Enfin un programme pour l'Europe !
- par Objectif France - JM Belin
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- 08 mars, 2019
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Ce programme est le résultat du travail du groupe « Europe » d'Objectif France dirigé par Jean-Marie Belin. A la fois solide, précis, et tourné vers l'avenir, ce texte constitue la base fondamentale de notre vision pour l'Europe. Lignes Droites 31 souhaite partager ce texte, qui sera complété dans les prochaines semaines par notre groupe de travail spécifique sur l'Europe

Nous voulons redonner toute sa place à la France en Europe, dans une Union Européenne qui nous ressemble et autour d’une idée européenne qui nous rassemble. Objectif France est un parti politique qui porte haut l’ambition de redonner sa grandeur à notre pays. Nous croyons fermement en l’Union Européenne. Nos destins sont inextricablement liés. Nous prônons une Europe qui unit dans leur diversité les nations européennes et respecte leurs identités, leur histoire et leurs acquis. Nous pensons que la Nation reste le cadre principal d’épanouissement de la démocratie.
Objectif France défend l’idée européenne, mais désapprouve la gouvernance actuelle de l’UE. Nous mettons en avant le principe de subsidiarité. Nous faisons la part entre ce qui doit relever de l’Europe (donc de Bruxelles), et ce qui relève des Etats membres. Nous sommes pour une Europe puissance mondiale et non seulement marchande et économique, capable d’imposer le principe de réciprocité, ainsi que l’extraterritorialité du droit européen.
Notre pragmatisme nous conduit également à être favorables à une Europe à géométrie variable, celle des "cercles concentriques", dans un cadre commun, qui permet à chaque Etat de choisir son rythme et ses adhésions aux politiques de l’UE, en fonction de ses capacités et de ses choix. Capable de reprendre, le moment venu, la marche en avant avec ceux qui le peuvent et le veulent ; accepter que les autres rejoignent le moment venu ; accepter que certains partenaires ne suivent pas et choisissent le minimum obligatoire de cohésion.
Enfin, nous ne pourrons bâtir une Europe solide que sur des fondations et des valeurs communes fermes et assumées. Cela suppose de valoriser une identité partagée à travers l’Histoire, dont nous devons être fiers, pour nous affermir dans le Monde face aux géants de notre siècle, autour de notre héritage judéo-chrétien et humaniste.
Notre projet, largement partagé, discuté et amendé, parfois au-delà de nos frontières, se transforme en programme pour les élections européennes. Nous l’avons voulu clair, accessible et allant à l’essentiel. Il continuera d’évoluer dans les semaines à venir jusqu’à l’ouverture de la campagne électorale. En voici les 17 points fondamentaux.
La France, 1ère puissance européenne
Nos élus, pendant cinq ans, n’oublieront jamais que nous avons un seul grand objectif, qui prime sur les autres, celui de donner à la France la place de 1ère puissance économique en Europe, d’ici les dix prochaines années. Elle en a les capacités et les autres pays de l’Union sont prêts à lui reconnaitre ce rôle dès lors qu’elle aura remis de l’ordre chez elle, notamment au plan des finances publiques, qu’elle sera exemplaire et non plus donneuse de leçons. Avec l’Allemagne de l’après Merkel, redonnons du souffle au noyau dur de l’Europe sous le signe impératif de la liberté d’entreprendre. Il faut avoir une stratégie concertée, avec notre grand voisin, de croissance et de réforme qui rétablisse une forme nouvelle de confiance.
La recherche
Tout commence par là, Objectif-France en fera une priorité. L’Europe a perdu la bataille des infrastructures de l’Internet. C'est donc le terrain des prochaines rivalités, à intégrer dans la dimension extérieure de la construction européenne. Voulons-nous être alimentés en données, en informations, mais aussi surveillés par des satellites américains, russes, chinois ? Or, il n'est pas indifférent de voir qu'aujourd'hui le spatial n'est plus l'affaire exclusive des Etats seuls, mais qu'il émane aussi de la sphère privée. La recherche spatiale doit être une activité d'excellence de l'UE, comme toutes les activités de recherche, source de compétitivité et d’emplois.
Remettre l’entreprise au cœur de la recherche dans toute l’Union européenne
Il est impératif d’associer à la réflexion le monde économique. Envisager ce schéma sans que le monde économique y soit associé ou s’y reconnaisse est une garantie absolue d’échec. Pour Objectif France, la Recherche ne se décrète pas, elle ne s’impose pas, elle se fédère. Elle nécessite une gouvernance attentive et compétente, qui constitue un vrai interlocuteur pour les chercheurs. Finalement, si nous voulons atteindre les labels distinctifs, il faut abandonner le saupoudrage général et appliquer le concept de l’excellence distinctive.
La qualité principale de la gouvernance européenne de la Recherche doit être la pédagogie :
- pédagogie d’abord pour obtenir la création de la fédération des Universités européennes, évitant l’éparpillement de nos Universités, par une mise en réseau.
