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Le « général courage » à Ramonville : pragmatisme et force de proposition

  • par Natacha Gray
  • 08 juil., 2018

Insécurité, radicalisation, Justice, République, gouverner, servir, valeurs, courage, task force, zone de contrôle renforcé … Ces mots ont résonné pendant deux heures, ce mardi 26 juin dans la salle Paul Labal à Ramonville Saint-Agne qui accueillait en soirée le général Bertrand Soubelet, invité par trois associations, Objectif-France (dont il est le vice-président), Lignes Droites 31 et Ramonville Autrement. L’ancien numéro 3 de la Gendarmerie Nationale, y présentait, entre autres, les enjeux sécuritaires dont il est un expert de terrain reconnu, face à une salle comble mais également comblée, tant ce qui était dit avec clarté et sans langue de bois, avec une rigueur et une franchise toute militaires, venait mettre des faits, des propositions et des arguments sur le ressenti, voire l’expérience de chacun. “En vous écoutant ce soir, on se sent soudain moins seul”, déclara un des participants, fortement impliqué dans la sécurité et la prévention de la radicalisation, résumant en quelques mots le sentiment d’une salle où ne manquaient pas les acteurs de terrain, dont certains opérant dans le domaine de la prévention et de la sécurité, découragés de ne pas être entendus ni même compris par les élus locaux.

Après la présentation du conférencier puis des associations invitantes, par Jean-Marie Belin, pour Objectif France et Nicolas Bonleux pour Lignes Droites 31 (et O.F.), la soirée prit la forme interactive d’un passionnant échange de près de deux heures, poursuivi ensuite à bâtons rompus hors micro, alternant des questions posées par la salle ou l’un des deux modérateurs et les réponses du général, toujours très argumentées et illustrées.

Si nous pouvons aujourd’hui, plus fréquemment qu’autrefois, entendre des experts, souvent liés au monde la Défense et de la Sécurité, généralement (mais pas toujours !) libérés du devoir de réserve, dresser un constat sans concession ni détour sur l’état de notre société, notamment sur le plan sécuritaire pour dénoncer l’aveuglement des élus et leur manque de réactivité face à la prolifération des zones de non-droit, des trafics en tout genre et de l’islamisme radical, il est en revanche beaucoup plus rare d’entendre exposer ainsi des propositions concrètes, une véritable méthodologie pour l’action, reposant à la fois sur le pragmatisme, le bon sens mais aussi la connaissance du terrain de celui qui accumule près de 40 ans de vie militaire au service de la France, dont 30 à la Gendarmerie nationale.

C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de rendre compte, de la façon la plus exhaustive possible, de l’essentiel de cette soirée débat avec Bertrand Soubelet. Les lignes qui suivent s’y efforcent avec le maximum de fidélité. Toutes les questions abordées sont inextricablement liées les unes aux autres, et ce sont ces interrelations et priorités que le général s’est efforcé de mettre en évidence et d’expliquer. Néanmoins, pour la clarté de l’analyse, nous les avons dissociées ici.

Une situation sécuritaire inquiétante

Très logiquement, la soirée commence par les questions sécuritaires concernant les zones de non-droit que les médias s’enhardissent parfois à qualifier de territoires perdus de la République, quartiers pour lesquels le plan Borloo avait pronostiqué pour 60 d’entre eux des “risques de fracture” et pour 15 autres “des risques de rupture”, doux euphémismes pour notre intervenant pour qui fractures comme ruptures sont déjà des états de fait. Nicolas Bonleux évoque alors une des tribunes récentes du Général Soubelet dans le Figaro, faisant suite à la présentation des propositions Borloo (lire ici : Face à la menace l’urgence est de réapprendre à penser).

Le constat

Nous ne nous attarderons pas longuement sur le constat que chacun connaît et que l’actualité nous rappelle tristement régulièrement. Notons néanmoins que le général, qui a commandé la gendarmerie de Midi-Pyrénées de 2008 à 2010, répercute sa grande inquiétude face à l’évolution de la situation depuis son départ. Ayant en effet passé la journée en rencontres successives avec des responsables de la sécurité et de la lutte contre la radicalisation, des élus de terrain à l’échelle de la Métropole, il avait découvert la situation explosive de certains quartiers toulousains, révélant une dégradation nette par rapport à ce qu’il avait connu quelques années auparavant. Sans révéler le détail de ce que ses interlocuteurs lui avaient appris, le conférencier fait comprendre à la salle que la situation est particulièrement inquiétante, évolutive dans le sens d’une dégradation rapide.

À plusieurs reprises, Bertrand Soubelet évoque la situation dans ces quartiers où police, gendarmerie, et même pompiers et soignants ne peuvent plus pénétrer après certaines heures. Il précise aussi qu’en ces zones de non-droit, il ne faut aucunement dissocier les économies souterraines des trafics illicites, d’armes ou de stupéfiants, et la radicalisation islamiste, et que ceux qui prétendent qu’il s’agit de filières distinctes, ce que démentent tous les acteurs de terrain, le font par incompétence, dogmatisme ou parce qu’ils ont eux-mêmes ce qu’il nommera pudiquement des “objectifs pas très clairs”.

Ceci dit, il précise qu’il s’agit à chaque fois de quelques dizaines à une centaine d’individus, parfaitement identifiés par les bailleurs sociaux, les enquêteurs de terrain, les associations. On sait donc exactement qui perturbe et empoisonne la vie de ces quartiers.

 

Les facteurs aggravants

Les facteurs aggravants sont multiples, et nous reviendrons par la suite sur deux points essentiels : le manque de volonté et de courage des élus d’une part, l’inadaptation des moyens donnés à la Justice d’autre part.

Pour commencer Bertrand Soubelet insiste sur des responsabilités déjà anciennes :“Nous n’avons pas su accueillir ceux qui sont venus, ce qui explique dans un certain nombre de quartiers nous en somment arrivés à une communautarisation qui n’est pas rampante, comme le disent certains, mais parfaitement acquise”. C’est pour lui une “certitude. Nous le payons cher aujourd’hui”. Le général regrette que nous n’ayons pas “été clairs avec ceux qui arrivaient il y a 25 ou 30 ans”, et que nous (il précise que ce nous désigne ceux qui ont en charge les responsabilités de l’État) ayons laissé faire, ce que plus tard il qualifiera d’attitude “laxiste puisque nous accordons tous les droits à ceux dont nous n’exigeons aucun devoir.”

“Quand on arrive dans un pays, ajoute-t-il, c’est pour partager le destin de ses habitants et fuir ce que l’on avait dans son propre pays. Or ceux qui arrivent aujourd’hui, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils viennent, ne viennent plus en France pour partager le destin des Français, mais pour rejoindre leur communauté qui est installée en France. Ils la rejoignent parce qu’ils savent parfaitement qu’il y a ici des choses très intéressantes qui les attirent et qu’ils ne trouveront pas ailleurs”.

“Être clair” avec ces nouveaux arrivants, pour Bertrand Soubelet, c’eût donc été de “poser des règles et de les faire respecter” et il cite, entre autres, l’apprentissage du français, l’obligation de mettre ses enfants dans les écoles de la République, d’arrêter de se vêtir comme dans son pays d’origine, bref de faire en sorte de devenir de vrais Français selon le modèle d’intégration qui avait fonctionné jusqu’à présent. Car, rappelle-t-il, la France a toujours été et reste un pays d’accueil, qui l’a largement prouvé depuis des dizaines et des dizaines d’années, une nation généreuse qui demande simplement à ses membres, quels qu’ils soient, de respecter les règles et “que ceux qui arrivent aient envie de partager notre destin, acceptent les lois de la République et fassent preuve d’un comportement respectueux et citoyen”. Ce qui ne relève, ajoute-t-il que “du pragmatisme et du bon sens”, bien loin des idéologies ou des théories élaborées par des technocrates hors-sol. Car ce discours clair, qui se serait évidemment transcrit en actes en cas de non-respect du contrat, “n’est pas un discours de facho ou de méchant” comme certains voudraient le qualifier.

Sur ce point le général conclut, précisant qu’il n’est “pas extrémiste” et ajoutant avec humour qu’il se sent même à certains moments “un peu gaucho” : “Je suis respectueux de tout le monde mais je ne respecte pas ceux et celles qui ne respectent pas lois de la République. S’ils veulent en instaurer d’autres, alors qu’ils aillent ailleurs pour le faire. Notre pays est encore une démocratie, « à ce stade », et ceux qui ne respectent pas lois de la République n’ont rien à faire en liberté et parfois même chez nous s’ils sont étrangers.”

