La Cour des comptes, les vaches et nous

  • par Laurent Wauquiez
  • 06 juin, 2023

La Cour des comptes, les vaches et nous


Une publication de Laurent Wauquiez sur FB pleine d'humour !
Mais sur le fond, on peut se demander si la cour des comptes  est bien pertinente pour promouvoir des mesures écologiques qui pourraient être complètement contre productives. Qu'on prône une diminution de la consommation de viande, pourquoi pas si c'est pour améliorer la qualité et la production locale. Mais limiter la production française si c'est pour augmenter les importations de pays qui sont à mille lieux de nos normes sanitaires, c'est clairement non !


La Cour des comptes, les vaches et nous

La polémique de la semaine – la politique française semble maintenant rythmée par des successions de polémiques sans qu’étrangement on tire de ces polémiques la moindre décision – la polémique de la semaine, donc, vient d’un rapport qui préconise de renoncer à nos vaches. Fini l’élevage bovin, trop archaïque, pas compatible avec l’environnement, plus la peine de s’embarrasser.
De qui vient donc ce mystérieux rapport ? De Sandrine Rousseau ? D’un agriculteur bio désespéré ? D’un élu de la République ? D’un expert en agriculture ? Non, il vient d’une institution dite vénérable, la Cour des comptes.
Bon, d’abord, je vais le dire tout de suite, mon propos ne sera pas très objectif, parce que les vaches, je dois l’avouer, j’aime ça : depuis les petites Hérens au tempérament guerrier, en passant par les Tarines aux yeux doux pour finir bien sûr avec les chouchoutes, les Montbéliardes. Je confesse donc ma grande culpabilité devant les magistrats de la Cour des comptes.
Bon, mais voilà, une passion ne fait pas une politique… et pourtant… et pourtant cette saillie de la Cour des comptes mérite qu’on s’y attarde et pas forcément pour les raisons qui ont été relevées.
Revenons d’abord sur ce propos sans appel. La Cour d’appel fait donc la recommandation suivante : « L’élevage bovin est ainsi responsable en France de 11,8% des émissions d’équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays. Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (souscrits dans l’accord international Global Methane Pledge) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel. Cette réduction peut être aisément conciliée avec les besoins en nutrition des Français, un tiers d’entre eux consommant davantage que le plafond de 500g par semaine de viande rouge préconisé par le plan national nutrition santé. » Voilà, en quelques phrases, tout est dit. C’est simple, limpide, circulez il n’y a rien à voir, la Cour des comptes a fait ses calculs et sait mieux que nous. Bon, restons lucides, dans leur grand courage, les magistrats ne sont pas allés quand même jusqu’à donner le résultat de l’équation et dire de combien il fallait réduire. Prudents quand même…
Mais on ne peut pas être totalement surpris. Bruno Le Maire, qui, après son livre, a changé de domaine d’expertise, avait déjà vanté ces derniers jours les mérites de la fausse viande végétale fabriquée en usine et Elisabeth Borne, avec un ton chaleureux, a expliqué que l’agriculture devrait lourdement contribuer à la trajectoire de réduction des émissions de CO2.
Commençons, si vous le voulez bien, par revenir sur ces affirmations.
D’abord, nos magistrats, sans doute pas totalement encore au point sur les secrets de l’agriculture française, ont oublié un grand mystère. Nos vaches vaquent à leurs occupations sur des prairies et, miracle, la prairie est une bonne nouvelle pour l’environnement. Le pâturage en prairies permanentes entretient une biodiversité précieuse et favorise le maintien de paysages de bocages avec plein d’impacts positifs sur les oiseaux, les insectes et autres rongeurs. Qu'adviendra-t-il de nos prairies, lorsqu’on aura docilement suivi la Cour des comptes ? On pourra alors profiter de paysages de friches à l’abandon en méditant sur la sagesse de ces braves gens.
Mais, plus que ça, la prairie grâce à la photosynthèse permet de stocker du carbone. La contribution de l’élevage aux émissions intérieures est réduite à 7%, si l’on prend en compte l’effet positif des prairies… bon, la science agricole de la Cour des comptes n’a quand même pas poussé le raisonnement jusque-là.
Poursuivons si vous le voulez bien. L’agriculture française est en réalité l’agriculture la plus respectueuse au monde de l’environnement et notre élevage l’un des moins émetteurs de carbone au monde, toutes les évaluations convergent sur ce point. Mais, bon, ça, le rapport n’en parle pas. Et pourtant, il serait particulièrement stupide pour l’agriculture française et pour la planète de remplacer des productions agricoles françaises par des importations nettement plus polluantes.
Et pourtant, c’est bien ce que l’on fait, depuis quelques années, puisque l’on diminue notre production et que l’on augmente nos importations. Comme l’a très bien montré le rapport courageux du sénateur Laurent Duplomb nous importons la moitié de notre volaille, 56% de notre viande ovine et 52% de nos steaks hachés chers à nos enfants. C’est d’ailleurs avec cette idée que, dans notre région, nous avons réduit à quasiment zéro toutes les importations dans nos cantines pour donner la priorité à ce que produisent nos agriculteurs.