- pédagogie ensuite pour organiser une approche transversale des connaissances (cross-fertilisation des anglo-saxons)
- pédagogie enfin pour semer les graines d’une recherche entrepreneuriale, parce que l’économie de demain est celle de l’innovation technologique et de la propriété intellectuelle.
Faire de l’Intelligence artificielle une nouvelle politique commune, au-delà du numérique
Pour Objectif France, l’intelligence artificielle (IA) constitue un enjeu de civilisation, l’un des plus importants du XXIe siècle. Alors que les États-Unis et la Chine font de l’IA un outil de domination, via leurs géants du privé (GAFAM américains, BATX chinois) et leurs politiques publiques, l’Europe est en voie de marginalisation dans la lutte pour cette technologie d’avenir.
Objectif France propose que l’UE fasse de l’IA une politique à part entière, distincte de sa stratégie numérique, et demande qu’elle adopte vite une législation à la hauteur des défis. Nous voulons que l’UE investisse massivement dans ce secteur et créée un environnement favorable au développement d’entreprises et technologies européennes.
Un nouvel Erasmus, plus grand, plus ouvert, plus fort
Former une jeunesse européenne est un défi majeur pour l’UE. Nous disposons depuis 20 ans d’un outil formidable : Erasmus. Aujourd’hui, au-delà des effets d’annonce, il est urgent, en englobant le programme Leonardo, de l’étendre des étudiants vers les artisans, ou les métiers d’art pour créer de véritables centres européens de formation et d’échanges de bonnes pratiques.
Pour cela, nous proposons au niveau français, d’assouplir les contraintes législatives et réglementaires en la matière, notamment le Code du travail, qui freinent les employeurs et les apprentis. Au niveau européen, nous souhaitons jumeler les CFA de différents pays et prévoir une forte augmentation, allant jusqu’au triplement, des crédits Erasmus. Résoudre les difficultés des filières manuelles en France passe par une ouverture sur l’Europe !
Toujours à destination des jeunes, nous sommes également attachés au "Corps européen de solidarité" qui devrait passer, selon nous, de 3 600 (fin 2017) à plus de 100 000 jeunes placés dès 2020.
La Zone Euro : améliorer sa gouvernance
Les candidats d’Objectif France proposeront sur ce thème une approche de rupture : créer les conditions d’une nouvelle croissance en libérant les initiatives privées, ce qui signifie réduire l’interventionnisme européen dans les domaines économiques et normatifs, sans les imposer, mais en les évaluant d’une manière transparente. Face à cette situation, Objectif-France préconise tout d'abord d'améliorer la gouvernance et le pilotage de la zone euro en constituant un directoire politique, composé des chefs de gouvernement. En parallèle, un Secrétariat général de la zone euro - autonome de la Commission européenne - assurerait le suivi au quotidien de la zone économique.
Peut-être faudra-t-il, à terme, un mécanisme financier propre à la zone euro. Contrairement au projet du Président de la République, ce ne doit pas être un fonds de redistribution, mais un outil financier au service de l’impulsion dans les domaines de la recherche, dans le transport autonome de demain, dans la 5G, dans l’innovation, et exclusivement sur ces terrains-là. Nous y veillerons.
Le renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale et la fuite des capitaux
Pour Objectif France, lutter beaucoup plus fermement contre l’évasion et la fraude fiscales, mieux encadrer les pratiques financières abusives sont des impératifs immédiats pour dynamiser la richesse de l’Union. L’évasion et la fraude fiscales, ainsi que l’optimisation fiscale "agressive", coûtent chaque année environ 1000 milliards d’euros à l’Europe. Si l’UE a récemment progressé sur la question (directive ATA entrée en application en 2019, projet de lutte contre le dumping fiscal intra-européen après 2020), le plus gros reste à faire. Nous voulons amener les États -membres à plus de transparence et de coopération financières, à instaurer définitivement le "reporting" pays par pays, à mieux croiser les données au niveau européen, à sanctionner lourdement les banques et multinationales opérant dans des paradis fiscaux et leur bloquer les marchés publics…
Objectif France défend également une meilleure régulation financière au sein de l'UE. Nous proposons, au niveau européen, d’identifier les produits financiers "toxiques" ou inutiles au financement de l’économie réelle, et de légiférer sur le trading haute fréquence.
L’immigration raisonnée
L’UE par ses cultures et ses valeurs, conformément aux vœux de ses citoyens, est une terre d’accueil ou d’asile pour tous ceux ou celles qui respectent ces valeurs, les droits et libertés fondamentales associés à des devoirs, donc pour des individus capables de s’y intégrer. Pour Objectif-France, elle ne peut accepter des idéologies ou des individus hostiles aux principes de liberté et d’égalité, comme droits inaliénables de chaque être. L’intégration n’est pas un droit mais elle appelle à des devoirs, notamment l’intégration par le travail, la maîtrise de la langue et le respect de valeurs communes cardinales.
Nous réclamerons immédiatement plus de moyens pour Frontex, trop lourd et peu efficace aujourd’hui, et dont les missions doivent être revues ; et surtout nous demandons la révision des accords de Dublin pour ne pas laisser la charge seule aux pays d’entrée. Bien sûr, cela suppose une fermeté et une solidarité commune. Nous sommes favorables à la création de hot-spots à l’extérieur de l’Union Européenne. Cela signifie aussi une reprise en main momentanée de notre souveraineté territoriale, le temps qu'une véritable police aux frontières de l'UE se mette en place et démontre son efficacité.
