Énergies renouvelables et nucléaire en France : une analyse écologique, économique et sociale pour mieux comprendre les enjeux

Julien Lagarde • 26 août 2025

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Le débat énergétique français est trop souvent dominé par une approche idéologique, où l’écologie politique promeut massivement l’éolien et le solaire, en occultant leurs limites structurelles. Or, les données sont claires : selon RTE et l’ADEME, le solaire et l’éolien présentent des facteurs de charge faibles (15 % pour le photovoltaïque, 25 % pour l’éolien terrestre), nécessitent un renforcement massif des réseaux et des moyens de compensation, générant ainsi des surcoûts pouvant atteindre 40 à 75 €/MWh . À cela s’ajoute une dépendance stratégique à la Chine pour plus de 80 % de la production mondiale de panneaux solaires, produite à partir d’un mix électrique carboné. Ces réalités démontrent que ces filières ne peuvent constituer, seules, la colonne vertébrale de notre système énergétique. 
À l’inverse, le nucléaire français affiche des performances inégalées : 4 à 6 g de CO₂/kWh contre 14 g pour l’éolien et 25 à 44 g pour le solaire , une durée de vie deux à trois fois plus longue (60 ans contre 20-25 ans pour les renouvelables) et un coût de production maîtrisé autour de 53 €/MWh pour le parc existant, sans coûts système additionnels grâce à sa pilotabilité. Ces chiffres soulignent que le nucléaire constitue non seulement l’outil le plus écologique, mais aussi le plus économique et le plus souverain. 
En ce sens, la droite porte aujourd’hui une vision écologique fondée sur la rationalité et la responsabilité. Refusant l’utopie et la démagogie, elle s’appuie sur les données factuelles pour défendre une stratégie qui allie compétitivité économique, souveraineté énergétique et protection du climat. Là où certains cèdent à l’illusion d’une transition reposant exclusivement sur les renouvelables, la droite affirme que seule une combinaison équilibrée, centrée sur le nucléaire, peut réellement garantir l’avenir écologique et industriel de la France.
Pour plus de détails, nous vous invitons à lire ci dessous un comparatif très détaillé couvrant les points de vue à la fois économique, écologique et social, réalisée par notre ami Julien Lagarde de manière objective et couvrant tous les aspects de ce débat fondamental pour l'avenir de notre stratégie énergétique.
  Le bureau de LD31 (Maxime Duclos)



Énergies renouvelables et nucléaire en France : une analyse écologique,  économique et sociale 
pour mieux comprendre les enjeux 

I. Introduction 

La question de l’articulation entre nucléaire et énergies renouvelables occupe une place centrale dans  le débat public depuis l’accord conclu entre Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le Parti Socialiste lors  de l’élection présidentielle de 2012. Cet accord prévoyait le soutien des Verts à condition que la part du  nucléaire dans la production électrique Française soit réduite à 50 %. Depuis, le sujet reste  régulièrement évoqué, mais souvent de manière partisane, sans véritable analyse objective de l’apport  respectif des différentes sources d’énergie. 

Il y a encore quelques années, défendre le nucléaire revenait à s’exposer à de vives critiques, voire à  être perçu comme insensible aux enjeux écologiques. Toutefois, l’évolution récente du contexte  énergétique, marquée par la forte hausse des prix de l’électricité (notamment du fait du mécanisme de  l’ARENH) a contribué à faire émerger de nouvelles voix en faveur du nucléaire, désormais majoritaires  dans l’opinion publique. 

Aujourd’hui, la transition énergétique Française soulève plus que jamais des débats structurants. Les  partisans des énergies renouvelables et ceux du nucléaire s’affrontent sur leurs mérites respectifs. Dans  un contexte de lutte contre le changement climatique et de recherche d’indépendance énergétique, il  apparaît indispensable d’évaluer de manière factuelle les performances de l’éolien, du solaire et du  nucléaire, tant sur le plan écologique qu’économique. 

II. Le paysage énergétique Français actuel : les données de RTE 2024 

La France se distingue en Europe par un mix énergétique dominé par le nucléaire, qui représente  encore près de 70 % de sa production électrique. Néanmoins, les énergies renouvelables connaissent  une progression soutenue : selon le bilan électrique 2024 publié par RTE, l’éolien et le solaire ont produit  70 TWh en 2024, contre 46 TWh en 2019, soit une croissance de plus de 50 % en cinq ans. 
Cette dynamique s’inscrit pleinement dans les orientations stratégiques fixées par les pouvoirs publics.  EDF prévoit une augmentation de plus de 70 % de la capacité installée en énergies renouvelables entre  2021 et 2030, pour atteindre 60 GW nets. La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe, quant  à elle, un double objectif à l’horizon 2030 : porter la part des énergies renouvelables à 33 % de la  consommation finale brute et assurer que 58 % de la consommation finale d’énergie provienne de  sources décarbonées, incluant le nucléaire. 
À l’échelle européenne, la tendance est tout aussi marquée. Fin 2024, les capacités installées en  énergies renouvelables au sein de l’Union européenne atteignaient 338 GW, en hausse de 66 GW en  un an, confirmant l’accélération du déploiement de ces technologies. 

III. Analyse écologique détaillée : des performances carbone exceptionnelles 

A. La supériorité du nucléaire Français en matière d'émissions 
Sur le plan des émissions de CO₂, le parc nucléaire Français affiche des performances inégalées à  l’échelle mondiale. Selon une analyse du cycle de vie menée par EDF, chaque kilowattheure produit en  France par le nucléaire n’émet en moyenne que 4 g de CO₂, faisant de cette technologie la plus  décarbonée au monde. 
Cette excellence est corroborée par la Base Carbone de l’ADEME, qui chiffre les émissions à 6 g de  CO₂/kWh pour le nucléaire. Ce niveau reste nettement inférieur à celui des principales filières 
renouvelables : environ 14 g de CO₂/kWh pour l’éolien terrestre, et entre 25 et 44 g de CO₂/kWh pour  le solaire photovoltaïque selon l’origine de fabrication des panneaux. 
Cette différence s'explique par plusieurs facteurs : 
• Durée de vie exceptionnelle : 60 ans pour les centrales nucléaires contre 20-25 ans pour les  éoliennes et les panneaux solaires 
• Densité énergétique : Une centrale nucléaire produit sur une superficie réduite l'équivalent de  centaines de km² d'éoliennes 
• Matériaux nécessaires : Le nucléaire nécessite 40 fois moins de matériaux que l'éolien pour  produire la même quantité d'électricité 

B. Les défis cachés des renouvelables 
Contrairement aux idées reçues, les énergies renouvelables présentent plusieurs défis  environnementaux significatifs. 

