Débat entre les droites : billet d'humeur

  • par Eule
  • 04 mars, 2023

Débat entre les droites : billet d'humeur

Un de nos fidèles sympathisants qui a assisté au débat organisé par Lignes Droites le 22 février nous a adressé cette tribune passionnante. Merci à lui. Nous partageons ce texte avec vous avec enthousiasme. N'hésitez pas à nous faire part de vos réactions.


"Chers amis,

Me permettrez-vous de vous adresser ce petit billet d’humeur, suite à la réunion de Lignes droites du mercredi 22 février 2023. Et tout d’abord de vous adresser mes compliments pour les efforts que vous déployez pour unir les droites.

Ce billet volontairement critique ne met pas en cause le bureau de Lignes droites, loin s’en faut. Mais il témoigne d’une certaine amertume. Tout de même, cette réunion où les leaders de Haute- Garonne avaient la parole. Quelle indigence. Je partage l’opinion d’une personne de l’assistance qui a exprimé sa déception.

Explication :

Que de banalités maintes fois ressassées sur les fausses oppositions binaires gauche-droite remplacée par l’opposition mondialistes-nationalistes, sur la défense de nos valeurs (non définies, quelles valeurs ? Celles de la République, celles de la démocratie ? Est-ce la même chose ?). On trouve à mon sens une bonne définition de la république chez Michel Winock (Revue Le débat numéro 210, mai-aout 2020). La république, c’est « l’intériorisation par les citoyens de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers ». Y sommes-nous ? Quant à la démocratie, suivons Régis Debray dans sa célèbre distinction entre république et démocratie. En bref, l’idée de la république est proche de la définition ci-dessus, la république, c’est la liberté plus le citoyen autonome (« auto-nome » ça veut dire capable de s’imposer à soi-même des règles), alors que la démocratie (modèle essentiellement anglo-saxon), ce sont avant tout les libertés individuelles. La tolérance est du côté de la démocratie et donc du communautarisme et donc du voile islamique. La république « à la française » si j’ose dire est du côté de l’indivisibilité de la nation. Que choisissent les droites ? J’ajoute cette réflexion trouvée chez Jacques Julliard qui met en doute la capacité de la démocratie, à l’instar de la démocratie athénienne, à fonctionner dans de grands ensembles. (Jacques Julliard, L’esprit du peuple. Robert Laffont. Collection bouquins).

L’Union Européenne ne s’est pas bâtie sur le modèle de la démocratie. Elle en est même le déni. Et aujourd’hui, elle édicte des règles qui s’imposent aux états « démocratiques ». Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin d’Europe. Sans elle, la folie dépensière de notre actuel Etat serait comme la Grèce d’il y a quelques années, sous la tutelle du FMI. Nous tirons donc des traites sur une institution qui nous impose son autre tutelle. Quelle position, forcément intermédiaire une union des droites (LR + RN et les autres satellites) peut-elle raisonnablement chercher dans cette union ?

Que de questions brulantes que l’on n’a pas posées. On parle beaucoup des valeurs de la République. Voir ci-dessus. Quelle République ? On en est à la cinquième. Et aujourd’hui, prenons l’école. Les valeurs défendues aujourd’hui à l’école ont-elles encore quelque chose à voir avec celles de la République du Jules Ferry ?

Prenons le nationalisme. Selon le mot de Mitterrand, ce grand président (venu de droite) que l’opportunisme a transformé en homme de gauche pour la conquête du pouvoir. Il disait « le nationalisme, c’est la guerre ». Ne faut-il pas aujourd’hui assumer à droite le nationalisme comme forme de fidélité à la nation ? Et le crier assez fort pour couvrir ceux qui hurlent au fascisme dès que l’on prononce ce mot. Ils sont nombreux dans les milieux intellectuels, universitaires, culturels, médiatiques (là ils sont quasiment majoritaires). Et combien de personnes à droite s’arque boutent sur la dangereuse ligne rouge à ne pas dépasser, alors que les fascistes sont à l’ultragauche, soutenus par ce qui reste de la gauche qui ayant, par trahison, perdu l’électorat populaire parti chez madame le Pen, se voue au diable pour exister. La nation, c’est l’histoire commune, massacrée à l’école et par la France d’aujourd’hui, qui s’abstient ou qui vote Macron. La nation, c’est l’enracinement, cher à la philosophe Simone Weil. L’enracinement, besoin naturel de tout être humain.