A moyen-long terme, il sera nécessaire de tarir durablement ce flux en passant des accords, des partenariats, pour aider au développement ou à l'apaisement des zones d'émigration afin d'y fixer les populations. Plutôt que de contraindre et restreindre, Objectif-France propose de négocier un grand traité "intercontinental", UE/Afrique de développement des économies locales en contrepartie d'un arrêt ou d'une forte limitation des migrations économiques. Chacun y gagnera.
La Défense et la Sécurité
Notre pays proposera aux autres Etats-membres un partenariat incitatif dans lequel les opérations extérieures seront partagées financièrement. Ce partage pourrait prendre la forme d’une nouvelle rubrique au sein du budget européen. Beaucoup de nos partenaires européens restent attachés à l’organisation militaire intégrée même si elle n’est pas adaptée pour faire face aux flux migratoires et à la menace de l’Islam radical à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la communauté européenne.
Pour Objectif-France, la priorité européenne en matière de Défense et de Sécurité est la préservation d'une base industrielle souveraine et l'augmentation de l'effort global des nations du continent actuellement nettement insuffisant pour garantir notre autonomie stratégique en dehors des Etats-Unis. Dans ce processus, la coopération franco-allemande est centrale.
Cette mobilisation doit aussi être scientifique et industrielle, avec un budget de défense pour développer une autonomie stratégique dans des domaines comme le spatial, l’aéronautique militaire et le cyberespace. Nos candidats soutiennent que c’est en créant et consolidant une infrastructure industrielle de Défense commune que l’Europe forgera un esprit de défense. Ils demanderont la mise en place d’une vraie coopération anti-criminalité à travers la création d’une académie européenne du renseignement.
Faire de la prévention en matière de santé une grande cause européenne
Les différents pays d'Europe ont en commun un environnement, des conditions de vie et un niveau de santé sensiblement comparables. C'est au niveau de l'Europe qu'il faut mettre en place les actions de prévention, qui constituent un sujet clé pour mieux lutter contre les maladies chroniques et les inégalités sociales face à la santé.
La prévention primaire, qui se poursuit tout au long de la vie, est à l’évidence l’affaire des Etats. Mais la prévention secondaire, qui vise à la détection et au traitement précoce d'une maladie ou d'un problème de santé, autant que le troisième type de prévention en matière de santé, doivent être traitées au niveau européen.
Cette prévention tertiaire vise à diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans une population et à réduire les complications consécutives à la maladie. C’est la prévention qui a permis hier de déterminer les 7 facteurs de risque de l’infarctus du myocarde, avec pour corollaire une réduction très importante de sa mortalité. C’est elle qui, demain, permettra de définir ceux des maladies neuro-dégénératives (type Alzheimer), ce qui permettra de retarder l’apparition de la maladie. Plus les données sont nombreuses et analysées rapidement, plus vite le résultat des études est utilisable. Voilà l’effet d’une politique de prévention et de recherche cohérentes. Là encore, l’Union fait la force…
La mise en commun, en priorité au sein de l’UE, des études concernant la prévention puis des actions dans son champ, permettra en plus, à la France, de rattraper son retard dans ce domaine, mais surtout de démultiplier l’importance des cohortes étudiées et l'efficacité des mesures préventives au niveau européen.
Le défi climatique : une réponse commune, garantie du futur de l’Union
L’Union n’est pas parmi les plus mauvais élèves de la classe au niveau mondial. Objectif France soutient les axes généraux de l’Union en matière climatique qui sont de réduire de 40% les émissions de GES à l’horizon 2030 et de parvenir en 2050 à la neutralité climatique. Nous pouvons en faire un outil de relance économique et un vrai vecteur de croissance. Nous demanderons que cette action bénéficie d’une autorité de régulation de la transition, d’un comité de pilotage et d’un cadre réglementaire pour réorienter les flux financiers.
Le plan d’investissement (plan Juncker), 500 milliards d’ici 2020, devra en large partie soutenir les investissements industriels ayant la réussite de la transition écologique comme objectif. D’une politique de contrainte, nous veillerons à faire de la transition écologique un défi positif, suscitant l’adhésion des citoyens européens. L’investissement "vert" sera aussi source de richesse.
Une agriculture européenne libérée et compétitive
C’est vraiment le domaine où nous pratiquerons le mieux notre grand principe "En faire moins pour faire beaucoup mieux". Objectif France, à l’écoute du monde rural, demandera en premier lieu de rendre obligatoire l’évaluation, par une étude d’impact, des conséquences de toute décision publique en matière de politique sanitaire et environnementale.
Dans ce domaine essentiel, nous voulons fonder une PAC 2020 sur la gestion des risques et sur le soutien à l’investissement. Nous exigerons que soit appliquée systématiquement la préférence communautaire. Il faut pour cela conduire une réforme drastique du droit de la concurrence et supprimer la compétence générale de la Commission européenne. Nous veillerons aussi à ce que tout soit fait pour maintenir à l’euro près le budget actuel de la PAC.