C’est alors l’occasion pour le Général de s’en prendre à “une espèce de bien-pensance sur fond de droitsdelhommisme mal compris et de libertés publiques complètement dévoyées qui intoxiquent le pays depuis bien longtemps”, en particulier pour toutes les questions liées à l’immigration. Il dénonce ainsi la criminalisation face à chaque proposition destinée à avancer dans la résolution et, déjà, l’identification des problèmes, sur le prétexte que quiconque ose évoquer une difficulté posée par une personne issue de l’immigration ne serait pas humaniste ou n’aimerait pas les étrangers. Ce laxisme qui reconnaît à l’autre seulement des droits et non des devoirs, qui encourage la victimisation véhiculée par certains propagandistes du communautarisme, est “en train de détruire les fondements mêmes de notre société et ce que sont les valeurs de notre pays”. Cet effacement de l’identité de l’accueillant devant celle de l’autre, l’accueilli, que la philosophe Françoise Bonnardel a qualifié d’autruisme, a déjà été développé par Lignes Droites ici dans notre trilogie sur l’identité nationale.

Les propositions

Le général fait alors un certain nombre de propositions que l’on peut retrouver également dans une tribune du Figaro du 20 avril dernier (à lire ici) au titre significatif : Il faut agir et reprendre l'initiative sur notre propre sol . C’était également l’objet de sa critique des propositions Borloo, proposant des mesures déjà anciennes, souvent testées et dont la pertinence n'est pas toujours avérée, car “elles ne pourront jamais être réellement mises en œuvre si la sécurité n'est pas assurée au quotidien dans ces quartiers”. La restauration de l’ordre et de la sécurité de manière totale et pérenne est donc un préalable incontournable. Il s’agit donc de reprendre le contrôle selon trois axes principaux qui sont d’une part de “lutter contre l’économie souterraine et les trafics qui gangrènent le tissu social”, d’autre part de “combattre le communautarisme, les propos et les comportements des islamistes”, et enfin de “prendre des mesures concrètes pour éloigner durablement de ces quartiers les individus dangereux”.

Bertrand Soubelet propose alors une solution, qui pourrait être cette méthode dont manquent cruellement les élus, pour traiter ces quartiers. En effet certains intervenants dans la salle confirment que les élus locaux sont démunis face à leurs responsabilités croissantes en termes de sécurité et qu’il y a presque autant de politiques mises en place que de communes ! Il s’agirait donc d’identifier les quartiers à traiter, puis d’en choisir quelques-uns : “trois ou quatre suffiraient probablement”. Cela commencerait par une concertation avec les élus, qui restent incontournables puisqu’eux seuls peuvent décider d’agir ou non, et qui rassemblerait tous ceux qui sont concernés par ces problèmes sécuritaires (magistrats, policiers, gendarmes, bailleurs sociaux …). Ces discussions permettraient de faire un diagnostic précis sur les difficultés du quartier, de fixer des objectifs clairement définis et la méthode à mettre en œuvre. Ensuite on déclarerait ce quartier zone de contrôle renforcé, ce qui suppose un régime juridique à inventer pour cette action ponctuelle. Cette mission serait dirigée par un chef désigné par le gouvernement pour régler les problèmes dans le quartier en question. Ce chef devrait être un expert de terrain, par exemple un grand patron de la police de la gendarmerie.

Le chef de mission, entouré d’un petit état-major, serait secondé par une task force de 800 à 1000 personnes composées de policiers, de gendarmes, de magistrats, de militaires si besoin était, d’éducateurs, de psychologues, brefs tous les intervenants habituels. Pendant trois mois on traiterait le sujet. Il ne s’agirait pas d’état de siège ni de mettre tout le monde en prison, tout se ferait dans le respect de la démocratie, mais cette fois avec fermeté, en fonction d’objectifs précis et dans la durée. Il faudrait probablement deux régimes judiciaires, celui qui traiterait de jour des questions habituelles (car la vie ne s’arrêterait pas pour autant et, les tribunaux étant déjà débordés, il ne s’agirait pas de leur faire prendre davantage de retard et de leur créer une surcharge de travail) et un régime de nuit, avec d’autres magistrats pour traiter les arrestations effectuées par la task force pendant la journée, en comparution immédiate.

Les peines pourraient être de prison, mais également des amendes et des saisies de biens (voir ci-après dans la partie Justice), mais également des éloignements. Le général Soubelet est persuadé qu’après avoir traité un quartier puis un autre, au bout de trois ou quatre quartiers emblématiques, un signal fort serait passé auprès des autres zones où les lois de la République sont bafouées. Et tout ceci ne relève encore une fois que du bon sens et ne serait finalement pas très coûteux (surtout au regard des politiques sociales mises en œuvre jusqu’à présent, sans résultat tangible et même contre-productives) mais le bon sens, comme le pragmatisme, “n’a malheureusement plus beaucoup droit de cité dans la pensée publique”.

Un manque de volonté politique évident

Ces signaux, ce sont ceux que l’Etat doit donner à la fois à ces quartiers et aux Français qui désespèrent. Or aujourd’hui, le général dit ne déceler malheureusement dans le pouvoir en place que des opérations de communication mais aucune action, aucun signal significatifs. L’absence de volonté politique est, d’ailleurs, un leitmotiv qui traverse toute la conférence-débat, que ce soit dans les propos du général ou dans les témoignages des acteurs de terrain dans la salle.

Or il y a urgence. “Pour arriver à inverser la tendance, cela risque d’être compliqué, de demander beaucoup de courage et de volonté politique et il y aura probablement du dégât. C’est le prix à payer pour que cette spirale dans laquelle nous sommes s’arrête enfin. Nous aurons du mal mais nous le pouvons encore. Le problème est que je ne vois pas à l’horizon suffisamment de volonté ni de courage pour que cela prenne cette direction-là.”

Aveuglement et surdité des élus

“Ceux qui représente l’État et l’autorité, c’est-à-dire ceux pour qui nous votons et qui sont seuls en mesure de donner des ordres à ceux qui sont chargés de mettre de l’ordre et de rétablir la sécurité dans ces quartiers, c’est-à-dire la police, la gendarmerie et l’armée, ne montrent pas leur volonté d’agir durablement et fermement”. Cela fut manifeste dans le plan Borloo, applaudi par beaucoup, et qui n’était pourtant qu’un recyclage de mesures coûteuses (que Bertrand Soubelet estime à environ 50 milliards pour ces dernières années) et qui n’avaient rien réglé jusqu’à présent, si ce n’est de garantir, en l’achetant, la paix sociale.

Le général, comme d’autres personnes dans la salle le feront plus tard, évoque les difficultés que l’on rencontre lorsque l’on tient ce genre de discours face aux hommes et femmes politiques : certains ne sont pas intéressés et n’écoutent pas, d’autres n’ont pas pris la mesure du problème et répondent immanquablement à leur interlocuteur qu’il “exagère la situation”. Pour beaucoup, si on ne parle pas du problème, si on ne le leur donne pas à voir, il n’existe pas. C’est une forme de nominalisme (n’existe que ce que l’on nomme) qui a permis à beaucoup de responsables politiques de s’enfermer et d’enfermer la société dans des dénis de réalité depuis des années. Car pour éviter d’entendre nommer les choses, la bien-pensance dont on parlait précédemment, s’est efforcée de criminaliser quiconque évoquait les réalités de ces quartiers, que ce soit la délinquance ou la radicalisation islamiste. Comme il s’agit majoritairement de personnes issues de l’immigration, tout constat est aussitôt taxé de réactionnaire, fasciste, raciste, faisant le jeu des extrémistes, ce qui a longtemps permis d’étouffer la voix et les avertissements des acteurs de terrain. “Cela nous a détérioré notre cohésion sociale dans un certain nombre de quartiers depuis 20 à 25 ans, avec la complicité de certains élus locaux”.

Rappelons au passage le prix que Bertrand Soubelet a payé pour sa franchise, qu’il évoquera pudiquement, en vitesse et avec humour, à la fin de cette rencontre, en rappelant qu’à chaque fois qu’il a voulu dire ce qui était, il s’est “fait sortir” du jeu.