1. Pour l'éolien : 
• Impact sur la biodiversité : Mortalité aviaire et perturbation des corridors migratoires • Matières premières critiques : Besoin massif de terres rares et de cuivre • Recyclage complexe : Les pales d'éoliennes, composées de matériaux composites, sont  difficilement recyclables 

2. Pour le solaire : 
• Dépendance à la Chine : 80% des panneaux produits avec un mix électrique très carboné  (charbon) 
• Matières toxiques : Utilisation de solvants et métaux lourds lors de la fabrication • Artificialisation des sols : Les centrales au sol consomment des surfaces agricoles  considérables 

C. Temps de retour énergétique 
En moyenne, une éolienne compense les émissions générées lors de sa fabrication en seulement  quelques mois d’exploitation, ce qui explique la solidité de son bilan carbone sur l’ensemble de son  cycle de vie. 

IV. Analyse économique approfondie : la révolution des coûts 

A. L'effondrement des coûts des énergies renouvelables 
Sur le plan économique, la compétitivité des énergies renouvelables s’est fortement renforcée au cours  de la dernière décennie. Selon une étude de l’ADEME publiée en décembre 2024, le coût actualisé de  production (LCOE) de l’électricité éolienne terrestre s’élevait en 2022 à 59 €/MWh pour les nouvelles  installations, contre plus de 80 €/MWh il y a dix ans. Cette évolution traduit une baisse structurelle et  continue des coûts. L’ADEME estime ainsi que les parcs mis en service entre 2015 et 2020 affichent un  coût de production en moyenne 18 % inférieur à celui de la période précédente. 
Le solaire photovoltaïque a connu une trajectoire encore plus spectaculaire. D’après le dernier rapport  de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le coût actualisé moyen pondéré  de l’électricité produite par les centrales solaires à grande échelle s’élevait en 2024 à 40 €/MWh (0,040  €/kWh), confirmant la place du solaire parmi les sources d’énergie les plus compétitives au niveau  mondial.

B. L'éolien offshore : une baisse spectaculaire 
L’éolien en mer illustre de manière exemplaire la baisse rapide des coûts de production. Lors des  premiers appels d’offres attribués en France, les tarifs garantis avoisinaient 130 €/MWh. Depuis, les  coûts ont fortement reculé : le dernier appel d’offres, portant sur le futur parc de Dunkerque, a abouti à  un prix de 44 €/MWh pour une mise en service prévue autour de 2025. 
Cette diminution de plus de 65 % en l’espace de quelques années témoigne des avancées  technologiques et des gains industriels majeurs réalisés par la filière. 

C. Le coût réel du renouvelable : au-delà du LCOE 
Si les coûts de production (LCOE) de l'éolien (59 €/MWh) et du solaire (40 €/MWh) paraissent attractifs,  le coût réel pour le système électrique est bien supérieur une fois intégrés tous les coûts  annexes : 
Coûts-système de l'intermittence : 
• Renforcement du réseau électrique : 15-25 €/MWh 
• Moyens de backup thermiques : 10-20 €/MWh 
• Stockage et équilibrage : 15-30 €/MWh 
• Total des surcoûts : 40-75 €/MWh 
Soutiens publics persistants : Le coût de soutien public à l'éolien représente encore 1€ par mois et  par foyer Français selon la CRE. Ces subventions, payées par tous les consommateurs via la CSPE,  masquent la réalité économique des renouvelables. 

D. L'avantage économique durable du nucléaire existant 
Le parc nucléaire Français, largement amorti, présente un coût de production imbattable :
• Coût marginal : 30-40 €/MWh selon EDF 
• Coût complet incluant maintenance : 53 €/MWh 
• Aucun coût système additionnel grâce à la pilotabilité 
La compétitivité économique du parc nucléaire existant génère une rente significative, qui contribue à  financer la transition énergétique tout en garantissant des prix de l’électricité attractifs pour les  consommateurs Français. 

V. L'intermittence des renouvelables : un défi systémique majeur 

A. La pilotabilité, avantage décisif du nucléaire 
Un des atouts majeurs du nucléaire Français réside dans sa pilotabilité. Contrairement aux énergies  renouvelables intermittentes, il assure une production constante et contribue au maintien de la stabilité  du réseau électrique, un facteur essentiel pour l’équilibre permanent entre production et consommation. Le facteur de charge du parc nucléaire Français dépasse 70 %, contre environ 25 % pour l’éolien  terrestre et 15 % pour le solaire photovoltaïque. En pratique, cela signifie qu’une centrale nucléaire de  1 000 MW produit chaque année trois à quatre fois plus d’électricité qu’un parc éolien de capacité  équivalente.

B. Les coûts cachés de l'intermittence qui changent la réalité 
L'intermittence de l'éolien et du solaire génère des coûts système significatifs rarement pris en compte  dans les comparaisons de prix. Ces coûts incluent : 
• Le renforcement du réseau électrique : L'intégration massive d'énergies renouvelables  nécessite des investissements considérables dans les infrastructures de transport et de  distribution pour gérer la variabilité de la production 
• Les moyens de backup : Il faut maintenir des centrales thermiques ou hydrauliques en réserve  pour compenser l'absence de vent ou de soleil 
• Le stockage d'énergie : Batteries, stations de pompage (STEP), ou hydrogène vert  représentent des investissements colossaux 
• Les coûts d'équilibrage : La gestion en temps réel des fluctuations nécessite des systèmes  sophistiqués et coûteux 
Ces coûts additionnels peuvent représenter 20 à 40 €/MWh supplémentaires selon les études, réduisant  considérablement l'avantage économique apparent des énergies renouvelables. 