La relance d’une Union pour la Méditerranée : commençons par le noyau dur des Etats du sud de l’Europe
Nous croyons aux vertus des cercles concentriques, et surtout quand des Etats de l’Union ont un trésor en partage, la Méditerranée. Objectif France préconise un rapprochement entre la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Ces quatre pays appartiennent à une même sphère culturelle latine et partagent des similitudes économiques, sociales et politiques. Cette Alliance des pays du sud de l’Union, à quatre rapidement, puis in fine à huit, aurait pour première mission de défendre les intérêts de l’Union et d’associer ceux des pays du sud du bassin méditerranéen qui le souhaiteraient.
Ce noyau dur aurait pour principales autres missions la protection des frontières extérieures à l’UE, la gestion des ressources maritimes et celle des transports (notamment le franchissement des massifs montagneux, Alpes et Pyrénées, par des voies de communication). Cette union des pays du sud de l’UE donnerait une dimension humaine à un projet européen vu comme coupé des peuples et désincarné, et lui permettrait de tendre la main aux pays du sud de la Méditerranée de façon plus crédible et plus sélective.
Le temps de la pause est arrivé
Il est temps de mener un examen de conscience approfondi, public, et un audit des institutions européennes, de leurs fonctionnements et surtout de leurs interactions, comme de leur connexion avec les peuples de l’UE à qui elles doivent rendre compte. Cette mission doit être confiée au Parlement Européen, dans son rôle politique légitimé par le vote au suffrage universel. Nous revendiquons pour lui un droit d’inventaire immédiat et prioritaire. Il pourrait s’appuyer, pour mener ces audits, sur la Cour des comptes européenne et ses équivalents nationaux. Aujourd'hui, l'Union Européenne pratique un entrisme de plus en plus prégnant dans des politiques qui relèvent des différents gouvernements, au lieu de parfaire les domaines où elle est compétente.
Pour Objectif France cette pause est nécessaire, car c’est à l'issue de cet examen que l'UE pourra ou non décider d'aller de l'avant, de façon unanime, au même rythme, à 27 ; ou en ordre dispersé, pourquoi pas, avec dans ce cas, les fameux cercles ou les noyaux durs. Ce temps est aussi celui où tout élargissement sera reporté à plus tard et les négociations d’adhésions en cours suspendues, voire, comme pour la Turquie, remises en cause et annulées. Dans ce temps de la pause, Frontex doit lui aussi être intégré à l'évaluation et à l’audit des institutions.
La fin du zèle normatif en France
Objectif France s’engage à rompre avec cette très mauvaise pratique française, zèle du mauvais élève : aggraver, alourdir, en France, les normes communautaires pour feindre d’être exemplaire. Mettons-nous enfin à égalité de contraintes avec tous les autres Etats-membres. Les agriculteurs et les pêcheurs, victimes principales de ces excès, seront les premiers à s'en réjouir !
En faire moins pour faire beaucoup mieux
A Objectif France, nous rejetons le choix binaire du "encore plus" ou du recul systématique et pénalisant, faux choix simpliste et primaire. Ce retour à l'essentiel plutôt qu'à l’infructueuse dispersion des compétences de l'UE doit être un progrès pour tous les citoyens européens.
L'Union Européenne doit concentrer ses efforts sur des domaines d'actions choisis en commun, où elle procure un réel effet levier comparativement à l'échelon national, et où elle fournit plus de résultats et plus rapidement. En contrepartie, elle devra réduire ses interventions dans d'autres secteurs. Moins de directives, de règlements, de charges : selon cette logique, l’UE serait en mesure d’agir beaucoup plus rapidement et de façon plus décisive dans ses domaines prioritaires.
Objectif France travaillera à trouver un accord sur les domaines auxquels il faudrait donner la priorité ou, au contraire, en faire moins. Nous proposons d’aller jusqu’à consulter nos concitoyens et nos territoires.
Un leitmotiv de conviction : favoriser les politiques qui feront aimer l’Europe qui protège Objectif France est fière de décliner cette règle à double entrée dans chacune de ses propositions. L’UE a trop l’image de la contrainte et des règlements hors-sol, alors que son action peut, sur la durée, redevenir plus positive aux yeux des citoyens. Le monde extérieur nous envie, mais il ne nous craint plus et nous en respecte moins. Redevenons l’Europe qui fait envie…
Pour nos frontières, pour notre sécurité et celle de nos enfants, pour l’immigration enfin maîtrisée, pour la prévention en matière de santé, pour la qualité de notre agriculture et la sauvegarde de nos agriculteurs, pour l’enseignement, et dans bien d’autres domaines, nous mettrons en avant ce leitmotiv dans toutes nos propositions, et nous faciliterons tout ce qui conduira à "aimer l’Europe qui protège ". L’Europe en partage, c’est bien celle-là que nous voulons !