En décembre 2013 il fut auditionné à l’Assemblée nationale par la mission parlementaire de « lutte contre l’insécurité », après avoir prêté serment de dire la vérité, dans une audition où le devoir de réserve est évidemment levé. Lors de cette audience, il avait soulevé sans tabou les difficultés rencontrées par la Gendarmerie dans sa lutte contre la délinquance, que ce soit au niveau des moyens ou des procédures mais aussi de la Justice, avec des “délinquants relâchés dans la nature”et des “coupables mieux traités que les victimes”. S’attirant les foudres du gouvernement pour cette liberté de ton inhabituelle, relevé de ses fonctions de numéro trois de la Gendarmerie nationale, il fut alors muté en Outre-mer, ce qui constitua une forme de rétrogradation et une mise au placard. À la suite de cela, celui que les gendarmes surnommaient désormais le “général Courage” publia un ouvrage en mars 2016, Tout ce qu’il ne faut pas dire, ce qui marqua cette fois la fin de sa carrière, suscitant un débat en France sur la liberté d’expression des militaires et le devoir de réserve pour un haut gradé encore en exercice. Cela n’est d’ailleurs pas sans évoquer plusieurs cas ultérieurs de militaires accusés de manquer à leur devoir de réserve, le dernier en date étant celui du CEMA Pierre de Villiers, présentant à huis clos devant une commission ad hoc de l’Assemblée Nationale et à la demande de celle-ci, des réalités militaires difficiles, avec la même franchise et liberté de ton, ce qui eut pour effet de mettre également un terme à sa carrière militaire.

Un intervenant, engagé dans les CLSPD et les CISPD (Conseil local ou communal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance) ainsi que dans les CMER (Cellule municipale d’échange sur la radicalisation), rappelle que l’on a désormais de nombreux outils en France pour soutenir des actions efficaces, et corrobore les dires du conférencier en témoignant des difficultés, voire de l’impossibilité ,de faire prendre en compte, encore une fois, à des élus dépassés et sans méthodologie pour l’action, la mesure concrète des situations constatées sur le terrain. En supposant, toutefois, que ceux-ci répondent aux sollicitations, car beaucoup, y compris dans des zones ou villes touchées par la radicalisation, n’accusent même pas réception de la demande de contact ou des documents envoyés, ou oublient totalement en avoir déjà discuté, illustrant l’idée ci-dessus exprimée que lorsqu’on ne nomme pas, lorsqu’on ne voit pas, cela n’existe pas.

Néanmoins, petite note d’espoir, le général note l’accession aux responsabilités d’une nouvelle génération d’élus locaux, aux pratiques différentes, et il cite le cas du jeune maire de Rilleux-la-Pape (Alexandre Vincendet), en banlieue lyonnaise, qui a serré la vis depuis son élection. La délinquance y a baissé considérablement, prouvant un lien incontestable de cause à effet entre fermeté et courage d’une part, baisse de la délinquance et amélioration de la sécurité publique d’autre part.

Aucun contrôle des dépenses et subventions

Le général témoigne ensuite de réalités constatées lorsqu’il a exercé, pendant des années, des responsabilités de terrain. Un certain nombre d’associations, même s’il reconnaît qu’il en est de formidables et d’utiles, sont largement subventionnées par l’Etat et par les élus locaux qui y déversent de l’argent qui n’est jamais contrôlé. Ce système qu’il qualifie de “pompes à fric” bénéficie avant tout à des “individus dont le comportement n’est pas celui qu’on devrait attendre”, bien loin de l’objet de l’association pour laquelle ils reçoivent cet argent sans aucun contrôle de l’Etat ou des collectivités. Le résultat c’est que non seulement rien ne change et que l’on ne remet pas les choses en ordre, mais que l’on l’aggrave souvent la situation par cette manne financière.

Il en est de même pour tout ce qui concerne les dépenses sociales qui ne sont jamais contrôlées.

Une France administrée mais non gouvernée

Cet aveuglement est à la fois le fait d’un système technocratique où des décisions sont prises par des hauts fonctionnaires très éloignés des réalités du terrain, du dogmatisme d’un grand nombre d’élus qui ne fondent pas leurs convictions sur les faits mais s’efforcent de modifier ceux-ci jusqu’à ce qu’ils épousent leurs convictions, et enfin d’un manque de courage évident.

La grande difficulté de notre pays, ajoute le général, “c’est que notre France n’est pas gouvernée, elle est administrée (distinction qu’il reprendra dès le lendemain dans un article du Figaro ici). Administrer c’est gérer, essayer de faire au mieux. Gouverner, c’est prendre ses responsabilités, fixer un cap, se donner les moyens de l’atteindre, donner des ordres et savoir se faire obéir”. Le général en profite, sur une question de la salle, pour remarquer que le terme “gouvernance”, un néologisme qui s’est imposé depuis quelques années, est surtout employé par des gens qui précisément … ne savent pas gouverner et qui noient leurs responsabilités dans le collectif que suggère la notion. Gouverner par contre est un “mot noble” qui suppose de savoir commander, donc diriger, ce qui évidemment ne pose aucun problème à l’officier général ! De la même manière ce dernier exprime son horreur du mot “management”, trop proche à une lettre près du mot “ménager”, lequel évoque un peu trop la chèvre le chou entre lesquels on ne sait pas choisir et que l’on essaierait de concilier. En bon militaire, il faut pour lui que les choses soient claires, à mille lieues du “en même temps” qui guide l’action gouvernementale d’aujourd’hui.

La collaboration avec Emmanuel Macron

Or ce n’est pas avec le président de la République que nous avons et la majorité parlementaire qui a été élue que l’on va y parvenir” ajoute Bertrand Soubelet. Devançant, comme il le dit lui-même, l’inévitable question à venir et provoquant quelques sourires entendus dans la salle, il ajoute malicieusement : “car il n’a pas échappé à certains qu’à un moment donné j’ai collaboré avec Emmanuel Macron”.

L’histoire de leur rencontre est riche d’enseignements pour comprendre l’homme qu’est le général, mais aussi le fonctionnement de l’entourage du Président. Bertrand Soubelet affirme tout de go qu’il ne s’agit “ni d’une trahison ni d’une forfaiture”. Il rappelle le contexte de l’automne 2016, il venait de quitter la gendarmerie et se trouvait désormais totalement disponible. Dans le contexte de la campagne électorale, il proposa alors ses services, à plusieurs reprises, aux équipes de François Fillon, y compris par l’intermédiaire de ministres et d’anciens ministres, sans recevoir la moindre réponse. C’est à ce moment-là que les collaborateurs d’Emmanuel Macron l’invitent à un petit-déjeuner, où on lui fait valoir que son expertise nationale et sa crédibilité en matière de sécurité et de défense leur serait fort utile car personne dans l’équipe n’avait de compétences sur ces questions. On lui proposait alors de relire les parties du programme en rédaction, de faire des propositions.

Le général affirme avoir longuement réfléchi, beaucoup hésité mais finalement s’être dit qu’il ne pouvait pas changer de cap par rapport à ses engagements et pratiques de longue date. Dès l’âge de huit ans en effet, il avait affirmé à ses parents qu’il voulait être gendarme pour “servir son pays”. Depuis son entrée dans la Gendarmerie, à toutes les échelles d’action successives qu’il a rencontrées, du local au national, et à chaque niveau de responsabilité, de capitaine à général, il avait pris l’habitude de rédiger des notes et d’alerter ses interlocuteurs, élus locaux puis parlementaires et ministres. À l’époque, Emmanuel Macron n’était qu’un candidat parmi d’autres dont très peu prédisaient qu’il puisse se retrouver au second tour de l’élection présidentielle, mais Bertrand Soubelet était persuadé qu’un candidat aussi talentueux jouerait certainement un rôle plus tard et qu’il était préférable que ce soient ses idées qui l’inspirent à ce moment-là plutôt que des gens qui n’y connaîtraient rien et qui iraient raconter n’importe quoi.

S’ensuit une collaboration au cours de laquelle le général affirme ne pas avoir fait de cadeau à l’équipe d’Emmanuel Macron avec lequel il était en contact direct, ce qui a fini par déranger l’entourage immédiat du candidat. Il a ainsi largement contribué au programme de sécurité défense, notamment, à l’issue d’une heure d’entretien en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, où il l’a convaincu de réinstaurer un service national universel (le fameux SNU qui revient dans les questions d’actualité) auquel le candidat n’était pas du tout favorable initialement. Il ne s’agissait pas, a-t-il expliqué au futur président, de restaurer un service militaire à l’ancienne mais de réussir à faire partager des valeurs communes à une classe d’âge, le respect des codes républicains, la signification du drapeau, de l’hymne national … Certes, ce qui ressort aujourd’hui “n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il avait proposé”, reconnaît-il, mais le mouvement est lancé. Pour le reste il considère avoir ramené la réflexion sur la Défense “là où il fallait, mais pas complètement”. De même, il fut sollicité, 48 heures avant la parution du programme, sur la question de l’Outremer, qui avait été négligée et dont il est responsable à 50 % du rendu final.

Le général affirme avoir la conscience d’autant plus tranquille qu’il est parti au moment où se profilait avec une quasi-certitude l’élection d’Emmanuel Macron dont l’équipe cherchait à l’éloigner. Un certain nombre de “scuds” dans la presse, dont il a parfaitement identifié la provenance, l’ont convaincu qu’il n’avait véritablement “rien à faire avec ces gens-là. Je suis parti au moment où j’estimais que je devais partir. Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose”, conclut-il, déclenchant une salve d’applaudissements dans la salle.

 

Une Justice inadaptée

Indissociable de la question au de la sécurité, celle de la Justice s’est également imposée tout au long de la rencontre. Bertrand Soubelet y a même consacré un long développement, très loin des caricatures de gauche comme de droite que l’on peut entendre sur le sujet. Il dit d’ailleurs préparer en ce moment une communication à ce sujet. Pour rendre la justice efficace, il est impératif de revoir les schémas de pensée anachroniques datant du XXe et même parfois du XIXe siècle.

Construire des prisons

Pour lui le modèle de la prison à l’ancienne, avec des grilles, des cellules, un certain isolement ne convient plus qu’à un certain type de détenus. On pourrait imaginer un système de prison allégé, par réutilisation d’anciennes casernes ou en montant des algecos modulaires qui coûtent dix fois moins cher qu’une prison et seraient démontables, réutilisables et qui s’adresseraient à des gens qui ont des petites peines ou des libérables en fin de peine.

Quoi qu’il en soit les besoins estimés aujourd’hui sont environ de 30 000 places. Le dernier Garde des Sceaux sous la présidence de François Hollande, Jean-Jacques Urvoas, pour lequel le général affirme avoir la plus haute estime, avait fait préparer le budget 2018 en mettant de côté des crédits budgétaires en autorisation d’engagement de dépenses pour acheter 12 terrains destinés à la construction de prisons. Il s’agissait dans l’urgence de permettre à son successeur de construire déjà 15 000 places. Le nouveau gouvernement a pris cet argent et l’a mis ailleurs. C’est un choix délibéré. Prétendre que l’on n’a pas les moyens c’est totalement faux, tout est question de priorité. Ne pas construire les prisons prévues au budget 2018, ne prévoir que 7000 places sur les 15 000 annoncés est bel et bien un choix politique que le général n’hésite pas à qualifier d’“irresponsable” et de “véritable scandale”.

Il ne s’agit pas de mettre tout le monde en prison, encore moins de construire des prisons quatre-étoiles mais, comme Bertrand Soubelet l’explique un peu plus tard, de faire face à la surpopulation carcérale et au délabrement avancé des bâtiments, à l’origine d’une promiscuité indigne d’une démocratie. Lorsque la société décide de mettre en prison, dit-il, elle a le devoir de traiter les prisonniers correctement et “surtout de faire en sorte qu’ils ne soient pas plus pourris en sortant qu’en y entrant. Or aujourd’hui dans un grand nombre d’établissements pénitentiaires, c’est hélas le cas”.

 

Changer la conception des peines

La question des peines est abordée à partir d’une interrogation venant de la salle sur la dépénalisation du cannabis. Bertrand Soubelet ne s’y déclare pas favorable (et souligne que les Pays-Bas, face à des résultats très contestables, commencent à se demander s’ils n’ont pas fait une erreur en la matière) mais considère que les infractions à la législation sur les stupéfiants doivent être contraventionnalisées plutôt que d’infliger au contrevenant à une peine de prison qui ne sera jamais exécutée. “Toucher les gens au portefeuille”, est une idée sur laquelle il reviendra souvent.

Le général se déclare hostile au “tout prison” car l’effet dissuasif sur un certain nombre de délinquants est très discutable et peut même se révéler contre-productif. Dans certains quartiers, explique-t-il, quand on met quelqu’un en prison pour un mois, trois mois, un an, il devient un véritable caïd à sa sortie. “La GAV c’est le bac et la prison, c’est carrément la licence ou la maîtrise qu’il vient de décrocher. Il rentre en héros”. En clair, non seulement la prison n’obtient pas l’effet dissuasif attendu sur les trafics mais cela produit l’effet contraire.

Alors que faire envers tous ceux qui se rendent coupables de délits, parfois même de crime d’appropriation, en particulier ceux qui trempent dans l’économie souterraine ? Tous les acteurs de terrain l’affirment, de même que certains juges d’instruction, la seule chose qui vaille, “ c’est de saisir tous les biens dont ils ne peuvent justifier de la provenance, de les leur confisquer et de les mettre sur la paille”. Les lois existent, précise le général Soubelet, mais elles ne sont pas appliquées. Et pourquoi ne le sont-elles pas ? Parce que c’est un dogme chez certains magistrats qui considèrent qu’ils “sont juges et non pas percepteurs” et le revendiquent clairement.

Or ce serait la peine “qui pénaliserait le plus ceux qui se sont rendus coupables d’infractions et qui permettrait de surcroît à l’Etat de récupérer des subsides intéressants pour réduire les déficits publics et financer ce que l’on n’est plus en mesure de financer”.

 

Le continuum sécurité justice ne fonctionne pas correctement

Et il ne fonctionne pas “parce que la justice est maltraitée”. Bertrand Soubelet souligne qu’il y a autant de magistrats qu’en 1874 alors que le contentieux a été multiplié par 20 ou 30, rapporté à la population. Le budget de la Justice (magistrats et administration pénitentiaire) est dérisoire par rapport aux besoins, autour de 9 milliards d’euros, soit à peine 1 milliard de plus que la seule Gendarmerie. Jusqu’à il y a deux ans les moyens baissaient, aujourd’hui ils n’augmentent pas alors que le contentieux progresse à la hausse, lui, de manière inquiétante. C’est pourquoi le général juge prioritaire, s’il faut choisir, de destiner les moyens avant tout à la Justice, avant même la Sécurité, ce qui ne fut pas compris par un de ses précédents ministres de tutelle. “C’est pourtant une question de bon sens, à quoi sert de traquer les délinquants et de les remettre à la justice si les tribunaux ne sont pas capables de les gérer comme c’est hélas trop souvent le cas actuellement ?” La situation actuelle, rappelle-t-il, c’est que ces délinquants sont soit remis en liberté immédiatement, sans poursuites, avec les effets désastreux et les risques que l’on peut imaginer sur les victimes, soit sont convoqués six mois à un an plus tard, quand parfois ils ne se souviennent même plus du délit, tellement ils en ont commis d’autres entre-temps ! Ainsi certains, de bonne foi, prétendent-ils qu’ils ne sont pas concernés et n’ en acceptent-ils qu’encore plus difficilement la sentence.

C’est pourquoi le général propose que la règle devienne le TTR, le traitement en temps réel. Le prévenu arrive, son avocat prend connaissance de la situation et l’auteur des faits est jugé en comparaison immédiate. Encore faut-il dit-il que les avocats ne jouent pas la montre comme c’est le cas trop souvent pour freiner la procédure.

En tout cas Bertrand Soubelet dénonce les choix terribles effectués depuis 25 à 30 ans par les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite de gauche. Il rappelle que la gauche favorise la prévention et s’est, jusqu’à présent, presque totalement désintéressée de la répression, considérant les auteurs des faits comme de pauvres victimes de la société qui serait seule responsable. À droite, il s’agit également d’en faire le strict minimum, pour ne pas donner de moyens à la Justice que l’on dit “gauchiste”. Ajoutons à cela, glisse le conférencier, avec l’air de celui qui sait parfaitement de quoi il parle, “qu’un certain nombre d’hommes et de femmes politiques ont des raisons factuelles d’être prudents avec la Justice car leur comportement personnel est à la limite du pénalement répréhensible”. Dans un cas comme dans l’autre, rien n’avance et la dégradation de la situation se poursuit. Or les deux, prévention et répression, sont indissociables. Le résultat est que les Français ne croient plus à la Justice et que la fracture se creuse.