VI. L'acceptabilité sociale : les défis des énergies renouvelables 

A. Impact visuel et dégradation paysagère 
L’implantation des parcs éoliens soulève des questions d’acceptabilité, en raison des effets sur la qualité  de vie des riverains. Les nuisances sonores et visuelles, y compris l’effet stroboscopique nocturne, ainsi  que certaines atteintes à l’environnement, sont fréquemment évoquées. Les éoliennes modernes,  atteignant jusqu’à 200 mètres de hauteur – soit plus que la tour Montparnasse – génèrent un impact  visuel significatif sur plusieurs kilomètres. 
Cette dimension esthétique et patrimoniale fait l’objet d’un examen attentif de la part des riverains et  des autorités Françaises, posant des questions légitimes sur la préservation des paysages ruraux et du  patrimoine culturel. 

B. Dépréciation immobilière 
À cela s'ajoute la baisse de valeur des biens immobiliers situés à proximité des parcs éoliens. Cette  dépréciation, documentée par plusieurs études notariales, peut atteindre 10 à 30% de la valeur initiale  selon la distance aux éoliennes. 

C. Nuisances pour les populations rurales 
Les populations rurales subissent de manière disproportionnée les nuisances liées au développement  éolien : 
• Nuisances sonores continues (45 à 50 dB la nuit) 
• Effet stroboscopique des pales en rotation 
• Détérioration des chemins ruraux par le transport de matériel lourd 
• Artificialisation de zones agricoles 
Le nucléaire, concentré sur quelques sites, évite cette dispersion des nuisances sur l'ensemble du  territoire rural.

VII. Les scénarios prospectifs de RTE : vers une complémentarité 

RTE, gestionnaire du réseau de transport électrique Français, a étudié plusieurs scénarios visant la  neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de maximiser la production  d’électricité décarbonée, en particulier d’ici 2030. Selon ces modélisations, un mix associant énergies  renouvelables et nucléaire apparaît comme la solution la plus efficace pour réduire de 55 % les  émissions de gaz à effet de serre de la France à cette échéance. 
Cette analyse officielle souligne l’urgence de définir dès maintenant des orientations stratégiques  cohérentes et confirme que ces technologies doivent être considérées comme complémentaires plutôt  que comme opposées. 

VIII. Impact macroéconomique et acceptabilité sociale 

Au-delà des coûts de production, il convient de considérer l'impact sur les ménages Français. On estime  à 1€ par mois par foyer, le coût de l'énergie éolienne pour les Français et ce, en 2016. C'est le coût  annuel du soutien à l'éolien pour un ménage consommant 2,5 MWh par an, selon la CRE. Ce coût de  soutien public tend à diminuer avec la baisse des coûts de production. 

A. Défis technologiques et industriels 
1. Pour les énergies renouvelables 
D'après les projections, ces montants pourraient aussi être divisés par deux d'ici 2050 pour les coûts  de maintenance de l'éolien, illustrant les perspectives d'amélioration continue. L'enjeu principal reste le  développement d'une industrie européenne compétitive face à la concurrence asiatique,  particulièrement pour le solaire. 
2. Pour le nucléaire 
Le défi du nucléaire Français réside dans la capacité à maintenir l'excellence technique tout en  maîtrisant les coûts des nouvelles générations de réacteurs. Les projets de petits réacteurs modulaires  (SMR) et l'optimisation des processus de construction constituent les principales pistes d'amélioration. 

B. Vers une stratégie énergétique intégrée 
L'analyse des données récentes montre que l'opposition frontale entre nucléaire et énergies  renouvelables apparaît de plus en plus dépassée. Au global, l'énergie éolienne terrestre est la filière  renouvelable la plus compétitive économiquement, tandis que le nucléaire existant reste un atout  précieux pour la stabilité du réseau et la décarbonation. 
La stratégie Française semble s'orienter vers un mix diversifié exploitant les avantages de chaque  technologie : la stabilité et la puissance du nucléaire pour la base de production, complétées par le  développement massif des énergies renouvelables pour répondre à la croissance de la demande  électrique et au remplacement progressif des énergies fossiles. 

IX. Conclusion : le nucléaire, pilier indispensable de la transition énergétique Française 

L’analyse des données 2024 confirme que le nucléaire français conserve des atouts déterminants face  aux énergies renouvelables. Avec des émissions limitées à 4 à 6 g de CO₂ par kWh, il affiche les  meilleures performances carbone au monde, surpassant l’éolien terrestre (14 g CO₂/kWh) et le solaire  photovoltaïque (25 à 44 g CO₂/kWh). 
Les atouts du nucléaire sont multiples : 
• Pilotabilité totale : Production stable 24h/24, 365 jours par an 
• Facteur de charge supérieur : 70% contre 25% pour l'éolien et 15% pour le solaire • Emprise territoriale minimale : Une centrale remplace des centaines de km² d'éoliennes
• Durée de vie exceptionnelle : 60 ans contre 20-25 ans pour les installations renouvelables • Acceptabilité sociale : Concentration sur quelques sites évitant la dispersion des nuisances 
Les défis persistants des renouvelables : 
• Intermittence : Coûts système de 20 à 40 €/MWh supplémentaires 
• Impact paysager : Dégradation des paysages ruraux et dépréciation immobilière • Dépendance technologique : 80% du solaire produit en Chine avec un mix carboné • Matières critiques : Besoin massif de terres rares et métaux stratégiques 
Si les énergies renouvelables peuvent jouer un rôle complémentaire, le nucléaire demeure le pilier  central d’une stratégie énergétique efficace pour la France. Il convient de prioriser le renouvellement et  l’extension du parc nucléaire, qui constitue un atout concurrentiel unique face aux défis climatiques. 
Maintenir une prédominance nucléaire, tout en développant de manière ciblée les renouvelables là où  elles apportent une réelle valeur ajoutée, apparaît comme la stratégie la plus rationnelle pour concilier  les impératifs climatiques, économiques et d’acceptabilité sociale. 
La France dispose avec son parc nucléaire d’un avantage industriel et environnemental considérable,  qu’il serait contre‑productif de compromettre au profit d’une vision exclusivement renouvelable,  déconnectée des réalités techniques et économiques du système électrique. 

