Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »

Gérard Collomb • 11 mai 2022

Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »

Proposé par un de nos fidèles lecteur, un article du Point dans lequel G Coulombfait une analyseintéressantedu macronisme. On y retrouve notamment l'obsession d'Emmanuel Macron de vouloir toujours tout maitriser dans les détails, tout contrôler et décider sans tenir vraiment compte des autres, son manque d’humilité et cette façon de toujours vouloir montrer sa supériorité.


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EXCLUSIF. Gérard Collomb : « Il va bien falloir qu’on revienne au réalisme »

ENTRETIEN. Il fut l'un des inventeurs du macronisme et se taisait depuis trois ans. Il livre au « Point » une analyse aiguisée de l’action du président.

Propos recueillis par Jérôme Cordelier et Etienne Gernelle

Publié le 04/05/2022 à 10h00 - Modifié le 05/05/2022 à 07h43


Il a été le premier grand élu à croire en un Macron présidentiel, et il a fortement contribué à façonner ce qui allait devenir le « macronisme ». Nommé ministre d'État, ministre de l'Intérieur, dans le gouvernement d'Édouard Philippe, Gérard Collomb démissionne avec fracas moins d'un an et demi plus tard. Personne n'a oublié ses paroles fortes dans le discours solennel de la passation des pouvoirs devant son successeur, le Premier ministre, Édouard Philippe, médusé. Déplorant une situation « très dégradée » dans les quartiers, le chef de la police avait lancé : « Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face. » Un ministre ne devrait pas dire ça... Ses mots prophétiques vaudront au premier des macronistes, intime du couple Macron, la mise au ban.

Une disgrâce que Gérard Collomb paiera cher : trahi par les siens, il ne retrouvera pas son fauteuil de maire de Lyon , ni de président de la métropole, que cet édile bâtisseur avait pourtant créé et propulsé dans la modernité. Celui qui n'est désormais plus que conseiller d'opposition à Lyon rompt trois ans de silence et dresse pour Le Point un bilan contrasté mais implacable, sans amertume, du premier quinquennat, et confie aussi ses espoirs pour la réussite du second.

Le Point : Pour vous qui en avez été l'un des pères fondateurs, qu'est devenu le macronisme ?

Gérard Collomb : À l'origine, selon moi, le macronisme a été façonné par quatre éléments. Premièrement, c'était l'idée selon laquelle l'affrontement entre partis traditionnels était dépassé. Moi qui étais socialiste, je trouvais qu'il y avait des Républicains ou des centristes plus proches de mes idées qu'un certain nombre de frondeurs. Dans un paysage statufié, il fallait rebattre les cartes. Notre macronisme rassemblait des jeunes qui entouraient Emmanuel Macron, et des élus locaux, dont par exemple Jean-Claude Boulard, le maire du Mans. Le deuxième élément était économique : on pensait qu'il y avait essentiellement une crise de l'offre alors que, au PS, on était pour une relance par la demande, ce qui faisait que la France perdait en compétitivité. Le troisième point, c'était de mettre fin aux deux fractures de la société française : d'abord le décrochage d'une France périphérique, ensuite la fracture sociale dans les villes entre des quartiers locomotives, engagés dans le mouvement du siècle, et d'autres où sont cantonnées des populations reléguées, provenant en grande partie de l'immigration. Quatrièmement, on avait pour ambition de prendre en compte sans œillères les problèmes de sécurité : Emmanuel Macron voyait bien que, à la fin du mandat de François Hollande, cela était bien moins affirmé qu'avec un Manuel Valls ministre de l'Intérieur, qui prenait ces questions à bras-le-corps. Une partie de la gauche parlait d'un sentiment d'insécurité, pas d'insécurité. Il fallait rompre avec l'angélisme.

Que reste-t-il de ce macronisme originel ?

Sur le premier point, casser les anciens partis, on peut dire qu'on a réussi (rires). Mais pour aboutir à quoi ? On est passé d'un système « camp contre camp » à la France des trois blocs. Il y a celui de Marine Le Pen, qui est très important – et il n'y a pas 42 % de fascistes dans le pays – donc si l'on ne prend pas en compte cette réalité, le désenchantement sera fort. Il y a aussi le bloc de Mélenchon, qui a fédéré d'une part des jeunes attirés par le wokisme, l'intersectionnalité, et d'autre part les banlieues, en cristallisant un vote immigré, une communauté qui a été choquée par le discours des Mureaux du président sur le séparatisme parce que, pour elle, il confondait musulmans et islamistes radicaux. Comme ministre de l'Intérieur, on me l'a suffisamment reproché, j'ai essayé de tenir un discours ferme sur l'immigration, mais aussi avec la volonté de « déghettoïser ». C'est mon côté Borloo. Le troisième bloc, au milieu, c'est celui du vote Macron. Ses 28 % de voix représentent un vaste espace, mais que va-t-il devenir ? Si demain il s'élargit sur la droite et sur la gauche, de Sarkozy à Rebsamen, va-t-il trouver le même élargissement dans la population ? Je ne le crois pas.

La logique d'un parti unique central vous semble donc dangereuse ?

Bien sûr ! Cela conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp…

Et sur l'économie, le macronisme a-t-il réussi ?