Pendant longtemps il est vrai, rappelle-t-il, le système a été “verrouillé par le Syndicat de la magistrature”. Quand de nombreux magistrats rendent leur jugement en fonction de leurs propres opinions politiques, “c’est insupportable : quand on est investi d’une mission d’autorité noble comme celle de rendre la justice, on doit mettre ses convictions de côté. La loi, rien que la loi”. C’est la raison pour laquelle de nombreux Français ont l’impression que l’on se préoccupe davantage des auteurs, qui savent fort bien se victimiser, que des victimes véritables, idée que le général avait soutenue devant l’Assemblée nationale et qui lui valut, entre autres, d’être sanctionné. Mais là encore, comme pour les élus locaux, le général remarque que c’est en train de changer, et qu’il y a un certain nombre de jeunes magistrats qui échappent à cette règle.

Mais, hélas, “il est compliqué de mettre un terme à 40 années de laisser-aller !” Il va falloir réapprendre aux délinquants “ce qu’est la règle, ce que l’on fait, ce que l’on ne fait pas, en fonction des lois de la République”. Et il reste beaucoup à faire, notamment dans le traitement de la délinquance des mineurs qui commence de plus en plus tôt. Or il n’y a rien de clairement prévu dans notre pays pour la prendre réellement en compte, que ce soit dans la législation ou l’assistance éducative. Le général en prend pour preuve les centres d’éducation renforcée et les centres d’éducation fermée qui, tout cumulé, offrent 1000 places, ce qui est évidemment notoirement insuffisant par rapport aux besoins. En outre, un autre problème est que 80 % des établissements ne sont pas tenus par l’État mais par des associations qui, elles non plus, ne sont pas contrôlées.

Enfin, si sur les questions de défense, de sécurité et d’immigration, la concertation entre pays européens semble indispensable (mais “également avec l’Union africaine dont on ne parle pas suffisamment et qui pourrait avoir un rôle à jouer là-dedans”), pour les questions de justice, cela doit rester une mission régalienne propre à chaque État.

 

Servir, toujours, mais autrement

Finalement le général revient avec humour sur son parcours récent et ses intentions actuelles, des modes d’action différents mais qui relèvent tous d’une volonté de servir son pays en lui restant utile. Comme il le rappelle, il est resté constamment fidèle à sa mission qui était d’observer, d’agir et d’avertir, en tant qu’officier de gendarmerie où il est rentré capitaine et sorti général quatre étoiles, puis après sa mise à la retraite militaire. “ J’ai ouvert ma gueule devant l’Assemblée nationale, et je me suis fait sortir. Puis j’ai écrit un livre et je me suis fait sortir une deuxième fois. Alors j’écris un second livre, qui était une manière de rester dans l’action. Mais après l’écriture, que me restait-il ?” Comme rappelé plus haut, il propose alors ses services en tant qu’expert à un candidat, qui ne donne pas de réponse. L’équipe d’un autre vient le chercher, la collaboration tient le temps nécessaire pour orienter dans le sens du souhaitable et du pragmatisme le programme Sécurité Défense et Outremer, mais là encore il faut partir, cette fois de son plein gré, une fois constaté que l’on n’a rien en commun avec l’équipe en place.

C’est alors que Bertrand Soubelet se lance dans l’arène politique, en se présentant aux élections législatives dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine en 2017, remportée par un candidat LREM. Même si le général précise dans un sourire qu’il est cependant arrivé devant le parti socialiste, les résultats sont décevants en ce sens que, pendant la campagne, il dit avoir rencontré des centaines de personnes qui l’ont félicité pour son franc-parler, son action et lui ont montré leur intérêt, l’ont encouragé à persévérer mais qui, une fois dans l’isoloir, ne sont pas allée jusqu’au bout des intentions formulées et ont retrouvé leurs réflexes traditionnels.

On a les élus qu’on mérite”, ajoute-t-il.

Son engagement dans le mouvement Objectif France traduit à présent une volonté de pratiquer la politique autrement, hors de “cette classe politique qui n’a rien fait depuis 35 ans et vous explique que c’est par elle que tout va changer” et des partis traditionnels, qui ont essayé de le récupérer, et qui sont en train de s’autodétruire, en raison des rivalités personnelles. Mais l’objectif du mouvement n’est pas simplement de travailler comme un think tank sur les questions essentielles et de dire les choses, de faire des propositions concrètes et motivées, mais bien d’arriver au pouvoir, ce qui passe par l’élection, seul moyen de faire rentrer les discours dans les faits. Raison pour laquelle le général a accepté la vice-présidence d’Objectif France et qu’il a pris son bâton de pèlerin pour parcourir le pays et multiplier les conférences et les rencontres de terrain, afin de mobiliser le maximum de gens autour d’actions concrètes et des projets novateurs.

Mais si les Français ne votent pas pour ceux qui ont envie de faire bouger les choses, se contentent de critiquer sans participer eux-mêmes à l’action, ce que ce genre de mouvement rend pourtant possible, s’il ne trouvait pas suffisamment de bonnes volontés prêtes à s’engager autour de lui dans l’objectif de faire aboutir ces projets, le général affirme qu’il se retirera sans regret dans son cher Pays basque pour cultiver des tomates et marcher dans la montagne, car il n’a pas de motivation personnelle et n’a pas besoin de la politique pour vivre !

Après une telle profession de foi, cette soirée interactive, riche en échanges et en informations de qualité, faisant consensus autour d’un général dont la crédibilité et l’expertise sont unanimement reconnus, ne pouvait que se terminer sur une élégante passe d’armes complice entre celui qui, à la tribune, croyait encore aux partis traditionnels (Nicolas Bonleux, membre d’Objectif France mais également membre fondateur de Lignes Droites31, et qui vient d’annoncer sa candidature à la présidence de la fédération de Haute-Garonne des Républicains) et celui qui n’y croyait pas.

par Lignes Droites 28 avr., 2024
par Eule 27 avr., 2024

Billet d'humeur d'un de nos fidèles membres : 


Chers amis,

Je voudrais livrer quelques réactions à la réunion de Lignes Droites sur l’islam du 3 avril 2024.

Sur la façon dont les « Chrétiens voient les Musulmans », toute la littérature universitaire sur la communication interculturelle explique les obstacles à la compréhension entre les membres de cultures différentes par l’ethnocentrisme. C’est devenu une tarte à la crème. On se culpabilisera donc en bon Chrétien de ne pas chausser les bonnes lunettes pour comprendre les Musulmans. Mais pourquoi ne pas inverser le problème ? Car il y a réversibilité. C’est que le Musulman n’est peut-être pas enclin par sa propre culture « religieuse » à chausser les bonnes lunettes pour comprendre le Chrétien. Il a de la chance, lui, que sa religion et son espace culturel ne le culpabilisent pas. Pauvre Europe judéo-chrétienne qui combat au quotidien aujourd’hui ses propres racines !

Sur la distinction entre Islam et Islamisme on saura gré au second orateur d’oser dire qu’il n’y a pas de différence de nature mais seulement de degré entre l’Islam et l’Islamisme. C’est quand même bon de le rappeler quand toute l’hypocrisie de la classe politique française « républicaine » s’acharne à mettre en garde les âmes égarées par le « nationalisme » ou l’aveuglement idéologique de droite et d’extrême droite sur l’abominable péché de l’amalgame. Les Islamistes doivent bien rigoler !

Enfin, merci à madame Bergeaud-Blacker d’entrer dans le vif du sujet. Son livre montre assez éloquemment que l’Islamisme est une entreprise totalitaire, comme tous les fascismes de droite et de gauche (Stalinisme, Hitlérisme, « Mussolinisme », Mélenchonisme, même combat). Le déni consiste non pas à ne pas voir ce que l’on voit, mais à ne pas vouloir voir ce que l’on voit. Que voit-on ? Des actes de barbarie contre les personnes issues de la civilisation occidentale, Chrétiens, mais aussi Musulmans occidentalisés. Des actes de barbarie contre des jeunes d’origine maghrébine, scolarisés dans les écoles publiques de la République et qui veulent s’intégrer. Ces jeunes sont la cible des talibans de France parce qu’ils trahissent leurs idées et font obstacle à leur volonté d’instaurer l’ordre islamique partout dans le monde, en commençant par son maillon faible, les démocraties occidentales où l’Etat national est en déconfiture, où l’Etat français ne protège plus ses citoyens. C’est classique. Pendant la guerre d’Algérie, le FLN a commencé par liquider les Musulmans modérés avant de s’attaquer à la communauté française d’Algérie. L’idéologie du « droit-de l’hommisme », répandue par les institutions européennes, qui se traduit par la jurisprudence des Cours constitutionnelle et Conseil d’Etat français, conjuguée au cynisme de l’extrême gauche islamo-gauchiste entrave l’action politique contre cet islamisme de combat. Dans ces conditions qui se dégradent de jour en jour au vu et au su de tout le monde, la soumission, évoquée par Houellebecq, s’invite au cours de l’Histoire. On aimerait passer à la vitesse supérieure et examiner plutôt les conditions dans lesquelles l’Occident peut encore faire face à sa disparition programmée par l’Islam. Faute de quoi la vraie question est « Quand ?», quand l’islamisation de la société française sera-t-elle achevée ? Dans une, deux, trois générations ?




par Lignes Droites 25 avr., 2024

Compte–Rendu de la Conférence organisée par Lignes Droites 31 le 2 avril 2024 à Toulouse : Islam et Islamisme


Dans cette conférence qui a rassemblé un auditoire de plus de 100 personnes, trois intervenants particulièrement qualifiés ont exposé leur vision sur les sujets de l’islam et de l’islamisme, cités ci-dessous par ordre d’intervention:

M. Mathieu Taieb , ancien officier supérieur de l’armée de terre, musulman converti au catholicisme, auteur de Devenir votre frère, publié en 2023 aux éditions MAME

Le père François Jourdan , docteur en théologie, en histoire des religions et en anthropologie, auteur de L’islam sans faux-semblants, publié en 2022 aux éditions Salvator

Le Dr. Florence Bergeaud-Blackler , sociologue, chargée de recherche au CNRS, auteur de "Le frérisme et ses réseaux, l’enquête", publié en 2023 aux éditions Odile Jacob (cf notre rubrique " lectures choisies ").


Les points à retenir de ces trois interventions de haute qualité sont les suivants:

  • L’islam est à la fois une religion et un système d’organisation sociale prétendant régir à peu près tous les aspects de la vie.
  • Le Coran bien que considéré comme provenant directement de Dieu sans médiation humaine comporte de multiples incohérences et contradictions ; les milliers de hadiths quant à eux en introduisent de nouvelles. Cette structure et ce statut doctrinal de ses textes fondateurs, l’organisation de son clergé ainsi que le fait que cette religion (contrairement au christianisme) ne pratique pas la théologie et n’a pas de magistère, favorisent des interprétations diverses sans en permettre l’analyse contextuelle ni la critique, qui restent interdites. L’organisation de la pratique d’un islam compatible avec les valeurs des sociétés occidentales s’en trouve contrariée.
  • Seule l’analyse contextuelle du Coran, qui requiert l’abandon du concept de son « incréation », permettra une évolution de l’islam. Cette analyse a été tentée par des intellectuels musulmans mais ils sont censurés et à ce jour inaudibles. Lorsque cette analyse prendra de l’ampleur elle mènera sans doute à une crise profonde et certainement violente au sein même du monde musulman.
  • « Islam » signifie soumission. Il s’agit de la soumission à la loi islamique. Ainsi les musulmans pratiquants passent leur temps à « cocher des cases », des cases de conformité à la loi. Chaque case cochée les rapproche du salut. Pour certains, cela consiste simplement par exemple à respecter le ramadan ou consommer halal ; pour d’autres le meurtre de mécréants est une case à cocher.
  • L’islam exclut la liberté de conscience en interdisant l’apostasie (en théorie punie de mort). Mathieu Taïeb sait qu’il encourt cette sentence et s’est converti en connaissance de causes.
  • En tant que religion l’islam est radicalement différent des deux autres monothéismes et les points souvent présentés comme communs (Abraham, Jésus, Marie entre autres) n’en sont en réalité pas. Une différence fondamentale réside dans la notion d’alliance entre Dieu et les hommes qui est la pierre angulaire du judaïsme et du christianisme mais est impensable en islam.
  • L’islam est une religion tournée vers le passé, au sein de laquelle penser l’avenir au sein d’un projet politique autre qu’exclusivement islamique (contrairement aux religions catholique et judaïque) n’est pas possible.
  • L’islamisme est un islam, mais ce n’est pas tout l’islam. On ne peut pas confondre islam et islamisme: l’islam aurait pu évoluer autrement, de façon plus conforme au respect de nos démocraties occidentales, lors de son arrivée en Europe, si d’autres mouvances que celles du type des frères musulmans y avaient influencé son évolution.
  • Le frérisme procède d’un projet conçu dans les années soixante qui vise à faire de l’Occident une terre d’islam. Le frérisme est un islam adapté aux sociétés démocratiques et qui développe une influence économique et culturelle (à travers les œuvres caritatives, les clubs de sports, les écoles, les hôpitaux, les prisons, …) pour façonner la société occidentale. Il fait système, se situe dans le temps long, exige une fidélité absolue.
  • Le frérisme éduque les enfants dans le séparatisme: il leur enseigne que leurs racines, leur histoire et leur culture ne sont pas celles de la France.
  • Le frérisme utilise les failles des sociétés occidentales pour se développer: il joue avec intelligence de la culpabilisation que lui offrent nos médias et nos élites culturelles complaisants lorsqu’ils accusent les uns et les autres d’islamophobie. L’accusation d’islamophobie est l’un de ses outils plus puissants pour contraindre aux silences ceux qui dénoncent ses pratiques et ses buts, et constitue par la-même une arme terrible de l’occident contre lui-même. Le frérisme utilise également des partis de gauche (partis “coucous”, qui l’aident et le protègent jusqu'à ce que, devenu assez fort pour vivre sans eux, il les cannibalise) qui lui offrent l’accès aux décisions politiques. Enfin, le wokisme est un allié objectif du frérisme qui anesthésie les esprits et neutralise les résistances.
  • Le frérisme exclut les autres mouvances de l’islam, et en particulier celles qui pourraient construire une approche compatible avec les valeurs des démocraties occidentales.
  • La solution pour porter un coup d’arrêt à l’expansion frériste et pour aider nos concitoyens musulmans à bâtir un islam respectueux des valeurs de notre République se trouve, une fois de plus, en nous-mêmes et demande que nous mettions un point d’arrêt à la faiblesse qui régit nos sociétés depuis bientôt soixante ans. Elle réside en particulier dans:

  1. La fermeté de nos institutions lorsqu’il s’agit de faire respecter les lois, notamment celles relatives à la laïcité (la CEDH a jugé à deux reprises que l’islam est incompatible avec la démocratie et les droits de l’homme). L’entrisme islamiste se glisse dans chaque interstice de notre législation, et cela rendu possible par le fait que l’application de nos lois n’a pas lieu avec la fermeté nécessaire.
  2. La capacité de notre société française à résister aux différentes provocations de l’entrisme islamiste, et à résister aux tentatives de culpabilisation basées sur les accusations d’islamophobie comme aux attaques du wokisme. Nous n’avons aucune raison d’avoir honte de ce que nous sommes, et n’avons de leçon à recevoir de personne (et surtout pas des islamistes et de leurs affidés) lorsqu’il s’agit de l’aptitude de notre civilisation à développer une société harmonieuse, juste et équilibrée. Ceux d’entre nous qui détestent notre passé et promeuvent la haine de nous-mêmes, qui sont aujourd’hui prépondérants dans les médias et les élites culturelles, doivent cesser de faire le jeu des islamistes.
  3. La rupture des partis de gauche complaisants avec l’islamisme: les partis de gauche, élus grâce aux voix islamistes, leur donnent aujourd’hui la possibilité d’avoir accès à des décisions politiques qui favorisent leur développement (par exemple dans les écoles et les associations sportives grâce aux élus municipaux).
  4. La promotion d’un projet d’islam compatible avec les valeurs de notre République: une majorité de musulmans français respectent et valorisent les institutions et les principes de la République, et souhaitent jouer leur rôle de citoyen. Nous devons les aider à rompre avec les islamistes et à construire un projet d’avenir respectueux de notre République.
  5. La pression des nations occidentales sur les nations islamiques afin de les obliger à reconnaître les droits de l’homme: certaines nations islamiques jouent un rôle important dans la promotion de l’islamisme en France (à travers le financement, l’immigration, la formation des imams, …) et les nations occidentales doivent les amener graduellement à rompre avec les attitudes et les stratégies qui leur permettent de promouvoir l’islamisme.
par Charlotte Paroielle (Le Figaro) 22 avr., 2024
Tout comme aux États-Unis, on commence à voir en France quelques signes encourageants face au mouvement woke ! Le collectif Némésis fait partie de ce mouvement qui va contribuer à mener une révolte salutaire ! Un portrait à lire dans le Figaro.