Sources principales :
• RTE (Réseau de Transport d'Électricité) - Bilans électriques 2023 et 2024 
• ADEME (Agence de la Transition Écologique) - Base Carbone et études de coûts 2024 • EDF - Analyse du cycle de vie du kWh nucléaire 
• EDF - "Produire une énergie respectueuse du climat" (2025) - Objectifs 60 GW renouvelables  2030 
• IRENA (Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables) - Rapport mondial des coûts  2024 
• Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) - Rapports sur les coûts des énergies  renouvelables 
• Ministère de la Transition Écologique - Chiffres clés des énergies renouvelables 2024

par Alexandre Devecchio dans FigaroVox 4 octobre 2025
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par Étienne Gernelle 1 octobre 2025
Un éditorial d'Étienne Gernelle dans Le Point : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/etienne-gernelle-le-zucmano-lepenisme-ou-le-fantasme-du-quelqu-un-d-autre-paiera-25-09-2025-2599534_32.php L’incroyable opération Zucman a encore frappé. Dans une France oppressée de ses difficultés économiques, on peut comprendre que l’appel pour la beauté des démonstrations mathématiques, l’autorité conférée par l’aura d’une grande université américaine (Stanford, rien de moins !) et l’image flatteuse de l’exil fiscal retourné contre lui séduisent. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est enrobée dans des habits de prestige qu’elle est juste. Gabriel Zucman, économiste de gauche, très respecté dans son milieu, mène depuis des années une campagne pour la création d’un impôt mondial sur la fortune. Son raisonnement est simple : puisque les riches peuvent déplacer leurs fortunes pour éviter l’impôt, il faut créer un prélèvement coordonné à l’échelle planétaire. Avec cette manœuvre habile, on peut faire passer l’utopie du grand soir pour un pragmatisme de bon sens. L’idée séduit les partis de gauche, évidemment, mais aussi le RN, qui l’utilise dans sa rhétorique « anti-riches » tout en caressant l’espoir de voir cet argent magique remplir les caisses de l’État français. Le problème est que l’impôt mondial, même présenté avec le sérieux des économistes bardés de diplômes, reste une chimère. Il n’existe aucune instance capable de le mettre en œuvre, aucun mécanisme de contrainte universelle pour obliger tous les pays à l’adopter, et encore moins à le percevoir et le redistribuer. Déjà qu’à l’échelle européenne, l’harmonisation fiscale ressemble à un chemin de croix interminable, on imagine mal la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et d’autres accepter de s’aligner sur une taxation commune des patrimoines. En réalité, cet impôt mondial, c’est un peu la version contemporaine du mythe de l’argent magique. L’idée que l’on pourrait financer les dépenses publiques toujours croissantes non pas en faisant des choix, en hiérarchisant, en arbitrant – bref en gouvernant –, mais en allant chercher ailleurs des ressources illimitées. Le grand fantasme du « quelqu’un d’autre paiera ». Dans son livre Le triomphe de l’injustice, Zucman, avec son complice Emmanuel Saez, avait déjà popularisé cette vision, qui a rencontré un immense écho. Le discours est rassurant, flatteur : si les services publics se dégradent, si la dette explose, ce n’est pas à cause d’un excès de dépenses, d’une fuite en avant budgétaire, mais de la rapacité des riches et de l’insuffisance de la redistribution. La réalité, d’abord, est que la France n’est pas avare en matière de prélèvements : elle figure parmi les pays les plus taxés au monde, avec une fiscalité déjà très redistributive. Ensuite, croire qu’un impôt mondial règlerait tout revient à s’installer dans une illusion dangereuse. Au lieu d’affronter nos problèmes réels – la faible productivité, l’absence de réformes structurelles, l’endettement chronique –, on préfère croire qu’une baguette magique fiscale viendra nous sauver. La facilité d’adoption de ce discours tient au fond à un trait bien français : le refus de la responsabilité budgétaire. Depuis quarante ans, la dépense publique croît sans frein, chaque gouvernement repoussant le moment de la vérité en empruntant davantage. Comme si le monde entier était condamné à payer notre confort. Bref, le zucmano-lépénisme est une jolie fiction. Mais elle ne résout rien. Au contraire, elle alimente notre incapacité à voir la réalité en face. À force de rêver d’un impôt universel et miraculeux, on se prive des vraies solutions, certes moins spectaculaires, mais infiniment plus efficaces : réformer, produire plus et dépenser mieux.
par Franz-Olivier Giesbert 1 octobre 2025
Un edito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point https://www.lepoint.fr/editos-du-point/fog-comme-un-champ-de-ruines-24-09-2025-2599462_32.php Que la gauche ait perdu toutes les élections depuis 2017, même quand elle clamait victoire, cela ne l’empêche pas de détenir les clés du pouvoir : tel est le paradoxe qui contribue à ruiner notre vieille démocratie. D’où le sentiment qu’ont les Français de n’être plus gouvernés et leur tentation de renverser la table. Certes, il est toujours sain, dans une démocratie, qu’un pouvoir soit confronté sans cesse à des contre-pouvoirs. Mais à condition que ceux-ci ne finissent pas par le paralyser ou par prendre sa place. Or la gauche d’atmosphère contrôle à peu près toutes les institutions de la République. Sur le papier, c’est beau comme l’antique : vigie de la République, le Conseil constitutionnel est censé vérifier notamment que les lois sont conformes à la Constitution. Sauf qu’il penche fortement à gauche et à la peur du crédit, notamment en censurant, l’an dernier, la commande d’Emmanuel Macron et de son ministre Laurent Fabius, près de soixante textes d’application de la loi immigration dédiée au contrôle et à l’intégration et pilotée, entre autres, par Bruno Retailleau. L’immigration est un totem, pas touche ! Le 19 juin, le Conseil constitutionnel, toujours dans la même logique immigrationniste, a réduit à néant la loi Attal sur la justice des mineurs, qui, dans notre pays, continuent ainsi de bénéficier d’une sorte de sauf-conduit après avoir commis leurs forfaits, au grand dam d’une majorité de Français. Le 7 août, il a encore enfoncé le même clou en retoquant, au nom de la liberté individuelle, la loi visant à autoriser le maintien en rétention d’étrangers jugés dangereux. En somme, le vénérable institut ignore de moins en moins le droit, tout comme le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, qui a inscrit dans le marbre le