Oui. Quand on injecte des centaines de milliards dans l'économie, comme ce fut le cas à cause du Covid-19, ça marche, c'est logique. Mais il n'y a pas que cela. Dès avant le Covid, il y a eu une hausse des créations d'entreprises. Il faut dire aussi que cela est dû en partie aux réformes consécutives au rapport Gallois, pacte de responsabilité et lois El Khomri. Hollande a fait ces réformes trop tard, mais cela a porté ses fruits dès le début du quinquennat suivant. Ensuite, Macron a continué en ce sens : il y a eu la réforme du droit du travail, par exemple, et aussi de la SNCF. Dans les esprits, cela a installé l'idée que ce jeune président ose s'attaquer à des sujets sensibles : il réforme, il débloque, il libère. Et cela a marché. En 2018, il y a eu en France 691 000 créations d'entreprises, soit 17 % de plus par rapport à l'année précédente. Puis, en 2019, 815 000 ; en 2020, 850 000 ; en 2021, 995 000. Au début du quinquennat, c'était beaucoup de microentreprises mais, la dernière année, des sociétés plus importantes ont été créées. D'où la baisse du chômage.

Sur le troisième objectif de votre macronisme, réduire les fractures, il y a eu en revanche les Gilets jaunes…

Il aurait fallu, pour réduire les fractures, mettre en place un acte III de la décentralisation. Nous avions plaidé pendant la campagne présidentielle de 2017 pour une révolution girondine. Vous connaissez la suite… Au moment où je quitte le gouvernement, Macron dit : « Il y a des moments dans l'Histoire où il faut assumer des périodes de jacobinisme. » Le discours sur Jupiter va naître. Ce qui va lui faire redécouvrir le rôle des territoires, c'est la crise du Covid, notamment dans la première période : heureusement que les collectivités sont là pour gérer les masques.

La logique d’un parti unique central conduira à un rétrécissement politique qui pourrait aboutir à la victoire de l’un des extrêmes. Mais alors pourquoi s'est-il mis autant d'élus à dos ?

Il agit avec la conviction qu'il faut un État fort. Et, pour lui, alors, l'État, c'est seulement l'État central. Pour la majorité des Marcheurs, les territoires ne signifient pas grand-chose, leur monde, c'est celui du numérique, de l'universel. Ceux qui étaient sensibles à ces sujets, c'était nous, les élus locaux. Mais Macron lui-même en parlait peu.

C'est cela qui l'a empêché de faire le Grand Paris ?

J'ai travaillé avec le préfet d'Île-de-France pendant un an et demi sur ce sujet. Macron a toujours hésité entre deux postures : unir Paris et la première couronne – ce qui me semblait être la bonne solution – ou articuler le projet autour de la grande région. Cette hésitation était peut-être due à quelques interrogations politiques : Paris, c'est Hidalgo, et la région, Pécresse. Mais, au moment où je suis parti, on avait dans l'idée de créer deux autres métropoles intégrant l'échelon départemental, sur le modèle de celle de Lyon : Bordeaux et Toulouse.

Pas Nice, exemple qu'a cité récemment Macron ?

À Nice, le projet était un peu différent. Le problème, ce n'était pas de s'étendre sur la côte, mais de remonter dans les terres, sur les contours de la Nice savoyarde. C'est cela, la pensée d'Estrosi, et il a raison. J'ai toujours pensé qu'il fallait structurer les métropoles en fonction de l'histoire et de la géographie de chaque territoire.

Macron peut-il maintenant devenir un président girondin, décentralisateur ?

Il aura du mal. L'économiste qu'il est voit bien que les grandes villes sont porteuses d'une bonne partie du PIB français. Mais, après, quand il s'agit de dire que ce n'est pas à l'État d'impulser le mouvement, c'est sans doute plus difficile pour lui.

Sur les sujets régaliens, quel bilan dressez-vous du quinquennat ?

D'un point de vue strictement comptable, il a fait ce qu'il avait dit, en créant 10 000 postes dans la police et la gendarmerie. C'est le cas aussi en matière de lutte contre le terrorisme, du renforcement de la DGSI. On a par ailleurs rééquipé les forces en voitures, rénové les commissariats et les gendarmeries. Il n'empêche qu'aujourd'hui l'insécurité baisse et… augmente. Elle diminue sur les atteintes aux biens, cambriolages et vols de voitures, grâce aux technologies de sécurité. Mais les violences sont en croissance : intrafamiliales, contre les femmes – même si c'est aussi parce que, comme le dit Gérald Darmanin, la parole s'est libérée – et dans la rue. Et, surtout, il reste le fléau du trafic de drogue, qui a grimpé et représente aujourd'hui un volume de 4,2 milliards d'euros quand l'achat de livres, par exemple, c'est 3,5 milliards. C'est ainsi qu'on voit une société en train de se déconstruire.

Macron aura du mal à devenir un président décentralisateur. L’économiste qu’il est voit bien que les grandes villes sont porteuses d’une bonne partie du PIB français. Mais, après, quand il s’agit de dire que ce n’est pas à l’État d’impulser le mouvement, c’est sans doute plus difficile pour lui.

Et sur l'immigration ?

