cet abandon de l’écologie par la Droite ? Non ! Politiques de Droite, vous disposez d’un vivier, signifiant, au figuré, « un milieu favorable au développement d'idées, de personnalités, de talents ».
La Droite est parfaitement capable de construire un avenir plus durable, débarrassé de la police politique des escrologistes, au profit d’une science moderne, à laquelle le citoyen a envie d’abonder, au profit d’un futur désirable.
Pour conclure sur ce thème
« Politiques », nous n’attendons surtout pas de vous que vous décidiez, planifiez, orientez…en lieu et place des vrais créateurs de richesses : les entrepreneurs ; mais seulement que vous les aidiez en mettant en place le contexte favorable qui leur permettrait de faire réussir la France : arrêt de la production de normes mortifères pour les projets d’avenir, fiscalité non confiscatoire, prise en compte des réalités telles qu’elles existent et non telles que vous souhaiteriez les diriger…
En clair, mêlez-vous seulement de ce qui vous concerne, notamment la prévention des potentielles dérives et utilisez votre devoir de trancher seulement à bon escient.
DEFENSE
Etat des lieux
La défense du territoire français est essentiellement européenne, les grands enjeux géopolitiques ne permettant pas à un pays isolé de mener une politique cohérente sur ce thème.
Guerre en Ukraine, menaces russes, désengagement des États-Unis sur le Vieux Continent… Le climat géopolitique de ces derniers mois pousse les Européens à investir massivement dans le domaine de la défense.
Le vieux (1952) projet de constituer une « Europe de la défense » va-t-il devenir une réalité ou est-il, au contraire, voué à rester une chimère ?
Tout récemment, Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman, s’est exprimé sur ce sujet. « : Ce concept d'Europe de la défense était une tentative, au sein de l'Union européenne, de construire progressivement un outil commun. Mais cet outil n'a jamais été clairement défini. Aujourd'hui, la priorité n'est pas tant l'Europe de la défense que la défense de l'Europe, y compris au-delà de l'Union européenne.
L’Union européenne agit comme un facilitateur, voire un financeur, des efforts des États membres. Il ne s'agit pas de dire que l'Europe de la défense est impossible, mais il s'agit plutôt de reconnaître que l'Union européenne peut contribuer à la construction d'une défense ».
Gérard Araud, chroniqueur : « tout indique aujourd'hui que les États-Unis entendent se dégager du conflit ukrainien à tout prix et rapidement, et que le sort de ce pays leur est indifférent alors que la Russie, qui a le sentiment d'avoir le temps de son côté, ne renonce pas à l'objectif de vassaliser son voisin.
En cas de non réaction des européens, tout l'équilibre géopolitique de notre continent en serait durablement bouleversé. Dans ce contexte, un sort particulier risquerait d'échoir aux États baltes , que leur géographie physique et humaine et leur petite taille exposeraient d'autant plus aux entreprises russes.
Quoi qu’il en soit, les opinions publiques européennes ne sont pas prêtes à un conflit de haute intensité. Les Russes le savent.
Les États-Unis ont des intérêts de plus en plus divergents de ceux de l'Europe et souhaitent se concentrer sur l'Asie ».
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JD Giuliani : « : la coalition des volontaires semble être la formule la plus efficace pour répondre de manière unie à des problématiques de défense et de sécurité. La France défend depuis longtemps l'idée que l'argent européen doit bénéficier aux Européens, et il existe désormais un consensus sur ce point. Ces dix dernières années, 80 % des acquisitions militaires de l'Union européenne ont été réalisées à l'extérieur, dont 63 % aux États-Unis ».
G Araud : « La France a d'ores et déjà déployé aux côtés d'autres États des troupes en Estonie pour avertir la Russie qu'une éventuelle agression contre ce pays déclencherait un conflit qui engagerait l'ensemble de l'Otan. Ce n'est pas assez.
Les Européens doivent être en mesure de se défendre. Ce qui suppose un effort budgétaire sur le moyen et long terme mais aussi une adaptation de leur posture de défense.
Il n'y a pas aujourd'hui de continent plus pacifique que l'Europe mais son histoire nous apprend que la faiblesse aiguise l'appétit des dictateurs. « Si tu veux la paix, préparer la guerre », disaient les Anciens ». Il évoque la nécessité d’« européaniser l'Otan ».
Bémol majeur : les eurodéputés italiens de Fratelli d'Italia viennent de voter contre la première véritable tentative de structuration d’une industrie de défense indépendante des États-Unis. L’Europe de la Défense pourrait-elle se faire sans l’Italie ?