regroupement familial en 1978, sans en référer bien sûr à la souveraineté populaire. Les magistrats jugent souvent en fonction de leur conviction – de gauche ou d’extrême gauche. Pas tous, Dieu merci, mais, pour paraphraser La Fontaine, selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements vous rendront blanc ou noir. Une preuve parmi tant d’autres : apparemment, la justice a mis un mouchoir sur l’affaire des assistants des eurodéputés du parti de Jean-Luc Mélenchon, soupçonné de détournements de fonds, comme l’a rappelé opportunément l’Office européen de lutte antifraude, alors que, pour des faits semblables, François Bayrou a déjà été jugé et qu’une peine d’inéligibilité menace Marine Le Pen. Vous avez dit bizarre ? À voir ses « trophées », le célèbre Parquet national financier (PNF) est surtout une machine de guerre contre la droite, avec une obsession : Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir comparé un jour les magistrats à des « cassation » à « des petits pois qui se ressemblent tous ». Pour avoir critiqué dans ce journal ses méthodes, nous savons à quoi nous en tenir : ce n’est pas l’objet du PNF, acharnant judiciairement depuis vingt ans à ruiner des hommes et des femmes, souvent avant même un début de moyens. C’est bien simple : avec sa présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’audiovisuel public est presque totalement noyauté à gauche, sous la houlette de l’inévitable Arcom, « régulateur des médias » qui dépend, entre autres, de l’Éducation nationale... Dans sa “Déambulation dans les ruines”, un livre magnifique, Michel Onfray nous emmène en voyage dans la civilisation gréco-romaine, qui est morte pour laisser place à la nôtre, la judéo-chrétienne, aujourd’hui en point. Dans son introduction, il cite les Fragments posthumes de Nietzsche, où le philosophe allemand évoque les « valeurs du déclin », et force est de constater qu’elles commencent à recouvrir le mur sur notre vieux continent : la désagrégation de la volonté ; le triomphe de la populace ; la domination de la lâcheté sociale ; la honte du mariage et de la famille ; la haine de la tolérance ; la généralisation de la paresse ; le goût du remords ; une nouvelle conception de la vertu ; le dégoût de la situation présente. Réveillons-nous. Maintenant que, grâce à la pédagogie de François Bayrou, les Français saisissent la gravité de la situation financière du pays, il est temps de se ressaisir et de relever la tête. De passer à l’espoir ! Comme disait Tocqueville, « ce n’est pas parce qu’on voit poindre à l’horizon qu’il faut arrêter d’avancer ».
par Vincent Trémolet de Villers 30 septembre 2025
Une tribune de Vincent Trémolet de Villers dans FigaroVox https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-vincent-tremolet-de-villers-sur-les-ruines-de-la-democratie-20250926 L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Il faudrait Juvénal pour décrire cet effondrement. Entre parade du président à New York et conciliabules à Matignon, l’exécutif mime un pouvoir qui lui échappe. Sur à peu près tous les sujets, comme nos ministres, il est démissionnaire. L’Assemblée nationale, nouvelle nef des fous, fait tourner les députés comme des hamsters, de censure d’humeur en budget de fortune. L’autorité judiciaire, en état d’ivresse, remet en liberté surveillée des lyncheurs de policiers pris en flagrant délit mais coffre pour 5 ans un ancien président de la République, triplement relaxé, avant même son procès en appel. Motif de condamnation ? « Association de malfaiteurs » ! Apparemment c’est ainsi que certains magistrats envisagent les politiques, encore plus s’ils sont de droite, et par principe s’ils s’appellent Nicolas Sarkozy. Il faudrait Blaise Pascal pour peindre une telle confusion des ordres. Nos cours suprêmes font de la théologie morale ; après que le contribuable a payé la dîme, la gauche de droit divin prêche dans les médias publics ; un ancien garde des Sceaux fait sa grosse voix pour nous rappeler le grand dogme : une décision de justice, même incompréhensible, ne peut pas être critiquée. Celui qui cède à cette tentation met en péril la démocratie : qu’il soit anathème ! Parlons-en de la démocratie ! Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, dit la Constitution. Pour nos prédicateurs, le peuple n’est plus qu’un monstre hostile à tenir à distance. C’est lui pourtant qui ploie sous le poids de la dette, vit le supplice de l’enfer normatif, subit les effets dissolvants d’une politique d’immigration suicidaire, supporte, dans sa chair et celle de ses enfants, une délinquance de plus en plus barbare. Il faudrait Albert Camus pour rappeler que l’État de droit, trésor des démocraties libérales, n’est pas le paravent des pulsions despotiques de quelques-uns mais « l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux libertés particulières ». Il faudrait de la hauteur de vue, de la clairvoyance, du courage - de la démocratie -, sinon, à force d’osciller entre radicalisation et faiblesse, le régime finira par tomber sur lui-même.
par Arno Klarsfeld dans FigaroVox 20 septembre 2025
Une tribune de Arno Klarsfeld à lire dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/arno-klarsfeld-l-hostilite-des-elites-europeennes-a-l-egard-d-israel-est-une-forme-d-aveuglement-20250915 TRIBUNE - Alors que les chefs de gouvernement européens sont de plus en plus nombreux à élever la voix contre la guerre menée par Israël, l’ancien avocat des Fils et filles des déportés juifs de France rappelle l’enjeu existentiel que représente le conflit au Moyen-Orient pour le petit État juif. Accuser l’État d’Israël de génocide aujourd’hui à Gaza est comparable à l’accusation faite aux Juifs d’empoisonner les puits au XIVe siècle. Beaucoup y croyaient alors et certains y croient aujourd’hui. Quand Emmanuel Macron renvoie aux historiens la responsabilité de déterminer si Israël commet un génocide et qu’il accuse Israël de se comporter de manière barbare, y croit-il ? S’il prend les chiffres du ministère de la Santé du Hamas comme véridiques, c’est-à-dire 60.000 morts dont sans doute près la moitié de combattants du Hamas sur une période de deux ans et sur une population de plus de 2 millions pour Gaza (ou près de 6 millions si l’on inclut la Judée-Samarie ou Cisjordanie), comment croire, alors, qu’Israël commettrait un génocide ? Lors des commémorations du Débarquement durant lequel les Alliés ont bombardé les villes normandes, causant en peu de temps plusieurs dizaines de milliers de morts parmi la population française, le