La grande panne de la droite

  • par Atlantico.fr
  • 22 août, 2020

Entre les Gilets jaunes, l’insécurité, la gestion de la crise du Covid, etc., les opposants de droite à Emmanuel Macron devraient caracoler dans les sondages. Mais il n'en est rien, malgré un contexte qui a tout pour les porter.

Atlantico : Comment expliquer l'absence d'impact politique du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR) depuis l'élection d'Emmanuel Macron, et en particulier depuis le début du mouvement des Gilets jaunes,  malgré un contexte politique favorable ?

Edouard Husson : Lorsque vous voulez battre un adversaire, c'est à vous de lui imposer une stratégie, qui l'oblige à sortir de ses habitudes. Or le Rassemblement National et les Républicains ne contestent pas la stratégie d'Emmanuel Macron; au contraire, ils l'acceptent. Le RN accepte le "ni droite ni gauche" du président; ce faisant, ils se condamne d'emblée à perdre puisqu'il est beaucoup plus difficile de rassembler droite et gauche dans les catégories populaires que dans les classes supérieures. Emmanuel Macron réussit le grand écart, pour l'instant, d'avoir à la fois des bobos et des cathos, des strauss-kahniens et des fillonistes, des mitterrandiens et des gaullistes. C'est encore praticable parce que nous parlons de groupes qui, sociologiquement se rassemblent beaucoup. Pour un ancien électeur filloniste, à moins d'être un catholique pratiquant et articulé, la question de la "PMA sans père" est très abstraite et ne détourne pas de voter LREM; pour un "bobo" du centre de Paris,la peur sociale, révélée par les Gilets Jaunes, est un puissant incitatif à voter avec le bourgeois de droite.  En revanche, plus vous allez descendre dans l'échelle sociale et plus vous allez voir s'affirmer un clivage droite/gauche. Les "Gilets Jaunes" ont une composante de gauche et une composante de droite très affirmées. Dans les banlieues, la question du racisme et de l'antiracisme fait que la polarisation Mélenchon/Marine Le Pen est très forte quand le vote se radicalise. Vous aurez beau dire, il reste une droite et une gauche et l'escamotage du clivage par Emmanuel Macron est très fragile: une partie de son électorat de 2017 s'est abstenu ou a voté Vert lors des municipales. Vous voyez d'ailleurs la fragilité du "macronisme" au fait qu'aucun candidat LR n'est crédité de plus de 12% dans les sondages: le macronisme avec Macron est difficile; le macronisme sans Macron est impossible. Baroin, Bertrand ou Valérie Pécresse n'ont aucune chance sans un ancrage beaucoup plus à droite que ce qu'ils recherchent actuellement. Quant à Wauquiez, il démontre qu'on ne peut plus faire simplement du "Sarkozy 2007": il ne sera plus possible de faire simplement un holdup sur l'électorat RN. Il faudra assumer pleinement ce que l'on fait.  

Chloé Morin : Je ne dirais pas qu'ils n'ont pas d'impact politique. En effet, dans la configuration actuelle du pouvoir, où l'exécutif se réclame plutôt du "centre", et chasse tantôt à droite tantôt à gauche en fonction des évolutions du centre de gravité de l'opinion, l'impact politique d'un parti ne se détermine pas uniquement sur les scores électoraux. Depuis 3 ans, la perception de nombreux Français est qu'Emmanuel Macron s'est "droitisé". Il recrute l'essentiel de ses soutiens actuels au centre droit, ou à droite de l'échiquier politique. Aux yeux de nombre d'électeurs de gauche, il est même perçu comme clairement "de droite". Les mesures ou signaux symboliques envoyés à cet électorat sont donc des preuves directes de l'influence idéologique de la droite dans le pays, même si les gouvernants n'en portent ni n'en revendiquent pas l'étiquette. A l'inverse, c'est sans doute parce que la gauche est idéologiquement plus faible dans le pays qu'elle peine à avoir une influence plus grande sur la politique menée, par exemple en matière sociale ou écologique.

Structurellement, le RN peut-il être un parti crédible d'opposition ? Qu'en est-il des LR ?