Mais, une question de bon sens nous taraude. Si on arrête d’élever des vaches, que va-t-il se passer ? Eh bien, pour nourrir les Français, on va importer encore plus et des produits qui respectent dix fois moins la planète que notre élevage… Hum, hum tout ceci est très logique.
Mais dormez tranquilles, les magistrats ont la réponse. Il suffit que les Français consomment moins de viande, c’est tellement évident. De là à ce que la Cour des comptes dans un élan de centralisme administratif propose des coupons de rationnement obligatoires, il n’y a qu’un pas. Il vaut mieux prendre le parti d’en rire tant le résultat de toutes ces idées est désespérément évident : la réduction du cheptel français n’aboutira qu’à une augmentation des importations. Nous détruirons notre souveraineté alimentaire en aggravant les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Et je passe sur la question de savoir ce qui adviendra quand tous les pays, qui ont de bonnes conditions d’élevage, arrêteront de produire… comment nourrira-t-on des pays qui sont déjà dans des situations alimentaires catastrophiques, pour ne pas dire au bord de la famine ? Pas sûr que la Cour des comptes assume jusque-là son raisonnement.
On aurait aimé, pourtant, que le rapport de la Cour des comptes se penche sur d’autres sujets.
Ils auraient pu aussi parler du harcèlement administratif devenu fou sur nos agriculteurs, dire un mot sur les salaires indécents perçus par des agriculteurs qui travaillent souvent 60h par semaine. Ils auraient même pu pousser l’audace jusqu’à se demander comment favoriser notre agriculture par rapport à des concurrents qui ne respectent pas nos normes. Ils auraient même pu aller voir à quoi ressemblent sur le plan environnemental les élevages d’Amérique latine ou d’Océanie d’où nous importons. Ils auraient pu parler aussi des importations, tout domaine confondu, qui sont les principales causes d’émissions de carbone en France – ne jamais oublier que la meilleure chose à faire pour l’environnement dans notre pays est de renforcer notre économie et de diminuer nos importations ! Mais non, la Cour des comptes n’est pas allée jusque-là et en reste à son constat sans appel : les vaches, c’est fini.
On reste songeur, bien sûr, en se rappelant que, normalement, ces experts sont pourtant bien experts en quelque chose et ce quelque chose théoriquement ce sont nos déficits budgétaires, l’argent public et comment éviter de le gaspiller. Et on ne peut s’empêcher de se dire qu’il est quand même admirable d’avoir à la fois une dette qui approche les 3 000 milliards d’euros et représente un budget plus important que l’Education nationale et, en même temps, des magistrats de la Cour des comptes qui eux préfèrent parler des vaches.
Mais, encore un peu de patience, j’en viens à la fin de mon raisonnement. Le plus admirable, ou le plus dangereux, c’est selon, n’est à mon avis pas là. Que nous ayons en France des rapports qui sortent sur les sujets les plus fantasques, c’est malheureusement une passion administrative, que ces rapports soient bien éloignés des vraies priorités, ce n’est pas totalement un scoop, qu’ils débouchent sur pas grand-chose, ce n’est pas une surprise.
Mais à mes yeux l’essentiel n’est pas là. Laissons de côté tous les avis et les débats que l’on peut avoir en fonction de nos convictions sur ce sujet ; la vraie question est que vient faire la Cour des comptes dans tout cela ? Quand elle dit qu’il faut renoncer au cheptel bovin, elle exprime un jugement politique. À la limite, c’est un débat politique que l’on peut avoir mais ce qui est sûr c’est que ce n’est pas son travail. Le travail théorique de la Cour des comptes est administratif. Son travail, et ce n’est pas rien, est notamment de s’assurer de la régularité des recettes et des dépenses inscrites dans les comptabilités publiques et de s’assurer du bon emploi des crédits. Mais, par une dérive inquiétante, elle en vient de plus en plus à devenir un organisme politique qui émet des opinions politiques. C’est très malsain dans une démocratie parce que, à l’arrivée, l’administration finit par ne plus faire son travail, s’immiscer dans le champ politique et le politique lui finit par baisser la tête par lâcheté et laisser d’autres décider des choix pour le pays. C’est ce travers qui fait qu’aujourd'hui la France ressemble parfois à un bateau ivre où en réalité on a perdu le contrôle des choses et où on laisse des organismes dits indépendants et en réalité sans légitimité démocratique décider à la place de la démocratie. Rien n’est à mon sens plus dangereux.
C’est ce qu’il faut corriger. Les politiques doivent assumer leur mission et retrouver le sens du courage. Et l’administration doit retrouver son rôle, qui a aussi sa noblesse, mettre en œuvre, assurer l’exécution – et il y a fort à faire – et surtout, surtout, se garder de faire de la politique parce que ce n’est pas sa place.

Et longue vie à nos vaches et à ceux qui les aiment.

   Laurent Wauquiez







par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

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