président de la République a-t-il évoqué un génocide ? A-t-il parlé de génocide lors de son discours en 2024 devant la Frauenkirche à Dresde, auquel j’assistais avec mes parents, alors qu’en deux nuits en février 1945 les Alliés ont tué par leurs bombardements des dizaines de milliers de civils allemands ? Et pour Hambourg avec 50.000 morts en un mois de bombardement ? Et pour Tokyo, 100.000 morts en deux nuits ? Hiroshima et Nagasaki ? Contrairement aux Israéliens, les Alliés n’ont jamais cherché à prévenir la population allemande avant les bombardements. Et pourtant, dans le Bureau ovale, le chancelier allemand il y a trois mois remerciait les États-Unis d’avoir libéré l’Allemagne du nazisme. Les Israéliens se battent aujourd’hui pour que la Shoah, qui s’est déroulée avec des complicités dans tous les pays européens, ne se reproduise pas en Israël. Rendons hommage à la population française qui, nourrie de valeurs républicaines et de charité chrétienne, a protesté durant les grandes rafles de l’été 1942 et a permis ainsi aux trois quarts des Juifs de France de survivre. Mais excepté ces Justes, les élites ont été silencieuses ou complices. Et, aujourd’hui encore, au lieu de faire pression sur le Hamas pour libérer les otages et baisser les armes – ce qui arrêterait aussitôt la guerre –, c’est sur Israël que bien des gouvernements européens font pression. Cette hostilité des élites européennes est une forme d’aveuglement, ce sont les fondements de la civilisation occidentale qui sont sapés, l’Europe et Israël ayant le même ennemi inflexible : l’islam radical qui doit être vaincu. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Évidemment, comme le président de la République le dit, la sécurité d’Israël passe par la paix et une solution étatique pour le peuple palestinien. Il suffit de voir sur la carte ce petit bout de territoire qu’est Israël, plus réduit que la Bretagne, entouré de millions de kilomètres carrés du monde arabe avec des centaines de millions d’habitants (tout aussi intelligents que les Israéliens), avec des richesses incommensurables, et de se remémorer qu’il y a 14 millions de Juifs pour plus de 2 milliards de musulmans pour comprendre qu’Israël a intérêt à la paix. Israël est toujours David. Avec ces données, le président de la République comme de nombreux dirigeants européens pourraient également comprendre que c’est une grande partie de ce monde arabe qui ne veut pas la paix et qui est prête à sacrifier générations après générations pour obtenir ce qu’il désire avec passion : la destruction de l’État d’Israël comme État juif. Le monde arabe n’a-t-il pas obtenu au bout d’un siècle et demi la disparition des royaumes francs en Palestine ? Et c’est avec ce souvenir en tête qu’une partie du Quai d’Orsay et des élites européennes considèrent Israël comme une parenthèse dans l’histoire et que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui « enquiquine tout le monde », selon les mots d’un ancien ambassadeur français. Après tout, en termes de fiction géostratégique, cela peut se comprendre. Mais, au moins, il ne faut pas reprocher à l’État qui est agressé de chercher à se défendre de manière bien moins cruelle que l’Occident lorsqu’il menait ses guerres d’expansion et même de défense. Tous les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours en France. Quant à la majorité de la population française, elle comprend que si les Juifs sont chassés de France comme ils ont déjà été chassés des banlieues des grandes villes, ce n’est pas en raison d’un antisémitisme chrétien ou de celui de l’extrême droite. Elle comprend qu’elle risque ensuite d’avoir elle aussi à se soumettre ou à s’en aller.
par Henri Guaino 17 septembre 2025
Magnifique tribune d'Henri Guaino à lire dans le JDD : https://www.lejdd.fr/politique/henri-guaino-le-naufrage-des-politiciens-et-lexigence-dun-chef-161718
par Une interview de Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste 16 septembre 2025
"Dans l’«Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes», le docteur en philosophie et essayiste a réuni 41 intellectuels, dont Chantal Delsol, Pierre Vermeren, Ferghane Azihari ou Christophe de Voogd pour déconstruire cette «novlangue»." Une interview de Sami Biasoni par Alexandre Devecchio dans FigaroVox : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sami-biasoni-le-neoprogressisme-nous-fait-entrer-dans-une-nouvelle-ere-langagiere-20250911 «Antifascisme », « antispécisme », « écriture inclusive », « matrimoine », vous consacrez, avec 41 contributeurs, une encyclopédie aux termes chargés d’idéologie qui inondent nos débats. La langue est-elle devenue un champ de bataille idéologique ? Depuis quand ? Cette bataille sémantico-politique est-elle menée par l’État, les médias, le monde universitaire ? Dans mon précédent essai (Malaise dans la langue française, 2022), également consacré à la question de la langue française, je rappelais que « la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. Les idéologies, de quelque nature qu’elles soient, sont éprouvées par et dans la langue, mère de toutes les causes politiques ». Les manipulations militantes de la langue que nous analysons dans l’ouvrage s’inscrivent quant à elles dans une histoire plus récente : celle du « politiquement correct », dont on peut dater l’origine au tournant des années 1970. Il s’agit d’un phénomène nouveau car il n’est pas imposé par un régime totalitaire, mais émane surtout de normes culturelles et d’usages institutionnels « démocratiques ». Son vecteur de diffusion a trait à un conformisme moral qui se répand à mesure que nos sociétés se fragmentent. Comme l’a montré George Orwell , n’est-ce pas le propre des régimes totalitaires de vouloir transformer la langue ? Sommes-nous face à une nouvelle novlangue ? Les révolutionnaires de 1789 ont promu le « salut public », terrible antiphrase qui masquait l’horreur des exécutions arbitraires pendant la Terreur ; les bolcheviks ont imposé l’usage d’antinomies simplificatrices et manichéennes (par exemple, camarades contre ennemis du peuple) ; le nazisme avait instauré un système langagier complet qualifié de « langue du IIIe Reich » par Klemperer. Nous avons affaire en Occident à une novlangue soft, ce qui la rend d’autant plus pernicieuse. Toutefois, il ne faut pas négliger les forces militantes à l’œuvre : les x-studies (études de genre, de race, de subalternités, etc.), nées sur les campus américains en même temps que s’est diffusée la pratique du politiquement correct dans les milieux dits