Edouard Husson : Sur le papier, le RN aurait tout pour réussir. Le contraste entre son électorat du Nord et celui du Midi est déjà une excellente école de la synthèse politique. La crise des Gilets Jaunes donnait l'occasion de prendre pied dans la France de l'Ouest, qui elle aussi commence à se déstructurer socialement. Mais tout ceci ne serait viable qu'à condition d'avoir une vision approfondie de l'économie et un dialogue structuré avec le monde patronal, des chambres de commerce au CAC40. Or c'est très loin d'être le cas. A l'inverse, LR se contente de cultiver la "droite d'en haut" et d'espérer séduire les macronistes. Il faut insister sur le fait que le RN est tenu d'une main de fer par sa présidente mais sans objectif de gouvernement: si la décomposition politique du pays était telle que Marine Le Pen gagnait malgré tout la présidence, elle n'est pas plus en état d'exercer le pouvoir qu'en 2017: ses réseaux dans la haute fonction publique et dans les milieux patronaux restent insuffisants pour pourvoir mettre en oeuvre sa politique. Et le fait de repeindre un étage de la maison aux couleurs macroniennes (discours sur les valeurs républicaines, absence des élus RN lors du vote à l'Assemblée sur la "PMA sans père") ne mènera pas très loin. Par contraste, les LR entretiennent un refus des thèmes qui mobilisent l'électorat RN qui relèvent de la pathologie politique. Depuis François Fillon, aucun candidat potentiel n'a un discours structuré sur l'islamisme; le discours sur la sécurité est, sauf exception, pathétiquement creux. L'absence totale d'empathie envers le mouvement des Gilets Jaunes dans sa première version, "poujadiste" est dramatique: LR se contente de gérer son réseau, encore assez dense, d'élus locaux. Mais on ne voit dans le parti quasiment aucune tentative de sortir de l'antagonisme "France des métropoles"/"France périphérique". Au fond, quand il faut choisir, LR finit toujours par dénoncer le "populisme"; exactement comme la direction du RN refuse toujours pour finir, une composante "élitiste" dans son programme.

Chloé Morin : Le Rassemblement National est aujourd'hui en tête des "partis incarnant le mieux l'opposition" dans le baromètre Paris Match (alors qu'en tout début de quinquennat, c'était La France Insoumise). Mais il faut savoir ce que l'on entend pas "incarner l'opposition" : il y a une vision protestataire de l'opposition, celle dont on attend qu'elle établisse des rapports de force, bouscule certaines idées reçues, refuse le statut quo, au risque d'être trop radicale et excessive. Et puis il y a une vision de l'opposition "de gouvernement", celle à qui l'on pourrait donner les clefs du pays sans trop s'inquiéter de ce qu'elle en fasse n'importe quoi. A ce jour, LFI et le RN sont clairement dans la première catégorie - les électeurs les jugent utiles pour faire émerger des sujets, bousculer l'ordre établi, pas forcément pour gouverner, même si le FN tente depuis une dizaine d'année d'entrer dans la catégorie des "crédibles". Ce que l'on constate partout dans le monde, néanmoins, c'est que la frontière entre "protestataires" et "oppositions de gouvernement" est de plus en plus poreuse, et que les électeurs, las que "rien ne change" pour eux, sont de plus en plus nombreux à faire le pari du risque de la radicalité ou de l’extrémisme.

Le RN est-il en état d'assumer le match final de la présidentielle 2022 prédit par les sondages ?

Edouard Husson : Les sondages mettent Marine Le Pen et le RN au niveau de 2015: 25/27% au premier tour. Il faut se rappeler qu'elle a fini à 21%. Au second tout, elle est créditée de 53/55%. Mais toutes ces projections sont faites dans l'idée qu'Emmanuel Macron sera en mesure de se présenter. Que se passerait-il si nous assistions à une "hollandisation" d'Emmanuel Macron, qu'il soit dans l'incapacité de se représenter? Marine Le Pen perdrait beaucoup de sa raison d'être? La progression apparente de la présidente du Rassemblement National au second tour vient de l'usure d'Emmanuel Macron. Contre tout autre candidat, elle apparaîtra, elle aussi, comme une candidate de l'ancien monde.  

Chloé Morin : Il reste très haut dans les sondages, même si cela ne veut à ce stade pas dire grand chose. Il est indéniablement en bonne forme sur le plan idéologique, au sens où il a obtenu des victoires symboliques importantes ces dernières années - sur le rôle des frontières face au coronavirus, par exemple, qui semble relever du bon sens pour la plupart des gens, et que le RN a été le premier à affirmer... Mais au delà, le RN peine à se renouveler, à investir de nouveaux sujets, à se sortir des querelles de chapelle qui sont le lot des partis marginaux mais n'honorent pas des partis "de masse". Il a su faire émerger des profils intéressants depuis quelques années - Bardela, Alliot... - mais en a encore trop peu pour un parti dit "de gouvernement". Si bien que l'on se demande toujours comment il surmonterait son immense problème de ressources humaines s'il devait parvenir au pouvoir. Même LREM a des problèmes de ce genre, alors qu'ils disposent de beaucoup d'élus (certes, initialement recrutés dans le "vieux monde") et de soutiens dans le monde économique ou l'appareil d'Etat . Quels seraient les renforts d'un RN au second tour de la Présidentielle? Ses réserves de voix? Si la porosité avec la droite traditionnelle s'est accentuée, il n'est pas certain que cela suffise...