Je n'ai jamais confondu l'immigration économique et celle qui répond aux vrais besoins d'asile, au sens de la convention de Genève. Quand on voit aujourd'hui que la seconde catégorie de demandeurs d'asile est représentée par les personnes venant de Côte d'Ivoire, qui est un pays sûr et économiquement pas le plus défavorisé, c'est un non-sens. Ce n'est pas comme ceux qui fuient des théâtres de guerre comme le Tigré (Éthiopie) ou aujourd'hui l'Ukraine. Ceux-là, bien évidemment, nous devons les accueillir. Il faut que le droit d'asile s'applique à ceux qui doivent être protégés, aux personnes menacées dans leur pays, parce qu'il y a la guerre ou parce qu'ils peuvent être victimes de persécutions. Faisons-le, c'est bien. Mais il est impossible d'accueillir le monde entier. On évoque le sujet seulement sous l'émotion, avec des coups de balancier. C'est sur ces sujets-là que nous nous sommes séparés avec le président.

Pourquoi ?

Je ne me sentais pas soutenu. Le président voyait bien que ce problème se posait avec toujours plus d'acuité dans notre pays, mais, à l'échelle européenne, face au groupe de Visegrad rassemblant les États partisans du « pas d'immigration chez nous » (Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie), il voulait incarner le visage humaniste de l'Europe. C'est un équilibre difficile à trouver.

Vous pensez qu'il y a eu trop d'angélisme ?

Quand vous laissez diffuser le message « portes ouvertes chez nous », il y a inévitablement un effet d'attractivité. Ce mot d'attractivité hérissait tellement le président que l'on parlait de « pull effect ». C'est la même chose, mais en anglais. En réalité, c'est bien avant son arrivée que notre système est devenu l'un des plus susceptibles d'attirer une immigration forte. Il y a besoin de mettre davantage l'accent sur l'intégration : accueillir moins, mais mieux, à l'instar des dispositifs mis en place en Allemagne, où l'organisation est extrêmement performante.

Comment voyez-vous ce second quinquennat ?

C'est peu dire qu'il ne débute pas sous des auspices favorables. On pensait qu'on allait retrouver une période de croissance, or l'inflation grimpe, la guerre en Ukraine provoque des pénuries, le Covid en Chine affecte les chaînes de production, et toute notre industrie se retrouve en grande difficulté. Et puis les entreprises ont des prêts à rembourser, comme les prêts garantis par l'État (PGE), et on commence à voir certaines sociétés se retrouver devant les tribunaux de commerce. La croissance a été de zéro au premier trimestre… Enfin, on a débloqué beaucoup d'argent pour sauver nos économies durant la crise du Covid, et nous sommes donc hyperendettés.

Le «quoi qu’il en coûte» a mis dans les têtes l’idée selon laquelle la puissance publique bénéficiait de moyens infinis.

La dette est un sujet qui a presque disparu de la campagne présidentielle…

Absolument. Et pourtant, les banques centrales commencent à mener une politique plus restrictive après avoir beaucoup prêté. Nous faisons face à des problèmes structurels, et, en même temps, à des attentes très fortes. Le « quoi qu'il en coûte » a mis dans les têtes l'idée selon laquelle la puissance publique bénéficiait de moyens infinis. La contradiction entre la réalité et le désir va être complexe à gérer.

Sur la dépense publique, le macronisme ne s'est-il pas rapproché de l'ancien monde ?

Heureusement, deux hommes y étaient attentifs : Édouard Philippe et Alexis Kohler. Il va bien falloir qu'on rembourse, et qu'on revienne au réalisme. Car, parmi les pays industriels, on est aujourd'hui les plus endettés par rapport à nos recettes, après le Japon…

Ministre, vous disiez que la réforme était ralentie par la technostructure. Vous le pensez toujours ?

Si par technostructure vous entendez les personnels de la haute administration, je les trouve bien plus ouverts qu'on ne le dit : si vous êtes résolu, et que vous les convainquez, ils vous suivent bien volontiers. C'est plutôt dans la couche intermédiaire, entre le politique et l'administratif, que se situe le problème. Il y a là quelques trentenaires qui, parce qu'ils sont bardés de diplômes, sont persuadés d'avoir raison alors qu'ils ont une vision qui peut parfois manquer de réalisme. S'y ajoutent des visiteurs du soir qui peuvent dire le contraire de ce que les ministres ont dit durant la journée et amener le président à hésiter.

Macron, en 2017, avait fait campagne sur la défense des « outsiders » et la lutte contre les rentes… Cette volonté s'est-elle émoussée ?

Il est vrai qu'en 2017 il y avait un allant, une énergie formidable. Si l'on considère les difficultés des banlieues, par exemple, on ne peut pas dire après cinq ans que les « outsiders » sont devenus des « insiders ». Il a manqué, à mon avis, la dimension géographique de l'action. On a pensé en termes d'individus. Or un quartier, ce n'est pas une somme d'individus, c'est un collectif, avec une culture qui est la sienne. L'action de Macron a pâti de ne pas être inscrite dans les territoires. Comment voulez-vous pousser à l'émancipation d'outsiders, si les politiques menées sont un peu en apesanteur et ne s'adaptent pas à la situation propre d'un territoire comme la Seine-Saint-Denis ?

L’action de Macron a pâti de ne pas être inscrite dans les territoires.

Globalement, vous pensez donc Emmanuel Macron capable de lancer de nouvelles réformes ?