L'Agence européenne d'innovation de rupture (Jedi) a publié, jeudi 13 mars 25, son rapport « Make European Defense Great » qui demande aux dirigeants européens d'« arrêter de se faire des illusions sur la situation actuelle », de « faire des économies massives en réduisant drastiquement la complexité » des processus, de « mener des transformations radicales » et de préparer l'avenir en façonnant des « ruptures technologiques ».
« Les Européens doivent passer d'une phase de conflits asymétriques contre des acteurs non étatiques ou de petits États à une ère de conflit potentiel avec des adversaires de même puissance », explique Antonio Calcara, directeur du programme géopolitique et technologies à la Vrije Universiteit de Bruxelles.
« Pour la France, comme pour l'Europe, l'avenir va se jouer dans les six à vingt-quatre mois, et cela va déterminer notre rang pour la prochaine décennie », abonde Kévin Martin, expert en défense à la Fondation pour la recherche stratégique.
Problème : l'armée française est une des moins munitionnées d'Europe, et doit redévelopper des compétences perdues, muscler son renseignement et réduire sa cyber vulnérabilité.
FX Bellamy (eurodéputé du PPE)
Le Parlement européen adopte EDIP, le programme européen de l’industrie de défense pour sortir de la dépendance américaine.
Les Français, paradoxalement, n'étaient pas tout à fait unis alors qu'ils ont tout à gagner. On a ainsi noté l'absence d'implication du ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, réticent à toute initiative européenne dans ce domaine
« La dépendance passée des européens au matériel militaire US n'était pas un accident, mais un choix géopolitique assumé. Le principe, aujourd’hui, c'est un minimum de 70 % de contenu européen.
Critère déterminant : ces matériels ne doivent pas être soumis à une licence juridique extra-européenne. Ce qui a manqué à nos pays ces dernières décennies pour assurer plus souverainement leur défense, ce n'est pas la capacité technique, c'est la volonté politique.
Ce n'est pas un problème en soi d'avoir des échanges industriels et commerciaux avec un grand pays allié. En revanche, vivre sous l'injonction d'une dépendance structurelle, s'interdire de développer sa propre industrie de défense, c'est une faiblesse dont l'Europe doit sortir aujourd’hui.
Ce qui se dessine correspond, je crois, à ce que l'Europe doit faire : renforcer les États membres dans leur responsabilité pour la défense du continent, avec la diversité de leurs approches stratégiques ».
Le renforcement de la dimension européenne de la dissuasion française pourrait nécessiter plus de têtes nucléaires, d’avions, de sous-marins et de missiles.
Actuellement, elle repose sur environ 290 têtes nucléaires, installées sur les missiles balistiques M51 des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, ou sur les missiles de croisière ASMP-A des Rafale des forces aériennes stratégiques.
Mentionnons une composante majeure des futurs conflits de haute intensité : la cyberguerre.
Avec la riposte des généraux européens du cyber face à la Russie.
« Nos nations font face à des attaques hybrides dans le cadre d'une campagne russe », confirme un général-major belge. « Maintenant, le cyber est formalisé comme un milieu de combat », précise un autre général, français.
On distingue trois types d'offensives : les attaques criminelles, qui bloquent le système d'établissements pour exiger une rançon ; les attaques étatiques, qui tentent d'infiltrer des infrastructures clés ; les attaques militaires, qui visent les centres de commandement.
Heureusement, Les offensives russes « semblent » déclencher une prise de conscience européenne. « De manière plus proactive, nous allons bien plus au-devant. Nous ciblons les acteurs malveillants, nous les étudions et nous recherchons leurs traces dans nos réseaux pour les désactiver » (général belge).
Cependant, encore très en retard sur les ogres américains et chinois, l'Europe doit accélérer sur le cyber, cette guerre étant sans chars et sans règles.
Dès à présent, les généraux mentionnés esquissent les contours d'une cyberdéfense européenne encore en gestation, car toute l'Europe est ciblée.
GEOPOLITIQUE
Constat
Nous aimerions bien croire Frédéric Encel, essayiste et géopolitologue, qui vient de publier « La guerre mondiale n'aura pas lieu » (Odile Jacob).
Condition pour les plus sceptiques : accepter l'exigeant exercice de penser à rebours de leurs certitudes !
« La raison fondamentale qui éloigne le spectre d'une guerre mondiale repose sur le maintien de la dissuasion – pas uniquement nucléaire – entre des États potentiellement hostiles ou anciennement cobelligérants à leurs frontières. La guerre coûte toujours bien plus cher en vies humaines, en matériel et en finances que ce qui est initialement estimé, y compris pour le vainqueur. Cette dissuasion s'exerce aujourd'hui de manière incontestable à l'échelle planétaire.