La nation, c’est ce qui unit les Hommes dans une identité. Qu’est devenu aujourd’hui le concept d’identité ? Les grands esprits (dominants) nous expliquent qu’elle n’existe pas. L’identité façon 21ème siècle est quelque chose de fluide, donc de fluctuant. Ce qui fait que la personne, réduite à un écoulement permanent ne sait plus ce qu’elle est. Elle ne se reconnait plus dans sa nature devenue éphémère et protéiforme. Vive la déconstruction préparée de longue date (les philosophes français de gauche des années 60, Foucault, Derida, Deleuze ou Bourdieu ont implanté dans les campus américains, sous le nom de French theory (nul n’est prophète en son pays) le concept de la déconstruction au temps du Général de Gaulle, qui savait ce qu’était une nation. Et on a 50 ans plus tard en retour le wokisme en Europe (occidentale, précisons-le). Quelle position de la droite (notamment locale) sur ce sujet ?

Civilisation. La personne dans l’auditoire du mercredi l’a dit : Personne n’en a parlé. Les invités à la table ronde ont-ils seulement esquissé une réponse ? Donc je reprends la question. Quelle civilisation européenne voulons-nous ? Ce qui fondait la civilisation européenne, c’était le Christianisme. Un philosophe mondain de droite, ancien ministre de l’Education de Nicolas Sarkozy, Luc Ferry, rabâche sur les ondes de Radio classique que comme le Christianisme s’est effondré, ce qui est vrai, désormais même avec l’aide de son chef spirituel actuel, le pape François qui préfère tendre la main aux Musulmans, nouvel entité victimaire pour tous nos bien-pensants, plutôt que de défendre les Chrétiens d’Orient, précisément massacrés par les dits Musulmans. Si nous ne voulons plus d’une Europe chrétienne, laquelle voulons-nous ? Celle de la commission européenne ? Celle de Macron ? C’est la même chose. C’est une Europe désincarnée. C’est une Europe de marché. Sans transcendance. Pas étonnant qu’elle ne fasse pas rêver les peuples. Comme la France ne fait plus rêver les citoyens, réduits à l’état brut de consommateurs débiles.

 

Ce que veulent les tenants du libéralisme économique, de la semaine à quatre jours. Même l’art est devenu une marchandise comme les autres. Il y a en ce moment une exposition sur Vermeer au Rijksmuseum d’Amsterdam, de janvier à juin. 200 000 billets ont été vendus. Il n’y a plus de places disponibles avant la fin de l’expo. Je renvoie aux pages féroces du philosophe Michel Onfray qui décrit avec la nausée ces masses d’abrutis qui défilent agglutinés en cohue pressée devant les chefs-d’œuvre en photographiant les tableaux au lieu de les regarder et de les admirer. Comme l’école de la République ne fait plus rêver les enfants. Tant elle leur tend un miroir pour qu’ils admirent l’auto-phénomène de leur propre épanouissement. Pour les adultes, qui ne vont plus à l’école, le miroir, c’est le selfie. Grâce à Apple. Grâce au progrès scientifique, grâce au progrès de la civilisation des progressistes. Grâce à l’avènement de cette société voulue par les « mondialistes » qui fabrique des consommateurs versatiles et tue le citoyen. Alors oui, dans ce cas, défendons notre pouvoir d’achat. Au diable le citoyen ! Quel politique osera aller contre cela ? Dans la Rome antique, c’était panem et circenses. Quelle élévation a-t-on connu depuis ? Le progrès, oui, le progrès scientifique certes. Mais le progrès dans le domaine moral ? Regardons le monde, celui de l’Ukraine et d’ailleurs, mais aussi chez nous. Où est le progrès moral ?