RÉCIT- Le collectif Némésis, marqué très à droite, multiplie les actions contre l’islamisme ou la délinquance étrangère, angles morts des combats féministes traditionnels.

« Le féminisme est devenu un véritable champ de bataille», assure d’emblée la présidente et fondatrice du collectif Némésis, Alice Cordier. « Mais nous, nous sommes là pour lever des tabous que les associations féministes de gauche ou d'extrême-gauche ont trop longtemps mis sous le tapis». Ainsi, dès la première page de son site, le collectif suivi par près de 65.000 personnes sur X donne le ton : il faut «dénoncer l'impact dangereux de l'immigration de masse sur les femmes occidentales» et «promouvoir la civilisation européenne, non pas comme ayant réduit les femmes au rôle d'objet, mais comme le berceau de leur épanouissement».

Némésis récuse désormais le qualificatif d’« identitaire»  : « Nous l’avions choisi à l’époque pour montrer que nous allions parler des femmes françaises. Nous n’avions pas vocation à parler de toutes les femmes du monde », tient à préciser Alice Cordier. « Aujourd’hui, il est trop associé à une identité fermée sur elle-même. On lui préfère l’expression de féminisme de droite, ou encore de féminisme du réel».

Face à elles et dans le cadre d’un duel «sororicide», les associations mastodontes, dont #NousToutes ou Osez le féminisme!, s’emportent. «C’est simple, pour nous, le féminisme d’extrême-droite n’existe pas, tacle Gwen de #NousToutes. Car si le féminisme est pluriel, il ne peut en aucun cas défendre des idées racistes, anti-immigration, anti-choix et très conservatrices». Pourtant, le mouvement né en octobre 2019 ne cesse de prendre de l’ampleur.

Cologne, la naissance de la «colère»

Mais d’où vient-il précisément ? À l’aube de l’année 2016, l'idée de ce groupe germe dans l’esprit de plusieurs jeunes femmes, dispersées aux quatre coins de la France. Âgées de moins de 20 ans, ces dernières sont choquées par les terribles événements qui secouent l’Allemagne dans la nuit du 31 décembre 2015 au 1er janvier. Ce soir-là, plus de 1000 femmes sont agressées simultanément, dont environ 650 à Cologne et 400 à Hambourg, par plus de 2000 hommes, selon un rapport de l'Office fédéral de police criminelle allemand.

En quelques jours, la polémique enfle sur les réseaux sociaux car ces crimes auraient été commis par des migrants ou des bandes d’hommes d'origine étrangère. Un fait qui plonge les associations féministes dominantes dans l’embarras. Chez nos voisins d’Outre-Rhin, le sujet enflamme l’opinion publique et un collectif organise une manifestation pour que la chancelière Angela Merkel durcisse le ton contre les demandeurs d'asile condamnés. Une enquête publiée six mois après les agressions montre que parmi les 120 suspects identifiés à cette date, la plupart était d'origine algérienne ou marocaine. Et près de la moitié d’entre eux étaient en Allemagne depuis moins d'un an. «Nous sommes la génération Cologne» , signe donc Némésis sur son site internet. En résumant : «L’île où les naufragés du féminisme peuvent se réfugier». «Car dans cette affaire, les femmes n’ont pas été crues. Alors que d’habitude, les victimes sont toujours écoutées immédiatement» , déplore Alice Cordier.

Mais dès le départ, le combat était en fait plus large : «Le jour où nous avons fondé le collectif, nous étions sept. On s’était rencontré via des groupes Facebook avant de se voir en vrai autour d’un verre. On s’est rendu compte que loin d’être antiféministes, on ne se retrouvait simplement pas dans les groupes déjà existants», détaille Alice Cordier. Parmi elles, une jeune femme en veut particulièrement aux associations féministes majoritaires et très marquées à gauche : agressée par un homme au nom à connotation maghrébine, la jeune femme a été obligée de «franciser» ce dernier pour «éviter la polémique». Le témoignage allait en effet être rendu public et ne devait pas participer à la « stigmatisation » des personnes issues de l’immigration.

Cristallisation sur l’Islam

«Il y avait donc de la colère entre nous» , résume Alice Cordier. «Encore aujourd’hui. De la colère contre le silence de certains médias, contre l'inaction de l'État, contre le fait que les féministes ne nous défendent pas alors qu'elles se targuent de défendre toutes les femmes. D'où le nom de Némésis, la déesse de la colère». «Dans les mythologies grecque et romaine, Némésis renvoie aux notions de vengeance et de pudeur» , précise Jean-Yves Camus, qui dirige l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès. Le mot signifie certes la colère mais celle qui s’abat sur les hommes capables d’ «ubris» , donc de «démesure» , poursuit le spécialiste.

Cette nouvelle mouvance pense ainsi «qu'aujourd'hui, les femmes sont menacées par deux types de comportements : la négation de la différenciation des genres (différentiation ne signifie pas inégalité mais complémentarité) par la gauche radicale et la soumission à une culture musulmane vue comme intrinsèquement opposée à la liberté des femmes» , détaille-t-il. Car la base de ce féminisme, « c'est l'ethno-différentialisme», poursuit le spécialiste . «C'est-à-dire la conviction qu'il existe une incompatibilité radicale entre la civilisation européenne et, essentiellement, l'islam en tant que système politique - et pas seulement religieux - qui stipule la soumission comme valeur centrale, que ce soit celle de la femme à l'homme ou de la raison à la charia ».

C’est en effet principalement sur l’islam que les deux pôles militants s’écharpent : «On ne peut pas être pour le port du voile en France, et contre celui-ci en Iran» , tranche d’abord Alice Cordier «D'ailleurs, je reçois beaucoup de messages d'Iraniennes qui nous saluent» , poursuit-elle. Gwen, de #NousToutes, voit les choses différemment. Elle, qui refuse d’évoquer la «religion» mais préfère parler de « patriarcat », avance : «Ce que nous défendons, c'est la liberté de choisir. Si des femmes souhaitent le porter en France, elles le portent, et si elles ne veulent pas le porter en Iran, elles ne doivent pas être obligées à le faire».

Des échanges impossibles

Le dialogue est d’autant plus difficile que les militantes ne se croisent pas souvent. « Discuter serait stérile car on ne parle pas le même langage », lance en effet la porte-parole de #NousToutes dès qu’elle se voit proposer un échange avec les militantes identitaires. Et cela peut avoir des répercussions sur la polarisation de chaque camp. Pour la féministe Marguerite Stern, ancienne membre des Femen, ce militantisme marqué à droite est une réponse - si ce n’est une réaction - à la prise en main du féminisme par les «intersectionnelles de gauche» et à l’impossibilité de dialogue.