Le rejet de la guerre est particulièrement fort aux États-Unis, où la population reste extrêmement réticente à s'engager dans de nouvelles aventures militaires extraterritoriales ».
Vladimir Poutine est brutal, assurément, mais pas suicidaire.
« La raison en est simple : il agit uniquement selon de stricts rapports de force. Or, le poids de l'Otan face à la Russie l'oblige à la prudence, à moins que le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ne nous fasse basculer dans un autre paradigme.
Nous pouvons raisonnablement imaginer que l’imprévisibilité de D. Trump, qu'elle soit organisée ou chaotique, pousse les adversaires des États-Unis à davantage de prudence.
Si l'on cherche des alliances militaires multilatérales sérieuses et intégrées, on ne trouve que l'Otan.
Si nous – les Européens – ne relevons pas le défi du rapport de force, ce qui nous menace n'est pas tant l'Apocalypse qu'une forme de soumission à des puissances dont les intérêts et les valeurs ne seraient pas les nôtres ».
Il nous faut apprendre à « naviguer » entre des perspectives de progrès infinis et de régressions considérables. Mais avec, et pour quelle, Politique ?
Timidement, quelques actions se mettent en place. Ainsi, Donald Tusk, Premier ministre polonais, sera en France pour signer, le 09 mai 25, un traité d'amitié historique, renforçant la coopération notamment dans la défense, l'énergie, le nucléaire, le scientifique...
La prudence s’impose cependant : lors du vote sur le Programme européen d'industrie de défense (Edip-voir plus haut) par les commissions de l'Industrie et de la Défense, le 24 avril, l'ensemble des eurodéputés polonais membres du PPE a voté contre le texte.
Ce traité vient s'ajouter à ceux déjà conclus avec l'Allemagne (traité de l'Élysée en 1963, étayé en 2019 par celui d'Aix-la-Chapelle), l'Italie (traité du Quirinal en 2021) et l'Espagne (traité de Barcelone en 2023).
D’après Thierry Breton « Il faut dessiner un nouvel ordre mondial ».
« Il est possible que Donald Trump ait ouvert un guichet de négociation avec les 195 pays concernés par ses tarifs, afin d’engager avec chacun d’entre eux un rapport de force favorable aux États-Unis.
Sans vouloir rajouter de l’huile sur le feu, avec l’Accord sur les minerais ukrainiens, Trump a-t-il évincé l’UE de l’Ukraine, quand l’UE, fidèle à ses habitudes, s’est contentée de bonnes intentions » ?
Luc de Barochez (éditorialiste au Point), estime que « la grande gagnante de la guerre commerciale est sans doute la Chine, le vrai gain pour Pékin est politique, la faisant apparaître par contraste avec D Trump comme la seule grande puissance bienveillante, stable, favorable aux affaires et à la poursuite de la mondialisation. Si Pékin avait l’intelligence de mettre fin à ses pratiques anticoncurrentielles, l’Europe serait fortement incitée à resserrer les liens commerciaux avec elle et à creuser un peu plus le fossé qui la sépare de l’Amérique. De quoi conforter Xi Jinping dans sa conviction que l’Occident est fracturé, que sa décadence est inéluctable et que Donald Trump ne fait que l’accélérer ».
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« La Commission européenne, qui a délégation exclusive de négociation au nom des 27 États membres, doit organiser la riposte.
L’Europe doit chercher à élargir ses accords commerciaux avec d’autres géographies. Non plus avec des méthodes du siècle dernier et inadaptées à tout ou partie de la nouvelle réalité géopolitique, climatique ou économique, comme, hélas, ce fut le cas lors des négociations que l’UE a menées avec les pays du Mercosur. Mais en tenant compte des critères de réciprocité ».
Dans d’autres domaines d’actualité - terres rares, semi-conducteurs, cloud - l’Europe est également à l’épreuve de la souveraineté avec, comme constat une Chine qui contrôle 80 % des terres rares, indispensables à la transition énergétique, tandis qu’aux États-Unis, 90 % des données européennes sont hébergées par les géants américains du cloud.
Un rapport incisif que publie la fondation Terra nova, sous la plume de l'ingénieur en chef des Mines Pierre Jérémie, remet de l'ordre dans un concept – la souveraineté - devenu fourre-tout, et ancre sa réflexion dans le droit international et la philosophie politique.
Son constat est implacable : « Le marché intérieur n'est plus français. Il est européen maintenant, depuis 1957. »
L'Europe a construit une souveraineté économique commune très avancée, avec son marché unique et ses compétences étendues, mais les progrès de l'intégration politique n'ont pas suivi au même rythme.