Pour soutenir Objectif France : http://www.objectif-france.org/of/soutenir/index_niveau5.php

EXCLUSIF- Après avoir été déprogrammé par son éditeur, le livre paraît enfin cette semaine aux Presses universitaires de France. Un livre collectif qui pourrait être un tournant dans la bataille culturelle qui se joue entre wokes et antiwokes.
Rarement un livre aura été autant vilipendé avant même sa parution. Avant même que quiconque n’ait pu le lire. On dit que le monde de l’édition se nourrit de polémiques, mais Paul Garapon, qui dirige les Puf, le temple de l’édition universitaire, se serait bien passé de celle qu’a déclenchée l’annonce de la parution de "Face à l’obscurantisme woke". Au point que l’éditeur, pourtant initiateur du projet, a hésité à censurer l’ouvrage, sans doute effrayé par la campagne médiatique orchestrée par une partie du monde journalistique et intellectuel de gauche. Aux yeux des journalistes du Monde et de Libération , le seul titre du livre a suffi pour le disqualifier et instruire un procès en trumpisme et en poutinisme à ses auteurs.
Côté intellectuels, c’est l’historien Patrick Boucheron, professeur au Collège de France et coauteur de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, qui a décoché les premières flèches. Le vendredi 7 mars, lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une journée de mobilisation contre les coupes budgétaires opérées par Donald Trump au sein de la recherche américaine, il s’indigne : « On trouve aussi quelques idiots utiles dans l’Université. Il y a des livres qui continuent de paraître. Il y en a un aux Puf qui s’appelle Face à l’obscurantisme woke. Aux Puf ! Aux Puf ! » s’étrangle-t-il. La maison d’édition est tout près de céder devant la pression exercée par le mandarin. Au lendemain de la sortie de Patrick Boucheron, alors que le texte était édité, maquetté, la jaquette choisie, la parution annoncée pour début avril sur le site des Puf et sur les réseaux sociaux, la direction annonce dans un communiqué qu’elle suspend la publication. « À deux doigts de se trumpiser en publiant un pamphlet antiwoke, les éditions Puf rétropédalent », peut-on lire dans Le Nouvel Obs.
Mais quelques jours après la polémique, sans doute par crainte d’apparaître comme un censeur, Paul Garapon revient finalement sur sa décision qu’il dit avoir prise dans l’urgence. Le livre est repoussé, mais pas enterré. Les lecteurs vont pouvoir se faire leur propre opinion. Le Figaro Magazine s’est procuré en exclusivité Face à l’obscurantisme woke , qui paraît cette semaine, pour juger sur pièces. Et rétrospectivement, on comprend mieux l’inquiétude des thuriféraires du wokisme.
Une contre-révolution scientifique
De nombreux essais sont déjà parus sur le sujet, mais ce qui a déclenché l’ire et suscité la peur de l’intelligentsia, c’est que Face à l’obscurantisme woke n’est en rien un pamphlet, n’en déplaise à une certaine presse. Il s’agit du fruit des travaux de chercheurs dont la légitimité académique est incontestable. Rassemblant les contributions de 26 auteurs (Nathalie Heinich, Sami Biasoni, Céline Masson, Samuel Fitoussi, Guylain Chevrier, Tarik Yildiz, Florence Bergeaud-Blackler, Renée Fregosi, Pierre-André Taguieff…), l’ouvrage de 460 pages est dirigé par trois universitaires reconnus : la professeur de lettres Emmanuelle Hénin, le professeur d’histoire Pierre Vermeren et le linguiste Xavier-Laurent Salvador, par ailleurs directeur de l’Observatoire du décolonialisme.
Nous sommes dans un délire idéologique, mais plus profondément dans une contre-révolution scientifique
Emmanuelle Hénin, professeur de lettres
Dans la bataille culturelle qui se joue actuellement entre wokes et antiwokes, le livre pourrait être un tournant. Il démontre d’abord la faiblesse intellectuelle du wokisme. « Ce qui caractérise le mouvement woke, c’est son ignorance et la pauvreté abyssale des raisonnements qu’il propose, ce n’est clairement pas une idéologie charpentée, structurée comme pouvait l’être le marxisme ou le maoïsme, analyse Emmanuelle Hénin avant de pointer les contradictions évidentes du mouvement : Ne pas cesser de revendiquer les droits des femmes tout en clamant que la femme n’existe pas, il faut le faire. Encore hier, je suis tombée sur la vidéo d’une enseignante à Sciences Po expliquant qu’on ne peut pas garder la devise “ Liberté, Égalité, Fraternité ” car le mot “fraternité” exclut les femmes. Ce type de raisonnement absurde, on en trouve à la pelle par des gens qui sont pourtant professeurs ou professeurs des universités », raconte-t-elle au téléphone, mi-amusée, mi-dépitée. Et de conclure : « Nous sommes dans un délire idéologique, mais plus profondément dans une contre-révolution scientifique. »
Pour les auteurs, le wokisme, comme l’indique le titre de leur ouvrage, est moins une idéologie qu’une nouvelle forme d’obscurantisme inaugurant un âge de la bêtise. S’il se réclame d’une démarche scientifique et se pare de la légitimité universitaire, il n’est rien d’autre qu’un charabia pseudo-intellectuel fondé sur quelques mots-clés : « hétéropatriarcat », « racisme systémique », « culture du viol », « intersectionnalité »… Le caractère grotesque des sujets de recherche à la mode, qu’énumère Emmanuelle Hénin dans son introduction et qui attirent les financements au détriment de recherches fondamentales, est édifiant : « Musicologies gaies, lesbiennes et queer » ; « hétéronormativité dans les sources : représentations et transgressions de l’injonction hétérosexuelle » ou encore « Contre-je : genre et énonciations minoritaires en littérature ».