Je l'espère ! Il le faut ! Mais ça va être dur. D'autant qu'il aura face à lui les blocs Le Pen et Mélenchon, qui ont, d'une certaine manière, la même approche de l'économie. Et sachant que le PS ou EELV sont en train de se rallier à Mélenchon…

Justement, vous qui êtes un enfant du congrès d'Épinay (1971), comment jugez-vous le rapprochement entre Mélenchon et le PS ?

J'étais là avant même Épinay, j'ai adhéré en 1969 à la Convention des institutions républicaines ! La rupture historique avec un socialisme ancien, c'est François Mitterrand qui l'a accomplie avec le tournant de la rigueur en 1983 pour tenir compte des réalités de l'époque. Or regardez la situation : le monde est aujourd'hui engagé dans une période de profonde révolution scientifique, technologique, avec des innovations qui vont bouleverser la donne. Les États-Unis et la Chine en tête. Or en France aujourd'hui, notamment chez un certain nombre de partisans de Mélenchon ou des Verts, il y a une pensée antiprogrès, antiscientifique, voire antivaccin, qui s'est développée. C'est là mon désaccord d'ailleurs avec les Verts : non sur l'écologie, mais parce que je pense que c'est avant tout par l'innovation et par la science que l'on répondra aux défis qui sont les nôtres, notamment sur le climat.

Dans l'exercice du pouvoir, Macron a dit qu'il voulait changer de méthode. Que lui conseillez-vous ?

D'abord de se changer lui-même (rires). Dans la gestion de la crise, et il en a subi au long de ce quinquennat, il est plutôt bon. Mais, quelquefois, il peut mettre en danger toute sa politique par une attitude. On l'a encore vu lors de son débat face à Marine Le Pen : il n'était pas utile d'afficher un tel sentiment de supériorité. Même s'il avait une maîtrise totale des dossiers techniques. Cela a choqué les téléspectateurs, bien au-delà des partisans de Marine Le Pen. Ce constat a renvoyé à un certain nombre de petites phrases où il avait peut-être raison sur le fond, mais pas sur la forme. Un élu local ne se serait pas exprimé ainsi : dans la rue, vous écoutez les gens même si vous n'êtes pas d'accord avec eux. Pour les convaincre, il faut avoir conscience qu'il y a toujours une part de vérité dans ce qu'ils vous disent.

Au Champ-de-Mars, le soir de la victoire, il y avait un signe qui ne trompait pas : le visage de Brigitte Macron, il était grave, on voyait bien qu’elle savait que les cinq prochaines années seront extrêmement dures.

Et dans le fonctionnement du gouvernement ?

Certains disent qu'il voulait être ministre de tout… Je peux en témoigner… Il épluchait tout. Pendant les conseils des ministres, tout en dirigeant la réunion, il lisait toutes les fiches sur la sécurité provenant du ministère de l'Intérieur. Macron, c'est un inventeur, un lanceur d'idées, quelqu'un qui a de la culture, mais qui peut parfois trop se focaliser sur le détail. Il peut être dans une pensée cosmique ou être totalement absorbé par les microsujets, mais il peut pécher au niveau intermédiaire, celui de l'organisation. D'où le rôle complémentaire de Philippe et de Kohler pour que l'idée devienne réalité. Philippe avait donc un rôle que j'ai jugé positif, car il me semble que le président a besoin aussi d'un Premier ministre fort. Rappelons-le : le Premier ministre dirige l'administration.

En quoi Macron a-t-il changé ?

Lorsqu'il m'a remis la Légion d'honneur, début mars, je l'ai trouvé plus en forme que je ne l'aurais pensé, même si forcément, le quinquennat l'a marqué et s'il sait la situation actuelle difficile. Mais au Champ-de-Mars, le soir de la victoire, il y avait un signe qui ne trompait pas : le visage de Brigitte Macron, il était grave, on voyait bien qu'elle savait que les cinq prochaines années seront extrêmement dures. Et lui en a parfaitement conscience aussi. Il faut donc qu'il s'entoure de gens qui n'hésitent pas l'informer de la réalité, même quand elle est moins bonne qu'on ne le souhaiterait. S'il n'a autour de lui que des béni-oui-oui, cela peut devenir compliqué ! Alors c'est vrai que l'on peut se faire taper sur les doigts, ça m'est arrivé. Par exemple, quand j'ai dit ce que je pensais des 80 km/heure sur route, je ne pensais pas commettre une hérésie absolue, et la suite a montré que j'avais plutôt raison… Le problème, c'est qu'il est toujours difficile d'entendre des vérités un peu trop abruptes. C'est bien là le problème qui a causé mon départ. Pourtant, vous savez quel était mon attachement pour le président, je me serais mis en quatre pour lui. J'ai donc été beaucoup affecté par la période qui a suivi, au cours de laquelle on ne s'est plus beaucoup parlé.

L'Europe a toujours été la colonne vertébrale de Macron et c’est sa chance, car les Français perçoivent peut-être mieux aujourd’hui combien elle est importante pour l’avenir de notre pays.

Quel est le principal atout de Macron pour réussir son quinquennat ?