Son rapport propose une approche plus rigoureuse de l’enjeu stratégique : sont stratégiques les secteurs « qui permettent à l'économie de se développer » ou « dont le bon fonctionnement est une nécessité pour le fonctionnement équilibré du marché intérieur ».
Pour restaurer la souveraineté économique, l'auteur avance des mesures précises ancrées dans le principe de réciprocité, c’est-à-dire l'exigence d'un accès équivalent aux marchés de nos partenaires en échange de l'accès à notre propre marché, qui peut se transformer en « arme de négociation massive » quand on dispose d'un marché de 400 millions de consommateurs.
Parmi les propositions les plus audacieuses : « un service douanier européen commun pour garantir une application uniforme des règles aux frontières extérieures et éviter les contournements via les 27 agences nationales actuelles ».
Nicolas Baverez, avocat et éditorialiste, décrit parfaitement les nombreux moyens possibles : « et si l’électrochoc Trump ressuscitait l’Europe… il est indispensable de déployer une stratégie offensive. À la BCE de lutter contre la surévaluation de l’euro et de l’ériger en une monnaie de réserve à part entière. À la Commission de rétablir la compétitivité et l’attractivité du continent en démantelant le carcan réglementaire qui bloque l’investissement et l’innovation. À l’Union, en revenant sur la répression financière, de mobiliser et d’orienter l’épargne européenne vers la réindustrialisation, l’IA, la transition écologique et le réarmement du continent. À l’Europe, en accord avec le Royaume-Uni, de se rapprocher de la Chine, de l’Inde et des grands pays émergents, qui rassemblent plus de 4 milliards d’hommes, pour recréer un système multilatéral en dehors des États-Unis, qui ne comptent que pour 13 % des importations mondiales ».
Autre motif d’espoir « intercontinental » : l'Afrique, longtemps perçue par les européens sous le prisme unique de l'aide, développe avec l’Europe une coopération intelligente, équilibrée et durable qui permettra de relever les défis du siècle. L’initiative EGAAD et sa stratégie de triangulation en sont la démonstration.
Enfin, l’Arctique, au cœur des défis du siècle ; la France -au sein de l’Europe – regardera-t-elle, une fois de plus, le train de l’histoire passer ?
Quoi qu’il en soit, la connaissance du futur proche devrait inciter nos dirigeants à augmenter de beaucoup l’intelligence des réponses à produire pour le monde de demain.
Terminons ce thème sur un appel d’A Minc à ne pas céder à la sinistrose. L’essayiste adresse un satisfecit à l’Europe qui, juge-t-il, dispose de tous les atouts pour devenir le nouvel eldorado mondial.
Heureusement…c’est bientôt Noël, alors…
Pour conclure cette revue de l’actualité, mesdames et messieurs les « Politiques » : si vous manquez de courage, ce n’est pas le cas de nombre de vos électeurs.
Amis lecteurs, nous savons tous, d’EXPERIENCE, que ces lignes que j’ai plaisir à partager avec vous ont une éternelle vocation à rester…entre nous.
Formulé autrement : rester lettre morte.
Le « Politique », s’il aime immodérément s’approprier les idées d’autrui, les vide ensuite de leur substance, pour les transformer ensuite en propositions « politiquement correctes », dont il est certain qu’elles ne changeront ainsi jamais l’ordre des choses.
Ayant participé activement à plusieurs comités de réflexion (économie, agriculture…) d’hommes politiques de Droite, je peux en témoigner.
« Politiques » de tous bords (donc également de Droite) vous allez bientôt partir à la « pêche aux voix ». Un conseil : n’y allez pas seulement munis d’un haveneau et d’un seau.
Arrêtez de penser et d’agir à court terme. Laissez ce travail aux démagogues. Le « Politique », le VRAI, pense et agit pour le long terme.
Taux de confiance dans les politiques ? 18% Et alors ?
Le pire ennemi de la Droite étant la Droite elle-même, la question posée depuis 2012 est toujours d’actualité : a-t-elle VRAIMENT envie de revenir aux affaires ?
Sources : La Tribune, Les Echos, Le Point, Le Figaro, Revue de la CCIT, Forum économique de Toulouse, Forum Futurapolis planète, Forum Le Printemps du numérique, audiovisuel (LCI…)…

Les faits sont bel et bien présents. Depuis plusieurs années maintenant, nous assistons à la montée en puissance du camp national, du patriotisme et d’un sursaut identitaire et souverainiste.