La militante à l’origine des collages féministes qui ont fait le succès de ces mouvements de gauche ces dernières années, estime qu’il existe aujourd’hui une sorte de «pureté militante et une injonction à la pensée unique» dans ces groupes. Elle et Dora Moutot, avec qui elle a créé l'association «Femelliste» pour «lutter contre les dérives de l'idéologie transgenre », en ont d’ailleurs fait les frais. «Elles ne veulent pas nous voir, on n'est jamais conviées aux différents festivals féministes. Dès que l'on sort du dogme du féminisme d'extrême gauche, dès qu'on n'adhère plus à tous les points mis en place, on n'a plus voix au chapitre», assure Dora Moutot. En soufflant : «Et ce féminisme est célébré partout, par les médias, par le service public… »

Leur « dogme » se fonde sur de multiples idéaux affichés par #NousToutes sur leur site : antiracisme, identité de genre, statut de «migrant·e·s», entre autres. « À l’époque, on nous avait reproché de ne pas assez prendre des positions sur des sujets, et justement on a essayé de le faire », justifie Gwen, de #NousToutes. Mais pour Nelly Garnier, élue LR de la ville de Paris qui a travaillé sur la question, ce jeu peut être dangereux : «Quand on met le féminisme au service d'une autre cause, on se pose toujours la question du combat que l'on porte en premier», analyse-t-elle. Par exemple, certains mouvements [de gauche] ont passé sous silence les viols du 7 octobre pour ne pas nuire à la cause palestinienne», détaille-t-elle. Et pour l’élue, les défauts sont identiques à droite : « Aujourd'hui, je m'inquiète qu'il se passe la même chose quand on met le féminisme au service d'un discours anti-immigration ».

Némésis se défend pourtant et explique pourquoi elle ne parle que de ce sujet : « Évidemment, sur les actions qu'on mène, nous avons fait un focus sur les violences dont personne ne parle », détaille Alice Cordier. « On n'aurait pas de plus-value sur les violences conjugales car #NousToutes le fait déjà très bien. Or, le but est de taper sur toutes les violences, donc on a décidé de faire le sale travail, de parler de sujets dont personne ne veut lever le tabou ».

Des happenings chocs

Et pour imposer ses sujets dans le débat public, le petit groupe multiplie les «happenings» , c'est-à-dire les interventions chocs lors de manifestations pour la cause féministe, où elles ne sont pas les bienvenues. « La première fois, en novembre 2019, un mois après notre création, nous sommes arrivées dans le cortège de #NousToutes et tous les médias avaient les yeux rivés sur nous : on critiquait les féministes de l’époque comme Marlène Schiappa ou Caroline de Haas qui avait proposé d’élargir les trottoirs pour mettre fin au harcèlement de rue ». Plus récemment, Némésis a même fait un choix plus radical : « Après avoir été exclues à plusieurs reprises de manifestations, nous avons décidé de venir en burqa, avec des pancartes chocs : “Ma burqa, mes choix” et “Mon coran, mes lois”. Et loin d’être virées, on a gagné le concours des 10 meilleures pancartes », détaille encore la fondatrice du collectif.

Laquelle voit d’ailleurs l’avenir d’un bon œil. « Nous sommes aujourd’hui 200, dans une quinzaine d’antennes à travers la France. Mais cela va grossir ». D’autant que pour la militante, le féminisme «woke» tel qu’il existe aujourd’hui est voué à disparaître : « Depuis 5 ans, le paysage médiatique a changé. Les événements dramatiques vont se multiplier montrant que les combats de ces féministes sont contradictoires », appuie-t-elle en faisant référence à plusieurs affaires récentes dont celle de Shemseddine - un jeune homme roué de coups à mort car coupable d’avoir échangé des messages relatifs à la sexualité avec la sœur de l’un de ses agresseurs. Et le collectif ne s’arrête pas là. Il se réjouit d’avoir ouvert son groupe à d’autres horizons : « Nous avons dans nos rangs des macronistes, des LR et des RN et Reconquête. Nous avons aussi des gens de différentes obédiences religieuses et des femmes issues de l’immigration», explique Alice Cordier, avant de lancer, bravache : «Je donne cinq ans pour que la majorité pense comme nous».



par François Xavier Bellamy 26 mars, 2024
Discours de François Xavier Bellamy prononcé au cours du meeting de lancement de la campagne pour les européennes :

par Ludovic Lavaucelle 25 mars, 2024
"Cela devait passer « comme une lettre à la poste »… Le Premier Ministre irlandais, Leo Varadkar a dû admettre lapidairement que « le gouvernement s'était trompé » . Le référendum du 8 mars dernier proposait une révision de la Constitution, jugée par les élites libérales comme « arriérée et sexiste » . Pour engager la République d'Irlande sur la voie d'une véritable libération – promesse de lendemains enchantés – il fallait débarrasser le pays des traces sexistes qui entachaient sa Constitution. D'abord, redéfinir la famille – toujours liée au mariage. "

par Victor Eyraud, Entretien avec Guilhem Carayon dans VA 18 mars, 2024
Une interview de Guilhem Carayondans Valeurs Actuelles parVictor Eyraud en réaction à l'occupation d'un amphithéâtre de Sciences Po Paris pardes militants pro-palestiniens :
par Roland Mézières 09 févr., 2024

Vendredi matin 26 janvier 2024, j’ai eu un moment de colère après avoir écouté les informations. En effet j’apprends que la loi immigration et intégration a été quasiment censurée par le Conseil Constitutionnel. Dans le contexte d’une autre actualité brulante qu’est la colère des agriculteurs, j’ai fait alors ce constat effrayant : la France est sous une triple tutelle ; Bruxelles, le 49.3 et le Conseil Constitutionnel.


Et je me suis logiquement interrogé sur l’utilité du Sénat et de l’Assemblée Nationale, notre parlement qui représente le peuple. Par ailleurs, je me suis demandé à quoi servait la Cours des Comptes qui publie des rapports souvent pertinents mais qui ne sont jamais pris en compte, surtout quand ils sont volontairement révélés quand il est trop tard.


Fort de ses réflexions, je me suis penché sur le processus qui avait conduit à ce triste constat sur la loi immigration. La loi a été initiée par le gouvernement en février 2023, elle comportait alors 27 articles. Elle a été ensuite enrichie (on dit amendée) par le Sénat pour vraiment réduire l’immigration, puis longuement débattue à l’Assemblée Nationale dans une ambiance houleuse, et finalisée grâce à une Commission Mixte Paritaire avant d’être difficilement votée par l’Assemblée Nationale le 19 décembre 2023. Dans la foulée le PR soumet la loi composée de 86 articles au Conseil Constitutionnelle. La loi va alors être vidée de sa substance parlementaire mais le texte originel et gouvernemental va être globalement conservée dans la loi 2024-42 promulguée le 26 janvier 2024. Tous les dispositifs visant à vraiment réduire l’immigration et surtout la décourager (quotas, regroupement familial, aides sociales, aides médicales, etc.), ont été censurés car considérés comme des cavaliers législatifs (je n’ai pas bien compris sinon qu’il est interdit d’amender une loi avec des dispositifs en lien direct ou indirect avec l’immigration, donc le sujet de la loi). Fin de l’histoire ! Mr Darmanin et Mr Macron sont satisfaits, ils ont gagné.


La gauche est contente, l’ultra-gauche casse tout à Rennes avant même de connaitre la décision du Conseil Constitutionnel, la droite crie au hold-up démocratique, L Wauquiez dénonce même un coup d’état de droit. Devant ce tôlé, Mr Fabius, président du Conseil Constitutionnel, s’inquiète pour son institution mais pas pour le peuple ; il faut noter qu’il n’a rien fait à propos de la grasse rémunération des membres (environ 15000€/mois), qui a une base illégale selon Le Monde du 26 juin 2020 ! Quant à Mr Moscovici, un autre éléphant du PS, il savoure son entourloupe en retardant la publication du rapport sur l’immigration.


Circulez braves gens, il n’y a rien à voir. On s’occupe de tout…c’est promis nous allons renvoyer tous les OQTF chez eux. Deux millions d’immigrés depuis 2017 quand même, « ya du boulot » !!!!!


Mais l’histoire n’est pas finie sur ce sujet, des QPC (Question Prioritaire sur la Constitution) nous guettent. Rêvons et espérons que le monde agricole va mettre un sérieux coup de pied à tous ces technocrates de Bruxelles et du gouvernement !

par Jean-Pierre Riou (Contrepoints) 23 janv., 2024
« C’est notamment la raison pour laquelle l’agence des réseaux allemands (Bundesnetzagentur) vient d’interdire en décembre dernier toute fermeture de centrale à charbon jusqu’à avril 2031. »
Une analyse intéressante de la politique énergétique européenne et de des contradictions ! 
A lire dans Contrepoints :
par Lignes Droites 14 janv., 2024

Nicolas Bonleux, président de Lignes Droites, a participé à l'émission "La mêlée de l'info" sur Radio Présence jeudi dernier, 13 janvier.
Vous pouvez écouter ou réécouter l'émission en replay ici :

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