L'Europe, indéniablement. Ce sujet a toujours été sa colonne vertébrale et c'est sa chance, car les Français perçoivent peut-être mieux aujourd'hui combien l'Europe est importante pour l'avenir de notre pays. Cela a été démontré avec le Covid : on n'a – hélas ! – pas réussi à produire de vaccins en France, mais la politique européenne commune sur ce sujet nous a permis de venir à bout de la pandémie. Il y a eu aussi le plan de relance européen, une avancée fantastique. Enfin, la guerre en Ukraine nous fait prendre conscience de notre faiblesse en matière de défense. Or, si l'Europe veut peser sur l'Histoire, c'est maintenant.

par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».
par Vincent Trémolet de Villers 30 septembre 2025
Une tribune de Vincent Trémolet de Villers dans FigaroVox https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-vincent-tremolet-de-villers-sur-les-ruines-de-la-democratie-20250926 L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Il faudrait Juvénal pour décrire cet effondrement. Entre parade du président à New York et conciliabules à Matignon, l’exécutif mime un pouvoir qui lui échappe. Sur à peu près tous les sujets, comme nos ministres, il est démissionnaire. L’Assemblée nationale, nouvelle nef des fous, fait tourner les députés comme des hamsters, de censure d’humeur en budget de fortune. L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Motif de condamnation ? « Association de malfaiteurs » ! Apparemment c’est ainsi que certains magistrats envisagent les politiques, encore plus s’ils sont de droite, et par principe s’ils s’appellent Nicolas Sarkozy. Il faudrait Blaise Pascal pour peindre une telle confusion des ordres. Nos cours suprêmes font de la théologie morale ; après que le contribuable a payé la dîme, la gauche de droit divin prêche dans les médias publics ; un ancien garde des Sceaux fait sa grosse voix pour nous rappeler le grand dogme : une décision de justice, même incompréhensible, ne peut pas être critiquée. Celui qui cède à cette tentation met en péril la démocratie : qu’il soit anathème ! Parlons-en de la démocratie ! Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, dit la Constitution. Pour nos prédicateurs, le peuple n’est plus qu’un monstre hostile à tenir à distance. C’est lui pourtant qui ploie sous le poids de la dette, vit le supplice de l’enfer normatif, subit les effets dissolvants d’une politique d’immigration suicidaire, supporte, dans sa chair et celle de ses enfants, une délinquance de plus en plus barbare. Il faudrait Albert Camus pour rappeler que l’État de droit, trésor des démocraties libérales, n’est pas le paravent des pulsions despotiques de quelques-uns mais « l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux libertés particulières ». Il faudrait de la hauteur de vue, de la clairvoyance, du courage - de la démocratie -, sinon, à force d’osciller entre radicalisation et faiblesse, le régime finira par tomber sur lui-même.
par Arno Klarsfeld dans FigaroVox 20 septembre 2025
Une tribune de Arno Klarsfeld à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/arno-klarsfeld-l-hostilite-des-elites-europeennes-a-l-egard-d-israel-est-une-forme-d-aveuglement-20250915 TRIBUNE - Alors que les chefs de gouvernement européens sont de plus en plus nombreux à élever la voix contre la guerre menée par Israël, l’ancien avocat des Fils et filles des déportés juifs de France rappelle l’enjeu existentiel que représente le conflit au Moyen-Orient pour le petit État juif. Accuser l’État d’Israël de génocide aujourd’hui à Gaza est comparable à l’accusation faite aux Juifs d’empoisonner les puits au XIVe siècle. Beaucoup y croyaient alors et certains y croient aujourd’hui. Quand Emmanuel Macron renvoie aux historiens la responsabilité de déterminer si Israël commet un génocide et qu’il accuse Israël de se comporter de manière barbare, y croit-il ? S’il prend les chiffres du ministère de la Santé du Hamas comme véridiques, c’est-à-dire 60.000 morts dont sans doute près la moitié de combattants du Hamas sur une période de deux ans et sur une population de plus de 2 millions pour Gaza (ou près de 6 millions si l’on inclut la Judée-Samarie ou Cisjordanie), comment croire, alors, qu’Israël commettrait un génocide ? Lors des commémorations du Débarquement durant lequel les Alliés ont bombardé les villes normandes, causant en peu de temps plusieurs dizaines de milliers de morts parmi la population française, le président de la République a-t-il évoqué un génocide ? A-t-il parlé de génocide lors de son discours en 2024 devant la Frauenkirche à Dresde, auquel j’assistais avec mes parents, alors qu’en deux nuits en février 1945 les Alliés ont tué par leurs bombardements des dizaines de milliers de civils allemands ? Et pour Hambourg avec 50.000 morts en un mois de bombardement ? Et pour Tokyo, 100.000 morts en deux nuits ? Hiroshima et Nagasaki ? Contrairement aux Israéliens, les Alliés n’ont jamais cherché à prévenir la population allemande avant les bombardements. Et pourtant, dans le Bureau ovale, le chancelier allemand il y a trois mois remerciait les États-Unis d’avoir libéré l’Allemagne du nazisme. Les Israéliens se battent aujourd’hui pour que la Shoah, qui s’est déroulée avec des complicités dans tous les pays européens, ne se reproduise pas en Israël. Rendons hommage à la population française qui, nourrie de valeurs républicaines et de charité chrétienne, a protesté durant les grandes rafles de l’été 1942 et a permis ainsi aux trois quarts des Juifs de France de survivre. Mais excepté ces Justes, les élites ont été silencieuses ou complices. Et, aujourd’hui encore, au lieu de faire pression sur le Hamas pour libérer les otages et baisser les armes – ce qui arrêterait aussitôt la guerre –, c’est sur Israël que bien des gouvernements européens font pression. Cette hostilité des élites européennes est une forme d’aveuglement, ce sont les fondements de la civilisation occidentale qui sont sapés, l’Europe et Israël ayant le même ennemi inflexible : l’islam radical qui doit être vaincu. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Évidemment, comme le président de la République le dit, la sécurité d’Israël passe par la paix et une solution étatique pour le peuple palestinien. Il suffit de voir sur la carte ce petit bout de territoire qu’est Israël, plus réduit que la Bretagne, entouré de millions de kilomètres carrés du monde arabe avec des centaines de millions d’habitants (tout aussi intelligents que les Israéliens), avec des richesses incommensurables, et de se remémorer qu’il y a 14 millions de Juifs pour plus de 2 milliards de musulmans pour comprendre qu’Israël a intérêt à la paix. Israël est toujours David. Avec ces données, le président de la République comme de nombreux dirigeants européens pourraient également comprendre que c’est une grande partie de ce monde arabe qui ne veut pas la paix et qui est prête à sacrifier générations après générations pour obtenir ce qu’il désire avec passion : la destruction de l’État d’Israël comme État juif. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Et c’est avec ce souvenir en tête qu’une partie du Quai d’Orsay et des élites européennes considèrent Israël comme une parenthèse dans l’histoire et que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui « enquiquine tout le monde », selon les mots d’un ancien ambassadeur français. Après tout, en termes de fiction géostratégique, cela peut se comprendre. Mais, au moins, il ne faut pas reprocher à l’État qui est agressé de chercher à se défendre de manière bien moins cruelle que l’Occident lorsqu’il menait ses guerres d’expansion et même de défense. Tous les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours en France. Quant à la majorité de la population française, elle comprend que si les Juifs sont chassés de France comme ils ont déjà été chassés des banlieues des grandes villes, ce n’est pas en raison d’un antisémitisme chrétien ou de celui de l’extrême droite. Elle comprend qu’elle risque ensuite d’avoir elle aussi à se soumettre ou à s’en aller.
par Henri Guaino 17 septembre 2025
Magnifique tribune d'Henri Guaino à lire dans le JDD : https://www.lejdd.fr/politique/henri-guaino-le-naufrage-des-politiciens-et-lexigence-dun-chef-161718
par Une interview de Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste 16 septembre 2025
"Dans l’«Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes», le docteur en philosophie et essayiste a réuni 41 intellectuels, dont Chantal Delsol, Pierre Vermeren, Ferghane Azihari ou Christophe de Voogd pour déconstruire cette «novlangue»." Une interview de Sami Biasoni par Alexandre Devecchio dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sami-biasoni-le-neoprogressisme-nous-fait-entrer-dans-une-nouvelle-ere-langagiere-20250911 «Antifascisme », « antispécisme », « écriture inclusive », « matrimoine », vous consacrez, avec 41 contributeurs, une encyclopédie aux termes chargés d’idéologie qui inondent nos débats. La langue est-elle devenue un champ de bataille idéologique ? Depuis quand ? Cette bataille sémantico-politique est-elle menée par l’État, les médias, le monde universitaire ? Dans mon précédent essai (Malaise dans la langue française, 2022), également consacré à la question de la langue française, je rappelais que « la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. Les idéologies, de quelque nature qu’elles soient, sont éprouvées par et dans la langue, mère de toutes les causes politiques ». Les manipulations militantes de la langue que nous analysons dans l’ouvrage s’inscrivent quant à elles dans une histoire plus récente : celle du « politiquement correct », dont on peut dater l’origine au tournant des années 1970. Il s’agit d’un phénomène nouveau car il n’est pas imposé par un régime totalitaire, mais émane surtout de normes culturelles et d’usages institutionnels « démocratiques ». Son vecteur de diffusion a trait à un conformisme moral qui se répand à mesure que nos sociétés se fragmentent. Comme l’a montré George Orwell , n’est-ce pas le propre des régimes totalitaires de vouloir transformer la langue ? Sommes-nous face à une nouvelle novlangue ? Les révolutionnaires de 1789 ont promu le « salut public », terrible antiphrase qui masquait l’horreur des exécutions arbitraires pendant la Terreur ; les bolcheviks ont imposé l’usage d’antinomies simplificatrices et manichéennes (par exemple, camarades contre ennemis du peuple) ; le nazisme avait instauré un système langagier complet qualifié de « langue du IIIe Reich » par Klemperer. Nous avons affaire en Occident à une novlangue soft, ce qui la rend d’autant plus pernicieuse. Toutefois, il ne faut pas négliger les forces militantes à l’œuvre : les x-studies (études de genre, de race, de subalternités, etc.), nées sur les campus américains en même temps que s’est diffusée la pratique du politiquement correct dans les milieux dits progressistes outre-Atlantique, ont proactivement et méthodiquement promu ce que je nomme le « foisonnement (pseudo) conceptuel ». En outre, la pensée de la déconstruction est intrinsèquement narrativiste : elle valorise le récit, la subjectivité et l’hyperbole. C’est pourquoi le néoprogressisme et son avatar radicalisé woke nous ont fait entrer dans une nouvelle ère langagière, celle de la saturation de l’espace par ces euphémismes contemporains et autres manipulations sémantiques qui sont l’objet de notre ouvrage. Il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes… Paradoxalement, vous montrez aussi que le politiquement correct langagier, souvent porté par une certaine gauche, est loin de favoriser concrètement le progrès social. Les conquêtes langagières symboliques remplacent les réelles avancées sociales… Cette manipulation du langage est-elle le fruit de l’impuissance du politique et en particulier de la gauche progressiste ? La situation actuelle me paraît résulter de la conjonction de deux phénomènes : d’une part celui que l’on nomme usuellement « paradoxe de Tocqueville », en vertu duquel « quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent » ; autrement dit, à mesure que nous approchons de l’égalité de facto, toute inégalité résiduelle, même infime, nous semble insupportable. D’autre part, il est effectivement probable que l’affaissement du pouvoir politique au sein des démocraties libérales contribue à une survalorisation des causes « symboliques ». Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le confort moral de l’indignation de salon : il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes, au Moyen-Orient ou ailleurs. Mais je crois que le sens commun continuera de résister à la rééducation forcée de ceux qui refusent le débat serein, je crois que l’humanisme sincère l’emportera au détriment de l’intolérance de ceux qui préfèrent la forme du discours au discours lui-même. À terme, quelles peuvent être les conséquences en matière d’éducation ? Nos enfants ne sauront-ils plus définir des mots aussi usuels qu’un « homme » et une « femme » ? Posez la question aux militants les plus radicaux : ils ne le peuvent plus ! Certaines définitions qui leur sont imposées relèvent de tautologies dangereuses (une femme est une femme parce qu’elle se sent femme), qui contreviennent à la fois à ce qu’énonce la science (l’existence du fait biologique, sans que soit niée la possibilité de vécus de genre différents de la norme statistique) et à ce que révèle le bon sens. Dans une perspective plus large, il faut comprendre que la langue est tout aussi organique que mécanique : on peut tolérer son évolution – c’est même nécessaire – mais elle ne doit pas être forcée. La brusquer revient à troubler non seulement la pensée des individus, mais aussi leur capacité à constituer un corps social stable. Selon vous, le politiquement correct langagier est également à l’origine de la montée des « populismes », en particulier du trumpisme. Pourquoi ? Ce que vous appelez le « populisme » est-il une réaction démagogique ou simplement une réponse salutaire ? Il s’agit de l’une des causes majeures de la montée des « populismes » dans la mesure où ces derniers prennent essor sur le décalage entre le réel perçu et vécu par les citoyens et la manière dont on décrit le monde. Le trumpisme substitue aux ratiocinations du néoprogressisme une proposition antithétique radicale : celle d’un langage dépouillé, rudimentaire et pragmatique. Or, la simplification outrancière du langage est un autre procédé que les totalitarismes ont toujours encouragé. En matière d’usage de la langue, le pouvoir américain tombe, à mon sens, de Charybde en Scylla. La France, heureusement, résiste. C’est pour cela que nous avons écrit cette Encyclopédie des euphémismes contemporains. Quant au populisme, il est à la fois salut, parce qu’il en revient au sens commun et au souci du corps social dans sa globalité, et un péril, dans la mesure où l’on sait les tentations de contrôle politique démagogique qu’il engendre. Votre livre s’attaque principalement à la novlangue néoprogressiste. Existe-t-il aussi une novlangue de droite ? Par exemple, le mot « woke » est-il employé de manière trop systématique et parfois dans le seul but de discréditer une pensée de gauche ? J’ai relevé près de 300 termes que l’on pourrait qualifier de « manipulations militantes de la langue » : la plupart sont promues par les tenants du néoprogressisme. Il existe bien sûr des néologismes de droite, mais ils sont moins nombreux et fonctionnent différemment. Il s’agit généralement, pour la droite, de résister ou de contre-attaquer. C’est ainsi que des termes comme politiquement correct ou woke ont servi à dénoncer des doléances excessives émanant de la gauche. Parfois, les néologismes issus des rangs de la droite servent à qualifier avec emphase des fantasmes ou des phénomènes émergents indûment présentés comme massifs : les expressions « zone de non-droit », « État profond », « submersion migratoire » sont de cet ordre. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme « woke » se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes Le mot woke a une histoire intéressante : il prend racine dans les années 1930 aux États-Unis, sous la forme de l’injonction « stay woke » (littéralement « restez éveillés ») reprise par divers auteurs et artistes noirs victimes du régime de ségrégation raciale prévalant alors. Il reste néanmoins peu usité durant plusieurs décennies, jusqu’à sa reprise par le mouvement Black Lives Matter en 2012. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes pour progressivement prendre le sens plus large qu’on lui connaît aujourd’hui. Au gré du temps, comme dans le cas de la locution « politiquement correct », ce mot a servi à désigner les excès et dérives de la radicalité néoprogressiste, c’est pourquoi peu se réclament aujourd’hui ouvertement du wokisme. Il s’agit là d’une des rares victoires sémantiques dont peut se targuer la droite. Toutefois, il convient de constater que cela s’est produit au détriment de la rigueur, voire de l’honnêteté intellectuelle : nombreux sont ceux qui utilisent désormais ce terme pour qualifier des comportements qui n’en relèvent pas. C’est un abus malheureux. C’est pourquoi Sylvie Perez et moi-même consacrons deux entrées à ce mot central au sein de l’Encyclopédie. Aucune manipulation n’est souhaitable, quel que soit le dessein poursuivi.
par Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique 14 septembre 2025