Les raisons sont multiples, et bien connues aujourd’hui : insécurité, immigration de masse, baisse du pouvoir d’achat, et surtout la volonté orgueilleuse d’Ursula von der Leyen d’imposer une forme d’empire européen, une superstructure où les lois européennes priment sur les lois nationales.
C’est déjà une réalité, notamment en France, avec l’article 55 de la Constitution, qui donne la primauté aux traités internationaux sur les lois françaises, à condition qu’ils soient appliqués par l’autre partie. Cela permet au droit européen, issu de ces traités, de passer devant nos lois nationales, même si la Constitution reste au sommet de la hiérarchie juridique. C’est dans ce contexte que le camp national prend de plus en plus d’ampleur. Car ce que les peuples veulent, ce n’est pas Bruxelles, ce n’est pas les technocrates, c’est la souveraineté, la frontière, l’ordre, et le respect de l’identité de chaque nation. Mais cela dérange.
Et parce que cela dérange, tout doit être fait pour l’étouffer.
Commençons par les élections en Roumanie, où Călin Georgescu, indépendant et ancien membre du gouvernement, crée la surprise en obtenant environ 22,9 % des voix lors du premier tour de la présidentielle de novembre 2024. Bien que son score ait surpris les observateurs, ce n’est pas tant le résultat qui choque, mais bien la réaction du système. La Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé le premier tour sous prétexte de soupçons d’ingérence russe dans le processus électoral, ce qui a mené à une nouvelle élection en mai 2025. George Simion, leader du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains), a alors remporté le premier tour avec 40,5 % des voix. Ce résultat démontre que la résistance populaire contre l’élite bruxelloise et mondialiste ne cesse de croître. Quel ironie, que le peuple répond de plus belle.
Regardons maintenant l’Allemagne. En 2024, l’AfD (Alternative für Deutschland) a vu ses résultats augmenter dans certaines régions. En particulier, en Saxe et en Thuringe, le parti a fait des progrès significatifs, franchissant le seuil des 30 % dans certaines circonscriptions. Mais en mai 2025, l’Office fédéral de protection de la Constitution classe officiellement l’AfD comme organisation “d’extrême droite avérée”, ce qui permet aux autorités d’utiliser des moyens de surveillance importants. Cela inclut l’espionnage des communications privées, une mesure qui, en théorie, aurait pour but de protéger la démocratie contre des menaces extrémistes, mais qui constitue en réalité une atteinte directe à la liberté individuelle et à la démocratie elle-même. Ce genre de censure légalisée montre l’effort du système pour contrôler toute forme de contestation.
En Italie, la Première ministre Giorgia Meloni, issue du mouvement Fratelli d’Italia, a obtenu un soutien populaire massif en raison de ses politiques contre l’immigration illégale et de ses réformes économiques. Son gouvernement a réduit les flux migratoires grâce à des accords
bilatéraux avec des pays comme la Tunisie et l’Albanie, tout en s’attaquant au déficit public. Des résultats concrets, donc, mais qui sont systématiquement diabolisés par une grande partie des médias occidentaux, notamment en France, où elle est toujours présentée comme une menace fasciste. Ses réformes économiques sont pourtant saluées à l’international, notamment par les
investisseurs, mais en Italie et à l’étranger, les médias continuent de lui prêter des intentions autoritaires, au lieu de se concentrer sur ses réels succès.
En Autriche, le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), bien que minoritaire dans le gouvernement, connaît une croissance continue. Le parti, dirigé par Herbert Kickl, a atteint 25 % lors des dernières élections législatives de 2024, une performance solide malgré les efforts des médias pour minimiser sa popularité et la diaboliser en raison de son opposition ferme à l’immigration et à l’UE.
Le cas de ces pays et partis est le reflet d’un phénomène qui s’amplifie à travers l’Europe. Ce n’est pas seulement l’extrême droite qui est victime de censure, mais bien toute forme de populisme nationaliste qui défie l’ordre établi. L’Union européenne et ses institutions font tout pour étouffer ces mouvements en légitimant des actions de censure et de répression. Mais les peuples européens, malgré les obstacles et les manœuvres de l’élite, continuent de se battre pour leur liberté, leur souveraineté et leur identité.
Aujourd’hui, la démocratie européenne semble être un concept à géométrie variable : on peut voter, mais seulement si l’on choisit le bon camp. C’est cela, la véritable atteinte à la démocratie. Car tout doit être fait pour étouffer l’extrême droite, oui, mais en réalité, c’est surtout la volonté des peuples européens de décider pour eux-mêmes qui est mise en danger.