Des institutions gangrenées
Aux yeux des auteurs, le wokisme constitue une incroyable régression de la rationalité au cœur même du temple de la raison et du savoir que devrait être l’Université. Ils y voient aussi une défaite de l’universalisme et une dérive totalitaire car cet obscurantisme s’impose par la terreur intellectuelle et la censure (annulation de colloques et de conférences, marginalisation et diabolisation des chercheurs non woke), et applique à tous les sujets une même grille de lecture identitaire et manichéenne opposant systématiquement les « dominés » aux « dominants », c’est-à-dire les femmes et les minorités (qu’elles soient ethniques, religieuses ou sexuelles) au « mâle blanc hétérosexuel occidental ». Le wokisme, en plus d’aggraver le déclin de l’enseignement et de forger une jeune génération d’ignorants, alimente ainsi les fractures communautaires et vient légitimer la rhétorique séparatiste des islamistes.
Les auteurs alertent sur l’ampleur du phénomène et son extension aux sciences dures. Certes, contrairement aux États-Unis, personne en France n’affirme que « les mathématiques puent le suprémacisme blanc ». Mais rappeler la réalité biologique des sexes peut s’avérer périlleux, et pas seulement. Au nom d’un constructivisme absolu, les sciences sociales woke dénient la biologie dans son ensemble. Le professeur Leonardo Orlando, contributeur du livre, a fait les frais de cette « biophobie » voyant son cours sur Darwin annulé à Sciences Po. Loin de se limiter aux seuls amphithéâtres universitaires, l’obscurantisme étend son emprise dans toutes les institutions (écoles, médias, entreprises et même Église) pour mieux tenter de redescendre dans la société.
Il faut notamment lire le chapitre de Vincent Tournier sur la manière dont le Conseil supérieur de l’audiovisuel (aujourd’hui Arcom) a contribué, sous couvert de nobles objectifs, au développement du wokisme, en particulier à travers son très contestable « baromètre de la diversité ». « Diversité », on l’aura compris, ethnique et non idéologique. L’obscurantisme woke est soutenu par l’ensemble des instances occidentales, de l’ONU et l’UE jusqu’aux institutions culturelles et organismes de pilotage de la recherche, CNRS en tête, souligne Emmanuelle Hénin dans son introduction. Dans l’entretien qu’ils nous ont accordé, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren expliquent ainsi le rôle central et délétère joué par les institutions européennes. Acquises aussi bien à l’idéologie woke qu’à la rhétorique des Frères musulmans, celles-ci sont chargées d’orienter les crédits à la recherche. L’Union européenne a ainsi financé à coups de millions d’euros des projets de recherche sur la théorie du genre, mais aussi liés d’une manière ou d’une autre aux Frères musulmans.
Dernier exemple en date, le financement à hauteur de 10 millions d’euros d’un projet de Coran européen. C’est sans doute l’aspect le plus subversif du livre, celui qui explique la panique de certains universitaires et leur tentative de censure. Face à l’obscurantisme woke révèle en creux que le wokisme est aussi un moyen d’ascension sociale pour un monde de la recherche prolétarisé. Pour nombre d’universitaires déclassés, la conversion au wokisme permet d’obtenir de précieuses subventions et un certain confort matériel. Les intellectuels woke, pour certains d’entre eux, sont moins des militants sincères que des opportunistes instrumentalisant « les luttes contre les discriminations » pour mieux avancer dans leur carrière et asseoir leur pouvoir. Patrick Boucheron aurait-il été autre chose qu’un mandarin médiéviste connu des seuls spécialistes s’il n’avait enfourché le militantisme woke ?
Reflux américain, consolidation française
Dans le contexte de l’élection de Trump, Face à l’obscurantisme woke devrait susciter le débat en France. Mais paradoxalement, le reflux du wokisme aux États-Unis semble l’encourager en France. « Il y a une tentation française de vouloir jouer un mouvement de résistance face aux Américains et de positionner la France comme la nation woke », explique l’essayiste Pierre Valentin, contributeur de l’ouvrage. Le président de la République a ainsi invité les chercheurs américains qui seraient persécutés par Trump à venir poursuivre leurs travaux en France. Étant donné que ce sont les départements de sciences humaines les plus politisés des universités américaines qui sont visés par les coupes budgétaires du président américain, il y a plus de chances que nous attirions des apôtres du « genre » ou de la « race » que de futurs ingénieurs ou prix Nobel de médecine. Avons-nous vraiment besoin d’importer de nouveaux islamo-gauchistes ?