Une tribune de Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique, dans les Echos à propos de la taxe Zucman https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-la-taxe-zucman-appauvrirait-la-france-2185537 "L’économiste Gabriel Zucman soutient l’instauration d’une taxe plancher de 2 % sur le patrimoine au-delà de 100 millions d’euros. L’adoption de cette taxe, qui est envisagée pour le budget 2026, serait profondément nuisible pour l’économie française. Un impôt sur la richesse soulève d’abord un problème de valorisation : la base taxable est fluctuante pour les entreprises cotées en Bourse et difficile à établir pour les entreprises non cotées. Il pose ensuite un problème de liquidité pour les propriétaires d’entreprises en croissance ne versant pas encore de dividendes. Cela pose la question de l’exil fiscal, dont l’ampleur est incertaine. D’un côté, les études empiriques suggèrent que le flux de départs serait limité. D’un autre côté, jamais une taxe aussi massive n’a été mise en œuvre. En outre, si les flux sont limités, le stock de Français fortunés installés à l’étranger est déjà substantiel. L’objectif devrait plutôt être de les faire revenir en France. Frein à l’innovation Outre ces effets, la taxation de la richesse poserait un problème de mécanicité à la croissance. Rappelons que la valorisation d’une entreprise est déterminée par les gains futurs escomptés. La taxation de la richesse diminue donc les perspectives de gains futurs en rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes. De même, l’action d’une entreprise innovante valant essentiellement par ses perspectives de croissance future, une taxe sur la richesse lui est particulièrement nuisible. La taxe Zucman aurait donc un effet très négatif sur l’innovation et sur la croissance. La taxation de la richesse affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme. Une caractéristique des milliardaires est que leur taux d’épargne est particulièrement élevé, avec une consommation souvent négligeable au regard de leurs revenus. Par conséquent, une taxe sur leur richesse consiste pour l’Etat à prélever puis à dépenser des revenus du capital qui auraient sinon été épargnés et réinvestis. Ainsi, cette taxe réduit mécaniquement l’épargne et donc l’investissement. Plus précisément, l’Etat consacre environ 10 % de ses dépenses à l’investissement public et ses dépenses supplémentaires transférées aux Français, qui en consomment une large fraction. Or notamment aux Etats-Unis, l’investissement des entreprises représente environ 80 % des sommes investies, celui de l’Etat environ 20 %. L’investissement public étant en outre moins productif que l’investissement privé, une substitution de ce dernier par le premier réduit le potentiel de croissance. Ainsi, si la taxe Zucman rapportait 16 milliards d’euros par an (0,6 point de produit intérieur brut – PIB – privé), on devrait en conclure que l’investissement privé diminuerait d’autant et que l’investissement public augmenterait au mieux de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) – soit un manque à gagner net de 0,5 point de PIB d’investissement. En finançant l’investissement public par un impôt sur la richesse, on substitue de l’investissement public peu productif à de l’investissement privé productif, et on suscite une dégradation du solde de la balance commerciale. Donc, à PIB inchangé : soit l’investissement diminue de 16 milliards d’euros ; soit ils seraient financés par l’étranger et le déficit commercial se creuse alors de 16 milliards ; soit, plus vraisemblablement, on a une combinaison de ces deux possibilités. Pire : en France, les entreprises innovantes rencontrent souvent des difficultés à se financer. Or, les milliardaires sont précisément les investisseurs les plus à même d’effectuer des placements risqués au service des entreprises en croissance, avec à la clé des rendements élevés. La taxe Zucman entraverait ce vecteur de croissance. Mesure idéologique Bref, en appauvrissant les riches, et en empêchant les grandes fortunes de se constituer, c’est la France qu’on appauvrirait. D’ailleurs, peu après l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes au début des années 1980, les sociétaires ont été conduits à s’expatrier dans des Etats exonérés de l’impôt sur la fortune. La taxe Zucman affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme en réduisant l’investissement, en pesant sur l’innovation et en aggravant les déséquilibres extérieurs. En réduisant les recettes fiscales futures, elle pèserait en outre sur le financement des dépenses publiques, dont les principales sont : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc. Cette taxe s’inscrit donc dans une logique purement idéologique et non pragmatique. En instaurant la taxe Zucman, la France serait probablement le seul pays à se l’imposer à elle-même, puisque d’autres pays refusent d’adopter une telle mesure d’idéologie purement idéologique et sans aucune pertinence économique."
par Alexandre Devecchio dans Le Figaro 14 septembre 2025
Une tribune très instructive d'Alexandre Devecchio dans FigaroVox sur la perception par les Français de notre nouveau Premier Ministre: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/alexandre-devecchio-pourquoi-la-majorite-des-francais-n-attendent-rien-de-sebastien-lecornu-20250911 LA BATAILLE DES IDÉES - L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français. Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ? « La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites. "Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution" Le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique. «Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle» « Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir. Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens.
par Sébastien Laye (Valeurs Actuelles) 13 septembre 2025
"L’attractivité d’un pays, du point de vue des investisseurs, dépend en partie de l’accueil qui y est fait à l’innovation et de la stabilité juridique. À l’heure actuelle, en cette matière, la France va à l’encontre de ses intérêts" https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/le-principe-de-precaution-est-un-obstacle-a-la-croissance-economique