Maxime Duclos

EXCLUSIF- Après avoir été déprogrammé par son éditeur, le livre paraît enfin cette semaine aux Presses universitaires de France. Un livre collectif qui pourrait être un tournant dans la bataille culturelle qui se joue entre wokes et antiwokes.
Rarement un livre aura été autant vilipendé avant même sa parution. Avant même que quiconque n’ait pu le lire. On dit que le monde de l’édition se nourrit de polémiques, mais Paul Garapon, qui dirige les Puf, le temple de l’édition universitaire, se serait bien passé de celle qu’a déclenchée l’annonce de la parution de "Face à l’obscurantisme woke". Au point que l’éditeur, pourtant initiateur du projet, a hésité à censurer l’ouvrage, sans doute effrayé par la campagne médiatique orchestrée par une partie du monde journalistique et intellectuel de gauche. Aux yeux des journalistes du Monde et de Libération , le seul titre du livre a suffi pour le disqualifier et instruire un procès en trumpisme et en poutinisme à ses auteurs.
Côté intellectuels, c’est l’historien Patrick Boucheron, professeur au Collège de France et coauteur de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, qui a décoché les premières flèches. Le vendredi 7 mars, lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une journée de mobilisation contre les coupes budgétaires opérées par Donald Trump au sein de la recherche américaine, il s’indigne : « On trouve aussi quelques idiots utiles dans l’Université. Il y a des livres qui continuent de paraître. Il y en a un aux Puf qui s’appelle Face à l’obscurantisme woke. Aux Puf ! Aux Puf ! » s’étrangle-t-il. La maison d’édition est tout près de céder devant la pression exercée par le mandarin. Au lendemain de la sortie de Patrick Boucheron, alors que le texte était édité, maquetté, la jaquette choisie, la parution annoncée pour début avril sur le site des Puf et sur les réseaux sociaux, la direction annonce dans un communiqué qu’elle suspend la publication. « À deux doigts de se trumpiser en publiant un pamphlet antiwoke, les éditions Puf rétropédalent », peut-on lire dans Le Nouvel Obs.
Mais quelques jours après la polémique, sans doute par crainte d’apparaître comme un censeur, Paul Garapon revient finalement sur sa décision qu’il dit avoir prise dans l’urgence. Le livre est repoussé, mais pas enterré. Les lecteurs vont pouvoir se faire leur propre opinion. Le Figaro Magazine s’est procuré en exclusivité Face à l’obscurantisme woke , qui paraît cette semaine, pour juger sur pièces. Et rétrospectivement, on comprend mieux l’inquiétude des thuriféraires du wokisme.
Une contre-révolution scientifique
De nombreux essais sont déjà parus sur le sujet, mais ce qui a déclenché l’ire et suscité la peur de l’intelligentsia, c’est que Face à l’obscurantisme woke n’est en rien un pamphlet, n’en déplaise à une certaine presse. Il s’agit du fruit des travaux de chercheurs dont la légitimité académique est incontestable. Rassemblant les contributions de 26 auteurs (Nathalie Heinich, Sami Biasoni, Céline Masson, Samuel Fitoussi, Guylain Chevrier, Tarik Yildiz, Florence Bergeaud-Blackler, Renée Fregosi, Pierre-André Taguieff…), l’ouvrage de 460 pages est dirigé par trois universitaires reconnus : la professeur de lettres Emmanuelle Hénin, le professeur d’histoire Pierre Vermeren et le linguiste Xavier-Laurent Salvador, par ailleurs directeur de l’Observatoire du décolonialisme.
Nous sommes dans un délire idéologique, mais plus profondément dans une contre-révolution scientifique
Emmanuelle Hénin, professeur de lettres
Dans la bataille culturelle qui se joue actuellement entre wokes et antiwokes, le livre pourrait être un tournant. Il démontre d’abord la faiblesse intellectuelle du wokisme. « Ce qui caractérise le mouvement woke, c’est son ignorance et la pauvreté abyssale des raisonnements qu’il propose, ce n’est clairement pas une idéologie charpentée, structurée comme pouvait l’être le marxisme ou le maoïsme, analyse Emmanuelle Hénin avant de pointer les contradictions évidentes du mouvement : Ne pas cesser de revendiquer les droits des femmes tout en clamant que la femme n’existe pas, il faut le faire. Encore hier, je suis tombée sur la vidéo d’une enseignante à Sciences Po expliquant qu’on ne peut pas garder la devise “ Liberté, Égalité, Fraternité ” car le mot “fraternité” exclut les femmes. Ce type de raisonnement absurde, on en trouve à la pelle par des gens qui sont pourtant professeurs ou professeurs des universités », raconte-t-elle au téléphone, mi-amusée, mi-dépitée. Et de conclure : « Nous sommes dans un délire idéologique, mais plus profondément dans une contre-révolution scientifique. »
Pour les auteurs, le wokisme, comme l’indique le titre de leur ouvrage, est moins une idéologie qu’une nouvelle forme d’obscurantisme inaugurant un âge de la bêtise. S’il se réclame d’une démarche scientifique et se pare de la légitimité universitaire, il n’est rien d’autre qu’un charabia pseudo-intellectuel fondé sur quelques mots-clés : « hétéropatriarcat », « racisme systémique », « culture du viol », « intersectionnalité »… Le caractère grotesque des sujets de recherche à la mode, qu’énumère Emmanuelle Hénin dans son introduction et qui attirent les financements au détriment de recherches fondamentales, est édifiant : « Musicologies gaies, lesbiennes et queer » ; « hétéronormativité dans les sources : représentations et transgressions de l’injonction hétérosexuelle » ou encore « Contre-je : genre et énonciations minoritaires en littérature ».