Au moment même où Emmanuel Macron faisait ces annonces, l’affaire Fabrice Balanche venait confirmer les constats de Face à l’obscurantisme woke sans que cela n’émeuve le président de la République. Après avoir été chassé de son cours par des « étudiants » cagoulés et en keffieh aux cris de « sale sioniste, dehors ! », le maître de conférences en géographie à l’université Lyon-2 et spécialiste de la Syrie se voyait lâché par toute sa hiérarchie. Isabelle von Bueltzingsloewen, présidente de l’université lyonnaise, s’exprimait après plusieurs semaines de silence, non pour condamner les injures et les intimidations, mais tout au contraire pour accabler son collègue. L’association France Universités, qui regroupe des dirigeants d’universités, loin de désavouer la présidente abondait dans son sens, dénonçant « les fantasmes d’islamo-gauchisme et de wokisme » qui régneraient à l’Université. Fabrice Balanche a été placé sous protection fonctionnelle. Où ira-t-il se réfugier lorsque l’Université française sera devenue l’ultime refuge du wokisme ?

« Ce que dit le narcotrafic de l’affaissement de la France »
En France, le narcotrafic, c’est l’autre nom des conséquences. Quand un pays s’affaisse, cède aux pressions migratoires, relâche son autorité, dégrade son école, disloque les familles, efface sa culture, il laisse place à l’argent facile, à la violence sauvage, aux plaisirs autodestructeurs. En cinquante ans, nous sommes passés de Borsalino à la DZ Mafia. Le conseil municipal d’une petite ville de province qui, au début des années 1980, réglementait les alambics, découvre, dans ses rues, l’horreur du trafic de crack.
De Marseille à Saint-Ouen, le Petit Nicolas et ses copains marchent au parc ou dans la cour de l’école sur les seringues ou les sachets de poudre. Rennes résonne du bruit des kalachnikovs et, de Poitiers à Grenoble, les braves gens croisent, entre deux courses, l’un des trois mille « points de deal » qui gangrènent notre pays. Évidemment, le trafic, l’addiction, la drogue, le crime organisé n’ont pas attendu notre temps pour semer la mort, mais il faut être Pangloss pour ne pas voir que nous ne cessons de franchir des seuils. « Péages » à l’entrée de cités, partition du territoire, conférence de presse menaçante et maintenant attaques de prison : c’est tout l’ordre social qui est ébranlé. L’État tente de répondre, pied à pied, mais tout indique qu’il est débordé.
C’est pour cela que la loi portée par Bruno Retailleau et Gérald Darmanin était plus que nécessaire. Nécessaire mais certainement pas suffisante. Cette loi est un préalable, mais le sursaut doit être d’une tout autre ampleur. Il exige que les mots retrouvent enfin leur sens. La frontière sans laquelle il est impossible d’empêcher les trafics. La sanction qui devrait être immédiate et impitoyable, du gros bonnet au consommateur en passant par les vendeurs, les guetteurs, les transporteurs. L’Éducation qui élève l’homme au-dessus de ses pulsions. La langue qui libère du seul langage de la violence. La culture, la sociabilité, les attachements, la transmission, les efforts du corps, la vie de l’esprit : toutes ces richesses immatérielles qui surclassent, sans convoquer la morale, les paradis artificiels.
Les narcotrafiquants n’ont pas seulement fait dans notre pays plus de cent morts en un an. Ils posent aussi à notre société disloquée, déboussolée, déprimée, une question existentielle.


TRIBUNE - La façon caricaturale dont est présenté le libéralisme dans le débat public est la preuve d’un manque criant de culture sur cette école de pensée, son exercice pratique, mais aussi sur ses acteurs et leurs origines, regrettent la docteur en sciences et l’essayiste*.
* Aurélie Jean a récemment publié « Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes » ( L’Observatoire, 2024). Erwan Le Noan est l’auteur de L’Obsession égalitaire. « Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » (Presses de la Cité, 2023).
Admettons-le, en France le libéralisme n’a pas bonne presse. Il est réduit à une conflictualité sociale, à un chaos économique, à une vilenie humaine dont il faudrait se méfier et s’éloigner. Dans un contresens alimenté par quelques esprits acerbes ou ignorants, l’imaginaire collectif l’associe à des figures autoritaires, à des héros immoraux ou à des épisodes brutaux. Le débat politique le présente comme une idéologie, à la fois dominante et sans cesse vacillante, structurée mais incertaine. La caricature le décrit sous les traits de privilégiés avides, soucieux de leur égoïsme. Tout cela est faux et démontre un manque de culture populaire sur cette école de pensée et son exercice pratique, sur ses acteurs et sur leurs origines. Car, contre l’idée reçue, on ne naît pas libéral, on le devient !
Être libéral, c’est se demander sans cesse comment, en toutes circonstances, rendre chaque individu plus libre de choisir sa vie, en respectant celle des autres. Être libéral, c’est être convaincu que la meilleure voie pour y parvenir est l’autonomie (non l’indépendance) individuelle et l’échange, qui fait croître la richesse et le savoir - et la cohésion sociale par l’entraide. Être libéral, c’est se rappeler que la liberté est fragile et que la défendre est un combat continuellement renouvelé, qui n’accepte pas de solution unique et implique un questionnement permanent.