Comment Les Républicains peuvent-ils trouver un moyen d'existence avant la présidentielle ?

Edouard Husson : LR représente de plus en plus une coquille vide. C'est bien ce que sentent, d'ailleurs, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, qui se préparent en dehors de leur ancien parti. Cependant, ni l'un ni l'autre ne semblent aller au bout de l'analyse de ce qui s'est passé depuis 2012. Nicolas Sarkozy a manqué la réélection parce qu'il n'avait pas tenu ses engagements en matière de sécurité et d'immigration. Sur ces sujets, aujourd'hui, tous les candidats de la mouvance LR font du Macron: il y a des bouffées de discours fermes; comme Sarkozy, l'actuel président nomme aux postes clé du Ministère de l'Intérieur des individus qui ont les idées claires. Mais cela ne suffit pas pour faire une politique cohérente: est-on prêt à affronter l'hostilité des juges, qui s'empressent de défaire les mesures prises? Est-on prêt à suspendre Schengen pour forcer nos partenaires à des politiques plus fermes ? Est-on prêt à définitivement assécher les flux financiers avec les pays musulmans, à commencer par le financement étranger des mosquées? Est-on prêt à faire une chasse à la fraude sociale, à punir la polygamie etc...? A-t-on entendu LR lorsque, sous prétexte de confinement, Madame Belloubet a vidé les prisons d'individus dangereux? On ajoutera que sur beaucoup d'autres sujets, LR est inexistant. La coopération franco-allemande comme nous en avions l'habitude, c'est fini: quelles politiques alternatives le parti propose-t-il au sein de l'UE ? Donald Trump est un bon président, qui permet de rebattre les cartes sur beaucoup de sujet, à commencer la politique vis-à-vis de la Chine, la politique vis-à-vis de l'Iran ou, sur le plan intérieur, la défense des libertés fondamentales, en particulier face aux GAFA: a-t-on entendu LR sur tous ces sujets? Sur l'écologie, nous sommes en train de tomber entre les mains d"idéologues, par exemple à la tête des grandes villes: la droite LR ne semble pas se rendre compte que la sortie du nucléaire, le refus de la 5G ou des politiques urbaines sans rapport avec la réalité sont autant de coups portés à l'attractivité de la France, autant de pertes d'emploi à venir; eh bien, on n'entend aucune proposition nouvelle dans ce domaine. De quelque côté qu'on se tourne, on n'entend aucune voix originale à LR ou dans la mouvance. Si LR ne cherche pas à se différencier, le parti signe sa fin politique.  

Chloé Morin : Leur stratégie et l'espace qu'ils pourront acquérir dépend en grande partie du succès de la stratégie déployée aujourd'hui par Emmanuel Macron. Tant qu'il occupe leur espace, et adopte une partie de leurs propositions en matière régalienne et économique, ils restent asphyxiés, condamnés à se radicaliser pour exister - donc à se marginaliser, ou à singer un RN qui campe très bien dans son propre espace. Mais on peut très bien imaginer qu'à l'heure du bilan, fin 2021, l'électorat de droite en vienne à considérer que le compte n'y est pas, et faute de résultats suffisants à ses yeux, délaisse la copie et revienne vers "l'original". A ce moment là, il faudra que la droite soit à la fois solide sur le plan programmatique, et organisée sur le plan humain, pour s'imposer comme le parti "refuge" de la droite (et du centre, potentiellement). Ce qui signifie aussi que d'ici là, elle devra trouver une incarnation adéquate... qui ne soit pas simplement un "plus petit dénominateur commun" à la droite de gouvernement, mais sache porter une vraie vision, et se distinguer sur quelques axes symboliques majeurs de ce qu'aura pu incarner Emmanuel Macron.

https://www.atlantico.fr/decryptage/3591763/la-grande-panne-de-la-droite-et-du-rn-edouard-husson-chloe-morin

par Aurélie Jean et Erwan Le Noan dans FigaroVox 26 avril 2025
Une fois n'est pas coutume, une très belle tribune sur le libéralisme à lire dans FigaroVox :


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.

* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes  » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).


Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !

Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.

Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.

Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.

Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.

Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.


 Défier les vérités imposées

La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.

On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?

Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.

Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.


 Dépasser nos propre limites

Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.

Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.


La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.

Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.



par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
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