Des institutions gangrenées
Aux yeux des auteurs, le wokisme constitue une incroyable régression de la rationalité au cœur même du temple de la raison et du savoir que devrait être l’Université. Ils y voient aussi une défaite de l’universalisme et une dérive totalitaire car cet obscurantisme s’impose par la terreur intellectuelle et la censure (annulation de colloques et de conférences, marginalisation et diabolisation des chercheurs non woke), et applique à tous les sujets une même grille de lecture identitaire et manichéenne opposant systématiquement les « dominés » aux « dominants », c’est-à-dire les femmes et les minorités (qu’elles soient ethniques, religieuses ou sexuelles) au « mâle blanc hétérosexuel occidental ». Le wokisme, en plus d’aggraver le déclin de l’enseignement et de forger une jeune génération d’ignorants, alimente ainsi les fractures communautaires et vient légitimer la rhétorique séparatiste des islamistes.
Les auteurs alertent sur l’ampleur du phénomène et son extension aux sciences dures. Certes, contrairement aux États-Unis, personne en France n’affirme que « les mathématiques puent le suprémacisme blanc ». Mais rappeler la réalité biologique des sexes peut s’avérer périlleux, et pas seulement. Au nom d’un constructivisme absolu, les sciences sociales woke dénient la biologie dans son ensemble. Le professeur Leonardo Orlando, contributeur du livre, a fait les frais de cette « biophobie » voyant son cours sur Darwin annulé à Sciences Po. Loin de se limiter aux seuls amphithéâtres universitaires, l’obscurantisme étend son emprise dans toutes les institutions (écoles, médias, entreprises et même Église) pour mieux tenter de redescendre dans la société.
Il faut notamment lire le chapitre de Vincent Tournier sur la manière dont le Conseil supérieur de l’audiovisuel (aujourd’hui Arcom) a contribué, sous couvert de nobles objectifs, au développement du wokisme, en particulier à travers son très contestable « baromètre de la diversité ». « Diversité », on l’aura compris, ethnique et non idéologique. L’obscurantisme woke est soutenu par l’ensemble des instances occidentales, de l’ONU et l’UE jusqu’aux institutions culturelles et organismes de pilotage de la recherche, CNRS en tête, souligne Emmanuelle Hénin dans son introduction. Dans l’entretien qu’ils nous ont accordé, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren expliquent ainsi le rôle central et délétère joué par les institutions européennes. Acquises aussi bien à l’idéologie woke qu’à la rhétorique des Frères musulmans, celles-ci sont chargées d’orienter les crédits à la recherche. L’Union européenne a ainsi financé à coups de millions d’euros des projets de recherche sur la théorie du genre, mais aussi liés d’une manière ou d’une autre aux Frères musulmans.
Dernier exemple en date, le financement à hauteur de 10 millions d’euros d’un projet de Coran européen. C’est sans doute l’aspect le plus subversif du livre, celui qui explique la panique de certains universitaires et leur tentative de censure. Face à l’obscurantisme woke révèle en creux que le wokisme est aussi un moyen d’ascension sociale pour un monde de la recherche prolétarisé. Pour nombre d’universitaires déclassés, la conversion au wokisme permet d’obtenir de précieuses subventions et un certain confort matériel. Les intellectuels woke, pour certains d’entre eux, sont moins des militants sincères que des opportunistes instrumentalisant « les luttes contre les discriminations » pour mieux avancer dans leur carrière et asseoir leur pouvoir. Patrick Boucheron aurait-il été autre chose qu’un mandarin médiéviste connu des seuls spécialistes s’il n’avait enfourché le militantisme woke ?