Le libéralisme ne propose ainsi qu’un guide de lecture, une référence dans toute réflexion : en revenir systématiquement au choix libre et responsable de l’individu, pour que chacun puisse déterminer par soi-même la voie de sa propre conception d’une vie réussie. C’est un goût pour le doute qui impose la modération et le changement en réponse aux déséquilibres sociaux, économiques et culturels. Le libéral assume de se tromper et corrige sa pensée.
Aussi, le libéralisme ne s’hérite pas, il s’acquiert. Les plus convaincus des libéraux et les plus convaincants sont certainement ceux qui, venant de tout horizon social et économique, ont fait un cheminement intellectuel propre à leurs expériences.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité – et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.Le libéral est, très tôt, revêche à toute forme d’autorité qui ne se légitime pas ou qui vient limiter l’épanouissement de l’individu. Il aime, chez Camus, l’aspiration à la révolte philosophique. Il remet sans cesse en question les affirmations. Cet esprit de fronde naît parfois dès l’école, comme chez Stefan Zweig.
Cette indocilité du libéral est une inquiétude, qui le conduit à se méfier de tout pouvoir, surtout démesuré, surtout s’il n’accepte pas la contestation : le libéral est fébrile devant les réflexes courtisans de ceux qui s’aplatissent complaisamment devant le renforcement continu de la puissance publique et son contrôle de nos vies. Il se retrouve dans Tocqueville ou Montesquieu. Il ne peut oublier que, au XXe siècle, c’est l’État, pas l’entreprise, qui a été l’instrument privilégié des pires abominations de l’histoire : le fascisme, le communisme, le nazisme. Le secteur privé n’est pas parfait, mais lui est soumis à la contradiction permanente de la concurrence.
Défier les vérités imposées
La révolte libérale est, plus encore, celle de tous ceux qui, au nom de la dignité de l’individu, ont résisté par les mots ou par les armes, aux totalitarismes : Arendt, Aron, Havel, Voltaire… Un libéral cherche à défendre la liberté des autres, même celle de ses contradicteurs ou celle dont il ne bénéficie pas.
On devient libéral en doutant des choix subis, en défiant les vérités imposées : tous les individus étant égaux, personne n’a le droit de choisir votre vie à votre place sans votre consentement explicite. Le libéral se retrouve dans les combats de Simone Veil pour les femmes. Il est ouvert à une réflexion honnête sur les évolutions de la société : la liberté individuelle sera-t-elle confortée ou amoindrie si la société admet la GPA ou une loi sur la fin de vie ?
Le libéral ne saurait dès lors être conservateur et encore moins réactionnaire, car il refuse les états de fait, il conteste les vérités imposées, il renie les réflexes qui obstruent la pensée. Il s’inquiète, il s’interroge, il doute jusqu’à se forger une conviction intime, conscient qu’elle n’est pas nécessairement partagée.
Le libéral n’est pas non plus un révolutionnaire, car, convaincu de l’égalité entre les individus, il privilégie le droit et la délibération. Il croit à la dignité de chacun et à la légitimité de toutes les paroles. Il se défie de « l’homme providentiel ». Il est démocrate.
Dépasser nos propre limites
Le libéral est dans un questionnement régulier, même en contradiction avec les siens. Avec Germaine de Staël, il s’inquiète des passions - et des populistes qui prétendent clore le débat. Il a appris à dompter les élans emportés de la colère, il plaide pour maîtriser la violence, même légitime. Il refuse tout ce qui attache les individus à une caste et rejette les assignations. Avec Vargas Llosa, il repousse l’obligation d’appartenir à une « tribu » et ne reconnaît que les allégeances choisies.
Sa quête est celle de la créativité. Être libéral, c’est reconnaître à chacun sa part de talent et d’inventivité - et donc sa légitimité à participer à l’enrichissement intellectuel ou matériel du monde.
La quête libérale se réalise souvent dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dans la recherche du dépassement de nos propres limites, de notre propre finitude, en prenant le risque de créer ce vers quoi ou ceux vers qui conduisent nos aspirations. Est libéral celui qui cherche à créer sa voie. En ce sens, il favorise le marché, car il y voit le meilleur instrument de coordination volontaire de milliards de volontés divergentes.
Certains deviennent enfin libéraux par émotion. Par une répulsion instinctive de l’oppression, de l’injustice, de l’écrasement. Par une bouffée charnelle de liberté. Par une volonté irréductible et indomptable de tromper le sort. Par la découverte d’une force intérieure ou d’une espérance inextinguible. On ne naît pas libéral. On le devient.


Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !
Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.
Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :
- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.
- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique. Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.
La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.
Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.
Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.
Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.
Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.
Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.
Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?
Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.
Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.
NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité
particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre
Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné
en appel !). Deux poids et deux mesures ?

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.
Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?
Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :
1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :
- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive
- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.
On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...
2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.
Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).
Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).
Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?
3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.
4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?
La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?
Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !