Des décisions impopulaires mais nécessaires

  • par David Gerson
  • 07 mai, 2020

Des décisions impopulaires mais nécessaires

Pour sortir de cette crise qui s’annonce sans précédent, nos gouvernants devront prendre des décisions impopulaires mais nécessaires pour en sortir le plus rapidement possible et éviter une trop grande casse qui ne pourrait pas être surmontée.

 

Dans le monde politique français, il est répété régulièrement qu’il y avait un avant 21 avril 2002 et un après. Pour le peuple de France (et même du monde mais parlons d’abord de nous), il y aura un avant 16 mars 2020 et un après.

Jamais dans notre histoire moderne, un confinement aussi strict n’a été adopté, jamais nous n’aurions pensé qu’à l’ère de la technologie si puissante, ou l’information se relaye à une vitesse grand V, qu’un simple virus créerait le plus grand choc économique, encore plus puissant que celui que nous avions connu pendant les deux grandes guerres du XXème siècle. Quand nous analysons de plus près la situation, cette crise aura dévoilé la fragilité de notre économie, car en à peine deux mois, petites, moyennes ou grandes entreprises sont menacées de faillites. Entre une économie des grandes entreprises du CAC 40, de la Bourse, et celles des milliers d’entreprises de commerce, de service, de l’agroalimentaire ou encore de l’artisanat, que tout oppose, là, face à cette crise chacun à son niveau sera gravement touché. Qui aurait pu penser par exemple que le secteur aéronautique, et son fleuron Airbus, serait aussi en danger, entrainant dans son sillon toutes les filières des sous-traitants et les emplois indirects.

Les grandes entreprises appliqueront des plans sociaux, les PME et TPE licencieront en grand nombre, laissant beaucoup de salariés sur le carreau, ce qui aura pour conséquence l’explosion du chômage, et la perte du pouvoir d’achat. Quand on est au chômage avec sa perte de revenus, ou quand on a la peur au ventre pour son emploi, c’est la consommation qui est en forte baisse, c’est la récession économique qui perdure.

 

On peut avoir des doutes sur la gestion sanitaire d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, mais jusqu’à présent sur un plan économique, on peut dire qu’ils ont mis les moyens nécessaires pour éviter l’effondrement de notre économie et garder en vie le maximum des PME et TPE : Chômage partiel, aides nationales et régionales, mise en place du prêt garantie de l’État. C’est bien, mais c’est seulement une mise sous une sorte d’anesthésie générale de nos entreprises. Au moment du redémarrage cela sera plus beaucoup compliqué.

Ne soyons pas rêveurs ou utopistes, tous ces milliards mis sur la table seront à rembourser quoi qu’en disent nos gouvernants. Quand fin 2018 avec la crise des gilets jaunes, ont été mis sur la table 10 milliards d’euros, il était prévu de faire des économies sur les années suivantes, alors pour des centaines de milliards débloqués en deux mois que devrons nous faire… ?

Augmenter les impôts ? Même si ce n’est pas dans les deux années à venir, nous n’y échapperons pas. Seulement ça ne suffira pas, il faudra mettre en place des mesures et des réformes drastiques, dont certaines auraient dû l’être depuis bien longtemps : Fin des 35 heures, taux de tva, harmonisation des charges patronales des entreprises, réduction du nombre de fonctionnaires dans les secteurs administratifs, retraite à 65 ans avec un calcul de la  pénibilité.

 

 

Fin des 35h et retour aux 39h par semaine

 

Les 39h étaient l’heure légale de travail de 1981 et 1998. Pour enrayer le chômage de masse qui existait à la fin des années 90, le gouvernement gauche plurielle de Lionel Jospin, a passé la durée hebdomadaire à 35h sans baisse de salaire en faisant le pari que le partage du temps de travail conduirait à faire descendre la courbe du chômage. Déjà en 1981, passer de 40 à 39h n’avait rien apporté. Mais avec cette loi, c’est toute l’organisation du travail dans les entreprises qui a été chamboulée, avec par exemple ce qu’on appelle les RTT, un vrai casse-tête chinois. Au lieu de simplifier le travail, de réduire le chômage, elle produira son effet contraire au fil du temps et augmentera le coût du travail à l’heure de la mondialisation et de la guerre des prix. Depuis plusieurs années, on nous promet la fin des 35h. Mais une fois arrivé en campagne présidentielle, ou au pouvoir, ce ne sont que des « mesurettes » qui sont prises pour à la fois les contourner et ne pas se mettre à dos les syndicats et les français, ce qui caractérise bien là le manque de courage politique à la française. Certes en 2007, l’exonération des charges sociales et fiscales que met en place Nicolas Sarkozy sur les heures supplémentaires, permettra aux salariés de gagner plus. Mais pour autant les entreprises ne les mettent en place que ponctuellement, selon leurs carnets de commandes, car ces heures sont bien sur majorées de 10 à 25% ce qui est un coût que toutes les entreprises ne peuvent supporter.

Il est donc nécessaire pour la survie de nos entreprises avec la crise économique qui s’annonce violente, de réduire le coût du travail, de leur permettre d’être le plus compétitif possible. Les salariés pour aider les entreprises, mais aussi pour garder leur emploi, devront contribuer à l’effort national. Prenons deux exemples :

·        un commerce avec une ouverture d’une heure supplémentaire par jour, pourrait augmenter son chiffre d’affaire de 10 à 15%.

·        Un constructeur automobile pourrait réduire ses couts de productions de 10%, ce qui est non négligeable par rapport à la forte concurrence du secteur étranger.

Bien sûr il n’est pas envisagé de ma part que cette hausse du temps de travail ne soit pas accompagnée d’une hausse des revenus des salariés, mais elle devra être compensée par une baisse des charges patronales des entreprises : en clair le salaire net sera plus élevé, mais le cout total du salaire charges patronales comprises pour l’entreprise restera identique à celui actuel. Jusqu’à présent le gouvernement Macron n’a baissé que les charges sociales que paye le salarié pour augmenter son salaire net, mais le coût pour l’entreprise reste toujours aussi élevé. Au final c’est le pouvoir d’achat des français qui augmentera, et cet argent à dépenser en plus, ira dans nos entreprises et, via la tva, dans les caisses de l’Etat, ce qui compensera la perte des charges patronales.

Le secteur public devra lui aussi augmenter le temps de travail hebdomadaire à 39h pour les fonctionnaires afin d’accompagner l’effort national et réduire la dépense publique. Cela sera bien sur adapté à chaque secteur de travail, j’y reviendrais plus tard.

Pouvoir d’achat, compétitivité des entreprises et réduction des dépenses publiques seront les 3 grands effets du retour au 39h.

 

Le taux de TVA

 

Nous connaissons plusieurs taux de tva en France, les plus courants étant de 20% pour tous les produits de service et de consommation tel que l’automobile, les produits informatiques et high-tech, le textile etc…., de 10% pour la restauration, et de 5,5% pour les produits alimentaires, de première nécessité, et de tourisme.

Vus les finances de l’État, le niveau de la dette, et les déficits qui vont exploser à la fin de cette année, le moyen le plus simple pour augmenter les recettes serait de relever d’une manière générale le taux de TVA qui est déjà l’impôt qui remplit le plus ses caisses. Mais de le faire de cette façon aussi générale ou simpliste aurait pour conséquence une augmentation des prix non maitrisées et entrainerait une perte de pouvoir d’achat, ce qui est la dernière chose a faire pour inciter à consommer.

Alors que devons nous faire faire ?

Pour ne pas trop toucher aux portefeuilles des français, et sur le principe d’égalité entre tous, il ne faut pas toucher au taux de 5,5% sur les produits alimentaires.

Pour les secteurs les plus touchés comme le tourisme ou la restauration, il faudra envisager une baisse de la tva (de 5,5% à 2,5% pour le premier, de 10% à 5,5% pour le second) pour pouvoir redémarrer plus sereinement et éponger un peu les pertes liés à la fermeture administrative plus longue des établissements, dont nous ne connaissons d'ailleurs toujours pas la date de réouverture….

Pour remplir un peu les caisses de l’Etat,  le taux de TVA de 20% doit être relevé : 1% d’augmentation de ce taux de  TVA c’est 7 milliards d’€ de plus dans les caisses !

 Pour favoriser la production française et sauvegarder les emplois, un taux de tva différent devra être appliqué si le produit est importé de l’étranger. Un taux de 21% sur les produits français et un de 24% sur les produits étrangers rapporterait aux alentours de 20 milliards d’€ aux caisses de l’État. L’augmentation des prix entre les produits français, européen, et étranger serait en moyenne de 2%, beaucoup plus faible que le pouvoir d’achat lié au passage des 39h et l’augmentation du salaire net. Bien sur, l’augmentation des recettes de TVA compensera la perte des charges patronales. Cela ne vous rappelle rien ?... la TVA sociale tout simplement !

 

L’harmonisation des charges patronales des entreprises

 

Depuis 2004, il existe une réduction des charges patronales, appelée Fillon, pour les salaires allant du smic à 1,6 fois le smic. Si cette réduction a permis de réduire le cout du travail du salaire minimum par rapport à nos voisins européens, son mode de calcul a des effets pervers sur le cout du salaire en général et qui a pour conséquence d’un nivellement par le bas des salaires. En effet plus on augmente le taux de la base horaire du smic, moins la réduction de charge patronale en numéraire est élevée ! Exemple pour un salaire au smic a temps complet vous aurez une réduction de 400€ , et pour un salaire 1,3 fois le smic, de 200€. Ce que regarde un chef d’entreprise, c’est le coût final. Et on s’aperçoit qu’au smic on paye même moins de charges patronales que le salarié ! Et je suis bien placé car moi-même sur des postes non qualifiés je ne peux pas augmenter les salaires car si j’augmente le brut de 10%, le coût total lui aura augmenté de 20% !

Pour niveler les salaires vers le haut il est indispensable d’harmoniser la réduction des charges patronales pour les petits salaires de 1 à 1,5 fois du smic avec une seule réduction numéraire de 400€ . Si cette règle est appliquée je suis convaincu que beaucoup de petites entreprises augmenteraient les salaires pour fidéliser leurs salariés.

 

La baisse du nombre de fonctionnaires

 

Il y a bien un niveau qu’il faudra baisser de manière drastique ce sont les dépenses de l’État et des collectivités régionales, départementales et municipales. Le principal enjeu sera de baisser la masse salariale sans baisser la qualité du service publique ou de mettre en danger certains secteurs comme le corps médical ou sécuritaire a qui nous devons tant dans cette crise sanitaire.

Jusqu’à maintenant on n'a eu droit qu’à une guerre de chiffres de nos gouvernants ou candidats : non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, réduction des effectifs de 500.000, pour l’un, de 250.000 pour un autre, et même de 100.000 par le candidat Macron, bref des chiffres à l’emporte pièce.

Le premier levier sera l’augmentation du temps de travail passant lui aussi comme dans le privé à 39h.

Pour avoir une vrai stratégie à moyen terme, un audit doit être fait sur la fonction publique au niveau national, territorial, à chaque étage et par secteur : nombre, niveau des catégories A, B et C, pyramide des âges pour évaluer les départs  à la retraite à cinq ans. Une fois cet audit réalisé, voire dans quels services nous devons augmenter les effectifs, dans lesquels nous devons les baisser, et en combien de temps c’est réalisable. Dans des domaines comme la santé où nous manquons d’aides-soignants, infirmiers, médecins et la sécurité ou la présence d’effectifs de policiers nationaux, municipaux sur le terrain fait défaut on recrutera. Dans les autres telle la fonction administrative qui peut être réduite à terme grâce aux moyens technologiques d’aujourd’hui, on ne renouvellera pas tous les départs à la retraite. Comme dernier levier nous pouvons former des fonctionnaires dans les secteurs trop pourvus actuellement pour qu’ils intègrent ceux en manque.

Une fois cela réalisé, on pourra annoncer un chiffre de la réduction du nombre de fonctionnaires.

Cette mesure de réforme de la fonction publique qui était déjà urgente depuis vingt ans, devient vitale pour non seulement nos finances, mais aussi pour sauvegarder notre service de qualité auprès de la population.

 

Une vraie réforme des retraites

 

Notre système de retraite est depuis 1945 un système par répartition où ce sont les cotisations des actifs qui paient les retraites de nos ainés. Jusqu’en 1981, le départ de l’âge légal était à 65 ans : il y avait deux actifs qui travaillaient pour un retraité, et la durée moyenne de vie h/f était de 72 ans (en augmentation constante depuis 1945). On peut dire que la durée moyenne d’une pension de retraite était perçue pendant sept ans à cette époque là.

Pour se faire élire à la Présidence de la République, François Mitterrand avait dans ses propositions la baisse de l’âge de la retraite à 60 ans. Une fois élu, il n’avait bien sûr pas le choix que de mettre cette réforme en place ce qui a été une gravissime erreur et un manque de vision que nous payons encore aujourd’hui. Alors que le chômage étaient de plus en plus important, que la durée de l’espérance de vie augmentait, on ne pouvait que creuser le déficit de notre système de retraite et le mettre continuellement en péril.

En 2010, avec une espérance de vie à 80 ans, un départ à la retraite à 60 ans, ce n’est plus sept ans de pensions de retraites à payer mais vingt ans. De plus avec l’arrivée progressive de la génération « baby-boom », le nombre d’actifs étaient quasiment le même que les retraités ! Nicolas Sarkozy et François Fillon ont réussi à pousser non sans mal la retraite à 62 ans, ce qui loin d’être suffisant pour avoir des effets à court, moyen ou long terme, avec en plus un retour à 60 ans pour certains mis en place par leurs successeurs, là aussi pour appliquer une promesse démagogique de campagne.

La réforme proposée par Emmanuel Macron en 2019, en mettant en place le système par point est une bonne chose. Mais sans toucher à l’âge légal, l’effet ne sera pas à la hauteur de l’enjeu.

Il n’est pas lieu ici de commenter le travail des séniors et le taux de chômage élevé de cette catégorie, mais simplement d’apporter des solutions pour sauver les retraites et garder un niveau décent de revenus pour tous.

Petit rappel sur nos voisins européens et l’âge légal du départ à la retraite : 65 ans pour l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Suisse, 67 ans pour l’Allemagne (toujours montré comme LE MODELE), 69 ans pour le Portugal.

Oui, nous devons augmenter l’âge de base de la retraite à 65 ans dès 2020 et envisager comme l’Allemagne à 67 ans à l’ horizon 2025 sinon notre système ne survivra pas !

L'expression "âge de base" n’est pas choisi par hasard, car si 65 ans est une bonne base, nous pourrions partir plus tôt en prenant en compte de façon plus simple que ça ne l’est aujourd’hui la pénibilité, ou d’autoriser de partir plus tard si on veut continuer à travailler comme le demande beaucoup de nos seniors.

Pour ce qui concerne le calcul de la pénibilité, il faut codifier comme nous le faisons pour les activités des entreprises, chaque métier exercé et donner un pourcentage de pénibilité, qui permettra de gagner des trimestres de cotisations et un départ plus tôt que l’âge de base. Par exemple un métier codifié avec un taux de pénibilité de 125% et qui a été exercé pendant quatre ans ferait gagner une année de cotisation et permettrait de prendre sa retraite à 64 ans.

 Même si on a cotisé tous les trimestres, l’autorisation de continuer après 65 ans demandée par beaucoup, car cela permet de garder le même revenu et de ne pas se retrouver avec une perte parfois jusqu’à 50%, sera tout aussi bénéfique pour les finances de l’État que pour l’économie : d’un coté l’État économisera la pension de retraite, encaissera des cotisations, et l’économie en profitera du fait que le pouvoir d’achat de la personne ne baissera pas tant qu’elle continuera à travailler.

Cette crise est sans précédent. Tant que le virus circule et qu’un vaccin n'est pas disponible, nous ne retrouverons pas une activité normale.

Nous devrons tous, à notre niveau, contribuer à l’effort national, abandonner certains privilèges, pour aider notre pays à se relever.

Les entreprises devront travailler autrement, sur de nouveaux schémas, diversifier leurs activités.

Ne restons pas dans une idéologie fermée, si nous faisons preuve de pédagogie, et si nous prenons le temps de la concertation avec les différents acteurs, nous pourrons y arriver. Maintenant il faudra des hommes et des femmes de convictions qui nous gouvernent

 dans les années à venir et j’espère que la droite républicaine française sera capable de relever ce défi.

par Aymeric Belaud 24 avril 2025
"Notre pays chute depuis 2020 et la période covid. De 66, sa note est descendue à 62,5 en 2024. Elle n’est certes pas la seule à voir son indice diminuer, mais elle reste une mauvaise élève parmi les pays développés. Elle a toujours été l‘une des dernières en Europe occidentale depuis la création de l’indice en 1995."
Une analyse intéressante de la liberté économique en France, pourtant qualifiée d'ultra libéral par certains ...

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

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