Reflux américain, consolidation française
Dans le contexte de l’élection de Trump, Face à l’obscurantisme woke devrait susciter le débat en France. Mais paradoxalement, le reflux du wokisme aux États-Unis semble l’encourager en France. « Il y a une tentation française de vouloir jouer un mouvement de résistance face aux Américains et de positionner la France comme la nation woke », explique l’essayiste Pierre Valentin, contributeur de l’ouvrage. Le président de la République a ainsi invité les chercheurs américains qui seraient persécutés par Trump à venir poursuivre leurs travaux en France. Étant donné que ce sont les départements de sciences humaines les plus politisés des universités américaines qui sont visés par les coupes budgétaires du président américain, il y a plus de chances que nous attirions des apôtres du « genre » ou de la « race » que de futurs ingénieurs ou prix Nobel de médecine. Avons-nous vraiment besoin d’importer de nouveaux islamo-gauchistes ?
Au moment même où Emmanuel Macron faisait ces annonces, l’affaire Fabrice Balanche venait confirmer les constats de Face à l’obscurantisme woke sans que cela n’émeuve le président de la République. Après avoir été chassé de son cours par des « étudiants » cagoulés et en keffieh aux cris de « sale sioniste, dehors ! », le maître de conférences en géographie à l’université Lyon-2 et spécialiste de la Syrie se voyait lâché par toute sa hiérarchie. Isabelle von Bueltzingsloewen, présidente de l’université lyonnaise, s’exprimait après plusieurs semaines de silence, non pour condamner les injures et les intimidations, mais tout au contraire pour accabler son collègue. L’association France Universités, qui regroupe des dirigeants d’universités, loin de désavouer la présidente abondait dans son sens, dénonçant « les fantasmes d’islamo-gauchisme et de wokisme » qui régneraient à l’Université. Fabrice Balanche a été placé sous protection fonctionnelle. Où ira-t-il se réfugier lorsque l’Université française sera devenue l’ultime refuge du wokisme ?

« Ce que dit le narcotrafic de l’affaissement de la France »
En France, le narcotrafic, c’est l’autre nom des conséquences. Quand un pays s’affaisse, cède aux pressions migratoires, relâche son autorité, dégrade son école, disloque les familles, efface sa culture, il laisse place à l’argent facile, à la violence sauvage, aux plaisirs autodestructeurs. En cinquante ans, nous sommes passés de Borsalino à la DZ Mafia. Le conseil municipal d’une petite ville de province qui, au début des années 1980, réglementait les alambics, découvre, dans ses rues, l’horreur du trafic de crack.
De Marseille à Saint-Ouen, le Petit Nicolas et ses copains marchent au parc ou dans la cour de l’école sur les seringues ou les sachets de poudre. Rennes résonne du bruit des kalachnikovs et, de Poitiers à Grenoble, les braves gens croisent, entre deux courses, l’un des trois mille « points de deal » qui gangrènent notre pays. Évidemment, le trafic, l’addiction, la drogue, le crime organisé n’ont pas attendu notre temps pour semer la mort, mais il faut être Pangloss pour ne pas voir que nous ne cessons de franchir des seuils. « Péages » à l’entrée de cités, partition du territoire, conférence de presse menaçante et maintenant attaques de prison : c’est tout l’ordre social qui est ébranlé. L’État tente de répondre, pied à pied, mais tout indique qu’il est débordé.
C’est pour cela que la loi portée par Bruno Retailleau et Gérald Darmanin était plus que nécessaire. Nécessaire mais certainement pas suffisante. Cette loi est un préalable, mais le sursaut doit être d’une tout autre ampleur. Il exige que les mots retrouvent enfin leur sens. La frontière sans laquelle il est impossible d’empêcher les trafics. La sanction qui devrait être immédiate et impitoyable, du gros bonnet au consommateur en passant par les vendeurs, les guetteurs, les transporteurs. L’Éducation qui élève l’homme au-dessus de ses pulsions. La langue qui libère du seul langage de la violence. La culture, la sociabilité, les attachements, la transmission, les efforts du corps, la vie de l’esprit : toutes ces richesses immatérielles qui surclassent, sans convoquer la morale, les paradis artificiels.
Les narcotrafiquants n’ont pas seulement fait dans notre pays plus de cent morts en un an. Ils posent aussi à notre société disloquée, déboussolée, déprimée, une question existentielle.


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.
* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).
Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !
Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.
Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.
Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.
Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.
Défier les vérités imposées
La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.
On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?
Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.
Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.
Dépasser nos propre limites
Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.
La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.
Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.