 

Dans ce monde démantelé, où l’individualisme est triomphant, où il n’y a que des droits (de l’humain, pas de l’Homme… Il faut penser aux femmes tout de même !), quel statut du citoyen ? Que dit la Droite ou que dirait l’union des droites à ce sujet ? Nos participants à la table ronde y ont-ils pensé ? Quand l’individualisme devient la norme dans une société, quelle possibilité pour l’autorité ? Si le nationalisme, c’est la guerre (voir ci-dessus), l’individualisme, c’est la barbarie. Là-dessus la droite a quelques idées sur le régalien. Cela peut devenir un bout de la plateforme des droites. Mais il ne faut pas avoir peur de froisser (était-ce le mot, employé mercredi par un membre du panel ?) les media. Surtout ne pas les fâcher. Les media sont les nouveaux terroristes de la pensée correcte. Il faut les ménager. Ou bien l’union des droites aurait-elle le courage de les affronter ? Zemmour, combien de voix aux élections ? Mieux que Pécresse tout de même. La droite de LR (car sa gauche, c’est Macron). Cette droite a déjà renoncé à tout ce dont nous parlons ici. Elle est « sociétale », pas nationale, est-elle prête à défendre ce qui fait nation ? Que fait-elle sur les questions éthiques ? Une partie d’entre elle ne vote-t-elle pas comme la gauche les « avancées sociétales » des droits de l’individu ? Les députés républicains qui paniquent à l’idée qu’ils vont devoir expliquer à leurs élus qu’ils vont voter « l’immonde » réforme des retraites (tellement radicale qu’il faudra en refaire une autre dans 10 ans) sont-ils prêts à défendre une société où l’on a des devoirs de solidarité générationnelle et pas seulement des droits. Combien de voix défendent les générations futures que ce gouvernement et d’autres auparavant accablent par anticipation de dettes insoutenables ? Individualisme, voire égoïsme foncier, oblige. Mais c’est aussi cet individualisme (d’ailleurs aussi à la racine du Christianisme, il faut le reconnaitre) qui entraîne la violence dans la société et jusque dans l’hémicycle.

 

Crise de l’autorité tous azimuts. On en parle ? Je ne vais pas énumérer. Il suffit de voir se multiplier les refus d’obtempérer. Absence d’Etat. Un président qui désacralise la fonction. Une société désarticulée, « archipellisée » (Jérôme Fourquet). Refus du travail, même chez les cadres du pays. Critiques de jeunes brillants diplômés qui abîment l’école d’élite qui les a formés le jour de la remise des diplômes. Du jamais vu. On ne s’en émeut même pas, tant ceux qui en sont conscients, mesurent le travail à faire pour sortir de l’ornière.

 

Face à ces défis, il est affligeant d’entendre dire « Je ne peux pas voter avec un parti qui vote les lois du gouvernement » ! Et si la loi est bonne pour le peuple ?

 

Des droites traditionnelles, qui depuis l’analyse célèbre de René Raymond sont au nombre de 3. Une Légitimiste, une Orléaniste et une Bonapartiste. Laquelle des 3 est susceptible de promouvoir une union des droites ? La première est monarchiste et la monarchie a son utilité en Belgique, au Royaume-Uni (C’est justement elle qui l’unit) ou en Espagne. Pour la France, c’est râpé. La seconde, c’est l’idéologie de Macron. Râpé aussi. Reste l’option Bonaparte. Qu’en pensent ces politiques du panel ? Ils ont intérêt à se faire vite une religion. Car la République des juges est déjà en train de les remplacer.

 

J’ai eu l’inélégance d’être beaucoup trop long. Je prie mes lecteurs éventuels de m’en excuser."

par Aurélie Jean et Erwan Le Noan dans FigaroVox 26 avril 2025
Une fois n'est pas coutume, une très belle tribune sur le libéralisme à lire dans FigaroVox :


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.

* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes  » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).


Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !

Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.

Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.

Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.

Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.

Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.


 Défier les vérités imposées

La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.

On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?

Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.

Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.


 Dépasser nos propre limites

Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.


La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.

Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.



par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
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