progressistes outre-Atlantique, ont proactivement et méthodiquement promu ce que je nomme le « foisonnement (pseudo) conceptuel ». En outre, la pensée de la déconstruction est intrinsèquement narrativiste : elle valorise le récit, la subjectivité et l’hyperbole. C’est pourquoi le néoprogressisme et son avatar radicalisé woke nous ont fait entrer dans une nouvelle ère langagière, celle de la saturation de l’espace par ces euphémismes contemporains et autres manipulations sémantiques qui sont l’objet de notre ouvrage. Il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes… Paradoxalement, vous montrez aussi que le politiquement correct langagier, souvent porté par une certaine gauche, est loin de favoriser concrètement le progrès social. Les conquêtes langagières symboliques remplacent les réelles avancées sociales… Cette manipulation du langage est-elle le fruit de l’impuissance du politique et en particulier de la gauche progressiste ? La situation actuelle me paraît résulter de la conjonction de deux phénomènes : d’une part celui que l’on nomme usuellement « paradoxe de Tocqueville », en vertu duquel « quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent » ; autrement dit, à mesure que nous approchons de l’égalité de facto, toute inégalité résiduelle, même infime, nous semble insupportable. D’autre part, il est effectivement probable que l’affaissement du pouvoir politique au sein des démocraties libérales contribue à une survalorisation des causes « symboliques ». Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le confort moral de l’indignation de salon : il est bien plus aisé de vilipender un mauvais usage du mot « femme » que d’aller défendre physiquement celles que l’on opprime dans certaines de nos villes, au Moyen-Orient ou ailleurs. Mais je crois que le sens commun continuera de résister à la rééducation forcée de ceux qui refusent le débat serein, je crois que l’humanisme sincère l’emportera au détriment de l’intolérance de ceux qui préfèrent la forme du discours au discours lui-même. À terme, quelles peuvent être les conséquences en matière d’éducation ? Nos enfants ne sauront-ils plus définir des mots aussi usuels qu’un « homme » et une « femme » ? Posez la question aux militants les plus radicaux : ils ne le peuvent plus ! Certaines définitions qui leur sont imposées relèvent de tautologies dangereuses (une femme est une femme parce qu’elle se sent femme), qui contreviennent à la fois à ce qu’énonce la science (l’existence du fait biologique, sans que soit niée la possibilité de vécus de genre différents de la norme statistique) et à ce que révèle le bon sens. Dans une perspective plus large, il faut comprendre que la langue est tout aussi organique que mécanique : on peut tolérer son évolution – c’est même nécessaire – mais elle ne doit pas être forcée. La brusquer revient à troubler non seulement la pensée des individus, mais aussi leur capacité à constituer un corps social stable. Selon vous, le politiquement correct langagier est également à l’origine de la montée des « populismes », en particulier du trumpisme. Pourquoi ? Ce que vous appelez le « populisme » est-il une réaction démagogique ou simplement une réponse salutaire ? Il s’agit de l’une des causes majeures de la montée des « populismes » dans la mesure où ces derniers prennent essor sur le décalage entre le réel perçu et vécu par les citoyens et la manière dont on décrit le monde. Le trumpisme substitue aux ratiocinations du néoprogressisme une proposition antithétique radicale : celle d’un langage dépouillé, rudimentaire et pragmatique. Or, la simplification outrancière du langage est un autre procédé que les totalitarismes ont toujours encouragé. En matière d’usage de la langue, le pouvoir américain tombe, à mon sens, de Charybde en Scylla. La France, heureusement, résiste. C’est pour cela que nous avons écrit cette Encyclopédie des euphémismes contemporains. Quant au populisme, il est à la fois salut, parce qu’il en revient au sens commun et au souci du corps social dans sa globalité, et un péril, dans la mesure où l’on sait les tentations de contrôle politique démagogique qu’il engendre. Votre livre s’attaque principalement à la novlangue néoprogressiste. Existe-t-il aussi une novlangue de droite ? Par exemple, le mot « woke » est-il employé de manière trop systématique et parfois dans le seul but de discréditer une pensée de gauche ? J’ai relevé près de 300 termes que l’on pourrait qualifier de « manipulations militantes de la langue » : la plupart sont promues par les tenants du néoprogressisme. Il existe bien sûr des néologismes de droite, mais ils sont moins nombreux et fonctionnent différemment. Il s’agit généralement, pour la droite, de résister ou de contre-attaquer. C’est ainsi que des termes comme politiquement correct ou woke ont servi à dénoncer des doléances excessives émanant de la gauche. Parfois, les néologismes issus des rangs de la droite servent à qualifier avec emphase des fantasmes ou des phénomènes émergents indûment présentés comme massifs : les expressions « zone de non-droit », « État profond », « submersion migratoire » sont de cet ordre. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme « woke » se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes Le mot woke a une histoire intéressante : il prend racine dans les années 1930 aux États-Unis, sous la forme de l’injonction « stay woke » (littéralement « restez éveillés ») reprise par divers auteurs et artistes noirs victimes du régime de ségrégation raciale prévalant alors. Il reste néanmoins peu usité durant plusieurs décennies, jusqu’à sa reprise par le mouvement Black Lives Matter en 2012. S’il est initialement destiné à mettre en lumière les personnes noires victimes de confrontations avec les forces de l’ordre, le terme se voit rapidement repris et amplifié par d’autres activistes des mouvements identitaristes pour progressivement prendre le sens plus large qu’on lui connaît aujourd’hui. Au gré du temps, comme dans le cas de la locution « politiquement correct », ce mot a servi à désigner les excès et dérives de la radicalité néoprogressiste, c’est pourquoi peu se réclament aujourd’hui ouvertement du wokisme. Il s’agit là d’une des rares victoires sémantiques dont peut se targuer la droite. Toutefois, il convient de constater que cela s’est produit au détriment de la rigueur, voire de l’honnêteté intellectuelle : nombreux sont ceux qui utilisent désormais ce terme pour qualifier des comportements qui n’en relèvent pas. C’est un abus malheureux. C’est pourquoi Sylvie Perez et moi-même consacrons deux entrées à ce mot central au sein de l’Encyclopédie. Aucune manipulation n’est souhaitable, quel que soit le dessein poursuivi.
par Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique 14 septembre 2025
Une tribune de Jean-Baptiste Michau, professeur de macroéconomie à l’Ecole polytechnique, dans les Echos à propos de la taxe Zucman https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-la-taxe-zucman-appauvrirait-la-france-2185537 "L’économiste Gabriel Zucman soutient l’instauration d’une taxe plancher de 2 % sur le patrimoine au-delà de 100 millions d’euros. L’adoption de cette taxe, qui est envisagée pour le budget 2026, serait profondément nuisible pour l’économie française. Un impôt sur la richesse soulève d’abord un problème de valorisation : la base taxable est fluctuante pour les entreprises cotées en Bourse et difficile à établir pour les entreprises non cotées. Il pose ensuite un problème de liquidité pour les propriétaires d’entreprises en croissance ne versant pas encore de dividendes. Cela pose la question de l’exil fiscal, dont l’ampleur est incertaine. D’un côté, les études empiriques suggèrent que le flux de départs serait limité. D’un autre côté, jamais une taxe aussi massive n’a été mise en œuvre. En outre, si les flux sont limités, le stock de Français fortunés installés à l’étranger est déjà substantiel. L’objectif devrait plutôt être de les faire revenir en France. Frein à l’innovation Outre ces effets, la taxation de la richesse poserait un problème de mécanicité à la croissance. Rappelons que la valorisation d’une entreprise est déterminée par les gains futurs escomptés. La taxation de la richesse diminue donc les perspectives de gains futurs en rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes. De même, l’action d’une entreprise innovante valant essentiellement par ses perspectives de croissance future, une taxe sur la richesse lui est particulièrement nuisible. La taxe Zucman aurait donc un effet très négatif sur l’innovation et sur la croissance. La taxation de la richesse affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme. Une caractéristique des milliardaires est que leur taux d’épargne est particulièrement élevé, avec une consommation souvent négligeable au regard de leurs revenus. Par conséquent, une taxe sur leur richesse consiste pour l’Etat à prélever puis à dépenser des revenus du capital qui auraient sinon été épargnés et réinvestis. Ainsi, cette taxe réduit mécaniquement l’épargne et donc l’investissement. Plus précisément, l’Etat consacre environ 10 % de ses dépenses à l’investissement public et ses dépenses supplémentaires transférées aux Français, qui en consomment une large fraction. Or notamment aux Etats-Unis, l’investissement des entreprises représente environ 80 % des sommes investies, celui de l’Etat environ 20 %. L’investissement public étant en outre moins productif que l’investissement privé, une substitution de ce dernier par le premier réduit le potentiel de croissance. Ainsi, si la taxe Zucman rapportait 16 milliards d’euros par an (0,6 point de produit intérieur brut – PIB – privé), on devrait en conclure que l’investissement privé diminuerait d’autant et que l’investissement public augmenterait au mieux de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) – soit un manque à gagner net de 0,5 point de PIB d’investissement. En finançant l’investissement public par un impôt sur la richesse, on substitue de l’investissement public peu productif à de l’investissement privé productif, et on suscite une dégradation du solde de la balance commerciale. Donc, à PIB inchangé : soit l’investissement diminue de 16 milliards d’euros ; soit ils seraient financés par l’étranger et le déficit commercial se creuse alors de 16 milliards ; soit, plus vraisemblablement, on a une combinaison de ces deux possibilités. Pire : en France, les entreprises innovantes rencontrent souvent des difficultés à se financer. Or, les milliardaires sont précisément les investisseurs les plus à même d’effectuer des placements risqués au service des entreprises en croissance, avec à la clé des rendements élevés. La taxe Zucman entraverait ce vecteur de croissance. Mesure idéologique Bref, en appauvrissant les riches, et en empêchant les grandes fortunes de se constituer, c’est la France qu’on appauvrirait. D’ailleurs, peu après l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes au début des années 1980, les sociétaires ont été conduits à s’expatrier dans des Etats exonérés de l’impôt sur la fortune. La taxe Zucman affaiblirait certainement notre potentiel de croissance à long terme en réduisant l’investissement, en pesant sur l’innovation et en aggravant les déséquilibres extérieurs. En réduisant les recettes fiscales futures, elle pèserait en outre sur le financement des dépenses publiques, dont les principales sont : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc. Cette taxe s’inscrit donc dans une logique purement idéologique et non pragmatique. En instaurant la taxe Zucman, la France serait probablement le seul pays à se l’imposer à elle-même, puisque d’autres pays refusent d’adopter une telle mesure d’idéologie purement idéologique et sans aucune pertinence économique."
par Alexandre Devecchio dans Le Figaro 14 septembre 2025
Une tribune très instructive d'Alexandre Devecchio dans FigaroVox sur la perception par les Français de notre nouveau Premier Ministre: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/alexandre-devecchio-pourquoi-la-majorite-des-francais-n-attendent-rien-de-sebastien-lecornu-20250911 LA BATAILLE DES IDÉES - L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français. Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ? « La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites. "Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution" Le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique. «Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle» « Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir. Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens.
par Sébastien Laye (Valeurs Actuelles) 13 septembre 2025
"L’attractivité d’un pays, du point de vue des investisseurs, dépend en partie de l’accueil qui y est fait à l’innovation et de la stabilité juridique. À l’heure actuelle, en cette matière, la France va à l’encontre de ses intérêts" https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/le-principe-de-precaution-est-un-obstacle-a-la-croissance-economique